21 octobre 2012

Discours prononcé, au nom du Parti Suisse du Travail, à la Rencontre communiste européenne, organisée par le Parti communiste de Grèce (KKE), les 1 et 2 octobre 2012

« Position des partis communistes sur la crise du capitalisme : soumission ou rupture ? Illusions sur une possible gestion du capitalisme pour le bien du peuple et lutte des communistes pour les intérêts des travailleurs, des peuples, pour le renversement du pouvoir capitaliste, pour le socialisme. »

 

Chères et chers camarades,

 

Tout d’abord je souhaiterais remercier, au nom du Parti Suisse du Travail, le Parti communiste de Grèce, pour l’organisation de la Rencontre communiste européenne.

 

La plupart des pays européens vivent une crise économique sévère dont on ne voit pas la porte de sortie. Afin de défendre les profits de leurs propres monopoles, de trouver une sortie de la crise dans l’intérêt du capital, les gouvernements bourgeois et les institutions de l’UE adoptent des mesures antipopulaires d’une ampleur inégalée, dans le but de baisser le prix de la force de travail coûte que coûte. Ces mesures, pourtant, ne font qu’aggraver la crise. Mais elles provoquent également la juste protestation des masses populaires, qui ne veulent pas subir plus longtemps perspective de leur paupérisation absolue et relative, du chômage de masse. Les partis bourgeois, de droite ou sociaux-démocrates, les institutions de l’UE, l’idéologie bourgeoise…sont de plus en plus largement discréditées. Le mouvement de protestation grandit, prenant souvent un caractère de masse. On observe une radicalisation des mots d’ordre, un durcissement des confrontations avec l’Etat bourgeois et le capital ; quand bien même la résistance populaire soit souvent inorganisée, et son succès – limité. Dans aucun pays européen il n’y a pour le moment de situation révolutionnaire, mais dans beaucoup de pays la situation est des plus explosives, et la transformation révolutionnaire de l’ordre social tout entier vient à l’ordre du jour.

 

L’état de choses présent montre une évidente incapacité des monopoles et des partis bourgeois de résoudre ne serait-ce que les problèmes les plus élémentaires de notre temps et de trouver la sortie de la crise, ce qui amène à une prise de conscience de plus en plus large de la nécessité de changer de cap et confère une responsabilité toute particulière aux communistes : la responsabilité de trouver la voie de la révolution socialiste, qui est le seul changement de cap possible, en tenant compte des conditions spécifiques de chaque pays.

 

En Suisse, la situation actuelle est très loin d’être révolutionnaire, et se caractérise plutôt par l’apparence d’une extrême stabilité économique et politique. En général, la Suisse n’est pas encore fortement touchée par la crise, même si on en voit les premiers symptômes, et a conservé un niveau de vie relativement plus élevé que les pays voisins membres de l’UE. Néanmoins, en premier lieu, on observe en Suisse ces dernières années un phénomène d’appauvrissement relatif et absolu de couches de plus en plus larges de la population, et un brutal croisement des inégalités sociales – problème qui est encore aggravé par la liquidation systématiques des acquis sociaux déjà fort limités par les partis bourgeois, – et deuxièmement  parce que l’économie suisse ne pourra éviter longtemps la crise, et une brutale aggravation de la situation économique est inévitable dans un avenir plus ou moins proche. Du reste, même des économistes bourgeois commencent à en parler. Le secteur bancaire vit déjà maintenant une situation difficile, subissant des défaites successives dans sa guerre économiques contres les banques des USA et de l’UE, et prenant des mesures de plus en plus désespérées pour tenter de subsister. Il faut aussi avoir à l’esprit que l’économie suisse dépend énormément des relations commerciales avec les pays membres de l’UE et ne saurait éviter une forte récession liée à l’inévitable approfondissement de la crise en Europe.

 

Pour l’instant subsistent également toutes les apparences de la stabilité politique. Pour l’instant domine encore globalement l’idéologie bourgeoise conservatrice de la concordance, de la collaboration de classe, le mythe que la Suisse est le pays le plus parfait et le plus juste au monde. L’apparition de cette idéologie de la concordance a été possible grâce à l’absence de bouleversements majeurs et de guerres en Suisse depuis la seconde moitié du XIXème siècle, de salaires comparativement plus élevés pour les citoyens suisses après la Deuxième Guerre mondiale grâce à un potentiel industriel intact, mais aussi à l’emploi d’une main-d’œuvre étrangère nombreuse, sous-payée et sans droits. Mais cette concordance bourgeoise n’aurait jamais pu se mettre en place sans la politique opportuniste du Parti socialiste suisse qui, épaté en 1959 par une présence permanente au gouvernement ensemble avec les grands partis de droite, a renoncé pour cela à l’idée de révolution et à la lutte de classe, au profit de la collaboration de classe et du social-libéralisme, et des syndicats sociaux-démocrates, ayant signé en 1939 les accords dits de la « paix du travail », instituant le renoncement à la lutte de classe au profit de la collaboration de classe, et limitant le droit des travailleurs à la grève.

 

Pourtant, cette stabilité politique apparente s’effrite également avec la montée des contradictions entre classes. L’idéologie de la concordance est détruite par l’action des partis d’extrême-droite, qui obtiennent des bons résultats aux élections, en spéculant sur la méfiance grandissante du peuple envers le système politique existant, car les masses populaires commencent à comprendre que l’idéologie de la concordance n’est que le masque du pouvoir sans partage des monopoles. On observe également une intensification de la lutte de classe, une montée des grèves, qui jusqu’à il n’y a pas longtemps étaient très rares en Suisse, contre les licenciements, les baisses de salaires et les ruptures de conventions collectives de travail ; une montée des manifestations protestataires, de la lutte syndicale ; tout cela, néanmoins, dans des proportions trop limitées.

 

Dans cette situation, les tâches principales du Parti Suisse du Travail consistent dans la lutte contre la liquidation des acquis sociaux et des droits démocratiques existants, et pour leur extension ; la lutte contre les idées d’extrême-droite et des politiques xénophobes ; la lutte à l’intérieur des syndicats pour la rupture de la paix du travail et le retour sur une ligne de lutte de classe. Même si la Suisse ne fait pas partie de l’UE, la lutte de notre parti est également dirigée contre l’UE. Le Parti Suisse du Travail a adopté en 2008 une résolution contre toute adhésion de la Suisse à l’Union européenne, ce que veulent toujours les sociaux-démocrates et les trotskistes. Nous luttons également contre les accords bilatéraux avec l’UE, qui mènent à une reprise unilatérale par la Suisse du droit européen antipopulaire, antidémocratique et néolibéral. Mais notre action ne se limite pas à ces tâches immédiates, et implique également la préparation de la lutte populaire dans les conditions de la crise imminente, pour la destruction de l’idéologie bourgeoise de la concordance, la lutte idéologique contre l’anticommunisme et pour la diffusion des idées du marxisme, un travail d’explication auprès de la population pour faire comprendre que la voie de développement capitaliste est une impasse et que l’édification du socialisme est une nécessité. La réalisation de ces objectifs implique une rupture avec la social-démocratie et sa politique de collaboration avec la bourgeoisie.

 

Le succès de la lutte des communistes pour le socialisme dans tous les pays d’Europe implique une rupture totale avec la social-démocratie, qui s’est montrée une force ouvertement réactionnaire partout où elle est parvenue au pouvoir ces dernières années ; la rupture avec toutes les illusions sur la possibilité de sortir de la crise dans l’intérêt du peuple en restant dans un cadre capitaliste, dans l’UE et dans l’Euro. Le capitalisme monopoliste ne peut en principe pas être régulé. Tenter de sortir de la crise systémique du capitalisme par des mesures keynésiennes est vain. Affirmer qu’une autre politique est possible dans le cadre du capitalisme n’a aucun sens. Le capitalisme en état de crise ne peut donner aucune concession aux travailleurs, il ne peut survivre qu’au prix de la paupérisation absolue de la majorité de la population. Un changement de cap dans le cadre de l’UE est également impossible. Les institutions de l’UE furent édifiées de façon à être irréformables, elles ne peuvent être rien d’autre qu’un bastion des monopoles, de la réaction et du néolibéralisme. Il est impossible de réaliser des transformations révolutionnaires dans aucun des pays-membres sans sortir au préalable de l’UE et de l’Euro. Les partis qui disent le contraire commettent une faute politique majeure, détournent la lutte populaire vers une voie sans issue et en fin de compte démoralisent les masses populaires. Les communistes doivent réfuter sans répits de telles positions erronées.

 

Il ne peut y avoir que deux sorties de la crise : dans l’intérêt des monopoles, au prix du fascisme, de la paupérisation de la majorité de la population et de nouvelles guerres impérialistes, ou dans l’intérêt du peuple, grâce à la révolution socialiste. De la lutte des communiste dépendra quelle sera cette sortie !

Alexander Eniline


Membre du Comité directeur

03 octobre 2012

Discours au café politique du 27.09.12 consacré à la nouvelle Constitution de la République et canton de Genève


 
 
 

Chères et chers camarades,

Pour commencer, je voudrais rappeler que le combat contre la refonte réactionnaire de la Constitution de la République et canton de Genève a été une priorité absolue pour le Parti du Travail depuis le début. En 2008 nous avions appelé à voter contre la création d’une Assemblée constituante, chargée de réviser la Constitution, car nous avions très justement prévu que dans le contexte politique actuel, dominé par la réaction, il ne pourrait sortir d’une telle révision qu’un texte contraire aux intérêts populaires, qui contiendrait les pires dispositions réactionnaires camouflées dans une multitude d’articles qui n’apportent pas grand-chose de nouveau. Du reste, la stratégie du paquet ficelé, qui consiste à cacher l’amère pilule néolibérale sous le miel fade d’un baratin démagogique, est une des méthodes éprouvées de la droite pour parvenir à ses fins. Malheureusement, le peuple a voté alors pour la Constituante, avec un taux de participation très faible toutefois, encouragé en cela par les socialistes et les Verts qui lui promettaient absurdement monts et merveilles et un merveilleux exercice démocratique de tout réinventer. Comme s’il s’agissait de cela, de réaliser le vieux slogan soixante-huitard « l’imagination au pouvoir » et non de vider la Constitution de ses acquis démocratiques et sociaux, alors que la droite avait dès le début clairement annoncé ses intentions !

La suite allait pleinement donner raison à nos prévisions. La droite savait d’emblée quel était son but, quels étaient les intérêts réactionnaires qu’elle a pour unique vocation de servir, et l’a poursuivi avec constance et habilité. La dite gauche réformiste, en revanche, n’ayant ni une quelconque détermination à défendre les intérêts des classes populaires de ce canton, ni même ses propres promesses électorales, ni n’ayant d’autre but que de marchander sa juste place dans le cadre de la concordance bourgeoise au service de la gestion loyale du capitalisme, est partie d’emblée sur l’objectif absurde de faire une Constitution de compromis, comme si ce concept de constitution de compromis avait un sens, comme si la constitution pouvait être un compromis entre forces sociales antagonistes, alors qu’une constitution écrite pouvait être autre chose que le reflet plus ou moins exacte de la véritable constitution d’un pays, qui n’est autre que le rapport de forces réel qui y existe, ou, dans le cas de figure le plus favorable, un instrument au mains des forces du progrès pour modifier ce rapport de forces. Le groupe AVIVO, au contraire, a dès le départ et jusqu’à la  fin défendu avec constance et détermination les intérêts véritables des classes populaires, la conservation et l’extension des acquis sociaux et démocratiques contenus dans la Constitution actuelle, et ne s’est jamais laisser entraîner sur la pente glissante des compromis trompeurs. Je tiens ici à souligner cette exemplaire lutte politique, qui correspond à ce que doit faire une force authentiquement populaire dans les parlements bourgeois.

La suite n’est que trop connue. La droite s’est livrée à une stratégie habile de marchandage que tous les marchands de tapis maîtrisent et que seuls les désespérants stratèges du PS et des Vets, dans leur incapacité navrante à penser la politique en termes de rapports de forces, ont réussi à ne pas comprendre. La droite à commencé par utiliser sa majorité numérique pour aligner les articles réactionnaires les plus caricaturaux : suppression du droit au logement, suppression de l’égalité homme-femme, suppression de l’interdiction du nucléaire, redécoupage arbitraire des communes, et j’en passe… Une bonne illustration de cet état des travaux de la Constituante est  l’Avant-projet mis en consultation populaire au printemps 2011 et dont le Parti du Travail avait dénoncé le contenu réactionnaire dans une brochure publiée à l’occasion du 1er mai 2011. Cette manœuvre de la droite provoqua bien entendu une levée de boucliers généralisée, au point que même le président du PS d’alors, René Longet avait appelé la Constituante à se dissoudre, alors que Carlo Sommaruga avait appelé la gauche à quitter la dite assemblée. Mais la droite s’attendait à cela. Elle changea alors son fusil d’épaule, abandonna ses revendications les plus fantaisistes, et entama des prétendues « négociations de convergence » avec la gauche réformiste et les associations, au point que le résultat final semble globalement très proche de la Constitution actuelle, améliorations rédactionnelles et reprises de la Constitution fédérale en moins, avec très peu de nouveautés. Mais cela en apparence seulement, car en réalité le projet de nouvelle Constitution, même s’il est sans doute moins réactionnaire que ne l’avait été son avant-projet, n’en demeure pas moins inacceptable car présentant de reculs graves, vidant de nombreux articles importants de leur sens et n’apportant aucune amélioration réelle par rapport à la Constitution actuelle. Mais cela suffit toutefois pour que la gauche réformiste se laisse prendre à ce marchandage minable et en vienne à voter le texte final et mène aujourd’hui campagne pour lui avec acharnement et en alignant les contre-vérités, ce alors même qu’un tiers de sa propre base y est opposée. Cette trahison de la social-démocratie et des Verts – une de plus – doit être clairement dénoncée comme telle.

Actuellement, conscients que leur mouture réactionnaire risque d’être rejetée par le peuple, les partisans de la nouvelle Constitution mènent une campagne rouleau compresseur, à coup de dépenses conséquentes et d’une propagande mensongère, frisant parfois l’absurde. Il est de notre devoir de contrer cette propagande, ce que nous faisons notamment ce soir. Je ne vais pas répéter ce qu’a dit Christian Grobet avant moi, ni faire une analyse exhaustive du texte de la nouvelle Constitution, sous peine de devoir parler seul pour les deux heures qui suivent, car à vrai dire les raisons de voter NON sont innombrables, mais simplement insister sur les régressions les plus graves et les plus importantes à nos yeux. Un premier argument des partisans de la nouvelle Constitution qui doit absolument être réfuté est que la celle-ci contient des vrais progrès en matière de droits fondamentaux. Rien n’est plus faux. Certes, en apparence, la nouvelle Constitution garantit bien plus de droits que l’ancienne. Mais en réalité, pratiquement tous ces droits sont déjà garantis par la Constitution fédérale, par la loi et par les conventions internationales signées par la Suisse. Il ne s’agit donc que d’une redite, sans doute utile, mais qui restera sans conséquences dans les faits. En outre, les articles qui garantissent des droits sont pour l’essentiel des belles déclarations d’intentions avec une portée avant tout théorique, mais dont l’impact pratique est plus que limité. Alors certes, les droits fondamentaux sont justiciables, mais d’une justiciabilité illusoire, telle qu’il est impossible d’obtenir quoi que ce soit en faisant valoir ses droits fondamentaux devant un tribunal ; du reste aucune jurisprudence n’existe en la matière. En effet, si tous ces articles étaient appliqués, la plupart des maux de la société capitaliste n’existeraient plus. Par exemple, le droit au logement est garanti. Pourtant, ce droit n’a jamais empêché Zapelli d’expulser les gens sans solution de relogement, et Jornot continuera d’en faire autant. Et essayez de faire valoir votre droit au logement devant un tribunal !

Si les dispositions « progressistes » de la nouvelles Constitution sont peu contraignantes et pour l’essentiel cosmétique, elles ont un but bien réel : noyer le poisson. Car le texte de la Constituante contient des reculs sociaux et démocratiques tout à la fois graves, nombreux et à la portée pratique on ne peut plus réelle. Le plus grave et le plus dangereux de ces reculs à nos yeux est le démantèlement des articles fondateurs des SIG, des TPG et des établissements médicaux publics. En effet, la Constitution actuelle contient des articles à la fois précis et détaillés gravant dans le marbre de la Constitution le statut, le fonctionnement, le financement et la mission de ces institutions, ce qui garantit qu’elles restent et fonctionnement comme des services publics, et empêche la droite de les démanteler sans devoir passer par le référendum obligatoire. Or la nouvelle Constitution vide ces articles de leur substance, n’en laissant que des miettes (les SIG n’y sont même plus mentionnés en tant que tels !), au point où il devient compatible avec la Constitution de privatiser ces régies publiques. Sachant la volonté de longue date de la droite de démanteler et de privatiser le service public, ces articles sont extrêmement dangereux, ce d’autant que des libéraux viennent d’être nommés à la tête de toutes ces régies. L’argument du PS sur le souci de concision rédactionnelle pour justifier ces démantèlements est tout simplement grotesque vu la longueur de la nouvelle Constitution !

Outre cela, on peut citer l’introduction de l’encouragement de l’accès à la propriété et de la simplification des procédures pour les constructions, qui sont autant de cadeaux aux promoteurs immobiliers et de freins à une politique du logement déjà quasi inexistante conforme aux intérêts de la majorité de la population ; le rôle de l’Etat qui devient simple complément à l’initiative privée et à la responsabilité individuelle, ce qui est la porte ouverte à toutes les privatisations ; l’édulcoration drastique de l’article sur l’énergie qui le vide en grande partie de sa substance, ce alors que le modèle capitaliste de développement détruit l’environnement et met en danger la survie à terme de l’espèce humaine ; la petite porte ouverte au nucléaire : le Grand Conseil serait désormais autorisé de contourner l’interdiction du nucléaire par voie législative. Il faut aussi parler des graves reculs démocratiques : l’augmentation automatique du nombre de signatures pour les initiatives et les référendums avec l’augmentation de la population, qui est absolument inacceptable sachant que Genève exige déjà le nombre le plus élevé de signatures proportionnellement aux nombre d’électeurs de tous les cantons suisses ; la suppression des articles portant sur la Ville de Genève, qui permettrait à la droite d’enfin démanteler ce bastion progressiste ; la réduction drastique de l’autonomie des communes, déjà minime, qui est un grave recul démocratique ; l’absence de toute avancée en matière de droits politiques des étrangers, qui, même si ce n’est pas un recul par rapport à la Constitution actuelle, reste tout de même inacceptable dans un canton où 40% de la population ne jouit pas des droits politiques au niveau cantonal ; le droit accordé au Conseil d’Etat de faire appel à l’armée et aux autres cantons pour le maintien de l’ordre public, qui est un véritable scandale en cette année des 80 ans de la tuerie de 1932 ! Je pourrai mentionner encore une multitude de raisons, dont chacune serait suffisante seule pour refuser la nouvelle Constitution, mais je n’en citerai qu’une seule, tirée des dispositions transitoires de la nouvelle Constitution, que personne ne semble avoir lues, alors qu’elles sont cruciales. En effet, si la nouvelle Constitution venait à être adoptée, le Grand Conseil serait obligé d’adapter le droit d’application dans un délai de cinq ans au maximum, ce qui impliquerait un travail législatif d’une rapidité effrénée, avec des nouvelles lois réactionnaires se succédant à toute vitesse. Les forces progressistes du canton n’auraient pas la possibilité matérielle de s’opposer à toutes par référendum, ni même à la majeure partie. Nul doute que c’est ce que veut la droite.

Pour empêcher la réalisation de ce projet réactionnaire, le Parti du Travail appelle résolument à voter NON le 14 octobre !

L’internationalisme conséquent de la Révolution cubaine



          « La Révolution c’est l’unité, l’indépendance, c’est lutter pour nos idéaux de justice, pour Cuba et pour le monde, la base de notre patriotisme, notre socialisme et notre internationalisme » avait déclaré naguère Fidel Castro. Et de fait l’internationalisme n’est pas un vain mot à Cuba. Un des instruments essentiels de la politique internationaliste de la Révolution cubaine est l’Institut  Cubain d’Amitié avec les Peuples (ICAP), fondé officiellement le 30 décembre 1960, mais  dont les bases furent jetées en 1959 déjà, au lendemain de la révolution. Aujourd’hui, l’ICAP et plus actif que jamais. Pour mieux faire connaître sa politique internationaliste, Gabriel Benitez, représentant de l’ICAP pour l’Europe, et Arsenio Rodriguez, journaliste du canal Radio Habana Cuba, étaient présents en Suisse la semaine dernière et ont notamment donné une conférence de presse jeudi 20 septembre, organisée par l’Association Suisse-Cuba, à laquelle Gauchebdo était présent. Les camarades cubains nous ont expliqué que le but premier de l’ICAP était d’accueillir ceux qui venaient découvrir Cuba, but qui reste tout aussi important aujourd’hui, lorsque la réalité cubaine est systématiquement déformée à travers la propagande mensongère des médias bourgeois dans la plupart des pays du monde. Et de fait, ce travail internationaliste persévérant n’a pas été sans effet, car aujourd’hui il y a dans pratiquement tous les pays du monde des groupes de solidarité avec la révolution cubaine, rassemblant des personnes venant des horizons les plus différents.

            La tâche principale du mouvement de solidarité avec Cuba est la lutte contre le blocus arbitraire et illégal des Etats-Unis qui ne peuvent admettre que leur ancien dominion soit un pays souverain. Sous Obama, malgré les espoirs illusoires que sa campagne en 2008 avait fait naître, le blocus n’a fait que se durcir, ce alors même qu’il est régulièrement condamné par l’Assemblée générale de l’ONU où seuls trois pays le soutiennent : les USA, Israël et Palau. Qu’importe, l’Empire se considère au dessus du droit international. Dans tous les cas, le blocus a des conséquences dramatiques sur l’économie cubaine, qui a besoin d’importer de nombreuses marchandises et matières premières pour pouvoir fonctionner, et qui ne peut le faire que difficilement. Par exemple, l’industrie pharmaceutique de l’île doit se procurer du matériel par voies détournées, avec l’aide de groupes de solidarité, qui vivent sous la menace permanente des groupes radicaux anti-cubains. Mais le blocus n’est pas seulement commercial mais aussi informationnel. Ainsi, dans la plupart des pays du monde, les médias bourgeois ne diffusent que des informations négatives, pour le moins tendancieuses, la plupart du temps mensongères    qui donnent une vision extrêmement déformée de la réalité cubaine. Ainsi les médias parlent sans cesse d’absence de démocratie et n’ont d’yeux que pour quelques soi-disant opposants ouvertement payés par l’ambassade des USA, et masquent entièrement, par exemple, le fait que des élections sont en préparation auxquelles tout cubain, membre du Parti ou pas, peut se présenter ou être présenter, et qui dans tous les cas sont bien plus libres que les élections aux USA. Du reste, tous les changements intervenus à Cuba depuis la Révolution se sont faits avec le soutien du peuple et sur la base d’une large consultation démocratique. En outre, une tâche majeure du mouvement de solidarité avec Cuba est la lutte pour la libération des cinq cubains emprisonnés aux Etats-Unis pour avoir espionné des groupes terroristes anti-cubains (protégés par le gouvernement des USA malgré sa prétendue lutte contre le terrorisme) et donné des informations aux gouvernements de Cuba et des Etats-Unis, suite à des procès inéquitables débouchant sur des condamnations arbitraires. Actuellement, l’un de ces cinq cubains a été libéré, mais sans pouvoir quitter le territoire des Etats-Unis pendant trois ans, un autre pourrait être libéré sous les mêmes conditions, tandis qu’un troisième purge une double peine de perpétuité et sa femme est refusée d’entrée sur les territoire américain et ne peut donc lui rendre visite. Actuellement, toutes les possibilités de recours sont épuisées, le seul espoir qui reste et l’amnistie présidentielle et le combat continue.

            Aussi importante que la solidarité des peuples avec la Révolution cubaine est la solidarité internationaliste de Cuba avec les autres peuples du monde. La contribution de Cuba à la libération de l’Angola et à la lutte contre l’Apartheid est largement connue. Aujourd’hui, il y a 154'000 coopérants cubains à l’étranger, dans le cadre d’aides gratuites ou d’échanges, en Amérique latine principalement (44'900 au Venezuela), mais aussi dans des pays africains ou du Moyen-Orient. Comme exemple de cette aide, citons Haïti, où  des infirmiers et des médecins cubains étaient présents depuis onze ans avant le tremblement de terre, pas seulement dans les villes, mais aussi et surtout dans les régions reculées que trop souvent les ONG occidentales oublient. En outre, près de 15'000 étudiants étrangers suivent gratuitement un cursus universitaire à Cuba, dont de nombreux étudiants africains, 1'000 pakistanais, mais aussi, fait beaucoup moins connu, 100 étudiants venant de familles pauvres des USA et qui ne peuvent se payer des études dans le système américain privatisé.

            Les camarades cubains ont également brièvement abordé la question de l’actualisation du modèle économique en cours à Cuba. Certains secteurs ont été libéralisés, essentiellement l’agriculture, l’artisanat et les services. Certaines petites entreprises pourront plus facilement engager des salariés. Des transactions privées auparavant interdites sont désormais autorisées, comme par exemple la vente libre des voitures. Le secteur étatique a été rationalisé, et 500'000 employés de l’Etat ont été licenciés par tranches, mais sans hausse du chômage, pour être absorbés pas le secteur privé. Actuellement, l’impact économique de ces changements est positif, la production agricole a augmenté d’une façon appréciable et la gestion des entreprises d’Etat a été améliorée. D’autres changements, comme la suppression de la double monnaie (peso cubain et peso convertible), sont en préparation mais prendront du temps. L’avenir dira quel sera le résultat de ces changements sur le socialisme cubain. Pour l’instant, nous pouvons remarquer que le gouvernement cubain est conscient du caractère fondamental des changements qu’il met en œuvre et n’avance qu’avec la prudence requise. Dans tous les cas, il ne s’agit pas, et il ne s’agira pas d’une remise en cause du socialisme. Du reste, la très grande majorité des cubains ne voudrait pas retourner à un système capitaliste. Il faut dire aussi que l’Etat ne se désengage que de certains secteurs non stratégiques, et l’entreprise socialiste d’Etat reste et restera la forme essentielle de l’économie cubaine. En outre, des restrictions à l’enrichissement individuel ont été mises en place pour pallier aux conséquences non-souhaitée de la libéralisation.