28 février 2010

Expression de pleine démocratie participative : le système électoral cubain


Par Angel Rodriguez Alvarez
Traduction : Danielle Bleitrach
Le système électoral cubain est parmi les thèmes les plus controversés par les médias occidentaux, qui diffusent de nombreuses interprétations erronées, et qui vont jusqu’en arriver à nier l’existence d’élections dans l’île.

Pour cela, ils recourent aux vieux clichés: la nécessité de l’existence de différents partis politiques, sans lesquels la désignation des dirigeants et organes de gouvernements -selon leurs à priori- ne sont pas légitimes.

Tout ce qui s’éloigne de ces critères selon ces médias est frappé de non validité. Et pourtant, c’est avec de tels critères que l’on a pu tromper les crédules et escamoter la volonté populaire.

Les vertus du système cubain tiennent, précisément, à ces aspects les plus critiqués par les détracteurs de la Révolution, et ce sont eux qui permettent de le définir comme l’expression d’une démocratie participative.

La citoyenneté populaire active, au-delà de la volonté et des intérêts d’un quelconque parti, est à l’oeuvre à toutes les étapes des élections cubaines: depuis la validation des listes électorales jusqu’à l’entrée en fonction des élus et le contrôle de leur mandat.

Tout ce qui vient d’être dit se réalise à partir de la mise en oeuvre de cinq caractéristiques des élections municipales: une inscription universelle de tous les citoyens; une nomination des candidats par leurs propres électeurs, une inexistence de campagne publicitaire en faveur de chaque candidat proposé; une propreté totale et une transparence des élections sous le regard de la population, et la faculté pour les citoyens de révoquer le mandat.

En ce moment, les commissions électorales municipales et des circonscriptions travaillent à l’organisation des élections prévues pour choisir les délégués aux assemblées municipales, dont le premier tour aura lieu le 25 avril prochain.

Ces jours-ci, elles sont occupées à l’établissement et la publication des listes électorales, correspondant à tous les citadins âgés de plus de 16 années, et dans l’organisation et la tenue des assemblées de voisins pour nommer les candidats à partir du 24 février suivant. En cette année 2010, 320 mille nouveaux électeurs se présenteront aux urnes.

La base du système institutionnel ce sont les délégués de circonscription, qui sont regroupés dans les Conseils Populaires – instance qu’un certain nombre de délégués occupent pour le travail sur le terrain – et ils intègrent les assemblées municipales comme organes de gouvernement des territoires.

Les candidats – deux au minimum et jusqu’à huit – sont proposés et nommés directement par les voisins des diverses zones, chaque circonscription étant divisée en aires de voisinage. L’élection, a lieu tous les deux années et demi, elle a lieu au suffrage direct et secret, à partir de plus de 50% des suffrages exprimés.

Au contraire de la pratique universelle, à Cuba la propagande électorale n’est pas permise. Dans ce cas les affiches, les panneaux publicitaires, les émissions de radio et de télévision, les meetings en faveur des postulants n’existent pas, il existe seulement la publication dans les lieux publics de leurs biographies et de leurs photos, tous les candidats jouissant des mêmes conditions.

Le jour prévu, celui de l’élection, les membres des collèges, ainsi que les voisins de la zone géographique, invitent le public à vérifier que les urnes sont vides avant de les sceller et avant de les mettre sous garde d’élèves de l’enseignement primaire, des membres de l’Organisation Nationale de Pionniers.

Dès que le vote est terminé, on commence immédiatement le dépouillement public. A ce dépouillement assistent librement les électeurs mais aussi on entreprend immédiatement le scrutin de forme publique. À cet acte, assistent les journalistes nationaux et étrangers et les visiteurs d’autres pays.

Tous les délégués – y compris le président de l’Assemblée Municipale – rendent compte de leur travail devant les électeurs chaque six mois, électeurs qui peuvent révoquer leur mandat s’ils considèrent que les délégués ne s’acquittent pas de leurs obligations.

La participation citoyenne, sans distinction de sexe, de croyances religieuses, de races, de profession ou de travail, existe à toutes les étapes du processus.

Le système électoral cubain, qui se déroule suivant les mêmes principes jusqu’à l’élection du Parlement et du Conseil d’Etat, a été établi dans la Constitution de 1976, discuté massivement et approuvée par référendum par plus de 95 pour cent de l’électorat

URL version espagnole :
http://www.rebelion.org/noticia.php?id=100672&titular=expresión-de-plena-democracia-participativa

27 février 2010

Orlando Zapata: un mort útile?


Texte reçu par newsletter de l'Association Suisse-Cuba
Le manque absolu de martyres dont souffre la contre-révolution cubaine est proportionnel à son manque de scrupules. Il est difficile de mourir à Cuba, non pas parce que l’espérance de vie y est celle du Premier Monde – personne n’y meurt de faim malgré le manque de moyens, ni de maladies curables -, mais parce que la loi et l’honneur s’y imposent.

Les Dames en Blanc et Yoani peuvent être détenues et jugées selon les lois en vigueur – dans aucun pays les lois ne peuvent être violées: recevoir de l’argent et collaborer avec l’ambassade d’Iran (un pays ennemi) aux Etats-Unis, par exemple, peut entraîner la perte de tous les droits citoyens dans ce pays -, mais elles savent qu’à Cuba personne ne disparaît, ni est assassiné.

Par ailleurs, on offre sa vie pour un idéal qui priorise le bonheur des autres, et non pas pour un qui favorise le sien. Donc, la mort lamentable de Orlando Zapata, un prisonnier de droit commun – avec un long parcours de délinquant, en rien lié à la politique -, réjouit intimement ses soutiens « hypocrites » compatissants. Transformé en “activiste politique” après de nombreux aller et venir en prison, Zapata est devenu le parfait candidat pour l’auto exécution.

Pour les groupuscules c’était un homme « dont on pouvait se passer », et facile de convaincre pour qu’il poursuive une grève de la faim absurde, et fasse des demandes impossibles (cuisine et téléphone personnel dans sa cellule) qu’aucun des chefs de file réels avait eu le courage de maintenir.

Chaque grève antérieure des instigateurs avait été annoncée comme aboutissant à une mort probable, mais les grévistes renonçaient toujours en étant en bon état de santé. Harcelé et poussé à continuer jusqu’à la mort – ces mercenaires se frottaient les mains avec l’espoir qu’il meurt malgré les efforts soutenus des médecins -, le cadavre de Zapata est maintenant exposé avec cynisme comme étant un trophée collectif.

En maraudant autour du moribond, les médias – les mercenaires locaux et la droite internationale – étaient comme des vautours. Son décès est un festin. Le spectacle dégoute. Parce que ceux qui écrivent ne s’apitoient pas de la mort d’un être humain – dans un pays sans mort extrajudiciaire –;ils la brandissent presque avec joie, et l’utilisent à des fins politiques préméditées. Le cas de Zapata me rappelle celui de Pánfilo: les deux furent manipulés et d’une certaine manière poussés à l’autodestruction de façon préméditée afin de satisfaire des besoins politiques d’autrui : l’un, poussé à maintenir une grève de la faim de 85 jours (il en avait déjà fait d’autres qui malmenèrent sa santé) ; l’autre, au milieu d’un processus de désintoxication alcoolique, invité à boire pour qu’il dise face aux caméras ce qu’elles voulaient entendre.

Je me demande si cela n’est pas une accusation contre ceux qui maintenant s’approprient de sa “cause”. Ils ont raison de dire que ce fut un assassinat, mais les médias cachent le vrai assassin: les groupuscules cubains et leurs mentors internationaux. Zapata fut assassiné par la contre-révolution.

Source version espagnole:
http://www.cubadebate.cu/opinion/2010/02/24/zapata-un-muerto-util

Traduction : R. Muller


25 février 2010

Aimé Césaire sur la mort de Staline

















«J'ai passé sept jours à Moscou. Je suis arrivé dans la capitale soviétique pendant les journées de deuil, le lendemain de l'enterrement du généralissime Iossip Vissarionovitch Staline. Mais sa présence dans les pensées et les cœurs des gens était toujours perceptible. Des foules immenses emplissaient la place Rouge ; les innombrables gerbes apportées pour les obsèques du leader formaient une gigantesque colline de fleurs au pied du mur du Kremlin.

«La douleur des milliers et milliers de citoyens soviétiques témoigne de manière éloquente qu'il est dur pour eux de vivre la perte de leur meilleur ami.

«Staline est mort, mais tout autour parle de lui. La mémoire de Staline, ce n'est pas seulement la tristesse du peuple, c'est aussi une inébranlable détermination qui marque tous les visages, la détermination de protéger l'œuvre grandiose de Staline de toutes les atteintes ; c'est également l'unité indestructible du peuple soviétique qui s'est encore raffermie durant ces jours de malheur ; c'est sa volonté qui désormais va être concentrée sur la mobilisation de toutes ses forces pour achever l'ouvrage gigantesque d'un des plus grands bâtisseurs de l'Histoire.

«Tout, à Moscou, parle de la grandeur du leader défunt. Donc, qu'ai-je vu au cours de ces quelques jours ?

«J'ai vu un grand peuple blessé au cœur même, mais empreint de la détermination à ne pas plier sous le coup atroce du destin. C'est un grand peuple amoureux de l'art, de la science, de la culture, un grand peuple occupé par le travail, par la gigantesque édification de la paix. C'est un grand peuple fier d'être actuellement le conservateur des plus grands trésors de la civilisation : liberté, égalité, pain et lumière pour tous. Un peuple qui sait que, sous toutes les circonstances, l'avenir lui appartient.

«Je suis le fils d'un des plus petits peuples du monde, celui du peuple de la petite île de Martinique, une possession française qui se trouve non loin des côtes de l'Amérique centrale et que contemplent avec convoitise les magnats des États-Unis.

«Je suis le fils du peuple persécuté avec acharnement par les “chevaliers” du Ku Klux Klan. Je suis originaire d'un petit pays qui souffre sous le joug du régime colonial. Mais j'ai visité l'Union soviétique, et je sais que la cause de la paix et de la libération nationale, la cause pour laquelle se bat le peuple de ma patrie et les peuples opprimés dans toutes les parties du monde, triomphera, car elle est indissolublement liée aux grandes idées de Lénine et de Staline ! »

Aimé Césaire, écrivain noir de l'île de la Martinique

Source : Litératournaïa Gazéta (Journal littéraire), n° 34, 19 mars 1953, p. 4.