21 décembre 2021

Qu’est-ce que l’histoire retiendra de l’année 2021 ?




L’année 2021 s’achève bientôt. Qu’en retiendra l’histoire ? Qu’elle fut la deuxième année Covid, certes, mais sans y attacher l’importance exclusive qu’occupe cette pandémie qui n’en finit pas dans l’espace public. Pour dramatique que soit cette situation, il n’est pas interdit de parler d’autre chose.

 

On peut être sûr en revanche que l’étrange débat sur le « monde d’après » qui a eu existé en 2020 aura disparu des mémoires. Car non seulement le « monde d’avant » est toujours là, mais il est devenu encore pire. Les inégalités – déjà hallucinantes auparavant – ont littéralement explosé durant la pandémie. Le patrimoine des milliardaires s’est accru de plus de 3'600 milliards d’euros, pendant que cent millions de personnes tombaient dans l’extrême pauvreté. En Suisse, les 300 plus grandes fortunes de notre pays ont encore augmenté de 155 milliards cette année, alors que près d’un million de personnes vivent dans la précarité.

 

Il est sûr également que l’année 2021 entrera dans l’histoire comme celle d’une inaction devenue insupportable face au changement climatique, face à la destruction accélérée de l’environnement dont le mode de production dominant est entièrement responsable, d’une dissociation inquiétante entre conscience apparente de la gravité de la situation…et absence de toutes mesures réelles prises, d’une volonté des élites au pouvoir de continuer le « business as usual » aussi longtemps que possible, quel qu’en soit le prix à payer. La COP26, et son étalage de mot creux, en livra un spectacle navrant…

 

Nous n’allons tellement pas dans la bonne direction d’ailleurs, que l’année 2021 était aussi celle du pic historique de l’utilisation du charbon pour produire de l’énergie. Une croissance de 9% de la consommation de cette source d’énergie qui est pourtant la plus émettrice de CO2, et qui devrait encore se poursuivre en 2022. On parle beaucoup, à juste titre, de la Chine et de l’Inde, dont la croissance économique est très redevable et cette ressource fossile, mais l’Occident n’est pas exemplaire en la matière non plus. Car l’utilisation du charbon a augmenté de 20% aux USA et dans l’UE. Le charbon représente toujours 36% dans le mix énergétique mondial. Les énergies renouvelables n’ont fait que s’ajouter aux énergies fossiles, sans guère les remplacer.  Et le plus grand producteur mondial de charbon est l’entreprise suisse Glencore, qui a racheté cette année la totalité de Cerrejon, l’une des plus grandes mines au monde, en Colombie, tout en promettant d’atteindre la neutralité carbone d’ici quelques quatre décennies. Greenwashing, l’autre face de l’écocide…

 

Ce que l’histoire en retiendra dépend du fait qu’il y ait encore une civilisation humaine qui puisse consigner une histoire. Cela dépend de nos luttes, de si nous parviendrons à imposer à temps un changement de système de plus en plus urgent, ou si nous ne serons pas en mesure d’empêcher le capitalisme de nous entraîner vers l’abîme.

 

Il n’y a rien à attendre d’un système qui a montré son incapacité à résoudre ces problèmes urgents et aigus, dont l’ampleur des contradictions même prouve qu’il a fait son temps ; ni de ses élites, dont l’étroitesse d’horizon et l’égoïsme sont désespérants. La pandémie n’est pas encore finie que la droite suisse revient à ses vielles recettes empoisonnées et discréditées : cadeaux fiscaux supplémentaires pour le capital et les plus riches, démantèlement social pour tous les autres. Mais l’avenir n’est pas obligé d’être sombre. Qu’il ne le soit pas dépend des forces qui s’opposent à l’ordre établi, qui luttent pour le remplacer par un système plus juste, dont notre Parti est une composante essentielle et irremplaçable.

 

Et à ce titre-là, le bilan de l’année écoulée est loin d’être entièrement négatif. Non certes que nous ayons réussi à infléchir significativement le rapport de forces existant, malheureusement. Mais celui-ci n’est pourtant plus exactement le même qu’il y a quelques années. Les années de plomb néolibérales sont bel et bien finies. Certes encore minoritaire et diffuse, la conscience d’une nécessité de sortir du capitalisme, l’aspiration à une autre société est réelle et grandit.

 

Ce qui semblait politiquement impossible il n’y a pas si longtemps commence à devenir réalité. Le salaire minimum est ainsi instauré, canton après canton. Et, demain nous parviendrons peut-être à imposer un frein à la concentration des richesses entre quelques mains grâce à l’initiative commune de la gauche et des syndicats pour une contribution temporaire de solidarité sur les grandes fortunes.

 

Ce ne sont là que des prémisses bien sûr, fragiles, qui ne présupposent de rien. Il nous revient de tout faire pour qu’elles puissent porter leurs fruits.

Solidarité avec nos camarades du HDP, persécutés par le régime d’Erdogan

Le 2 décembre 2021, le PST-POP avait rencontré, à Berne, une délégation de parlementaires du HDP, composée de Feleknas Uca (Vice-présidente du HDP, Co-Porte-parole de la Commission des Relations Extérieures & Parlementaire de Batman) ; Tülay Hatimogullari (co-présidente adjointe du HDP & parlementaire de Hatay) ; Nejdet Ipekyüz (parlementaire HDP de Batman) ; et Devriş Çimen, représentant européen du HDP, venus en Suisse dénoncer la répression dont ils font l’objet et chercher des soutiens. Nous avons assuré nos camarades de Turquie de tout le soutien qu’il nous sera possible de leur témoigner.



La Turquie glisse toujours plus dans les ténèbres et le despotisme. Aujourd’hui, c’est le HDP (Parti démocratique des peuples) – parti formé d’une coalition de partis et d’organisations de gauche radicale et qui défend la cause kurde – qui est la cible d’une procédure d’interdiction de la part du parquet turc, victime d’une persécution grossièrement politique, en réalité pour le seul « crime » d’avoir rassemblé plus de 10% des voix, et de porter un programme qui déplaît au régime en place, celui du président Recep Tayyip Erdogan. Il est de notre devoir d’être solidaires de nos camarades du HDP, et pour commencer d’informer le public de la vraie nature dudit régime.

 

Un régime islamofasciste 

 

Le régime dirigé par le président Erdogan peut être proprement qualifié d’islamofasciste. Erdogan lui-même est un idéologue islamiste, qui inspire toute cette sinistre mouvance au Moyen Orient. Il n’hésite d’ailleurs pas à dire ouvertement qu’il a les mêmes idées que Talibans. Ce régime repose sur une coalition entre deux partis : l’AKP, « Parti de la justice et du développement » (qui dans les faits a apporté l’injustice et la gabegie économique), parti d’Erdogan, islamofasciste, et d’un partenaire minoritaire, le MHP (Parti d’action nationaliste), parti national-fasciste (très proche des partis fascistes tels que l’Europe n’en a que trop connu). La Turquie a connu son lot de fausses démocraties et de vraies dictatures, mais jamais n’a eu encore un gouvernement aussi infâme.

 

Pour être sans nuance, la qualification de « fasciste » n’est pas abusive pour le régime actuellement en place en Turquie. Non pas en sens vague et générique, pouvant qualifier n’importe quel mouvement d’extrême-droite, mais dans la mesure où la Turquie présente aujourd’hui des ressemblances inquiétantes avec les régimes fascistes du XXème siècle. Si elle n’est pas formellement une dictature, la Turquie n’est en tout cas plus une démocratie. Les libertés politiques n’existent plus guère, la liberté de manifester n’est pas respectée. Les syndicats n’arrivent à mobiliser qu’une fraction de leur potentiel militant, car les gens craignent trop la répression pour se mobiliser ouvertement. La liberté de la presse n’est qu’un lointain souvenir. Il n’y a plus de presse indépendante qui puisse paraître. Celle qui existe est ou ouvertement liée au régime, ou achetée, ou contrainte par une censure de fait. L’État de droit a depuis longtemps disparu. Plus de mille académiciens ont été licenciés pour délit d’opinion : ils avaient signé une pétition pour la paix au Kurdistan. Il n’y a plus de justice indépendante. Les tribunaux sont tous à la botte d’Erdogan. Aucun procureur n’ose ouvrir une procédure à l’encontre d’agents du régime. Aussi les crimes commis par les mafias liées au pouvoir, les meurtres d’opposants, les crimes pédophiles commis par des religieux…ne sont jamais poursuivis.

 

Une opposition légale existe certes toujours en Turquie, mais de plus en plus difficilement vus l’acharnement du régime à l’éradiquer, ainsi qu’une opposition révolutionnaire en réalité nombreuse, mais peu visible, car réprimée. Actuellement, ce sont nos camarades du HDP qui sont victimes de cette répression. Plus de 10'000 membres de ce parti – à tous niveaux, des militants de base jusqu’à la présidence – sont emprisonnés ; presque tous les maires élus sous l’étiquette HDP ont été arbitrairement destitués et remplacés par des administrateurs temporaires à la solde du régime ; et le HDP pourrait être prochainement interdit. Mais toutes ces persécutions ne pourront jamais réduire le HDP au silence.

 

Des persécutions arbitraires et illégales qui plus est. Dernièrement, le Tribunal constitutionnel de Turquie a intimé au gouvernement de libérer Selahattin Demirtas, Coprésident du HDP, et Osman Kavala, homme d’affaires, philanthrope et opposant au régime. Le gouvernement a décidé d’ignorer le verdict de la juridiction la plus haute de son pays. Les avocats des deux prisonniers d’opinion ont mené l’affaire jusqu’à la Cour européenne des droits de l’homme, qui a conclu que la détention était dans les deux cas arbitraire, sans verdict valablement prononcé, donc purement politique. Elle a exigé leur libération, sans que le régime obtempère. La Turquie risque l’exclusion du Conseil de l’Europe pour cela.

 

Principal parti d’opposition, le CHP (Parti républicain du peuple), parti du premier président Mustafa Kemal Atatürk et officiellement social-démocrate, est pour l’instant toléré, mais même lui commence à être victime de persécutions judiciaires de la part du pouvoir, ainsi que de menaces de mort venant des mafieux proches du régime.

 

Un régime semi mafieux

 

Ce régime a également une troisième composante non-officielle, mais essentielle : la mafia turque. Une amnistie spéciale a été ordonnée il y a une année, dans le seul but de libérer des leaders mafieux « utiles ». Le parrain de la mafia le plus important lié au régime est Alaattin Çakici, actif dans le commerce de drogue, le racket et la prostitution, ayant une armée loups gris (fascistes turcs) sous ses ordres. Il est également habitué des menaces de morts proférés contre des opposants au gouvernement – dont nombre de membres du HDP, mais également le président du CHP, ont fait les frais – et certainement d’un grand nombre de meurtres, jamais élucidés.

 

Un autre boss majeur de la mafia, un temps allié du gouvernement, mais rival du précédent, est Sedat Peker, lui aussi un fasciste (son signe de reconnaissance est celui des loups gris). Un personnage peu recommandable : lui aussi spécialiste des menaces de morts, il avait déclaré à l’intention des universitaires qui avaient signé une pétition pour la paix avec les Kurdes qu’il « allait faire couler leur sang et prendre une douche avec ». Mais le fait est qu’il s’est retrouvé en difficulté, et a dû fuir aux Émirats Arabes Unis. Un procureur lui avait téléphoné en personne pour l’avertir qu’il risquait d’être arrêté s’il ne quittait pas la Turquie. Depuis, il a rompu avec le gouvernement et, par vengeance, diffuse régulièrement sur YouTube des vidéos remplies d’accusations, sans preuves mais non dénuées de crédibilité, portant sur toutes sortes d’affaires criminelles dans lesquelles le régime est impliqué. Des accusations dévastatrices pour le régime d’Erdogan. Un journaliste de l’agence d’informations publique a été licencié pour avoir osé poser une question à un ministre à ce sujet. En revanche, aucune enquête n’a été ouverte à la suite de ces accusations contre ne serait-ce qu’un seul agent du régime…

 

Il accuse notamment l’État turc d’être impliqué dans le commerce de drogue. Il semble que de la cocaïne en provenance de Colombie est régulièrement déchargée à Izmir, où elle est livrée par bateau. Le gouvernement colombien n’a obtenu aucune réponse sérieuse, ni aucune ouverture de procédure pénale dans ce dossier. L’opposition accuse le régime de trafic de drogue à large échelle.

 

La Turquie a exigé l’extradition de Sedat Peker au gouvernement des Émirats, sans que cette demande ne soit satisfaite. Depuis, les deux pays sont en froid.  Il faut dire que la Turquie a accusé les USA, l’UE, l’Arabie saoudite et les Émirats d’être derrière le putsch raté de 2015…

 

Un régime corrompu et incompétent

 

La crise économique et sociale née du Covid aurait été dure en Turquie sous n’importe quel gouvernement, tant que le capitalisme y règne. Mais l’incompétence doublée à la corruption du régime d’Erdogan en a fait une calamité sans précédent.

 

Le système économique en place en Turquie est un capitalisme monopoliste d’État particulièrement dispendieux, inefficace, corrompu, laissant la place belle au népotisme et aux détournements de fonds, ainsi qu’à un capitalisme sauvage à base de chantiers à la légalité douteuse et de ravages profonds à l’urbanisme. Comme par hasard, depuis qu’Erdogan est au pouvoir, tous les grands chantiers – ponts, autoroutes, aéroports, infrastructures, etc. – sont attribués, sans appel d’offre, à cinq oligarques, fascistes et religieux, qui se trouvent par ailleurs être ses amis. Des chantiers facturés plus du double du prix normal. D’après une enquête du HDP, toutes ces sommes sont détournées en passant par le Qatar, et garantis par des tribunaux anglais. Si bien que non seulement ces cinq oligarques se soient enrichis considérablement, mais cette part mal acquise de la richesse nationale pourrait difficilement être recouvrée par un gouvernement démocratique qui remplacerait celui d’Erdogan (qui se serait lui-même bien rempli les poches dans toutes ces affaires…)

 

Erdogan a également pris le contrôle de la Banque centrale de Turquie, dont il a supprimé de fait l’indépendance et changé quatre présidents en un bref laps de temps. Non pas que l’indépendance de la banque centrale soit un principe intangible, mais encore faut-il que le gouvernement soit compétent pour la gérer, ce qui n’est pas le cas en l’occurrence. Erdogan a forcé la banque centrale à baisser les taux d’intérêt (sous peine de licenciement pour sa direction). Cette dévaluation n’a amené aucune reprise économique, mais a conduit à un effondrement de la Lire turque, qui a perdu 45% depuis le début de l’année 2021, dont 30% ces trois derniers mois. D’où a suivi une inflation catastrophique, pour un pays qui importe la majeure partie de ses biens de consommation, et où opèrent les mêmes chaînes de magasins qu’en Europe (et qui pratiquent les mêmes prix que dans l’UE).

 

Cette combinaison détonante de corruption et d’incompétence a conduit à une véritable catastrophe sociale. La pauvreté était en effet déjà massive en Turquie. Le salaire minimum y est ainsi scandaleusement bas : 187$ par mois (très bas) = 2225 lires. Ce qui est en dessous du seuil de pauvreté absolue, fixé à 8'000 lires par mois, soit 500$. En comparaison, le salaire minimum le plus bas dans l’UE est en Bulgarie : un peu plus de 300€ par mois. La crise actuelle a conduit à une véritable misère de masse. Beaucoup de gens souffrent de la faim, et sont obligés de faire les poubelles pour survivre.

 

Un régime impérialiste et va-t’en guerre

 

Pendant que le peuple souffre, Erdogan fantasme de restaurer la grandeur impériale passée, et a impliqué la Turquie dans des guerres tous azimuts au nom de son idéologie islamiste. Guerre contre les Kurdes, au nord de la Syrie (deux incursions meurtrières à ce jour), au nord de l’Irak, guerre contre les Yézidis. Implication dans la guerre civile libyenne, aux côtés du président, islamiste, en poste à Tripoli, contre le maréchal Haftar, au service du parlement, sis à Benghazi, et soutenu par une coalition rassemblant la Russie et les pays occidentaux. Pour cette implication en Lybie, la Turquie paye une armée privée et non officielle, SAADAT, créée par le premier conseiller d’Erdogan, ancien général d’armée ; avec l’armée officielle présente en renfort. Sans parler de l’épreuve de force avec la Grèce, ni de la 

 véritable guerre civile déchaînée par le régime au Kurdistan turc.

 

Outre cette implication militaire directe, le régime d’Erdogan soutient activement les islamistes au Moyen Orient. Tous les moyens de l’État, les services secrets notamment, sont mis à contribution pour cela. Environ 80'000 islamistes auraient combattu en Syrie, avec une solde payée par l’État turc (bien supérieure au salaire minimum turc), contre le régime de Bachar El Assad. C’est que El Assad est alévi (un courant libéral du chiisme, considéré comme hérétique par les islamistes), et que la révolte contre lui est d’inspiration islamiste sunnite. Sans parler des intérêts économiques et géopolitiques évidemment. En raison de cette politique, le Qatar est le seul allié de la Turquie dans la région. Pour cette même raison, l’UE l’a mise dans la liste grise des États qui soutiennent le terrorisme depuis un mois.

 

Cette politique impériale est toutefois au-dessus des moyens de la Turquie, proprement dispendieuse. Le peuple souffre de toutes ces guerres, dont il paye le prix, et qui l’enfoncent dans la misère. Selahattin Demirtas a dénoncé cette politique de guerre, criminelle et ruineuse, chiffres à l’appui. Ce n’est pas la moindre raison de la haine que lui voue le régime…

 

Un régime obscurantiste

 

L’incompétence sans limite manifesté par le régime AKP n’est pas surprenante dans la mesure où il s’appuie sur des islamistes profondément ignorants, dont les compétences s’arrêtent à leur vision obscurantiste de la religion. En commençant par le président Erdogan en personne. La loi turque exige en effet que, pour accéder à la présidence de la République, il faille présenter un diplôme universitaire. Erdogan a bien présenté une copie d’un diplôme d’économie censément obtenu à l’Université de Marmara…sauf qu’il s’agit d’un faux. Il n’existe aucune trace du passage d’un étudiant nommé Recep Tayyip Erdogan dans les archives de cette université, qui est obligée de se taire, vue qu’elle fait l’objet de pressions de la part du régime, et qu’un recteur islamiste lui a été imposé. En réalité, Erdogan a étudié dans un lycée religieux – type d’institution dans laquelle il ne faut pas voir l’équivalent des lycées catholiques français, qui dispensent souvent une très bonne formation, mais d’un lieu de formation obscurantiste, après lequel il n’est pas possible de s’inscrire à l’université.

 

Le président Erdogan n’est pas une exception. La politique des cadres du régime est de recruter, pour des postes à responsabilité de tout niveau, y compris les plus élevés, des religieux, militants de l’AKP (ou à la rigueur du MHP), à l’exclusion de tout autre critère, que ce soit d’études, de diplômes, de publications ou de compétences. Des islamistes complètement incultes se retrouvent ainsi à occuper les plus hautes questions. La gabegie était à prévoir…

 

À l’Université de Bogaziçi, c’est ainsi un islamiste totalement ignorant, sans diplôme, sans publications, ni aucun lien avec l’université, qui fut nommé recteur. Les étudiants sont en grève pour protester contre cette décision…

 

Un obscurantisme dangereux. Lorsque Erdogan transforma officiellement Sainte Sophie en mosquée, tous les islamistes s’y sont rendus à la prière du vendredi pour fêter cet événement. Le président des affaires religieuses (dignitaire d’un niveau ministériel) est monté parler en chaire ceint d’une épée, évocation explicite de la guerre sainte menée naguère pour, notamment, islamiser les Kurdes, par la force des armes. Ce qui évoque aujourd’hui encore des souvenirs douloureux pour les Kurdes, et est ressenti comme une menace non dissimulée.

 

Un régime rétrograde, qui liquide tout l’héritage progressiste, pourtant relatif, de la Turquie

 

Le projet de l’AKP est de revenir à un Moyen Age fantasmé, aux temps du Prophète tels qu’ils se l’imaginent, et qui n’ont jamais existé. Pour illusoire que soit ce projet de retour en arrière, il a pour conséquence pratique la liquidation de tous les acquis progressistes de la République Turque, pourtant limités, s’agissant d’un État colonialiste, peu progressiste, qui ne connut qu’une démocratie très relative et une succession régulière de dictatures militaires.

 

Il convient ici de revenir un peu en arrière, d’inscrire la situation actuelle de la Turquie dans son histoire. Durant la Première Guerre mondiale, l’Empire Ottoman tenta de jouer sa dernière carte en s’alliant à l’Allemagne et à l’Autriche-Hongrie. Comme pour ces deux empires, la défaite lui fut fatale. Les vainqueurs souhaitaient se partager les décombres d’une puissance qui naguère avait fait trembler l’Europe. Le traité de Sèvres, traité de capitulation signé en 1920 par le sultan Mehmed VI, prévoyait le démantèlement de l’empire, un Kurdistan autonome et une Arménie indépendante. Mais, après le génocide, il ne subsista de territoire arménien que la République soviétique d’Arménie. L’autonomie kurde ne fut jamais réalisée. Une partie de la Thrace revint à la Grèce. La France et l’Angleterre se partagèrent la Syrie, le Liban, la Palestine et la Mésopotamie. Des parties de l’Anatolie étaient occupées militairement par les vainqueurs de la guerre. Mais la décision finale sur le sort de la Turquie fut remise à plus tard.

 

Tous les Turcs n’étaient pas prêts à se résigner à ce démembrement et à cette occupation militaire de leur pays. Mustafa Kemal, auquel le parlement de la République turque accordera le patronyme d’Atatürk pour son œuvre, général et héros de guerre, mais aussi, secrètement, révolutionnaire et opposant au régime impérial (et qui, par ailleurs, avait lu près de 6'000 livres), refuse de l’accepter. Il organise donc un congrès pour refuser cette occupation, et conduit la lutte armée pour libérer la Turquie des occupants étrangers, et contre le sultan qui s’était soumis à leur volonté.

 

Une lutte soutenue par Lénine et le jeune pays des Soviets, au nom des principes anti-impérialistes, et pour desserrer quelque peu l’encerclement impérialiste du premier État prolétarien de l’histoire. Une partie de la Turquie occupée par l’armée tsariste, à la frontière géorgienne, lui fut rendue. L’URSS apporta un soutien important à la nouvelle République turque, et aida à son industrialisation. Un soutien pour lequel Atatürk était reconnaissant – et promettait une amitié éternelle – et qui dura jusqu’à sa mort, en 1938.

 

La nouvelle Turquie se voulait démocratique. Un parlement fut élu en 1920, dont Atatürk tenait son mandat. La République fut instaurée en 1923, dont il devint le premier président. Ce fut un régime plutôt autoritaire, mais qui entreprit des réformes progressistes majeures. Des réformes visant à la modernisation et à la sécularisation du pays. Le califat fut aboli, et la laïcité instaurée. Les sectes religieuses furent dissoutes (aujourd’hui, elles dirigent la Turquie dans l’ombre du régime d’Erdogan). L’habillement européen fut imposé. L’alphabet latin remplaça l’alphabet arabe. Et l’égalité hommes-femmes fut introduite, au moins sur le plan légal. Les femmes reçurent les droits politiques, en 1934. Aux premières élections auxquelles elles purent participer, en 1937, 18 femmes furent élues au parlement. Atatürk eut également le mérite d’avoir compris, et dénoncé, le danger que représentait Hitler pour le monde, et d’avoir tout fait pour tenir la Turquie éloignée de la nouvelle guerre.

 

Mais ses mérites ne doivent pas faire oublier sa part d’ombre. C’était un dirigeant nationaliste, qui réprima dans le sang les revendications nationales du peuple kurde. En 1925, la République turque écrasa un soulèvement kurde, dirigé par le Sheikh Sait. Cette répression fut justifiée par le prétexte qu’il s’agissait d’un mouvement réactionnaire, conduit par un leader religieux et féodal, qui plus est allié aux britanniques (qui avaient leurs propres raisons de vouloir affaiblir la nouvelle Turquie). Un gouvernement réellement révolutionnaire n’aurait pas agi ainsi. Le Kurdistan était une colonie, et les revendications portées par la révolte du Sheikh Sait étaient légitimes, bien qu’exprimées sous forme religieuse. En 1930, le soulèvement d’Agri, révolte kurde cette fois-ci explicitement nationale et non religieuse fut violemment réprimée. Et, en 1937-1938, la répression d’une révolte à Dersim fit plus de 40'000 morts, un véritable génocide. La République turque amena aussi l’achèvement de la colonisation turque au Kurdistan, dans la violence.

 

Malgré sa part d’ombre, les acquis de la République turque furent bel et bien réels. La Turquie fut également, en réalité, un pays très révolutionnaire, doté d’une mouvement révolutionnaire puissant et théoriquement solide. Un mouvement face auquel la bourgeoisie turque estima n’avoir d’autre choix que de recourir à une succession de juntes militaires. Ce sont ces acquis que le régime d’Erdogan s’emploie à démolir, tout en aggravant encore ce qu’il y avait de négatif.

 

Mais, aussi malfaisant fût-il, le régime d’Erdogan n’a pas à ce jour établi de dictature complètement consolidée. Complètement discrédité, il a peur – à juste titre – d’une débâcle aux prochaines élections. Ce régime peut et doit être vaincu. Il est de notre responsabilité internationaliste de soutenir, ici en Suisse, la juste lutte des travailleurs et de tous les progressistes en Turquie, nos camarades du HDP, ainsi que les revendications légitimes du peuple kurde, dans toutes les parties du Kurdistan ; la juste aspiration à un Kurdistan unifié, indépendant et démocratique.

 

Alexander Eniline (avec la participation de Burhan Aktas)

Pénuries d’électricité annoncées : que faire ? Compte-rendu du débat public organisé par le Parti du Travail le 10 décembre 2021


De gauche à droite : Morten Gisselbaek, Zakaria Dridi, Alexander Eniline, Teo Frei, Pierre Eckert

 

 

L’information ne vous aura sans doute pas échappé, puisque les médias en ont abondamment parlé, sur un ton volontiers anxiogène : le risque de pénuries d’électricité en Suisse devient réel, pouvant aller jusqu’à plusieurs jours de black-out. Une analyse superficielle pourrait faire penser que le problème est dû aux relations compliquées actuellement avec l’UE, mais le fait est que d’autres pays rencontrent aussi ce problème. Une des raisons pourquoi l’UE ne souhaite pas renouveler l’accord sur l’électricité est qu’elle-même risque d’en manquer. La Chine est obligée d’imposer un ralentissement d’activité à ses entreprises pour ne pas courir le risque de devoir couper le courant à la population. La hausse des prix de l’énergie et des matières première, les pénuries déjà existantes et les menaces de pénuries sont une tendance généralisée.

 

Alors, que faire ? Certains n’hésitent pas à prôner la relance du nucléaire. D’autres disent qu’il faut massivement développer les énergies renouvelables, mais cela pour garder une consommation d’énergie constante, et augmenter notablement la production d’électricité pour remplacer les énergies fossiles. Cela est-il seulement réaliste ? Des économies d’énergie, une sobriété énergétique ne sont-elles pas indispensables ? Le fait est que, pendant presque deux siècles, le capitalisme fut alimenté par les énergies fossiles et les matières premières à bas coût. Mais cette époque est révolue. Le système en place bute sur les limites naturelles de la planète. Vouloir continuer la gabegie actuelle n’est ni réaliste ni même souhaitable. Ce serait la certitude de rendre la Terre inhabitable. Un changement de modèle est aujourd’hui nécessaire. Mais quel modèle alternatif adopter ? Et comment y arriver ? On voit que cette question d’une possible rupture d’approvisionnement d’électricité amène à soulever plusieurs enjeux cruciaux.

 

Pour discuter de ces importantes questions, le Parti du Travail avait organisé un débat public le 10 décembre 2021. Avec un parterre d’intervenants de qualité, et assurant une raisonnable diversité d’opinions. Nous avions été heureux de compter sur la présence de : Zakaria Dridi, gymnasien, membre du POP Vaud, gréviste pour le climat ; Pierre Eckert, député Vert au Grand Conseil, physicien et météorologue ; Teo Frei, étudiant, gréviste pour le climat, membre du groupe écosocialiste de solidaritéS ; et Morten Gisselbaek, architecte, membre du PdT, ancien conseiller municipal. Aucune femme malheureusement, mais ce n’était point notre faute. Tous les intervenants invités – parmi lesquels plusieurs intervenantes – n’ont pu répondre par la positive à notre invitation. Le public fut au rendez-vous, et le débat fut riche et intéressant.

 

Il est en effet crucial d’empoigner ces problèmes, et de leur apporter des réponses progressistes. Pour l’instant, c’est l’UDC qui est à l’offensive sur cette question. Le parti blochérien a récemment publié un document sur l’approvisionnement en électricité, autour duquel il a fait beaucoup de bruit. Un papier qui a l’air bien fait, documenté, mais qui est aussi passablement démagogique, dans le plus pur style UDC. Rodomontades contre la stratégie énergétique 2050 du Conseil fédéral (qui serait inefficace) la conseillère fédérale Simonetta Sommaruga – qui aurait le choix d’obtempérer aux injonctions de l’UDC ou d’être dessaisie du dossier –, présentation de la situation sur un ton anxiogène : on court à la catastrophe ! la patrie est danger ! Sans oublier le bavardage sur la « gauche rose-verte », accusée de détruire la Suisse, ni les affirmations comme quoi, s’il y a un problème d’approvisionnement en électricité, c’est à cause de l’immigration. Véritable pensée magique : quel que soit le problème, la cause, ce sont les étrangers, les virer est la solution. Après tout, pourquoi réfléchir ? Il est vrai qu’il y a des élections fédérales en 2023…Il est important d’empoigner ces enjeux, ne serait-ce que pour empêcher que l’extrême-droite ne les monopolise, et ne les détourne en un sens nationaliste, plutôt qu’écologique et social, comme il faudrait les traiter.

 

Quant aux solutions proposées par l’UDC, c’est : les énergies renouvelables ne sont pas efficaces, alors, pour sortir du fossile, il faut renforcer l’hydraulique et relancer le nucléaire. Or, le nucléaire n’est pas une solution. Outre le problème, irrésolu à ce jour, des déchets, et du coût réel (si on prend en compte les frais de démantèlement des centrales qui ont fait leur temps), les risques sont trop élevés : un accident sérieux impliquerait d’évacuer une partie de la Suisse pour des dizaines, voire des centaines d’années. Vers où ? Et la faisabilité politique est nulle. Avec toutes les complications légales et la durée des travaux, une nouvelle centrale ne pourrait pas être mise en service avant 2050. Or c’est maintenant qu’il faut des solutions. 

 

Or, la Suisse ne risque pas réellement de pénurie. La bourgeoisie suisse est suffisamment riche pour conserver ses positions – et l’infrastructure nécessaire pour cela, dont l’énergie – pendant encore un moment. Ce sont d’autres parties du monde qui payeront hélas pour que les pays riches continuent leur gabegie. Et, si on circonscrit le problème à l’approvisionnement de l’électricité en Suisse stricto sensu, il n’est pas insurmontable. Il est faux de penser que la demande d’électricité augmente de façon incontrôlable. La consommation d’électricité dans notre pays a été stabilisée ces dernières années. Les progrès en matière d’efficacité énergétique sont réels et significatifs. Et, même si on voulait remplacer toutes les énergies fossiles par l’électricité (remplacer les voitures thermiques par des voitures électriques par exemple), une hausse de la production d’électricité de 20% suffirait. C’est si on considère tous les enjeux sous-jacents, si on élargit la focale, que le problème apparaît dans toute son ampleur.

 

Pour ce qui concerne l’approvisionnement en électricité, une marge importante existe pour le développement du renouvelable, solaire et éolien. Que ces sources d’énergies soient intermittentes n’est pas un problème insurmontable. Des solutions de stockage existent. Centralisées, avec des centrales de pompage-turbinage. Ou locales. D’ailleurs, un système plus décentralisé aurait l’avantage d’être plus résilient, plus souple, et de minimiser les gaspillages. Mais si l’on veut sortir du nucléaire, il faudra compenser par des économies d’énergie proportionnelles. 

 

Il existe d’autres raisons pour la sobriété énergétique. La technologie ne saurait être la solution miracle. Il n’est ni raisonnable ni souhaitable de continuer la gabegie actuelle, le modèle d’économie linéaire, génératrice de gaspillages colossaux, même si l’approvisionnement en énergie peut être assuré pendant encore quelque temps. Car les solutions technologiques – mêmes les plus « vertes » – nécessitent une quantité phénoménale de métaux, dont certains sont fort rares sur notre planète, et qu’on en a extrait plus en quelques décennies que durant toute l’histoire de l’humanité. Les infrastructures requises exigent une quantité toute aussi considérable de béton, filière pourtant très polluante et émettrice de CO2. Et ce qui semble « vert » ne l’est pas toujours si on regarde sur toute sa chaîne de production. Le bilan écologique d’une voiture électrique est par exemple loin d’être bon. S’agissant de technologie, non seulement elle ne résoudra pas tout, mais il faut là aussi faire preuve de mesure. En particulier, il faut refuser le principe selon lequel il faudrait tout digitaliser (sans même réfléchir si c’est vraiment utile). Car le numérique – malgré son image d’immatérialité – est un secteur extrêmement énergivore et consommateur de ressources. Il faut en faire un usage raisonnable.

 

Ce ne sont à vrai dire pas les solutions techniques – qui existent et sont connues ; même s’il y a matière à débat pour nombre de leurs aspects, toutes ces questions peuvent être rationnellement résolues – qui posent problème, mais l’acceptabilité politique des mesures, les conditions subjectives pour les changements radicaux requis. Le moins que l’on puisse dire est que le système en place est peu favorable à une telle rupture, et manifeste une inertie désespérante. Il est indispensable d’en changer. Oui, mais comment ? La première chose à dire que, pour être socialement acceptable, l’écologie doit être sociale. Des solutions punitives, basées sur des taxes, qui frappent durement les gens modestes, les moins responsables de la catastrophe en cours, tout en permettant aux plus riches – dont le mode de vie est écologiquement insoutenable – de continuer comme avant, ne seront pas acceptées par le peuple. Mais si les changements sont socialement justes, ils peuvent non seulement être réalistes, mais aller dans le sens du progrès social. Des solutions collectives et égalitaires, la socialisation de la production et de la consommation, sont de mise : la meilleure mesure en faveur du transfert modal est la gratuité des transports publics. Des mesures de rationnement seront sans doute inévitables. Une façon de procéder socialement juste est l’établissement de quotas de consommation par personne (de voyages en avion par exemple).

 

Des mesures réellement radicales ne pourront être réellement mises en place sans sortir du capitalisme. Pour le Parti du Travail, le seul système pouvant prendre la place du capitalisme est le socialisme. Mais un socialisme qui devra faire face à des enjeux différents de ceux du socialisme réel du XXème siècle – il ne devra pas viser le but de développer au maximum les forces productives pour sortir le pays de la pauvreté, mais mieux repartir une production soutenable – et pour cette raison devra fonctionner de façon un peu différente.

 

Certes, il n’est plus réaliste de nos jours de regarder vers l’avenir avec la même certitude qu’autrefois. Le scénario du pire – que nous ne puissions pas empêcher le capitalisme d’entraîner l’humanité vers l’abîme – est malheureusement plausible, et doit être pris au sérieux. Mais il n’est pas non plus certain, et peut être empêché. L’avenir n’est pas obligé d’être sombre. C’est à nous, à nos luttes, qu’il revient de faire en sorte qu’il ne le soit pas. Le débat que nous avions eu le 10 décembre n’a pas permis d’aboutir à des réponses définitives aux questions qui y étaient posées – mais celles-ci sont trop vastes et trop complexes pour être épuisées en un si bref laps de temps – ; il a en tout cas été utile et inspirant pour avancer vers la résolution de ces enjeux cruciaux pour l’avenir de l’humanité.

Julian Assange, bouc émissaire des Etats-Unis

 

PROCÈS • Les défenseurs de la liberté, réunis autour de Joe Biden pour un Sommet pour la démocratie, poursuivent Julian Assange pour «crime» de journalisme.

 

Les USA de Joe Biden avaient réuni un « Sommet pour la démocratie » les 9 et 10 décembre. Celui-ci était sensé réunir les pays démocratiques de la planète, pour défendre les valeurs de la démocratie, partout menacées, contre leur principal ennemi, les régimes autoritaires. Plus que les discours creux d’un sommet qui a tourné à vide, c’est la liste des pays invités qui a suscité l’intérêt. Non seulement les USA se considèrent en droit de définir quel pays est démocratique et lequel ne l’est pas, mais cette définition recoupe en pratique…le fait d’être allié des USA. Certes, l’administration Biden n’a pas osé inviter des despotismes déclarés, comme les monarchies du Golfe, mais il n’a pas été question non plus de ces régimes, qui propagent pourtant une idéologie obscurantiste hostile à toute démocratie. Les grandes menaces désignées étaient la Chine et la Russie, qui se trouvent être des rivaux stratégiques des USA. Parmi les pays invités, par contre, se trouvaient les « démocraties » exemplaires que sont le Brésil de Jair Bolsonaro, les Philippines de Rodrigo Duterte, la Colombie d’Ivan Duque. La Bolivie n’est apparemment pas considérée comme une démocratie, mais, si la dictatrice fasciste Jeanine Añez avait conservé le pouvoir, ça aurait sans doute été différent… Et, provocation caractérisée, Taiwan figurait dans la liste, alors que cette île, que la Chine considère comme une province séparatiste, n’est officiellement reconnue, ni par l’ONU, ni par…les USA. Le ministère chinois des affaires étrangères n’a pas eu tort de dénoncer une démarche digne d’une nouvelle Guerre froide, et de qualifier la démocratie américaine d'"arme de destruction massive utilisée par les États-Unis pour s'ingérer dans les autres pays"

 

Mais, pendant que les chefs d’État « démocrates » rivalisaient de beaux discours, le 10 décembre, la Cour d’appel de la Haute Cour de justice d’Angleterre et du Pays de Galles a autorisé l’extradition de Julian Assange vers les USA. Journaliste, Julian Assange est surtout connu comme fondateur de WikiLeaks, organisation non-gouvernementale qui a publié des documents transmis par des lanceurs d’alerte, faisant état d’abus et de violation de droits humains de la part de différents États. Son seul « crime » est d’avoir rendu publics des documents classifiés émanant des USA, qui ont permis de documenter les crimes de guerres et les actes de torture de l’empire qui tyrannise aujourd’hui la planète. Aucun de ces criminels de guerre n’a été poursuivi, évidemment.

 

En représailles, les USA se sont livrés à un véritable acharnement judiciaire, l’accusant d’« espionnage » et exigeant son extradition, alors qu’on ne voit pas très bien en quoi ce citoyen australien devrait rendre des comptes à la justice étatsunienne. Est-ce que toute la planète serait devenu un territoire asservi de l’empire ? De 2012 à 2019, Julian Assange dut vivre refugié à l’ambassade de l’Équateur à Londres. Mais l’ancien président équatorien Lenin Moreno, qui porte si mal son prénom et qui trahit l’héritage de son prédécesseur, Rafael Correa, l’a livré à la « justice » britannique. Depuis, Julian Assange est détenu dans une prison de haute sécurité, à l’isolement total, dans des conditions proches de la torture psychologique, et qui ont gravement affecté sa santé. Les USA ont multiplié des recours malhonnêtes et des arguties abracadabrantesques pour obtenir son extradition. Le Royaume Uni vient de céder à la volonté de l’Empire, et d’accepter de lui livrer un homme dont le seul « crime » fut d’avoir été journaliste et d’avoir révélé la vérité.

 

La démocratie "ne connaît pas de frontière. Elle parle toutes les langues. Elle vit chez les militants anti-corruption, chez les défenseurs des droits humains, chez les journalistes", a pourtant dit Joe Biden à son sommet. Les journalistes qui travaillent pour les intérêts étatsuniens uniquement, était-il visiblement sous-entendu. Plus que les discours creux, ce sont les actes qui disent le mieux la contribution réelle des USA et du Royaume-Uni à la cause de la démocratie, de la liberté de la presse et des droits humains

15 novembre 2021

Initiative sur la justice : NON à l’initiative privée d’un multimillionnaire, qui n’apporte au-cune avancée démocratique

 


Actuellement, le Tribunal fédéral (TF) est élu par l’Assemblée fédérale, les postes de juges étant répartis au prorata de la représentation des principaux partis au parlement (ce qui exclut donc le membres des petits partis, comme les juristes sans appartenance politique, de la possibilité de siéger au Tribunal fédéral). Ces juges sont élus pour des mandats de six ans, renouvelables. L’initiative propose que les juges au TF soient tirés au sort, parmi des candidats sélectionnés par une commission nommée à cette fin par le Conseil fédéral. Les juges désignés pourraient siéger jusqu’à l’âge de 70 ans de façon inamovible, et ne pourraient être révoqués que pour manquements graves, ou incapacité manifeste à continuer d’exercer leur fonction.

 

N’ayant aucun juge fédéral issu de ses rangs, le Parti du Travail n’a aucun intérêt propre à défendre dans cette affaire. Nous appelons néanmoins à voter NON à cette initiative. Ce, pour trois raisons.

 

Une initiative oligarchique

 

L’initiative pour la justice ne vient pas d’une revendication populaire un tant soit peu massive. Aucune organisation représentative ne la porte. Il s’agit de la lubie d’un seul homme, un multimillionnaire, Adrian Gasser, qui a payé des entreprises de récolte de signatures pour faire aboutir son initiative. C’est aussi lui qui paye pour un affichage massif pour son initiative. Qu’un bourgeois puisse ainsi se payer son initiative populaire fédérale – alors qu’en faire aboutir une de-mande des centaines de militants et un travail acharné pour des gens normaux – est non seulement un biais de la démocratie, mais foncièrement anti-démocratique, oligarchique en son essence. Une telle initiative mérite d’être rejetée pour cette seule raison. Les entreprises de récolte de signatures devraient d’ailleurs être interdites, comme biaisant la démocratie.

 

M. Gasser n’est pas non plus n’importe quel millionnaire. Nous lui devons une reconnaissance partielle du droit de grève. Mais c’est bien malgré lui. En 1994, il avait licencié la totalité de ses ouvriers en grève, pour les réembaucher à des conditions moins favorables. Même la droite avait trouvé que ça allait trop loin, aussi une loi fut votée pour interdire à l’avenir de telles pratiques. Cela permit qu’une partie de la droite finisse par voter l’inscription du droit de grève (même limité) dans la Constitution. Ce qui en fait un ennemi patenté de la classe ouvrière, dont toute proposition mérite d’être rejetée.

 

Dépolitiser la justice ?

 

Le but principal de l’initiative est de retirer le choix des juges fédéraux au parlement, pour dissocier cette fonction de l’appartenance à un parti politique. Ce afin de garantir la séparation des pouvoirs, et d’aboutir à une justice non-politique, soustraite aux pressions des partis sur « leurs » juges, pour qu’ils votent selon la ligne de leur parti. Comme exemple de « pression » on cite celui d’un juge UDC dont son parti a essayé d’empêcher la réélection…mais qui fut réélu malgré tout. Preuve que les « pressions » ne sont pas aussi fortes que ça.

 

Y a-t-il un problème de sépara-tion des pouvoirs avec le système actuel ? Peut-être. Est-ce que la séparation des pouvoirs est un principe essentiel ? Sans aucun doute. Certes, c’est un principe d’origine libérale, face auquel la tradition marxiste fut souvent sceptique ; arguant, justement, qu’en dernière instance, le pouvoir de la classe dirigeante demeure indivis. Les pays socialistes ont même théorisé comme exemple de supériorité de leur système politique sur le parle-mentarisme bourgeois la non-séparation des pouvoirs, leurs assemblées parlementaires n’étant pas seulement parlemen-taires, mais des assemblées agissantes, faisant appliquer les lois qu’elles votaient. Soit, mais l’histoire du socialisme réel, les violations de la légalité socialiste qui eurent malheureusement lieu, plaident en faveur du fait qu’il serait erroné de négliger des principes libéraux de l’État de droit et de la séparation des pouvoirs, pour la seule raison qu’ils sont libéraux. Même sous le socialisme, les individus doivent pouvoir être protégés contre l’arbitraire de la part de l’État. Et la séparation des pouvoirs consti-tue une prévention contre l’abus de pouvoir. Cela dit, y a-t-il un vrai problème de séparation des pouvoirs en Suisse ? D’un con-trôle abusif de l’Assemblée fédérale sur le Tribunal fédéral ? Pas vraiment.

 

Mais le problème serait en tout cas le même avec la commission spéciale nommée par le Conseil fédéral. Selon quels critères les membres de ladite commission seraient sélectionnés ? Il est difficile à imaginer qu’aucun critère de nature politique n’entrerait en jeu. Qui plus est, ces éventuels critères politiques – qui influenceraient certainement le choix des candidatures présélectionnées – serait soustrait à quelque con-trôle démocratique que ce soit, puisqu’il serait à la discrétion du Conseil fédéral. On risquerait donc d’aboutir à un tribunal réellement politisé – et pas dans le bon sens évidemment – ce d’autant que les juges y siègeraient quasiment à vie. Tout le contraire de la démocratie en somme, plutôt le type de technocratie autoritaire – et défendant des intérêts de classe bien déterminés – que le néolibéralisme affectionne. L’élection, par le parlement en l’occurrence, garantit au moins une certaine forme de légitimité démocratique. Une démocratie représentative véritable présuppose d’ailleurs non seulement l’élection des représentants, mais aussi une durée raisonnablement brève des mandats, et (c’est une revendication classique du mouvement ouvrier) le droit de révocation de la part des représentés.

 

En revanche, il est totalement faux de soutenir que l’exercice de la justice ne soit pas politique, qu’il faille le dépolitiser. Les tribunaux ne font pas qu’appliquer la loi. La loi ne peut jamais être totalement exhaustive, et laisse inévitablement aux juges une marge d’interprétation. La jurisprudence du Tribunal fédéral est d’ailleurs une des trois sources du droit, avec la loi et la doctrine. On peut difficilement considérer que les opinions politiques des juges n’y aient aucune part. L’exemple des USA est certes extrême, mais le fait que le droit étatsunien change du tout au tout selon la majorité au sein de la Cour suprême montre à quel point l’exercice du droit est politique. Il existe également différentes normes légales, parfois en contradictions entre elles, et la décision desquelles priment (au hasard, le droit de propriété ou les accords de libre-échange sur les droits humains) est profondément politique.

 

Le tirage au sort, une avancée démocratique ?

 

Il existe de nos jours à gauche une mode d’idéaliser le tirage au sort pour la désignation d’assemblées représentatives, en lieu et place de l’élection, comme – si ce n’est la panacée de la démocratie – du moins une avancée démocratique.

 

Cette mode s’appuie sur une idéalisation de la démocratie telle qu’elle existait dans l’Antiquité à Athènes. Passons sur l’objection facile : l’antique Athènes était une société esclavagiste, où seuls les hommes libres et athéniens d’origine étaient citoyens, soit 10% de la population seulement ; et ces citoyens pouvaient trouver le temps de s’adonner à la politique précisément parce que d’autres travaillaient pour eux. Mais peut-être que ce système serait universalisable, pour toutes et tous, et non une minorité ?

 

Il s’agit à notre avis d’une illusion, basée sur une méconnaissance de la façon dont le système athénien fonctionnait réellement. Il n’était pas aussi « démocratique » qu’il n’en avait l’air. Certes, la démocratie athénienne combinait la souveraineté en dernière instance de l’Assemblée populaire (où tous les citoyens votaient selon le principe « un homme une voix ») et du tirage au sort pour certaines fonctions à responsabilité. Cette combinaison était censée garantir la possibilité pour chaque citoyen de participer à l’exercice du pouvoir et d’empêcher qu’une élite politique ne se forme, confisquant le pouvoir à son profit. Remarquons que cette combinaison forme un tout : injecter du tirage au sort dans un système sans Assemblée populaire ne le rendra pas démocratique. Ensuite, les fonctions tirées au sort l’étaient parmi tous les citoyens, et pour des mandats très courts – un an généralement – et non renouvelables. Tout le contraire de juges nommés quasiment à vie, désignés parmi des candidats présélectionnés.

 

Et une élite politique existait malgré tout. Les véritables dirigeants de la démocratie athénienne, les stratèges, étaient élus, pour des mandats renouvelables. C’était tous des nobles, des eupatrides. Le véritable chef d’Athènes au sommet de sa gloire, Périclès, resta aux commandes de l’État jusqu’à son décès en cours de mandat des suites de la peste. Sa disparition laissa un vide, puisqu’il était aussi indispensable à sa démocratie que le Grand roi de Perse ne l’était à sa monarchie. Même l’Assemblée était moins démocratique qu’elle n’en avait l’air. Certes, c’était « un homme une voix ». Mais, en pratique, peu de citoyens y prenaient régulièrement la parole. C’étaient toujours les mêmes, qui avaient reçu une formation, coûteuse, en rhétorique. Inutile de préciser qu’ils étaient tous eupatrides. Quant aux tribunaux athéniens, ils étaient tirés au sort. Mais il s’agissait de jurys populaires, jugeant sur la base de lois simples et connues de tous, non d’une cour suprême établissant une jurisprudence. Athènes possédait une cour suprême, l’Aréopage (et non « Aéropage », mot qu’on entend parfois, mais qui n’existe pas), composée d’anciens magistrats, et donc au recrutement aristocratique. Mais il n’avait plus qu’une autorité morale durant l’âge d’or de la démocratie athénienne.

 

Bref, il est vain de chercher des solutions faciles aux problèmes d’aujourd’hui dans une Antiquité mal connue.

 

Une connaissance un tant soit peu sérieuse de l’histoire réelle nous incite plutôt et être pour le moins méfiant face à la mode du tirage au sort en vogue aujourd’hui à gauche. L’exemple athénien montre en effet que penser que le fait de tirer les assemblées représentatives au sort plutôt que de les élire, garantirait une expression démocratique véritable et nous débarrasserait d’une caste de politiciens au service de la bourgeoisie, et rendrait le pouvoir au peuple, est pour le mieux naïf. Le vrai problème est en effet que le suffrage universel n’empêche pas qu’une majorité de la population vote en pratique pour des partis qui ne représentent les intérêts que d’une infime minorité. Croire que le tirage au sort nous libérerait de l’hégémonie idéologique de la bourgeoisie est pour le mieux illusoire.

 

Cette mode est même contreproductive dans la mesure où elle serait de nature à faire négliger à la classe ouvrière sa principale et seule arme pour renverser ladite hégémonie : l’organisation en son propre parti politique, appelé à exercer le pouvoir et à changer la société. Comme l’écrivait Friedrich Engels : « Pour que le prolétariat soit suffisamment fort pour vaincre au moment décisif, il faut – Marx et moi-même avons défendu cette position depuis 1847, – il faut qu’il constitue un parti singulier, distinct de tous les autres et opposé à eux, un parti de classe conscient de l’être ». Cette mode est d’ailleurs surtout prônée par des milieux anarchisants.

 

L’initiative pour la justice aura au moins eu la vertu de servir d’occasion pour discuter toutes ces questions politiques. Pour le reste, elle n’en a aucune. C’est pourquoi il faut la rejeter.

Pas d’ouverture prolongée des magasins sur le dos du personnel : NON à la LHOM !

 


C’est bien certes d’avoir de la suite dans les idées et de ne pas baisser les bras trop vite, mais parfois cela confine à l’acharnement. Le terme d’acharnement, pour ne pas dire de déni de démocratie, est juste dans le cas de la droite genevoise, qui revient une nouvelle fois à la charge – alors que le peuple a dit NON à réitérées reprises ! – avec un projet de modification de la Loi sur les horaires d’ouverture des magasins, la LHOM, dans le sens d’une extension des horaires d’ouverture. Avec la nouvelle loi, les magasins ouvriraient leurs portes jusqu’à 19h00 les jours de semaine (19h30 le vendredi), ainsi que le samedi (au lieu de 18h00 aujourd’hui). Cerise sur le gâteau, les magasins pourraient ouvrir trois dimanches par an, sans devoir conclure de convention collective de travail (CCT), contrairement à ce que prévoit la loi actuelle. Les syndicats ont déposé un référendum contre cette modification de la loi. Un référendum que le Parti du Travail soutient. C’est pourquoi, nous vous appelons résolument à voter NON.

 

Depuis des années, le secteur du commerce de détail a évolué, selon la volonté du patronat, dans le sens d’une exploitation accrue du personnel. Il est bien connu que les salaires dans la vente sont généralement scandaleusement bas. Ce alors qu’ils sont payés pour un travail non seulement épuisant, mais dont la dureté a augmenté au cours des années. En 2010, ce secteur employait à Genève 20'249 per-sonnes. Ce chiffre est passé à seulement 14'331 personnes en 2019. Pendant ce temps, non seulement la quantité de travail n’a pas diminué, mais s’est accrue, de même que le nombre de tâche exigée pour chaque employé-e (parmi lesquels une majorité de femmes). Le personnel est aujourd’hui soumis non seulement à des pressions accrues, mais à des horaires irréguliers, sans jours de congés fixes ; des horaires communiqués souvent moins de 15 jours à l’avance. La fameuse « flexibilité », dans l’affreux jargon managérial. Autant dire que les salaires n’ont pas suivi. Grâce à cette exploitation record, le patronat fait des profits également records dans ce secteur, même pendant la période du Covid. Ce alors que le personnel de la vente, en première ligne pendant la pandémie, a souvent été au chômage partiel, ne touchant que 80% de salaires déjà trop bas, et n’a reçu que des applaudissements en guise remerciement.

 

Mais le patronat n’en a jamais assez, et veut faire travailler le personnel encore plus, en rallongeant la journée de travail le sa-medi. Ils affirment que ce n’est en réalité pas une hausse de la charge de travail, vu que la nocturne du jeudi soir serait supprimée. Mais cette pseudo compensation n’en est pas une, vue que la nocturne n’est pas rentable, car presque aucun client n’y vient. Le samedi, cependant, est le jour le plus chargé de la semaine. Étendre les horaires d’ouverture le samedi reviendrait non seulement à rendre ce travail encore plus fatigant, mais à compliquer davantage la vie de famille et la vie sociale, pour des personnes qui rentreraient trop tard le soir, et complètement épuisées. Rappelons d’ailleurs que les horaires ont d’ores et déjà augmenté ces dernières années. On en parle moins, mais les magasins ouvrent en moyenne plus tôt le matin qu’auparavant, sans engagement de personnel supplémentaire, mais en flexibilisant et en pressurant encore plus le personnel existant. Une tendance qui ne ferait que s’aggraver avec cette modification de la LHOM.

 

Le secteur du commerce de détail n’est absolument pas en difficulté, bien au contraire même. Pourtant le patronat prétend que cette extension des horaires d’ouverture serait indispensable pour pouvoir lutter contre la con-currence du tourisme d’achat et du commerce en ligne. Mais les horaires d’ouverture n’y sont pour rien (honnêtement, qui va faire ses courses en France le samedi entre 18h00 et 19h00 ?). La cause principale des achats en France voisine ou en ligne est la différence de prix. Si le pouvoir d’achat de la population n’augmente pas, elle ne renoncera pas (ni ne pourra guère se le permettre) à cette marge d’économies. Le secteur auquel le grand patronat de la vente pourra en revanche faire concurrence avec cette modification de la LHOM serait…le petit commerce, qui peut ouvrir sur des horaires plus étendus. Qu’en disent les prétendus défenseurs des PME de la droite ? Combien d’emplois perdus ?

 

Et, parlons-en du commerce en ligne. Les profits indécents d’Amazon sont dus, comme il est universellement connu, à une exploitation de son personnel digne du XIXème siècle. Ce qui a permis à Jeff Bezos d’amasser une fortune proprement vertigineuse, pour pouvoir ensuite s’envoyer dans l’espace, pour se permettre encore à son retour de nous donner des leçons de pré-servation de la planète, alors que peu d’entreprises sont aussi écocides que la sienne. Le patronat voudrait imposer ce « modèle Amazon », ce retour au capitalisme sauvage d’avant toutes les conquêtes de la classe ouvrière, à toutes les travailleuses et à tous les travailleurs. Parce que nous n’en voulons pas, il faut refuser cette modification de la LHOM.

9 novembre 2021 : discours prononcé au nom du Parti du Travail



Commémorer le 9 novembre 1932, ce n’est pas seulement se rappeler du passé en tant que passé, mais en tant que leçon et avertissement pour le présent et l’avenir. En particulier, se rappeler de ce jour où l’armée tira sur la foule, faisant 13 morts, est important pour comprendre et combattre le danger du militarisme, arme entre les mains des puissances impérialistes pour opprimer les peuples à l’intérieur comme à l’extérieur de leurs frontières, et une menace pour l’existence même de l’humanité.

 

L’impérialisme n’a pas changé de nature, ni ne peut en changer. Il est par essence agressif, porté à l’usage de la force meurtrière pour imposer sa domination, déposséder les peuples de leurs ressources. Aujourd’hui, hélas, l’heure n’est pas à la détente, bien au contraire. La planète est ensanglantée par des guerres, souvent orchestrées à distance par les puissances impérialistes. La tendance est à la course aux armements – pour laquelle des ressources précieuses, que nous savons pourtant finies, sont gaspillées en quantités astronomiques – et à la militarisation.

 

Malgré la tragique débâcle de sa guerre en Afghanistan, l’OTAN demeure un bloc militaire agressif, qui s’arroge la prérogative, on ne sait trop de quelle droit, d’intervenir partout sur la planète. La puissance impérialiste sur le déclin que sont les USA est prête à tout pour maintenir son hégémonie. La stratégie agressive de l’impérialisme étatsunien de tension avec la République populaire de Chine et la Fédération de Russie, l’escalade verbale et les provocations, constitue une menace majeure pour la paix mondiale, et pourrait, dans le pire des scénarios, dégénérer en déflagration globale. Le blocus criminel des USA contre la République de Cuba, ses ingérences, ses guerres hybrides contre les peuples d’Amérique latine qui refusent de subir le joug de l’Empire doivent en particulier être dénoncés et combattus.

 

La situation ne s’est pas améliorée depuis que Joe Biden a remplacé Donald Trump. L’alliance militaire AUKUS entre les USA, le Royaume-Uni et l’Australie constitue un dangereux pas supplémentaire dans l’aggravation de la tension militaire dans le Pacifique. L’acquisition de sous-marins à propulsion nucléaire par l’Australie représente une escalade de plus dans la course aux armements, lourde de dangers.

 

Inutile de dire que l’impérialisme ne se préoccupe en réalité nullement de la démocratie et des droits humains. L’OTAN ne trouve rien à redire des crimes de guerre de l’un de ses membres, la Turquie d’Erdogan. Les USA n’ont aucun problème avec les régimes autoritaires « amis », sans parler de leurs propres – et innombrables – violations des droits humains. Ce n’est qu’une question d’intérêts des grands monopoles, de contrôle des ressources et de domination. Les puissances impérialistes n’ont également aucun respect, même minimal, des droits humains des personnes qui doivent fuir leur pays du fait de leurs guerre, et des ravages de leur domination. Des personnes avec qui nous devons également être solidaires. Dans l’immédiat, je vous appelle à signer le référendum contre le financement par la Suisse de Frontex, cette criminelle police européenne des étranges.

 

Nous devons exiger le respect du droit international, le respect des peuples pour le droit à disposer d’eux-mêmes, lutter pour un désarmement global. Aujourd’hui comme hier, la lutte pour la paix passe par la lutte contre l’impérialisme.

08 novembre 2021

Discours de clôture au XXIVème Congrès du PST-POP


 

Chères et chers camarades,

 

Je vous remercie de l’honneur que vous m’avez fait, de la confiance que vous m’avez témoigné en m’élisant à la coprésidence – avec Amanda Ioset - de notre Parti. Je saurai me montrer digne de cet honneur, et m’efforcerai d’être à la hauteur de la tâche que le Parti m’a confiée.

 

Avant toute chose je tiens à rendre hommage à mon prédécesseur, Gavriel Pinson, qui a servi le Parti avec honneur pendant de longues années, et qui a accompli du très bon travail durant son mandat de président, contribuant grandement à redonner vie et activité aux instances nationales du PST-POP, à en dynamiser le travail, à renforcer la cohésion, l’organisation, l’unité idéologique et le niveau de nos analyses politiques. C’est durant son mandat que nous avons notamment élaboré notre analyse critique de la voie bilatérale dans les relations entre la Suisse et l’UE ; construit un programme électoral qui, par sa complétude, son ancrage idéologique marxiste, et sa solidité politique, se rapproche le plus d’un programme politique dont nous avons absolument besoin parmi tous les textes que le Parti a publié durant trois décennies ; et mené à bien nombre d’autres tâches politiques. Nous avons retrouvé un siège au Conseil national, et le Parti s’est globalement renforcé durant cette période. Nous tenons ainsi notre Congrès dans le canton du Valais, où notre Parti compte désormais une nouvelle et très dynamique section cantonale. Nous avons également reconstitué une section à Bâle, et bientôt compterons officiellement une section en Argovie. Une dynamique positive a pu être attestée dans pratiquement toutes les sections cantonales de notre Parti. Il est vrai bien sûr que beaucoup reste encore à faire, et que le dynamisme des instances nationales a malheureusement baissé ces derniers temps. Il est l’heure aujourd’hui de passer à un niveau qualitativement supérieur par rapport à tout ce qui a été réalisée jusque-là.

 

Notre XXIVème Congrès touche à sa fin. Un Congrès qui aura été constructif, et dont les travaux auront été, j’en suis convaincu, utiles pour l’avenir de notre Parti. Ces travaux ont porté, vous le savez, sur l’amélioration de la communication de notre Parti, et sur le renforcement de son organisation, et plus précisément de son organisation en tant que parti de travailleuses et de travailleurs. Cette tâche est essentielle. Car, comme l’écrivait Lénine :

 

« Le prolétariat n’a d’autre arme dans la lutte pour le pouvoir que l’organisation…Le prolétariat peut devenir – et deviendra inévitablement – une force invincible pour cette seule raison que son union idéologique basée sur les principes du marxisme est cimentée par l’unité matérielle de l’organisation qui groupe les millions de travailleurs en une armée de la classe ouvrière »

 

En tant que disciples de Marx, Engels et Lénine, nous sommes convaincus que la forme supérieure d’organisation de la classe ouvrière, c’est le parti politique. Ceci dit, l’organisation et a fortiori la communication ne sont pas des buts en soi, mais sont au service de la ligne politique, de la cause pour laquelle nous luttons. Cette cause, quelle est-elle ? Il y a déjà bien longtemps, en 1943, avant même la fondation officielle de notre Parti, les militants qui allaient le faire vivre devaient lutter dans la clandestinité, face à un Conseil fédéral objectivement aligné sur le Troisième Reich. Cette organisation clandestine publiait des journaux et des brochures, qu’elle faisait circuler sous le manteau. Il était écrit en conclusion d’une de ces brochures, intitulée La classe ouvrière et les événements :

 

« Nous arrivons, chez nous, comme d’ailleurs dans toute l’Europe occidentale et dans le monde entier, au moment où le mouvement prolétarien (par quoi il faut comprendre l’ensemble des hommes et femmes ne pouvant compter que sur leur travail pour vivre) représente l’immense majorité du peuple. En conséquence, la classe dirigeante et capitaliste suisse avec son cortège de parasites (chefs de partis, politiciens, journalistes, « intellectuels » traîtres à la cause du peuple, magistrats, hauts fonctionnaires de police, etc. – doit nécessairement céder la place aux représentants de l’immense majorité populaire actuellement en formation.

 

Le devoir des travailleurs suisses politiquement éduqués est de donner une ferme direction doctrinale à cette majorité populaire. C’est ainsi qu’il sera possible d’assurer au pays suisse son indépendance nationale menacée par le fascisme, avec lequel la bourgeoisie réactionnaire a lié partie, et sa libération sociale. Ainsi s’instaurera un système gouvernemental duquel la lutte entre la classe dirigeante et la classe opprimée aura été bannie par la suppression du régime des classes, but du socialisme digne de ce nom ».

 

Notre Parti fut fondé en 1944 pour faire de cette perspective une réalité. Malgré toutes les vicissitudes de l’histoire, malgré tous les changements que la Suisse et le monde ont connu depuis cette perspective demeure plus que jamais juste et nécessaire. C’est cette conviction qui nous unit, et nous donne la volonté de continuer la lutte. Aujourd’hui, notre Parti doit faire face à des défis et des enjeux cruciaux. Je n’en citerai que quelques-uns.

 

Premièrement, ainsi qu’il est mentionné dans les documents du Congrès, nous devons produire une analyse de la crise économique, sociale, écologique et démocratique, dans laquelle le capitalisme mondial a été plongé par la pandémie du Covid 19 ; et de combattre ces conséquences néfastes sur les travailleurs et les travailleuses, sur les classes populaires ; de montrer que la seule voie de sortie des crises du capitalisme passe par la sortie du capitalisme, qui est leur cause, par la transition au socialisme. Cette crise a démontré toute la vulnérabilité et les aberrations du système capitaliste. Elle est à ce jour loin d’être terminée. La reprise s’est révélée équivoque et minée par les pénuries, les goulots d’étranglement, les phénomènes inflationnistes qui en résultent. La probable fin des politiques monétaires expansionnistes pourrait plonger l’économie dans la récession. Il n’est pas simple de voir comment cette crise va évoluer. Une chose est sûre : il s’agit d’une crise structurelle, d’un tournant historique, non d’un simple épiphénomène. Le Parti devra l’analyser, et proposer des solutions politiques.

 

Ce qui est sûr en revanche, c’est que la bourgeoisie s’emploie à faire payer la crise au peuple, par des nouvelles mesures d’austérité, tout en baissant au passage encore plus les impôts pour elle-même – la fameuse « théorie du ruissellement », dont l’efficacité économique est nulle, et dont le seul effet est de faire ruisseler l’argent dans les poches de l’oligarchie. AVS 21, démantèlement des retraites sur le dos des femmes, d’un côté, et abolition du droit de timbre, cadeau fiscal scandaleux au grand capital, de l’autre. Nous devons combattre résolument cette politique, et proposer des solutions alternatives à celles de la bourgeoisie, en faveur des travailleuses et des travailleurs, des classes populaires.

 

J’ai parlé d’analyse. Il est en effet fondamental de fonder tout notre travail politique sur un développement créatif de la théorie marxiste, pour comprendre les enjeux du présent, et tracer les voies de l’avenir. Ce travail théorique est fondamental – s’en tenir à la seule politique « concrète », étroitement pragmatique, signifierait errer dans les ténèbres, avec des conséquences politiquement graves. Ainsi que l’écrivait l’ancien secrétaire général du PCUS, Youri Andropov :

 

« Toute sous-estimation du rôle de la science marxiste-léniniste et de son développement créateur, une interprétation pragmatique étroite de ses tâches, le mépris des problèmes fondamentaux de la théorie, la prédominance des considérations conjoncturelles ou la théorisation scolastique sont lourds de graves conséquences politiques et idéologiques. L’expérience a prouvé à maintes reprises combien Lénine avait raison de dire : « celui qui s’attaque aux problèmes particuliers avant d’avoir résolu les problèmes généraux, “butera“ inévitablement, à chaque pas, sans même s’en rendre compte, sur ces problèmes généraux. Or, buter aveuglément sur eux dans chaque cas particulier, c’est condamner sa politique aux pires errements et à l’abandon des principes. »

 

Il est essentiel d’avoir une approche créative du marxisme, de le développer sans cesse pour comprendre les phénomènes nouveaux, et pas simplement s’en tenir aux acquis. Comme l’écrivait Boris Ponomarev, secrétaire du CC du PCUS et membre suppléant du Politbureau :

 

« La théorie marxiste-léniniste étudie les lois générales de développement de la société humaine. C’est une arme idéologique de la classe ouvrière, des travailleurs de tous les peuples. C’est ce qui fait sa portée universelle. De sa nature même découle une exigence d’approche créatrice envers l’étude de tous les phénomènes et de tous les processus qui se déroulent dans la société, dans chaque pays, à chaque étape historique de son développement. Analysant de façon scientifique le passé, cette théorie sert le présent et est tournée vers l’avenir. »

 

Un autre enjeu central du moment sont les relations entre la Suisse et l’Union Européenne. Notre Parti a fort justement élaboré une analyse critique de l’UE elle-même, en tant que Saint-Empire capitaliste ordolibéral et essentiellement antidémocratique, une chape de plomb néolibérale ayant pour but d’imposer les intérêts des monopoles aux peuples. Nous avions tout aussi justement procédé à une critique de la voie bilatérale, qui est une sorte de semi-adhésion de la Suisse à l’UE, et une reprise des règles néolibérales du marché commun dans le droit suisse, ainsi que de l’accord-cadre, qui aurait impliqué une reprise quasi automatique par la Suisse de l’ « acquis » communautaire. Mais la réalité a changé depuis, nous obligeant à reprendre notre travail d’analyse. Depuis le renoncement du Conseil fédéral à signer l’accord-cadre, la voie bilatérale semble condamnée à s’effriter progressivement, puisque l’UE refuse de la prolonger sans « solution institutionnelle ». Le Conseil fédéral n’a apparemment pas de plan clair, et l’avenir des relations entre la Suisse et l’UE est aujourd’hui l’enjeu d’une bataille politique. Notre Parti, seul parti de gauche à avoir procédé à cette analyse critique de l’UE, se doit de proposer un plan crédible d’un avenir en dehors du carcan d’un grand marché libéralisé, dont les conséquences sociales et écologiques sont dévastatrices.

 

En parlant de politique internationale, nous devons plus que jamais rester fidèles aux principes de l’internationalisme prolétarien, de continuer à soutenir avec encore plus de détermination la Révolution cubaine, le Venezuela bolivarien, le processus du changement en Bolivie, tous les peuples en lutte pour leurs droits, pour le progrès social, pour leur émancipation et pour le socialisme. L’internationalisme implique aussi le devoir de solidarité avec toutes les personnes que les guerres et les ravages du capitalisme forcent à fuir leur pays, et face auxquelles l’Europe se barricade et renforce sa scandaleuse police des étrangeres Comme l’écrivait Karl Marx dans l’Adresse inaugurale de l’AIT : « L’expérience du passé nous a appris comment l’oubli de ces liens fraternels qui doivent exister entre les travailleurs des différents pays et les exciter à se soutenir les uns les autres dans toutes leurs luttes pour l’affranchissement, sera puni par la défaite commune de leurs entreprises divisées ». Depuis le tragique tournant des années nonante, le mouvement communiste international est désorganisé et affaibli. Seules les forces de la réaction en profitent. Notre Parti doit contribuer à la reconstruction d’un mouvement communiste international puissant et capable d’accomplir sa mission historique. C'est pourquoi nous sommes très heureux de la présence à notre Congrès de représentants de cinq partis frères, et tâcherons de développer cette coopération internationale.

 

Puisque nous sommes en pleine COP26 et que la Grève du climat organise une manifestation contre les bavardages vains des COP et pour exiger un vrai changement, il convient d’en dire quelques mots. La question est en effet cruciale. La situation est aujourd’hui urgente et dramatique. Les effets du changement climatique sont d’ores et déjà catastrophiques…et au lieu d’y faire réellement quelque chose, l’humanité court à la catastrophe. Depuis des années les décideurs bourgeois bavardent, font de vaines promesses, essayent encore de trouver des sources de profits supplémentaires sur la « transition écologique », prônent un impossible et contradictoire « capitalisme vert ». Mais toutes leurs belles paroles n’empêchent pas que les émissions de gaz à effet de serre continuent régulièrement à augmenter. Le problème est que pour mettre fin à cette course à l’abîme, il faudrait mettre fin à sa cause : le capitalisme et son exigence de profit maximum à tout prix. Ainsi que le déclarait Evo Morales en 2007 : « Le monde souffre d’une fièvre provoquée par le changement climatique, et la maladie est le modèle capitaliste de développement ». Heureusement, pour être mortelle, cette maladie n’est pas incurable. Le socialisme est le remède.

 

Nous sommes le 7 novembre aujourd’hui, le 104ème anniversaire de la Grande Révolution Socialiste d’Octobre. Il y a exactement 104 ans, pour la première fois dans l’histoire, un État prolétarien, un État de la classe ouvrière voyait le jour. Cet État, le pays des Soviets, allait durer un peu plus de septante ans, changeant le visage de la planète à jamais. Par un heureux hasard, la salle où nous nous réunissons s’appelle salle du Kremlin, qui fut le siège du pouvoir des soviets. Bien que l’histoire se révéla complexe, et souvent tourmentée, le socialisme fut une réalité – qui concerna jusqu’à un tiers de la population de la Terre – et ses accomplissements, ses réalisations furent, somme toute, remarquables, et rien ne saurait les minorer. Peu avant la contre-révolution qui allait la balayer, l’Union soviétique avait atteint des sommets inconnus auparavant, la civilisation la plus avancée, la plus progressiste – même si bien sûr beaucoup restait à faire – que l’humanité ait jamais connu. Le renversement du socialisme dans la plupart des pays qui l’avaient édifié laissa un vide, et ouvrit la porte à une régression terrible, une réaction dont les méfaits sont sans nombre.

 

Cette grande révolution fait indiscutablement partie de notre histoire, de notre tradition. Notre Parti s’inscrit clairement dans l’héritage de ce parti d’un type nouveau, le Parti bolchevik, qui le premier a guidé la classe ouvrière vers la victoire et la construction d’une société nouvelle ; dans l’héritage, théorique et pratique, du mouvement communiste international, dont nous sommes un membre à part entière. C’est un héritage auquel nous devons rester indéfectiblement fidèles, que nous devons enrichir – en tenant compte également des difficultés et des échecs du passé – pour comprendre le présent et le transformer. Parce que le marxisme-léninisme est la seule tradition de pensée, la seule idéologie scientifique qui éclaire les chemins de l’avenir, et parce qu’une rupture avec l’ordre établi, une sortie de la voie sans issue du capitalisme, l’édification du socialisme, n’ont jamais été aussi nécessaires et urgents.

 

Les grévistes pour le climat, les scientifiques du GIEC même, appellent à un changement de système pour arrêter la catastrophe en cours. Le slogan « changeons le système, pas le climat » est parfaitement juste. Mais ce changement ne viendra pas de lui-même, ni de la bonne volonté des dirigeants bourgeois, ni d’un mouvement simplement revendicatif. Seule l’action résolue d’un parti politique d’avant-garde, se fondant sur le marxisme, et ayant le socialisme pour perspective, pour y parvenir. C’est pourquoi, nous devons lutter résolument pour cette finalité. Certes, la lutte est difficile, et la réalité suisse ne semble prima facie guère nous être favorable. Ce n’est pas pour autant que notre lutte n’aboutira pas. Comme l’écrivait Jean Jaurès :

 

« Il faut l’effort lent et continu pour triompher ! Cependant la victoire est certaine, parce qu’il serait monstrueux et inadmissible que l’humanité ait pu concevoir un idéal de justice et qu’elle soit incapable de le réaliser. Cette faillite humaine ne se réalisera pas ! »

 

Je conclurai en reprenant l’explicit du rapport de l’ancien secrétaire général de notre Parti, Jean Vincent, au IXème Congrès du Parti Suisse du Travail, les 2 et 3 novembre 1968 : 

 

« Que grandisse, que prospère notre Parti du Travail qui porte le plus beau nom qui soit et le plus éloquent, justement parce qu’il est le nom d’un rassemblement du peuple travailleur, qu’il aille d’expérience en expérience, de progrès en progrès, de succès en succès !

 

Vive notre Parti du Travail !

 

Vive le socialisme que nous voulons édifier en Suisse !

 

Vive le communisme ! »