Programme adopté par l’Assemblée générale du 12 mai 2012,
suite aux délibérations du Congrès extraordinaire du 5 novembre 2011 du Parti
du Travail genevois, d'après un projet initial rédigé par mes soins et amendé
par la suite au cours d'un travail collectif auquel j'ai activement participé.
I. Préambule
§1 L’humanité entière est aujourd’hui
arrivée à un point critique de son histoire. La Terre est déchirée par des
contradictions plus brutales et plus profondes que jamais auparavant. Les
progrès de la science et de la technique dépassent de loin ce qui était
simplement imaginable jadis. La masse de richesses accumulées et la capacité de
production de l’humanité battent tous les records. Mais cette richesse
fabuleuse est concentrée entre les mains d’une poignée de milliardaires, alors
que presque un milliard de personne meurt de faim. Il serait aujourd’hui
possible de nourrir facilement 11 milliards de personnes, mais les grandes
puissances impérialistes, incapables de trouver les sommes relativement
modiques pour supprimer la famine et la misère, préfèrent consacrer des moyens
des dizaines de fois plus considérables pour renflouer les banquiers qui ont
plongé le monde dans la crise, et pour des guerres néocoloniales qui tuent des
centaines de milliers d’hommes, de femmes et d’enfants, et transforment la vie
des survivants en enfer.
§ 2 Les milliers de milliards investis dans le
luxe indécent des maîtres du monde, dans les guerres impérialistes sans fin,
dans la consommation effrénée et ostentatoire des classes moyennes occidentales,
le productivisme irrationnel dicté par l’exigence de maximisation des profits
du capital, tous ces facteurs épuisent les ressources de la planète, ruinent la
biosphère, et menacent à terme la survie même de l’espèce humaine. En même
temps des milliards d’êtres humains vivent dans une misère d’un autre âge. Il
serait facilement possible de satisfaire les besoins de chacun avec bien moins
de ressources. Mais au lieu de cela, la satisfaction des exigences du capital fait
office de politique unique pour les partis de droite, et même pour la social-démocratie
au pouvoir.
§ 3 Les acquis sociaux sont supprimés les uns
après les autres, le patronat baisse de plus en plus les salaires, et même dans
les pays riches l’écart des revenus se creuse et la paupérisation relative
voire absolue des classes populaires est une réalité massive. La situation est
exactement celle que décrivait Lénine il y a un siècle déjà : « Partout, à chaque pas, on se heurte
aux problèmes que l’humanité serait à même de résoudre immédiatement. Le
capitalisme l’en empêche. Il a accumulé des masses de richesse, et il a fait
des hommes les esclaves de cette richesse. Il a résolu les problèmes les
plus difficiles en matière de technique, et il a stoppé la réalisation de
perfectionnements techniques en raison de la misère et de l’ignorance de
millions, en raison de l’avarice stupide d’une poignée de millionnaires. »
§ 4 Depuis sa fondation en 1944, le Parti du
Travail est resté invariablement fidèle à la conviction qui fonde son
action : cette société ne peut
durer, elle peut et doit être radicalement transformée. Le capitalisme
constitue une impasse pour la civilisation et crée des contradictions majeures
qui frappent l’humanité : le capitalisme n’est pas réformable. Albert
Einstein disait : "L'anarchie
économique de la société capitaliste, telle qu'elle existe aujourd'hui, est, à
mon avis, la source réelle du mal. (...) Je suis convaincu qu'il n'y a qu'un
seul moyen d'éliminer ces maux graves, à savoir, l'établissement d'une économie
socialiste, accompagnée d'un système d'éducation orienté vers des buts
sociaux". Notre ambition ne se limite pas à
chercher une impossible gestion plus «sociale» de la société actuelle, ni
d’atténuer les maux du capitalisme par des bricolages réformistes. Notre action
politique a pour but de construire une société nouvelle, socialiste, où
l’exploitation de l’homme par l’homme soit abolie, et où l’économie serve non
pas à l’enrichissement personnel d’une poignée de privilégiés mais au bien
commun, afin que le libre développement de chacun soit la condition du libre
développement de tous.
§ 5 Le Parti du Travail reconnaît la réalité
de la division de la société en classes dont les intérêts sont antagoniques. Il
se veut un parti de classe, un parti de la classe ouvrière, de tous les
travailleurs dont la force de travail est exploitée pour le profit des
possédants, de toutes les classes que le capitalisme opprime. Le Parti du
Travail conçoit sa lutte comme une lutte de classe, une lutte de la classe
ouvrière et de toutes les classes populaires contre l’oligarchie capitaliste,
pour la défense de leurs intérêts légitimes, pour le renversement de
l’oppression bourgeoise et l’établissement d’une société socialiste. Le Parti
du Travail est un parti communiste qui fonde son action sur la pensée de Marx,
Engels et Lénine, et sur toute la tradition marxiste ultérieure, et qui
recherche sans cesse un développement créatif du marxisme afin de construire un
projet communiste pour la
Suisse.
§ 6 Nous considérons que la démocratie
bourgeoise est pour l’essentiel une démocratie formelle et limitée, une façade
derrière laquelle la bourgeoisie garde le pouvoir réel. En effet, les formes d’Etats bourgeois sont
extrêmement variées, mais leur essence est une : en dernière analyse, tous
ces Etats sont, d’une manière ou d’une autre, mais nécessairement, une hégémonie
politique, économique et idéologique de la bourgeoisie et du capital. Le
passage du capitalisme au socialisme ne peut évidemment manquer de fournir une
grande abondance et une large diversité de formes politiques, mais leur essence
sera nécessairement une : une hégémonie voulue et consciente de la
majorité des travailleurs et des citoyens.
§ 7 Le poids des lobbies à l’Assemblée
fédérale, le sauvetage des banquiers à coup de milliards sans passer par la
voie démocratique, les attaques incessantes de la droite contre les droits
démocratiques ne prouvent que trop éloquemment la pertinence de la théorie
marxiste de l’Etat. L’objectif du Parti du Travail est de renverser cette hégémonie
de la bourgeoisie et d’établir à la place une démocratie nouvelle, socialiste,
qui donne aux classes populaires le pouvoir, tout le pouvoir, dans les faits, et pas uniquement sur papier. Le
but de ce pouvoir populaire sera de briser la résistance de la bourgeoisie
décidée à défendre ses privilèges par tous les moyens. Nous voulons la
socialisation de tous les grands moyens de production, de crédit et d’échange,
et les placer sous la supervision d’un organe de planification central, élu et dirigé
démocratiquement, afin de les mettre au service du bien commun et de
réorganiser la production afin de la rendre compatible avec la préservation de
l’environnement et des ressources naturelles.
§ 8 Cette volonté n’empêche pas la subsistance
limitée d’un secteur privé dans l’agriculture, l’artisanat, les services et le
petit commerce. Mais notre but ultime, idéal, est la construction d’une société
communiste, dans laquelle la division de la société en classes aura
définitivement disparu, et où la société pourra inscrire sur ses
bannières : «de chacun selon ses capacités,
à chacun selon ses besoins. »
II. L’état du monde
La mondialisation capitaliste : de la « fin de
l’histoire » à la crise systémique
§ 9 Le renversement du socialisme en URSS et
dans les démocraties populaires d’Europe de l’Est, il y a vingt ans de cela, le
démantèlement de la
République fédérative socialiste de Yougoslavie, le
rétablissement des rapports de production capitalistes dans la quasi-totalité
de l’ex camp socialiste, l’étouffement de pratiquement toutes les tentatives de
construire le socialisme dans des pays d’Afrique, d’Asie ou d’Amérique latine,
ont représenté un recul catastrophique pour la classe ouvrière et les peuples
de la planète. Le grand capital et les puissances impérialistes, les Etats-Unis
d’Amérique en particulier ont gagné la Guerre froide. Dans l’ex URSS et les
démocraties populaires d’Europe de l’Est, le socialisme fut liquidé au profit
d’un capitalisme mafieux et d’une bourgeoisie compradore, qui s’est approprié
les entreprises d’Etat privatisées à vil prix. Des forces productives
considérables furent purement et simplement liquidées pour permettre
l’expansion du capital monopoliste occidental
§ 10 La plupart des régimes des pays en
développement, qui avaient tenté de garantir leur souveraineté nationale et
construire une société, si ce n’est socialiste, du moins un peu plus juste, prirent
un tournant néolibéral. Les maigres conquêtes sociales des peuples des
anciennes colonies furent réduites à néant par les plans d’ajustement
structurel du FMI. Les pays qui aspiraient à l’indépendance et à la
souveraineté tombèrent dans le marasme et le chaos, au bénéfice d’un
néocolonialisme plus brutal que jamais. Au milieu de ces ténèbres, seule la République de Cuba parvint
à préserver sa souveraineté et les acquis du socialisme. La République populaire de
Chine, la République
socialiste du Vietnam et la
République démocratique populaire du Laos ont choisi, pour
assurer leur développement économique, de prendre un tournant vers l’économie de marché à orientation socialiste,
combinant prédominance d’un secteur étatique et libre développement d’un
secteur capitaliste sous régulation par l’Etat et avec l’ouverture aux
multinationales occidentales. Depuis, ces trois pays ont connu un développement
économique important, mais au prix du rétablissement de l’exploitation
capitaliste et d’un creusement abyssal des inégalités. Ils avancent dans un
équilibre instable entre volonté de construire une base matérielle suffisante
afin de bâtir une société socialiste et menace permanente de rétablissement
intégral du capitalisme.
§ 11 Face à ce tableau désolant, les vainqueurs de
la Guerre
froide, les puissances impérialistes et le grand capital monopoliste, pouvaient
crier victoire, et ils l’ont fait avec une arrogance sans bornes. Les
idéologues bourgeois ont répété ad
nauseam que toute perspective d’un changement de société était morte, que
la chute du camp socialiste signifiait l’échec définitif du projet communiste
en tant que tel, la réfutation totale et définitive du marxisme et de toutes les
pensées tournées vers l’émancipation, et même de tout projet de gauche autre
que le social-libéralisme, l’avenir appartenant définitivement au libre marché.
Francis Fukuyama est le représentant le plus emblématique de ce discours, avec
sa thèse de la «fin de l’histoire», c’est-à-dire de l’installation définitive
des sociétés dans le régime capitaliste.
§ 12 Le néolibéralisme brutal de Reagan et de
Thatcher fut érigé en dogme absolu et indiscutable, en pensée unique hors de
laquelle il n’y a ni salut ni même pensée possible. La liquidation du
socialisme dans les anciennes Républiques populaires et en URSS, la liquidation
massive des anciennes entreprises d’Etat imposée par les puissances
impérialistes, l’ouverture de la
Chine, du Vietnam et du Laos au marché international, le
durcissement du néocolonialisme, le tournant pro-occidental et néolibéral de la
plupart des régimes nationalistes des pays en voie de développement, ont offert
aux grands monopoles multinationaux des nouveaux débouchés très importants et
stimulé l’expansion du capitalisme mondial ; le phénomène de mondialisation
du capitalisme, présent dès son début a seulement alors pris toute son ampleur
et a pour l’essentiel atteint son achèvement.
§ 13 Cette défaite historique eut des
répercussions dramatiques sur la conscience de classe de la classe ouvrière,
des organisations de classe, des partis de gauche, y compris des partis
communistes. La pression idéologique de la bourgeoisie, couplée avec le choc
que représentait l’effondrement du camp socialiste, toucha les organisations
progressistes et les classes populaires de plein fouet, avec une influence
catastrophique sur leur vision du monde et leur ligne politique. L’adversaire
soviétique n’étant plus, la social-démocratie, faisant face désormais à des
partis communistes affaiblis et souvent désorientés, perdit l’aiguillon qui la
poussait à lutter pour un certain progrès social comme antidote à la révolution
socialiste, et sombra presque partout dans le social-libéralisme, voire tourna
complètement sa veste et mena une politique identique à celle de la droite, voire pire.
Dès les années nonante, ce sont des gouvernements sociaux-démocrates qui ont
mené les pires politiques néolibérales, de dérégulation économique, de
privatisations et de démantèlement social, que la droite même n’osait pas
mener.
§ 14 Les partis communistes furent durement
touchés par l’effondrement des pays qui constituaient, sinon un modèle à
imiter, du moins des exemples de réussites relatives dans l’édification du
socialisme. De plus, la dissolution rapide des partis communistes au pouvoir et
la façon dont tant de dirigeants et de militants «communistes» avaient tourné
leur veste ont encore aggravé ce constat. Face à la brutalité et à la rapidité
avec laquelle le camp socialiste s’est effondré, il devenait difficile de ne
pas tomber dans la confusion la plus totale et de continuer à résister aux
sirènes de la propagande bourgeoise. Beaucoup de partis communistes en vinrent
à rejeter sans nuances les régimes qu’ils avaient soutenus, voire à s’aligner
totalement sur l’historiographie bourgeoise et à remplacer l’analyse
rationnelle par la diabolisation du socialisme ayant réellement existé. Ce
rejet sans nuances des expériences réelles de socialisme ne pouvait que mener
au rejet du marxisme-léninisme, qui fondait la pensée des partis communistes au
pouvoir, mais aussi à un doute profond quant au marxisme en tant que tel. La
quête illusoire d’une refondation du communisme « débarrassé » de
l’histoire du mouvement communiste international avec ses hauts et ses bas, et
d’un vain et antihistorique retour à la pensée «authentique» de Marx, libérée
des prétendues déformations apportées par Lénine et ses successeurs, mena à une
confusion idéologique des plus totales. La
lutte contre les «dogmes» a mené à l’abandon de tous les fondements
révolutionnaires du marxisme, débouchant sur une pensée vague et ne se
distinguant plus guère de la social-démocratie. Les promoteurs les plus zélés (Hue,
Martelli, Bertinotti, Gorbatchev, Zisyadis…) de la «refondation» ou de la
«mutation» ont d’ailleurs logiquement fini par prôner la liquidation des partis
communistes et leur transformation en organisations social-démocrates. Cet
affaiblissement des forces du progrès allait laisser le champ libre à la
bourgeoisie.
§ 15 Le virage droitier et la confusion
idéologique des partis communistes ne pouvaient pas ne pas avoir un impact
catastrophique sur la conscience de classe des masses populaires. Les
propagandistes bourgeois parvinrent à leur enfoncer dans la tête que le
marxisme était mort, qu’avec la chute du camp socialiste tout espoir d’une
société plus juste était éteint et que le règne du capitalisme était assuré à
tout jamais. La bourgeoisie a même réussi le tour de force d’accréditer la
thèse absurde, que, la majorité de la population des pays riches étant employée
dans le secteur tertiaire, la classe ouvrière n’existerait plus (comme si la
masse des marchandises qui s’amoncellent dans les supermarchés était créée par
le Saint Esprit…), et donc qu’il n’y aurait plus de base sociale, ni pour les
organisations révolutionnaires, ni pour le syndicalisme de classe, notions
désormais désespérément périmées. Ce vide idéologique laissa le champ libre à
l’individualisme bourgeois et à l’idéologie publicitaire. Un cas typique de
« barbarie douce ».
§ 16 Grâce à un processus de fusion d’entreprises
et de concentration du capital à une échelle encore inégalée, quelques grands
monopoles dominants des puissances impérialistes ont pu croître démesurément au
point d’atteindre des dimensions à l’échelle de la planète et sont devenues les
multinationales qui contrôlent l’essentiel de l’économie mondiale et se livrent
à une concurrence sans pitié pour un nouveau partage des marchés du globe. La
loi du développement inégal fut appliquée avec une brutalité renouvelée.
Désormais que le camp socialiste, à la fois alternative à la dictature du
capital, rival de l’Empire étatsunien et soutien des luttes des peuples du
monde pour leur émancipation, avait disparu, les Etats-Unis devenaient l’unique
superpuissance au monde et semblaient pouvoir imposer sans bornes leurs
prétentions impériales. Les pays du Tiers monde se retrouvaient à genou et en
ruines suite aux plans d’ajustement structurels du FMI et asservis ad aeternam aux intérêts de leur dette,
qu’ils avaient pourtant de fait plusieurs fois remboursée. Ils pouvaient être
mis en coupe réglée par les puissances impérialistes et livrés à un pillage
sans scrupules par les multinationales occidentales, avec la complicité des
bourgeoisies compradore locales et des élites politique corrompues et
mafieuses, mises en places, soutenues et souvent protégées par les armes des
impérialistes.
§ 17 Dans les pays capitalistes développés mêmes,
la défaite du camp socialiste signifiait une défaite cuisante pour les
travailleurs. Désormais que l’adversaire redouté n’était plus, la bourgeoisie se
livra à une véritable campagne de guerre contre les peuples pour revenir sur
toutes les concessions auxquelles elles fut contrainte durant la Guerre froide par les luttes
populaires et par la menace que l’existence même d’un camp socialiste puissant
faisait planer sur ses privilèges. Les partis de droite, les théoriciens
libéraux et les médias bourgeois érigèrent le néolibéralisme en dogme absolu et
en unique politique possible. Les sociaux-démocrates leurs emboîtèrent le pas. Grâce
à ce matraquage, s’imposèrent comme pensée unique et gages incontestés d’une
feinte modernité des valeurs qui signifiaient de fait un retour dans des
conditions nouvelles au capitalisme sauvage du XIXème siècle :
infaillibilité du marché, concurrence libre et non faussée, privatisation,
dérégulation, flexibilité, mobilité, compétitivité, déréglementation…Ce culte
du marché s’est révélé une machine de guerre redoutable contre les intérêts des
travailleurs et pour imposer des politiques favorisant les seuls profits à
court terme et l’extension des privilèges exorbitants d’une toute petite
élite : baisse des impôts pour les plus riches et les entreprises,
démantèlement des assurances sociales sous prétexte des déficits créés par les
baisses d’impôts, démantèlement et privatisation des services publics, dérégulation de l’économie,
désengagement de l’Etat de toutes les sphères possibles au profit du bon
vouloir des marchés financiers, réduction des salaires, rallongement des heures
de travail, intensification des cadences de travail, dérégulation du marché du
travail et démantèlement des droits des travailleurs au profit du «libre
contrat» et de la «flexibilité»,…
§ 18 Mais, naturellement, l’histoire n’allait pas
s’arrêter là. Le mythe absurde de la «fin de l’histoire» n’était pas destiné à
durer longtemps. Le capitalisme n’avait pas tardé à être rattrapé par ses
contradictions, et son triomphe néolibéral d’un jour n’a fait qu’amplifier
celles-ci. A l’aube du troisième millénaire déjà, alors que les fracas causés
par la chute du Mur de Berlin s’étaient tus, même les idéologues les plus
cyniques de la classe dominante ne pouvaient plus décemment défendre la vision
du pamphlet de Fukuyama. Plus personne, même les plus zélés adorateurs du
capitalisme, ne peut nier :
Ø Que la
mondialisation capitaliste n’a pas ouvert la voie à une croissance économique
qui selon ses promoteurs devait finir par profiter à tous, mais a mené à un
brutal accroissement des inégalités et à une misère de masse.
Ø Que la Guerre froide n’a pas fait
place à la paix, mais à des nouvelles guerres impérialistes et des
affrontements tribaux et nationalistes qui provoquent des drames et des misères
insupportables.
Ø Que ce n’est pas
la justice et la coexistence pacifique qui ont remplacé la Guerre froide, mais le
désordre et une crise économique sans précédent.
Ø Que le monde ne
s’ouvre pas sur une nouvelle étape de progrès et d’espoir, mais à la fin des
espérances et que l’on assiste à un retour au passé, qui resurgit avec ses
vieux démons : le racisme, la haine, le fanatisme, l’obscurantisme et
l’intégrisme.
Ø Que l’on assiste
à la naissance d’une nouvelle forme de fascisme qui se nourrit du vide laissé
par les espoirs perdus !
§ 19 Les nouvelles et brutales contradictions du
capitalisme mondialisé n’avaient pas manqué de faire naître et se développer
des nouveaux mouvements de résistance et de lutte pour une société plus juste
dès la fin des années nonante. Les théories néolibérales furent soumises à une
nécessaire critique théorique. Le mouvement altermondialiste émergea comme
réponse à la dictature des multinationales, de l’OMC, du FMI et de la Banque mondiale et comme
expression de l’exigence d’une autre société. Bien que ce mouvement déclinât
rapidement du fait de sa faiblesse organisationnelle et de son insuffisance
théorique, il apporta une critique nouvelle et salutaire du capitalisme
mondialisé et contribua grandement au discrédit du dogme néolibéral et à
l’émergence d’un mouvement populaire renouvelé de lutte. Le slogan «un autre
monde est possible» a marqué la génération née au lendemain de la Guerre froide. En Amérique
latine, plusieurs pays ont élu des gouvernements anti-impérialistes et
socialistes, et toutes les tentatives de déstabilisation tentées par l’Empire
étatsunien décadent n’ont pu les renverser. Les peuples du Venezuela, de
Bolivie et d’Equateur ont pu entamer une phase nouvelle de leur lutte contre la
domination néocoloniale étatsunienne, pour le progrès social et le socialisme.
La construction de l’ALBA a permis de mettre fin à l’isolement de dernier îlot
rouge dans une mer capitaliste où s’était retrouvée la République de Cuba, de
briser définitivement l’hégémonie des USA en Amérique latine et de mettre en
place un modèle économique fondé sur la coopération et la régulation par l’Etat
en faveur du progrès social plutôt que sur la concurrence libre et non-faussée.
Le Venezuela, la Bolivie
et l’Equateur ont globalement réalisé ce que les partis communistes ont définis
dans les années cinquante comme une démocratie avancée, domination des forces
politiques progressistes, antimonopolistes et anti-impérialistes représentant
les classes populaires dans le cadre d’une démocratie bourgeoise; mesures
prises par l’Etat pour l’élévation du niveau de vie des classes populaires,
pour limiter la puissance des monopoles et nationalisations ; mais
subsistance des rapports de production capitalistes et de l’exploitation de
l’homme par l’homme, et donc subsistance et durcissement de la lutte des
classes. Mais cette démocratie avancée ne saurait qu’être une phase de
transition vers le socialisme, sous peine de reprise en main rapide par la
réaction.
§ 20 Durant les années deux-mille, la crise
systémique du capitalisme est allée s’aggravant, jusqu’à se déclarer dans la
brutale crise financière de 2008, prélude à l’actuelle crise budgétaire de
nombre d’Etats de l’Union Européenne et des USA, et début d’une crise globale
d’une ampleur dépassant celle de 1929. La crise actuelle n’est que la conséquence
nécessaire des lois intrinsèques du mode de production capitaliste. Pendant les
quelques vingt dernières années, les fruits de l’augmentation de la
productivité sont allés majoritairement au capital, au détriment des revenus des travailleurs qui ont vu leur pouvoir
d’achat diminuer. Pendant longtemps, pour relancer la consommation nécessaire à
une économie de marché, l'accès au crédit a été de plus en plus facilité,
d'abord au niveau des biens de consommation courants, puis finalement dans le
domaine de l'immobilier. Cette fuite en avant du capitalisme pour préserver ses
profits à court terme a accru encore la mainmise du capital financier sur
l’ensemble de l’économie, et a donné aux banques un pouvoir jamais vu
jusqu’alors, pouvoir qu’elles ont utilisé pour mener rapidement l’économie
mondiale à la crise.
§ 21 La politique d’accès facilité au crédit menée
par les banques a mené à une croissance artificielle d’une économie financière
grâce à un endettement massif des ménages et ne pouvait que déboucher sur la
plus grande bulle spéculative de l’histoire, entraînant la dévaluation brutale
des actifs toxiques issus du surendettement des ménages, et menant les banques
au bord de la faillite. Les Etats capitalistes se sont alors empressés de
secourir les banquiers en difficulté, leurs versant immédiatement et sans
aucune contrepartie des sommes faramineuses : 1'400 milliards d’euros, 700
milliards de dollars et 60 milliards de francs suisses ! Pour comparaison,
seulement 82 milliards de dollars auraient suffi pour arrêter la faim dans le
monde, mais les dirigeants bourgeois n’ont jamais eu la volonté politique de
trouver cette modeste somme. Ce sauvetage des banques a de plus été décidé sans
aucune consultation démocratique ; le Conseil fédéral et la BNS ont décidé de sauver l’UBS
sans même consulter le parlement ! Les bourgeois ont essayé de faire
passer ces cadeaux aux banquiers comme des nécessaires «plans de sauvetage de
l’économie» auxquels les citoyens devraient consentir de bon cœur car nous
serions tous «dans le même bateau». Mais il est pourtant évident que les
décideurs bourgeois n’ont sauvé que les profits des banquiers, auxquels aucune
contrepartie n’a été demandée pour les fabuleux cadeaux payés avec l’argent
public. Le système financier spéculatif qui a précipité l’économie mondiale
dans la crise a en particulier été laissé intact ; les plans de sauvetage
n’ont donc fait que relancer la spéculation, et la dynamique de crise à
laquelle elle conduit nécessairement. Ces prétendus plans de sauvetage n’ont en
rien permis d’éviter la crise, qui n’a fait que s’aggraver. Et c’est aux
peuples que le capital veut faire payer la facture !
§ 22 Suite à l’effondrement de la bulle
spéculative de l’immobilier américain et au plans de sauvetage des banques,
plusieurs Etats d’Europe et d’Amérique du Nord se sont retrouvés confrontés à
une crise budgétaire qui menace de les mettre en faillite. Pendant des années,
les Etats bourgeois ont massivement baissé leurs recettes fiscales pour
accroitre encore la richesse des plus riches et les profits des actionnaires.
Pour compenser les déficits budgétaires ainsi créés, ils ont emprunté, non pas
à leurs propres banques nationales à taux nul, mais à des banques privées à des
taux d’usuriers, car, l’Etat devant être par définition un débiteur solvable,
les dettes souveraines donnaient des produits financier sûrs aux banques, et le
payement des intérêts de la dette une confortable source de revenus. Ce mode de
fonctionner a mené les Etats en questions à une crise budgétaire violente
lorsque suite à la récession et au coût du sauvetage des banques ils se sont
retrouvés dans l’incapacité de payer les intérêts de leurs dettes et de
s’endetter d’avantage. Ces Etats étant aux mains de la bourgeoisie, que le
gouvernement du moment soit ouvertement de droite ou social-démocrate, ils ne
pouvaient envisager de refuser de payer leurs dettes et de nationaliser leurs
banques sans contrepartie afin d’assurer la pérennité de leur économie dans
l’intérêt de leur peuple, leur seul but étant de sauver les banques qui se
retrouveraient en faillite si leurs dettes souveraines ne valaient plus rien
suite à la faillite des Etats. Ces Etats ont donc décidé de faire payer la
facture aux peuples, en appliquant des plans de rigueur, soit en coupant
massivement dans les prestations sociales déjà fort modestes, en baissant
massivement les salaires et en augmentant la durée hebdomadaire du travail, pour
le plus grand bien des profits du capital ; mais au prix de l’aggravation
de la crise, rendue inévitable par la baisse du pouvoir d’achat de la
population consécutive aux plans de rigueur. Aux Etats-Unis, Démocrates et
Républicains se sont mis d’accord pour autoriser l’Etat à s’endetter d’avantage
(les USA sont pourtant déjà de loin l’Etat le plus endette du monde), au prix
d’un plan de rigueur brutal qui réduit à néant les maigres restes des rares
acquis sociaux du peuple étatsunien et d’une fuite en avant dans de nouvelles
guerres impérialistes pour le contrôle des ressources naturelles, comme la
récente guerre contre la Lybie,
pour sauver leur Empire en pleine décadence. Le gouvernement
conservateur-libéral-démocrate du Royaume-Uni applique actuellement un
programme de coupes dans les prestations sociales d’une ampleur encore inégalée
dans l’histoire. La Grèce et le Portugal se sont retrouvés au bord de la
faillite. Pour sauver les créanciers de ces pays, principalement les banques
françaises et allemandes, des pertes importantes qu’occasionnerait la faillite
de ces pays et pour éviter à l’euro l’effondrement alors inévitable qui
mettrait en danger l’Union européenne en tant que telle, la Commission européenne,
les gouvernements d’Allemagne et de France, la Banque mondiale et le FMI
se sont mis d’accord sur des «plans d’aide» à ces pays…qui en fait n’aident que
leurs créanciers. Ces plans consistent en des prêts, consentis principalement
par les banques allemandes et françaises, à des taux d’usurier et en
contrepartie de la vente à prix bradés des entreprises publiques de ces pays à
ces mêmes banques et des plans d’austérité d’une brutalité inouïe pour leurs
peuples. Pour faire payer la crise aux peuples dans toute l’Union Européenne et
sauver l’Euro au détriment des intérêts légitimes des travailleurs, le
Parlement Européen a imposé le « Pacte pour l’Euro» soit l’interdiction
des déficits publics et pour y parvenir toute une série de mesures fondées sur
des coupes sombres dans les prestations sociales, la levée des entraves à la
concurrence libre et non-faussée, dérégulation du marché du travail pour
promouvoir la flexibilité, déréglementation des marchés…en un mot retour au
capitalisme de la jungle. Mais plusieurs autres pays d’Unions Européenne, comme
l’Italie et l’Espagne, beaucoup plus importants que la Grèce ou le Portugal, sont
aussi menacés de faillite, qui conduirait à un effondrement de l’Euro et à
l’implosion de l’Union européenne.
§ 23 Nous ne sommes qu’au début d’une crise
systémique profonde et de longue durée, certainement plus ample encore que
celle de 1929, avec tous les drames humains, les bouleversements géopolitiques,
et une radicalisation des antagonismes de classes que cela implique. Cette
situation est à la fois pleine de menaces et de promesses. Menaces de guerre
tout d’abord. La récession de l’économie mondiale, la rarification des
ressources naturelles, la lutte pour leur contrôle et pour le contrôle des
marchés mènent à l’accroissement des tensions inter-impérialistes qui risquent
de déboucher sur un nouveau conflit mondial. Les vieux empires des USA et
d’Union Européenne sont en pleine décadence et en plein marasme économique. Ils
doivent faire face à la montée des puissances émergentes que sont la République populaire de
Chine, à l’abri de la crise jusque là grâce à une régulation efficace de
l’économie par l’Etat et qui, désormais deuxième économie mondiale, menace les
intérêts commerciaux des pays occidentaux dans leurs anciennes colonies, le
Brésil, puissance impérialiste naissante qui concurrence efficacement les
Etats-Unis en Amérique latine, et tant d’autres puissances locales qui souhaitent
briser la domination mondiale des USA. Face à cette situation, les Etats-Unis
et l’OTAN pourraient être amenés à radicaliser leur politique de guerres
impérialistes et multiplier les aventures néocoloniales, avec toute la menace
que cela implique. Menace de fascisme aussi. Face à la contestation populaire
grandissante de politiques qui ne laissent plus d’autres choix aux travailleurs
et pour imposer de nouvelles guerres de plus en plus impopulaires, les
bourgeoisies d’Europe et d’Amérique du Nord pourraient être tentées de passer à
des formes de gouvernement ouvertement fascistes et dictatoriales ; menace
qui est plus que réelle aujourd’hui, avec la dérive anti-démocratique et
policière de l’Union européenne et des USA, et avec la montée d’une extrême-droite
puissante et de plus en plus proche dufascisme.
§ 24 Malgré la gravité de la situation actuelle et
les difficultés rencontrées par la classe des travailleurs, on peut aussi
repérer de nombreux éléments encourageants. Actuellement l’idéologie
néolibérale est totalement discréditée depuis la crise de 2008. Des couches de
plus en plus larges du peuple prennent conscience des contradictions réelles et
de l’absurdité du système capitaliste. La nocivité de l’activité des banques et
de la finance spéculative relève aujourd’hui du domaine de l’évidence. Une
majorité de la population commence à se rendre compte que le capitalisme est
une impasse et qu’un autre système est nécessaire. Une nouvelle conscience de
lutte des classes apparaît et l’intérêt s’accroît pour la pensée de Marx. Les
peuples se lèvent pour protester contre les politiques d’austérité et la
domination de l’oligarchie capitaliste.
§ 25 La
Grèce et le Portugal sont secoués par des grèves massives et
des manifestations de grande ampleur organisées par les partis communistes et
les syndicats de classes. La plupart des pays d’Union Européenne et les
Etats-Unis même connaissent des luttes similaires. La propagande anticommuniste
est contredite jusque dans ses fondements par des auteurs communistes, voire
même par des auteurs bourgeois mais critiques, et son influence sur les masses
commence à s’effriter. Une majorité des habitants des anciens pays socialistes
se rendent compte désormais des mérites réels des sociétés socialistes qu’ils
ont perdus, en dépit des défauts réels ayant affecté ces sociétés. En Russie,
le Parti communiste se renforce de plus en plus, redevenant désormais une force
réelle capable de prendre le pouvoir à moyen terme et posant ouvertement à
l’ordre du jour le rétablissement du pouvoir soviétique. Le mouvement des
Indignés, bien qu’il eût été éphémère et notoirement insuffisant du fait de son
refus de l’organisation et de son incohérence théorique, a tout de même eu le
mérite d’avoir été une étape indispensable vers la prise de conscience par les
peuples que la démocratie bourgeoise n’est que la façade derrière se cache le
pouvoir réel de l’oligarchie, que le capitalisme est une impasse pour
l’humanité et qu’une autre société est à la fois possible et nécessaire.
§ 26 Aujourd’hui, alors que l’on observe un
affrontement à outrance entre les forces de la réaction au service du grand
capital et les peuples aspirant au progrès et à la justice, l’heure est à la
reconstruction d’un mouvement communiste international fort, organisé,
idéologiquement cohérant, qui apporte aux peuples une alternatives politiques à
laquelle ceux-ci aspirent et prêt à se battre pour le renversement du pouvoir
bourgeois et la construction d’une société socialiste.
III La
Suisse d’aujourd’hui
§ 27 La
Suisse a été globalement épargnée par la crise et s’en sort
même plutôt bien, si l’on regarde les données macro-économiques. Mais, d’une part, la Suisse n’est pas épargnée,
et de loin, par les inégalités et les problèmes sociaux que connaissent les
autres pays du continent, et, d’autre part, l’économie suisse est extrêmement
dépendante de ses échanges avec le reste du monde, avec l’Union européenne
surtout. En effet la richesse de la
Suisse est pour une bonne part fondée sur l'exploitation
d'autres régions du globe. Ce trait est particulièrement visible lorsque nos
Conseillers fédéraux s'en vont aux quatre coins de la planète, accompagnés des
représentants du grand patronat, pour conclure des contrats juteux de
libre-échange et d'établissement, pour le plus grand bonheur du capital
helvétique. Les structures politiques de la Suisse actuelle ont été construites et utilisées
pour dynamiser et préserver cet état de fait.
§ 28 Extrêmement dépendante de l’économie
mondiale, la Suisse
ne saurait rester protégée d’une crise majeure de la zone Euro. L’économie
essentiellement tertiarisée de la
Suisse n’est susceptible d’aucun repli sur le marché
intérieur. Ce modèle économique est extrêmement fragile et volera
inévitablement en éclats avec l’approfondissement de la crise de la zone Euro.
Il doit d’urgence être modifié pour la survie même du pays.
Le rôle de la Suisse dans l'économie
mondiale
§ 29 A la fin de la IIème Guerre
mondiale, notre pays s'est trouvé dans la situation privilégiée d'un pays au
potentiel industriel intact et a eu la possibilité d'employer une main-d'œuvre
étrangère nombreuse, privée de droits et employée à bas salaires. Cette
situation amena des avantages concurrentiels massifs aux capitalistes suisses,
situation encore favorisée par la complicité des syndicats placés sous le
régime de la "paix du travail" et du Parti socialiste suisse, appâté
par la participation au pouvoir gouvernemental. Le développement économique qui
en a résulté a amélioré les conditions de vie d'une partie de la population. Toutefois,
la dépolitisation d'une part importante des citoyens et un syndicalisme
uniquement tourné vers la négociation n'ont fait que renforcer l'exploitation
de la grande majorité des salariés.
§ 30 L'économie suisse est marquée par un nombre
relativement élevé, en apparence, de PME. Les grandes entreprises sont rares,
mais de fait contrôlent la majeure partie de l’économie, et une grande part des
PME et de faux indépendants ne sont que des sous-traitants à leur service. C'est
bel et bien une petite mais puissante élite qui investit les conseils
d'administration des banques ou des grandes entreprises industrielles, et c'est
encore elle qui décide de la solution aux questions fondamentales de
l'économie. La majorité des politiciens de droite au niveau national sont eux-mêmes
des représentants du patronat helvétique et les décisions qu’ils prennent au
niveau politique, loin de favoriser le bien-être de la majorité du peuple, ne
visent qu’à soutenir et privilégier leurs intérêts de classe.
§ 31 Les grandes entreprises capitalistes suisses
ont étendu leurs activités à tous les continents. Plusieurs d'entre elles ont
une dimension mondiale, comme dans le cas de l'agro-alimentaire, des pharmas,
du luxe et des cosmétiques. Elles participent activement à l'exploitation des
pays du Sud, à la corruption de leurs gouvernements et, partant, à
l'appauvrissement progressif des populations concernées. Elles déplacent dans
des pays aux contrôles laxistes les branches de production créatrices de
nuisances écologiques massives et mettent à contribution une forte main-d'œuvre
faiblement salariée. Le capital financier, produit de la combinaison du capital
industriel et du capital bancaire, est devenu une pieuvre géante dirigeant le
développement capitaliste suisse.
§ 32 De plus, la concurrence entre entreprises a
conduit à une concentration du capital absolument gigantesque. Ainsi, en termes de capitalisation boursière totale, la Suisse occupe le 5ème rang
mondial et la valeur des entreprises suisses, dans le top 100 mondial, dépasse
500 milliards de dollars, avec une plus-value de 100 milliards réalisée rien
qu'entre 2008 et 2010.
§ 33 Les banques suisses, quant à elles, ont servi
de refuge aux capitaux des nombreux pays occidentaux afin d'être soustraits à
la fiscalité. Cette "hospitalité" a été étendue de façon toujours
plus indécente aux dictateurs et aux élites du Sud, qui voulaient mettre en
sûreté ce qu'ils avaient extorqué à leurs peuples spoliés et asservis avec la
complicité de pays occidentaux. Les représentants du capital financier ne
règnent pas seulement sur l'économie; ils ont aussi conquis le pouvoir
politique. Le processus politique est déterminé et marqué par les décisions
d'ordre économique, prises dans les centres de l'économie et de la haute
finance.
Les
inégalités sociales en Suisse
§ 34 La
Suisse possède une structure sociale fortement inégalitaire,
malgré les apparences que la propagande officielle essaie de créer. Alors que 6
contribuables sur 10 possèdent une fortune moyenne de 7000 francs, 0,3% des
riches déclarent une fortune moyenne de 14 millions. Si la richesse de
la société est très inégalement répartie, les conditions de vie des
travailleurs suisses ont changé, dès la fin de la IIème Guerre
mondiale, avec l'augmentation relative des revenus liée aux développements du
capitalisme en Suisse et l'apparition de ce qui est communément appelé
"les classes moyennes". En effet, à côté d'une classe supérieure
relativement peu importante mais extrêmement riche, il y a en Suisse des
milieux sociaux vivant dans des conditions matérielles garanties et disposant
en partie aussi de réserves financières. Cette classe moyenne, qui comprend
surtout des personnes nanties d'un emploi
sûr et exercé à plein temps et de leurs proches, peut néanmoins
connaître des difficultés matérielles et financières dès qu'un événement
fâcheux survient, tels l'invalidité due à un accident ou à la maladie, la
séparation et le divorce ou encore le chômage. A côté de cela, il y a aussi un
nombre croissant de ménages vivant au-dessous du minimum vital, ou tout juste
au-dessus. Ainsi 40% des salariés disposent d'un
salaire mensuel net de 4000 francs ou moins. Cette situation concerne presque 7
femmes salariées sur 10. 400'000 salariés gagnent moins de 22,- de l’heure,
soit moins du minimum vital en équivalent plein temps Bref, la pyramide de
fortune et de pouvoir social est bien présente dans notre pays.
§ 35 Un trait typique de la société suisse depuis
plusieurs décennies est le recours constant à l'immigration pour répondre aux
besoins incessants du capital en main-d'œuvre bon marché et hautement
qualifiée. Cette exigence détermine profondément les politiques à l'égard des
étrangers et des requérants d'asile ainsi que le recours aux mesures de police
ou à des moyens administratifs et répressifs pour les encadrer. Inhumaines, ces
politiques nient également la part de responsabilité incombant à la Suisse dans la misère
économique d'autres pays. La présence de travailleurs étrangers clandestins
permet, quant à elle, une exploitation accrue de cette force de travail peu
coûteuse et peu revendicatrice, ainsi qu’une confirmation des tendances de déni
de l'être humain dans le mode de production capitaliste.
La situation à Genève
§ 36 Petite ville, Genève est pourtant une
métropole d’importance mondiale, concentrant un nombre inégalé d’organisations
internationales, de sièges de multinationales et de transactions financières et
commerciales au m2. Ainsi : près de la moitié des transactions
pétrolières et énormément de transactions boursières sur les matières premières
sont conclues à Genève, alors que ces transactions affament le monde. Cette
situation implique une économie essentiellement tertiarisée, dominée par les
banques, les sièges des multinationales, les fiduciaires ; avec un important
réservoir de cadres supérieurs et moyens ayant des salaires élevés et, partant,
attachés au système capitaliste et à l’idéologie libérale. Le PS, les Verts et,
dans une moindre mesure, Solidarités se disputent la même base sociale que sont
les classes moyennes, et plus spécifiquement les fonctionnaires.
§ 37 Les usines, qui naguère fournissaient la base
sociale du Parti du Travail, ont en revanche été délocalisées à Zürich où le
PdA était faible. Les zones industrielles contiennent désormais surtout des
sièges d’entreprises, des entrepôts et des artisans. Genève n’a pratiquement
plus de secteur secondaire. Elle n’en compte pas moins une importante
population de salariés précarisés, employés principalement dans la vente et les
services, le plus haut taux de chômage de Suisse et une forte part de sa
population est marginalisée, réduite à l’aide sociale. Il est à noter aussi que
près de la moitié de la population genevoise et une majorité des classes
populaires est composée d’étrangers, dépourvus de droits politiques, ou alors
au niveau communal seulement.
§ 38 Aucun parti, à part le Parti du Travail, ainsi
que le parti les communistes depuis
sa fondation, ne défend réellement cette majorité de la population. Notre Parti
a là amplement de quoi recouvrer une base sociale importante et à terme devenir
le premier parti de la
République qu’il doit être.
§ 39 Cette situation de présence simultanée de
l’extrême richesse, d’une classe supérieure particulièrement nombreuse, et de
problèmes sociaux dus à une forte pauvreté, crée des problèmes de développement
propres à Genève. Depuis des années, la stratégie de développement économique
du Conseil d’Etat consiste à faire venir des multinationales étrangères actives
dans le domaine de la finance, et cela à coup de subventions fiscales. Ce
modèle de développement est extrêmement myope et contre-productif. En effet,
les recettes fiscales supplémentaires que ces multinationales sont censées
générer ne profitent pas aux classes populaires, car elles sont annulées par
les baisses d’impôts concoctées par la droite, qui par la même occasion réduit
les prestations sociales. Ces multinationales ne créent pas plus d’emploi à
Genève, car elles ont besoin d’une main d’œuvre extrêmement spécifiques
qu’elles ne trouvent pas sur place ; au lieu de cela, elles amènent leurs
cadres auxquels elles subventionnent des logements, contribuant à augmenter les
prix des logements, jusqu’à rendre le centre-ville à peu près inaccessible pour
les classes populaires, aggravant d’autant la crise du logement, saturant les
infrastructures et produisant de l’inflation.
§ 40 Actuellement, la volonté jamais proclamée,
mais effective, de la droite, est de faire de Genève un véritable Monaco sur Léman, un îlot de cherté et
de luxe réservé aux classes supérieures, aux riches expatriés, aux banques et
aux multinationales financières, entouré d’une zone villa luxueuse et d’une
banlieue ghettoïsé. Le Parti du Travail s’oppose radicalement à ce modèle de
développement, qui est absolument contraire aux intérêts des classes populaires
et absolument non-viable à moyen terme, car il est impossible de fonder un
quelconque développement économique plus ou moins durable sur la finance, qui
produit essentiellement des bulles spéculatives.
Les partis politiques suisses
§ 41 Le PLR et le PDC forment ce que l’on appelle
la droite classique, ou le centre-droit, ou l’Entente à Genève. Au-delà de
leurs différences, qui furent historiquement profondes, mais qui aujourd’hui se
sont pour l’essentiel estompées, mis à part le fait que le PDC est un peu plus
à gauche que le PLR, ces deux partis ont en commun d’être la représentation
politique directe de la grande bourgeoisie monopoliste, ce qui est
particulièrement flagrant dans le cas du PLR. Financés directement et très
généreusement par le grand capital, ces partis défendent une politique
« libérale » qui correspond aux intérêts des possédants :
libéralisation économique, démantèlement de tous les acquis sociaux,
renflouement des banques à coups de milliards, et de plus en plus politique
ultra-sécuritaire répressive afin de mater par la force une prévisible
résistance populaire.
§ 42 L’UDC et le MCG forment l’extrême-droite,
bien qu’elles le dénient. Concurrents, ces deux partis n’en sont pas moins très
similaires sur le fond, même si le MCG est politiquement moins cohérent et plus
diversifié que l’UDC. Au niveau national, l’UDC reçoit le même financement
direct des grandes entreprises que les partis du centre-droit car elle conduit
strictement la même politique réactionnaire et antipopulaire, qu’elle double
toutefois d’un discours démagogique « populiste ». Faisant mine de
défendre les intérêts du peuple suisse, elle propage en fait un discours
xénophobe, dans le but de diviser les travailleurs entre suisses et étrangers
afin d’empêcher l’unité de la classe ouvrière dans l’intérêt de la domination
bourgeoise. L’UDC double ce discours d’une démagogie ultra-sécuritaire et d’une
stigmatisation des musulmans désignés comme boucs-émissaires, réunissant là
toutes les caractéristiques d’un parti fascisant, prêt à établir un régime
néo-fasciste le jour où la bourgeoisie suisse se sentira menacée dans son
pouvoir. A Genève, le MCG vote dans la
plupart des cas avec la droite. Seul parti de masse genevois à ce jour, il
regroupe une base essentiellement dépolitisée, mais disciplinée, dirigée par
des personnalités politiques de droite qui séduisent une partie des classes
populaires avec globalement le même discours «populiste» et xénophobe que
l’UDC, ciblant plus particulièrement les frontaliers, et diffusant des idées
néo-fascistes, parfois ouvertement.
§ 43 De l’autre côté de l’hémicycle siègent les
partis de la "gauche gouvernementale", le PS et les Verts, qui
prétendent incarner une alternative politique à la droite, mais qui, bien
qu’ils s’en distinguent sur un nombre important de points et sont pour
l’essentiel des forces progressistes, n’incarnent de fait qu’une alternative
illusoire. Fondé historiquement comme parti de la classe ouvrière et de la
révolution, le PS reste aujourd’hui un parti de gauche, qui n’a pas renoncé aux
lois du marché capitaliste, avec à Genève une ligne progressiste assez marquée,
même s’il n’est plus ni un parti des travailleurs ni un parti pour le
socialisme. Plusieurs décennies de collaboration de classe et de compromission
et cinquante ans de participation ininterrompue à un gouvernement bourgeois,
ont fait perdre au PS toute volonté révolutionnaire et même transformatrice de
la société et ont distordu au possible le lien à la classe ouvrière qu’il
conserve à travers les syndicats. Aujourd’hui, le PS est un parti réformiste,
et s’il affirme dans son programme vouloir dépasser le capitalisme et
construire une société socialiste, ce programme reste ambigu au possible et ne
définit pas les moyens concrets de parvenir à cet objectif qui reste de ce fait
illusoire. Quant à sa composition de classe, le PS est aujourd’hui
essentiellement un parti des classes moyennes dont l’aspiration principale se
limite à maintenir leur niveau de vie pour ne pas tomber dans la
prolétarisation. Le PS reste malgré tout un parti progressiste qui compte dans
ses rangs des membres nettement plus à gauche que ne l’est sa ligne générale et
continue pour l’essentiel à défendre les acquis sociaux existants, avec
toutefois une combativité limitée lorsqu’il s’agit de lutter pour les élargir.
§ 44 Malgré un écologisme de façade, qui se réduit
en absence de toute opposition réelle au capitalisme à son aspect le plus
minimal, les Verts sont dans leur très large majorité acquis à la société
capitaliste, quand ce n’est pas à l’idéologie néolibérale et méritocratique.
Parti des classes moyennes, les Verts sont divisés entre une aile gauche
social-démocratisante, qui lutte encore pour défendre les acquis sociaux, et
une aile droite, qui est purement et simplement de droite, accepte quant au fond
l’idéologie néolibérale et défend la liquidation des acquis sociaux avec les
mêmes arguments que la droite. A Genève, les Verts votent tantôt à gauche,
tantôt à droite, selon quelle est l’aile qui arrive à prendre la majorité, mais
dans la plupart des cas à gauche. Il faut noter que les Jeunes Verts se
distinguent par une ligne nettement différente de celle des Verts dans la
mesure où ils remettent en cause la croissance capitaliste, qui menace à long
terme la survie de l’humanité, et proposent de sortir du capitalisme au nom de
l’idéologie de la décroissance, bien que leur projet de société alternative au
capitalisme soit loin d’être clair.
§ 45 La classe ouvrière suisse est politiquement
peu organisée. Les syndicats qui la défendent sont la plupart du temps pris en
main par des dirigeants issus du PS qui souvent émoussent l’action syndicale en
l’enfermant dans la logique de "paix du travail" qui n’est qu’un
autre nom pour la collaboration de classe. Il existe toutefois aussi des
syndicats plus combatifs, qui mènent une vraie politique de lutte, de façon de
plus en plus conséquente à Genève. Par ailleurs, la base syndicale, composée de
travailleurs, arrive souvent à imposer une ligne de lutte, plus que ne le
voudrait la direction. Quoi qu’il en soit, les syndicats demeurent des forces
essentielles d’organisation et de lutte des travailleurs, et il est du devoir
des militants du Parti du Travail de s’y impliquer pour renforcer une ligne de
lutte de classe.
§ 46 À la gauche du PS il existe toute une
pluralité d’organisations, dont le poids d’ensemble reste minime. La plus
notable de ces organisations est solidaritéS, qui pour l’essentiel est un
mouvement de classes moyennes, de fonctionnaires principalement, ce qui lui
donne un électorat sûr mais insuffisant pour atteindre le quorum. L’idéologie
de SolidaritéS est d’inspiration trotskiste ou gauchiste, mais, dans ses
écrits, SolidaritéS se proclame partisan d’une société socialiste. Les méthodes
politiques de solidaritéS cependant, consistant en la récupération politique de
tout ce qui peut l’être, souvent sans analyse de fond et au prix de positions
politiques incohérentes et erronées, et tendance à se renforcer systématiquement
au détriment de ses partenaires et de marginaliser ceux-ci, conduisent
régulièrement à des ruptures d’alliance et rendent plus que problématique la
collaboration avec cette organisation.
§ 47 A noter, depuis sa création, l’exception du
parti les communistes qui, quoique minoritaire, est le seul de par ses idées
marxistes-léninistes à se rapprocher idéologiquement et par ses actions du
Parti du Travail.
§ 48 A Genève existent également des
rassemblements de militants de gauche, n’ayant ni l’organisation nécessaire
pour être un parti ni de ligne politique claire, mais qui sont des partenaires
politiques indispensables pour le Parti du Travail : les Indépendants et
le DAL. Il faut également signaler l’existence de groupuscules gauchistes,
d’inspiration trotskiste ou anarchiste, qui refusent la participation
parlementaire, avec lesquels le Parti du Travail peut à l’occasion travailler
dans le cadre de comités unitaires, mais dont l’anticommunisme et la
quasi-inexistence restreignent les possibilités de collaboration. Des efforts
pour fédérer les diverses composantes de la Gauche suisse sont périodiquement tentées, avec
un succès tout relatif. Par ailleurs, ces tentatives sont souvent caractérisées
par un certain vide idéologique ou par des impasses politiques, la dernière de
ces tentatives étant la
Gauche. Ni les partis de la gauche gouvernementale, ni SolidaritéS,
ni une Gauche aux contours flous, ni les divers groupuscules gauchistes ne
peuvent représenter les travailleurs de ce pays. Les travailleurs ont besoin
d’un parti qui se réclame de la lutte des classes et de la classe ouvrière, qui
ne soit pas entachée par la collaboration de classe avec la bourgeoisie et qui
soit prêt à lutter jusqu’au bout pour l’abolition du capitalisme et la
construction d’une société communiste. Un tel parti existe et c’est le Parti du
Travail.
IV : Notre programme pour le bien-être du peuple
Politique
économique
§ 49 La politique économique de la majorité de
droite au pouvoir aujourd’hui consiste exclusivement dans la défense des
intérêts d’une petite oligarchie et de la maximisation des profits des banques
et des multinationales, quelles qu’en soient les conséquences pour les classes
populaires et le pays. L’Etat bourgeois n’intervient que pour soutenir les
banques et multinationales suisses et leur soif de profit, pour leur obtenir
des contrats internationaux et des traités de libre-échange, ou pour sauver
l’UBS en faillite à coup de milliards. Pour le reste, il laisse faire le
marché. Depuis les années 1980, la dérégulation des marchés de capitaux et des
marchés financiers a permis une liberté totale au capital de s'investir et de
se désinvestir là où les taux de profit étaient les plus fabuleux pour lui. Cette
politique est absolument contraire aux intérêts du peuple suisse et nuisible pour
le pays. Elle a abouti à la concentration du capital entre les mains de quelques
multinationales et grandes banques, à la désindustrialisation du pays, à la
réduction du nombre des exploitations agricoles et à la mise en danger de
l’agriculture nationale, à la domination démesurée de l’économie suisse par la
finance et à la prédominance du secteur tertiaire.
§ 50 Or les
capacités de nuisances du capital financier, notamment de ses fractions
bancaires, ne sont plus à démontrer. Elles sont parties prenantes de la crise
systémique en cours. Le modèle actuel de développement, fondé sur la
prédominance du secteur financier, autant dire sur le monopoly et les bulles
spéculatives, est extrêmement dangereux et peu durable. En outre, il est
socialement illogique et inacceptable de laisser l’économie entre les mains de
quelques multinationales privées qui possèdent aujourd’hui un pouvoir démesuré,
qu’elles utilisent uniquement pour accroître les profits de leurs actionnaires,
sans égards au bien commun et au détriment des intérêts de l’ensemble de la
société. Objectivement, ces multinationales exercent un pouvoir social et
planifient la production. Il n’y a aucune raison que ce pouvoir social si
important reste en mains privés. Il doit être assumé par la collectivité.
§ 51 Le Parti du Travail souhaite mettre
l’économie au service du peuple. Cet objectif est inatteignable dans un cadre
capitaliste. Il est nécessaire de briser le pouvoir du capital pour édifier un
autre système économique, qui réponde aux aspirations de l’ensemble de la
société. Faire payer le capital ! Voilà notre mot d'ordre. Nous réclamons
l'interdiction de prise de participation par le capital étranger dans les
entreprises helvétiques, l'imposition drastique sur le bénéfice des
entreprises, la socialisation du crédit et la suppression des parachutes dorés,
de même que celle des stock-options. Nous nous battons pour la socialisation de
l’intégralité des banques et des compagnies d’assurance, sans indemnisation et
pour la constitution, sur cette base, d’un fonds social d’investissement au
bénéfice des services publics, des équipements collectifs, du secteur de
l’économie sociale, des entreprises autogérées, de la réindustrialisation du
pays et de la défense de l’agriculture nationale. Pour parvenir à ce but et
bâtir une économie nationale durable et au service du peuple, il sera
nécessaire de rompre avec le dogme du libre-échange et mettre en place des
mesures protectionnistes afin dé défendre l’industrie et l’agriculture
nationales. Sur le plan des entreprises, nous réclamons la socialisation sur
fonds publics de toute entreprise se déclarant en faillite de manière à la
transformer en entreprise autogérée et l'interdiction du recours aux formes de
travail précaires (contrats à durée déterminée, intérim, saisonniers, etc.).
Ces mesures seront prises sous le contrôle de conseils d’établissement élus par
les travailleurs et placés sous leur surveillance et leur direction.
§ 52 Le
Parti du Travail propose :
Ø Une limitation de
l’implantation des multinationales financières étrangères et une réduction du
poids du secteur financier dans l’économie suisse
Ø La
réindustrialisation de la
Suisse avec le soutien de l’Etat
Ø La relocalisation
des activités productives
Ø La
nationalisation sans indemnité des entreprises qui procèdent à des
licenciements collectifs ou qui souhaitent délocaliser
Ø Des mesures
protectionnistes pour défendre l’industrie et l’agriculture nationale
Ø La taxation de
transactions financières
Ø La séparation
entre les banques d’investissement et les banques d’épargne
Ø La
nationalisation sans indemnité des banques et des compagnies d’assurance
Ø Atteindre dans la
mesure du possible une autosuffisance alimentaire grâce à une agriculture
biologique soutenue par des mesures protectionnistes
Droits des travailleurs
§ 53 Actuellement la démocratie s’arrête aux
portes de l’entreprise. Dans les entreprises, le patronat fait la loi, et il la
fait dans le seul but de maximiser ses profits et au détriment des
travailleurs. Pour accroître encore les dividendes des actionnaires, les
entreprises baissent de plus en plus les salaires, jusqu’au point où 400'000
salariés gagnent moins du minimum vital pour un équivalent plein temps. De
plus, les entreprises profitent des accords bilatéraux avec l’Union européenne
pour faire du dumping salarial, essayent d’augmenter les heures de travail sans
hausses de salaires et rechignent à signer des CCT. L’Etat est objectivement du
côté du patronat, le nombre d’inspecteurs chargés de contrôler le respect des
lois par les entreprises et de lutter contre dumping salarial sont en nombre
ridiculement insuffisant et les contrôles effectués sont très laxistes.
§ 54 Les syndicats sont insuffisamment efficaces
pour défendre les travailleurs car ils sont encore trop souvent liés par
l’idéologie de la paix du travail et ne veulent pas assumer une ligne de lutte
des classes. Le Parti du Travail promeut une politique conséquente de défense
des droits des travailleurs fondé sur la lutte de classe.
§ 55 Le Parti
du Travail propose :
Ø L’application de
l’égalité entre les salaires des hommes et des femmes
Ø L’instauration
d’un salaire minimum de 4'000 francs par mois
Ø L’obligation pour
les entreprises de conclure des CCT avec des syndicats représentatifs.
Ø La garantie du droit à la présence syndicale sur
le lieu de travail.
Ø L’introduction de
la semaine de 35 heures, sans réduction de salaire et avec engagement de
personnel
Ø La mise en place
d’une protection contre les licenciements
Ø L’application et
le renforcement des mesures d’accompagnement de la libre circulation avec l’UE
Ø La fin du dumping
salarial
Ø L’augmentation
des contrôles pour lutter contre la sous-enchère salariale.
Ø Le renforcement
des syndicats combatifs et à l’écoute de la base
Ø Le droit de grève
complet
Ø La rupture de la
paix du travail pour une ligne syndicale de lutte de classe
Ø Des mesures
concrètes contre la flexibilisation à sens unique qui détériore les conditions
de travail
Politique fiscale
§ 56 Depuis plus de deux décennies, la droite ne
connaît qu’un crédo en matière de politique fiscale : baisser les
impôts ! Puis les rebaisser encore ! Baisse d’impôts pour les personnes,
et baisses d’impôts pour les entreprises ! Le tout sur la base de
l’argument que si on ne baisse pas les impôts, les riches ou les entreprises
vont partir dans le canton voisin, ou le pays voisin : la sacro-sainte
concurrence fiscale. La conséquence de ces baisses d’impôts est évidemment de
créer des déficits dans les budgets de l’Etat, auxquels on remédie par des
coupes dans les prestations sociales et des baisses des dépenses qui sont
pourtant absolument vitales pour la populations, puis on procède à des
nouvelles baisses d’impôts, ensuite à des nouvelles baisses de prestations…et
ainsi de suite.
§ 57 Outre les baisses d’impôt en tant que telles,
la droite s’attaque aux impôts directs, qui sont progressifs, et souhaite les
baisser linéairement ou en réduire la progressivité. L’impôt fédéral direct
fait l’objet d’attaques particulièrement courantes. En contrepartie, la droite
souhaite augmenter les impôts indirects, la TVA surtout, qui sont particulièrement injustes
et antisociaux car ils frappent tout le monde au même taux, donc très durement
les bas revenus mais de façon négligeable les plus riches. Un projet récurrent
de la droite est d’instaurer un taux de TVA unique, et de supprimer donc la TVA réduite pour les produits
de première nécessité, donc de frapper encore les classes populaires.
§ 58 Telle n’est pas la politique fiscale que
souhaite mener le Parti du Travail. Il n’y a pour nous aucune raison valable de
continuer de baisser les impôts ; au contraire il faut augmenter les
impôts sur les hauts revenus et le capital, car non seulement une imposition
fortement progressive est nécessaire pour assurer une redistribution, même
limitée, des richesses à travers les prestations sociale, mais elle l’est aussi
pour assurer les investissements socialement indispensables, comme l’école
publique et gratuite, les infrastructures et logements publics, les services
publics qui pour être de qualité ne peuvent parfois qu’être
déficitaires…dépenses que les partis bourgeois ont tendance à négliger et à
privatiser si possible, ce qui signifie délabrement, mauvaise qualité et
inaccessibilité pour une large partie de la population.
§ 59 Le Parti du Travail propose :
Ø D’augmenter
fortement les impôts directs pour les hauts revenus afin de revenir sur les
baisses d’impôts successives tout en accentuant la progressivité de la
fiscalité.
Ø De
taxer fortement les profits spéculatifs, les dividendes et les holdings.
Ø L’harmonisation
des taux d’imposition entres les cantons
Ø De
taxer fortement les entreprises qui licencient tout en faisant des bénéfices.
Ø De
mettre en pratique le principe de la Taxe Tobin afin d’imposer fortement les capitaux
purement spéculatifs.
Ø De
s’opposer à toute hausse de la TVA
et d’autres taxes indirectes, il faut au contraire les remplacer par l’imposition
directe.
Ø D’abolir
les forfaits fiscaux.
Ø De
supprimer le secret bancaire pour pouvoir poursuivre sévèrement la fraude et la
soustraction fiscale qui font perdre de milliards aux pays pauvres, mais aussi
à la Suisse
car des riches contribuables helvétiques en abusent massivement aussi.
Ø L’instauration
d’un impôt fédéral sur les successions
Ø Une véritable
imposition des bénéfices des sociétés de capitaux et sur le capital des
sociétés financières
Ø Une importante
augmentation de l’impôt sur les gains immobiliers
Politique sociale
AVS et LPP
§
60 Le 2 décembre 1969, estimant les
prestations de l’AVS insuffisantes, le Parti Suisse du Travail dépose une
initiative « Pour une véritable retraite populaire », obligeant ainsi
le Conseil fédéral et le Parlement à agir. Mais la puissante Union des
compagnies suisses d’assurance sur la vie ne voit pas d’un bon œil la
perspective de laisser s’échapper les juteuses parts de marché de la prévoyance
par capitalisation. Sous sa pression, le Conseil fédéral finit par proposer le
contre-projet, dit des « trois piliers ». Celui-ci sera accepté le 3
décembre 1972 par 74% des voix, alors que l’initiative du Parti Suisse du
Travail sera balayée par 78% des voix ! Le Parti socialiste a aidé les
bourgeois, car il avait déposé une initiative populaire sur le même thème et
appelé le peuple à refuser l’initiative du Parti Suisse du Travail car la leur
serait meilleure…pour la retirer tout de suite après la votation et se rallier
au contre projet du Conseil fédéral ! L’évolution historique démontrera
plus tard que le peuple suisse a eu tort de rejeter l’initiative du Parti
Suisse du Travail en 1972, car de nos jours le deuxième pilier est en grande
difficulté !
§ 61 Le
Parti du Travail lutte pour :
Ø Que le mandat
constitutionnel de l’article 112 déclarant que « les rentes doivent
couvrir les besoins vitaux de manière appropriée » devienne réalité.
Ø Œuvrer au
transfert progressif du 2ème pilier dans le 1er, en
augmentant les cotisations AVS et en diminuant celles de la LPP. Il est bien entendu
que les capitaux acquis par les salariés demeureraient leur propriété.
Ø Remplacer les
prestations complémentaires, sources d’inégalités en raison des effets de
seuil, par une AVS ainsi renforcée.
Ø
Amoindrir
les dangers liés à la capitalisation boursière du 2ème pilier.
LACI
et LAMAL
§ 62 Fondement de notre État social, les
assurances sociales ont été constituées pour que tout un chacun puisse se
prémunir des dommages économiques et sociaux occasionnés par la vie. Toutefois,
leur démantèlement systématique, orchestré par la droite libérale, engendre une
précarisation de la société et une accélération des disparités. Le chômage,
véritable fléau de nos sociétés modernes, ne fait pas exception à la règle. Les
révisions successives de la LACI
ont ainsi envoyé de nombreuses personnes dans les filets de l’aide sociale,
notamment les familles monoparentales, les jeunes et les personnes de plus de
50 ans.
§
63 La LAMAL, a été imposée par la droite alliée au PS
en tant que marché lucratif (« les citoyens doivent apprendre à faire
leurs courses sur le marché de la santé » disait alors la conseillère
fédérale socialiste Ruth Dreifuss) confié à des caisses privées en concurrence,
souvent biaisée par des accords discrets). L’absurdité de ce système devient
d’autant plus intolérable que les primes d’assurance maladie de base ne cessent
d’augmenter et que le catalogue de prestations tend à diminuer.
§
64 Cette tendance résulte notamment du
caractère particulièrement lucratif du marché de la santé en Suisse. En effet,
les caisses-maladie n’ont aucune intérêt ni aucune motivation à offrir des
prestations de qualités aux malades, mais uniquement à sélectionner les « bons
risques » (les assurés qui payent sans rien coûter) comme réserve de
clients pour leurs assurances complémentaires, qui seuls bénéficient de
prestations dignes de ce nom. Il est grand temps de mettre fin à l’escroquerie
des assurances-maladies. Nous estimons que les assurances ne sont pas un
marché, mais un droit : il nous faut plus que jamais des assurances
sociales fortes pour une société équilibrée, juste et solidaire.
§ 65 Au
vu de la situation, le Parti du Travail propose, entre autres :
LACI :
Ø Un droit au
travail décent pour toutes et tous ! Cette mesure, déjà envisagée en 1848
lors de l’élaboration de la
Constitution fédérale, doit redevenir une priorité de la
politique fédérale. Elle permettrait de résoudre définitivement le problème du
chômage et en particulier celui de son financement.
Ø Une hausse des
contributions des personnes morales. Ces dernières années, les entreprises ont
engendré des bénéfices colossaux. De plus, elles ont pu bénéficier du chômage
dit « partiel » pour absorber les périodes de ralentissement
économique. Il est dès lors normal qu’elles assument leur rôle social de
manière optimale.
Ø Un prolongement
des indemnités d’assurance-chômage. La flexibilisation du marché du travail
rend les périodes de chômage, notamment pour les jeunes, toujours plus
fréquentes. De plus, il n’est pas acceptable que des personnes de plus de 50
ans finissent leur vie active à l’aide sociale. L’assurance-chômage doit être
là pour aider les travailleurs et travailleuses sans emploi.
Ø
La
suppression des contradictions juridiques. Certaines personnes sont considérées
comme inaptes au travail par l’assurance-chômage et, à l’inverse, aptes par
l’assurance-invalidité. Cette situation est inadmissible et pousse dans la
précarité de nombreux citoyens
Ø
Le
rétablissement des emplois temporaires pour donner le droit à une nouvelle
période d’indemnités de l’assurance-chômage ainsi qu’une expérience
professionnelle plutôt que de renvoyer les chômeurs vers l’aide sociale et les
exclure du marché du travail.
LAMAL:
Ø La constitution
d’une caisse maladie unique et sociale. La multiplication des caisses maladie
et les coûts inhérents, ainsi que le système de constitution de réserves ne
sont tout bonnement pas acceptables. Une caisse unique, dont les primes
seraient basées sur le revenu, doit être réalisée.
Ø L’obligation de
proposer des génériques. Les génériques sont tout aussi efficaces que les
produits de base (protégés durant plusieurs années) et surtout moins chers.
Ø Une égalité
réelle des soins. Le système actuel, basé sur deux types de couverture (base et
complémentaire), génère des inégalités sociales particulièrement perverses et
qui tendent à se renforcer. Or, l’égalité devant les prestations doit être
garantie
Situation de
l’agriculture suisse et vision pour l’avenir
§ 66 La Suisse
a réussi à maintenir une agriculture diversifiée de proximité. Toutefois, la
situation des agriculteurs se dégrade car aucune mesure n’a été prise pour
reconsidérer la valeur de leur travail face au coût de la vie. Leurs produits
sont soumis à la pression de la concurrence des pays voisins dont les normes de
production sont loin de favoriser un développement durable de notre
environnement. Les paiements directs qu’ils reçoivent ne tiennent pas compte de
ces contraintes ni du coût plus élevé de la production indigène. Les
agriculteurs suisses subissent également de plein fouet la pression internationale
sur les prix.
§ 67 Les
accords de libre échange notamment par l’application du « Cassis de
Dijon » ont d’ores et déjà détérioré le marché agroalimentaire. Par
ailleurs les Suisses n’ont plus les mêmes moyens financiers. Leur pouvoir
d’achat diminue constamment. Ils doivent désormais souvent favoriser le prix à
la qualité. Les produits venant de l’étranger ne répondent pas aux mêmes
critères sanitaires et environnementaux. De ce point de vue, on peut considérer
qu’il y a concurrence déloyale puisque les critères qualitatifs et du
développement durable ne sont pas les mêmes. Par conséquent, nous ne pouvons
pas accepter des accords de libre-échange biaisés par des méthodes de
production néfastes à l’environnement et socialement inacceptables.
§ 68 Il faut
maintenir les paiements directs et les répartir plus équitablement afin que
même les agriculteurs isolés au fond des vallées puissent vivre décemment de
leur métier et maintenir l’existence du monde rural. N’oublions pas non plus
que le travail des agriculteurs inclut l’entretien du paysage pour lequel ils
méritent aussi notre soutien.
§ 69 Par son action, le Parti du Travail entend
atteindre les objectifs suivants :
-
Mettre fin aux accords de libre échange
pour les produits agricoles
-
Soutenir la production indigène afin
d’assurer notre autosuffisance alimentaire.
-
Sauver les zones agricoles en interdisant
les déclassements.
-
Proscrire toute atteinte physique aux
sols (tassement, utilisation comme décharge, enfouissements,…
-
Sauvegarder la biodiversité en maintenant
la vie rurale, les rotations de culture et le respect de la nature.
-
Bannir les OGM (Organismes Génétiquement
Modifiés).
-
Imposer à nos stations fédérales de
recherches agronomiques des objectifs visant à s’affranchir totalement de
l’utilisation des produits phytosanitaires et désherbants chimiques.
Politique
énergétique et des transports
§
70 Depuis longtemps, bien avant la
récente catastrophe nucléaire au Japon, le Parti du Travail milite pour un
développement planifié des énergies renouvelables: hydraulique, solaire,
éolienne, géothermique. A condition d’être dûment supervisé, un tel
développement est parfaitement possible et même prometteur dans notre pays. La Suisse possède à la fois
l’argent, les technologies et les savoir-faire nécessaires pour être à la
pointe dans ce domaine. La récente décision des autorités fédérales de sortir
du nucléaire d’ici 2034 ne se réalisera que si elle est accompagnée d’une
volonté politique durable de favoriser les énergies renouvelables.
§
71 Il s’agit pour nous non seulement de
soutenir davantage financièrement ce type de projets, mais aussi d’augmenter la
part d’investissements publics qui leur est consacrée. Il est également
nécessaire d’édicter des règles qui rendent leur réalisation plus facile et plus
cohérente grâce à la concertation entre partenaires. Les collectivités
publiques doivent être parties prenantes, sous peine de développement
anarchique qui ne servira, au final, que les intérêts des grands groupes
producteurs.
§
72 A cela doivent s’ajouter des mesures
collectives contraignantes pour économiser l’énergie. Les efforts individuels
(tri des déchets, covoiturage, ampoules basse consommation chez soi, etc.)
doivent bien sûr être encouragés, mais
ils ne suffiront pas à juguler l’énorme gaspillage énergétique visible partout
dans notre société; et dont les petits consommateurs que nous sommes ne sont
pas les seuls ni les principaux responsables !
§
73 C’est à ces conditions que les
énergies renouvelables, peu polluantes et guère dangereuses, pourront remplacer
efficacement et durablement le nucléaire. La part de ce dernier dans
l’approvisionnement énergétique doit progressivement, mais systématiquement,
diminuer.
§
74 Enfin, le Parti du Travail s’oppose
aux augmentations des tarifs CFF et veut favoriser par tous les moyens
l’utilisation des transports en commun et de la mobilité douce, notamment en
ville et entre le domicile et le lieu de travail et limiter progressivement le
recours aux transports par automobile.
§ 75 Parmi
les nombreuses mesures à prendre, le Parti du Travail prône :
Ø Une sortie rapide
du nucléaire
Ø Des
investissements de l’Etat dans les projets et programmes de recherches sur les
énergies renouvelables
Ø La gratuité de
l’utilisation des transports publics
Ø La baisse des
tarifs des CFF
Ø Aucune
privatisation des biens de première nécessité comme l’eau
Ø La
nationalisation et le contrôle démocratique des grandes entreprises énergétiques
Ø
L’obligation
pour les pouvoirs publics de prendre toutes les mesures nécessaires pour que
les énergies renouvelables coûtent moins cher que les autres.
Ø
Des
mesures contraignantes prises par l’Etat pour promouvoir l’usage de
technologies économes en énergie et l’interdiction des technologies inutilement
polluantes
Ø
L’amélioration
de l’isolation des bâtiments et l’utilisation de chauffages écologiques.
Ø des
infrastructures performantes et des prestations de qualité pour les transports
en commun.
Ø
Le
développement de vélos urbains à disposition de tous.
Ø
La
mise en place de pistes cyclables et de zones piétonnes.
Politique de la formation
§
76 Le Parti du Travail s'oppose à ce que
la formation, les sciences et la culture soient mises au service des intérêts
du capital. Il exige au contraire que ces domaines subissent une transformation
visant à l'épanouissement individuel et social. L'éducation ne doit pas se
limiter à la simple transmission du savoir technique et professionnel ni à la
reproduction passive des structures sociales. Il faut assurer à chacun, quel que
soit son sexe, son origine sociale ou sa nationalité, la formation de base non
seulement pour acquérir un métier, mais pour conduire son existence de façon
autonome, pour communiquer, coopérer, défendre ses intérêts. La gratuité de la
formation doit être assurée du primaire à l'enseignement supérieur.
§
77 Toute spécialisation prématurée
hiérarchise le système de formation, accroît l'étanchéité de ses divers
secteurs et favorise le maintien d'une société élitaire et antidémocratique.
Tester les élèves pour les sélectionner avant qu'ils aient pu trouver leur voie
et y faire leurs preuves, équivaut à tester le milieu familial. Ces moyens
antidémocratiques doivent disparaître en faveur d'une orientation continue pour
laquelle élèves, parents, enseignants, psychologues et sociologues doivent
collaborer. Le droit de codécision des parents doit être garanti. Les exigences
de l'école demandent une formation continue des enseignants pour que les
connaissances pédagogiques puissent se traduire dans la pratique.
§
78 L'éducation préscolaire et
parascolaire gratuite doit être développée et ouverte à tous les enfants. La
scolarité obligatoire doit accompagner l'élève au moins jusqu'à ses 18 ans. La
mixité des classes doit être assurée. Le Parti du Travail demande une formation
professionnelle de haut niveau, qui donne une place importante à l'enseignement
de la culture générale. L'offre adéquate des places d'apprentissage doit être
renforcée. L'État doit créer des ateliers d'apprentissage. Les apprentis
doivent bénéficier d'un salaire minimum couvrant le coût de la vie. Le Parti du
Travail propose que l'école soit l'endroit privilégié pour une politique
interculturelle valorisant chaque culture ainsi que le rôle des femmes dans la
construction de la société.
§ 79 Le
Parti du Travail soutient :
Ø Un accroissement
des investissements publics dans l’éducation et la formation.
Ø L’abrogation des
accords de Bologne qui conduisent à la privatisation de l’enseignement
supérieur
Ø Une orientation
pédagogique moderne, à même d’assurer un meilleur suivi des étudiants comme des
apprentis.
Ø Un salaire
minimum augmenté pour les apprentis et des conditions d’apprentissage
améliorées, de façon à rendre les filières professionnelles plus attractives et
à les revaloriser. L’employeur Confédération pourrait montrer l’exemple.
Ø Un
assouplissement de la règle des quotas minimaux, de manière à ne pas priver
certaines régions de centres formateurs essentiels au maintien de leur
population et de leurs emplois.
Ø
La
création d’un système de bourses d’études performant régi au niveau national,
afin de garantir un accès plus démocratique aux formations supérieures.
Le
Parti du Travail combat :
Ø La proposition
d’augmenter les taxes d’inscription dans les universités et les hautes écoles,
soutenue par la droite.
Ø
L’influence,
voire l’ingérence des puissants milieux économiques privés dans les
orientations de la recherche, visant à servir leurs seuls intérêts.
Politique internationale
§
80 La politique internationale prônée
par le Parti du Travail se fonde sur les principes de l’internationalisme
prolétarien et de la solidarité anti-impérialiste. Nous considérons vital de
soutenir dans la mesure du possible les mouvements de libération nationale de
par le monde, toutes les résistances à l’impérialisme et les mouvements
progressistes ; par devoir internationaliste, puisque la Suisse fait partie des
centres impérialistes qui participent à l’oppression des pays du Sud, et parce
que les succès des mouvements progressistes plus avancés d’autres pays sont
indispensables pour renforcer et faire triompher à terme la lutte pour le
socialisme en Suisse même. Le Parti du Travail entretient des relations
étroites avec les partis communistes des autres pays, notamment à travers sa
participation au Parti de la Gauche Européenne, et aspire à la refondation
d’une nouvelle internationale communiste pour unir les luttes des peuples du
monde contre le capitalisme et pour le socialisme.
§
81 Le Parti du Travail est opposé à
l’adhésion de la Suisse
à l’Union européenne. En effet l’Europe d’aujourd’hui est celle des marchands
et non des peuples. Elle est dominée par des bureaucrates nommés qui n’ont pas
de comptes à rendre aux peuples et des chefs d’Etats qui imposent leur agenda
néolibéral en contournant la volonté démocratiquement exprimée des peuples et
les parlements nationaux. Le traité de Lisbonne impose la concurrence libre et
non-faussée et la privatisation des services publics, interdit le contrôle des
mouvements de capitaux et instaure une gouvernance autoritaire et
anti-démocratique. Adhérer à l’Union Européenne reviendrait à signer ce traité,
ce qui aurait pour effet de graver le néolibéralisme dans la loi. Actuellement,
c’est l’Union européenne qui impose les plans de rigueur aux peuples et c’est
contre elle que luttent les travailleurs grecs et portugais. Il est navrant de
voir le PS militer pour l’adhésion à l’UE. Cette position absurde ne fait
qu’offrir un boulevard à l’UDC.
§
82 Le Parti du Travail propose comme
politique étrangère conforme aux principes de la solidarité internationale :
Ø La mise en place
de garde-fous financiers face à la spéculation des banques et assurances.
Ø L’interdiction de
spéculer sur les matières premières et les denrées alimentaires de base,
indispensables à la survie de nombreux humains sur cette terre.
Ø La création d’un
contrôle et d’une taxe sur les mouvements de capitaux.
Ø L’annulation de
tout ou partie de la dette des pays pauvres.
Ø L’abolition des
privilèges décisionnels des États puissants au sein de l’ONU.
Ø
L’intensification
de la lutte contre la corruption dans les pays membres de l’ONU.
Ø Accroître l’aide
directe de la
Confédération aux pays en développement.
Ø Favoriser et
participer directement aux transferts de technologies.
Le
Parti du Travail s’oppose :
Ø A l’achat de
nouveaux avions de combat, inutiles et coûteux.
Ø A l’adhésion à
l’UE néolibérale
Ø A l’utilisation
de l’espace aérien suisse par les avions de l’OTAN qui mènent des opérations de
guerre.
Ø A l’envoi de
soldats suisses armés à l’étranger.
Politique du
logement
§
83 Depuis des décennies, la crise du
logement est un problème majeur à Genève. Le taux de vacance est catastrophiquement
insuffisant, et cette pénurie de logements favorise la spéculation immobilière
qui fait monter les loyers à des taux exorbitants. Les loyers sont aujourd’hui
trop élevés pour la large majorité de la population.
§
84 Le problème vient de l’avidité des
promoteurs et des régisseurs bien sûr, mais aussi et surtout de la politique de
l’Etat, qui est exclusivement au service des intérêts des promoteurs
immobiliers, au détriment de ceux de la population. Cette politique consiste
tout d’abord dans le fait d’attirer sans discernement des multinationales
étrangères qui ne créent pas d’emploi à Genève, mais amènent leurs propres
cadres auxquels elles subventionnent des appartements, qu’elles sont prêtes à
payer plus cher afin des les avoir tout de suite, et contribuent ainsi
grandement à la hausse des loyers. Deuxièmement, l’Etat ne construit quasiment
plus de logements publics depuis deux décennies.
§
85 Au lieu de cela, la droite prétend
que la pénurie de logements provient des lois qui protègent les locataires,
trop restrictives pour les promoteurs et qui les découragent de construire. A
la croire, il suffirait de laisser faire les promoteurs dans un marché
totalement dérégularisé pour avoir des logements à prix abordables pour tous.
Mais c’est là une escroquerie absolue. Loin d’être des freins à la
construction, les droits des locataires sont des protections indispensables
sans lesquelles les loyers seraient encore plus hauts et la situation pire. Le
libre-marché n’avantage que les seuls spéculateurs, qui n’ont pas intérêt de
résoudre la crise du logement, tant la pénurie leur rapporte de profits
supplémentaires à la vente. En outre,
les promoteurs immobiliers ne veulent construire que des logements de luxe dont
il y a déjà largement assez.
§
86 Pour le Parti du Travail, la
spéculation immobilière est le problème et non pas la solution. Afin de
construire du logement de qualité accessible aux classes populaires et aux
classes moyennes à des prix raisonnables, il faut construire massivement du
logement public, cantonal et communal, et du logement coopératif, selon un
urbanisme réfléchi, cohérant et écologique ; ce qui impose de tordre le
cou à la spéculation foncière. Nous proposons comme mesures :
Ø L’interdiction
des expulsions sans relogement
Ø Le gel des loyers
et leur contrôle par l’Etat
Ø L’interdiction de
la spéculation foncière
Ø L’application
effective du droit de préemption par les communes et par l’Etat
Ø La
nationalisation et le contrôle démocratique de la propriété des la propriété
foncière
Ø Nous nous
opposons en revanche à des nouveaux déclassements de terrains agricoles :
il y a actuellement suffisamment de terrains constructibles pour loger jusqu’à
800'000 habitants, déclasser des terrains supplémentaires ne sert qu’à doper la
spéculation foncière, au détriment de la production agricole locale
Politique de la
sécurité
§
87 L’insécurité existe. Seule une
certaine social-démocratie ou certains gauchistes peuvent le nier. En tant que
parti communiste en lutte contre l’Etat bourgeois, nous ne pouvons pas ne pas
être réticents à soutenir toute mesure susceptible de renforcer le bras armé de
ce même Etat, qui n’a jamais manqué et ne manquera jamais de l’utiliser contre
nous. Mais nier la réalité de l’insécurité que les classes populaires vivent au
quotidien et refuser de prendre les mesures nécessaires pour lutter contre
cette insécurité ne peut que mener à nous isoler des masses et faire le jeu de
l’extrême-droite, qui alors a beau jeu de se faire passer pour le vrai défenseur
du peuple. Il n’est toutefois pas question pour nous de faire de la démagogie
sécuritaire, sans analyser les vraies causes de l’insécurité, qui sont
sociales. Tant qu’existera le capitalisme, la pauvreté et l’exclusion sociale
qui en sont les corollaires nécessaires, la criminalité, la violence et le
commerce de la drogue existeront inévitablement. La politique de sécurité la
plus efficace est donc la lutte contre les inégalités et pour le plein emploi
et des prestations sociales dignes de se nom ; exactement le contraire de
ce que fait la droite.
§
88 Nous devons aussi en priorité lutter
contre toutes les mesures liberticides et antidémocratiques qui se cachent sous
le nom de politique sécuritaire, et qui sont le véritable but visé par la
droite, qui n’en a cure de l’insécurité réelle que vit la population, mais en
revanche souhaite limiter drastiquement les droits démocratiques afin de
garantir son pouvoir. Les mesures liberticides que sont les limitations de plus
en plus drastiques du droit de manifester, ou même simplement de militer dans
la rue, sont totalement inacceptables. L’hystérie sécuritaire qui consiste à
assimiler les militants de gauche et syndicaux à des casseurs et à des dangers
pour l’ordre public est extrêmement dangereuse et menace de faire virer la
démocratie bourgeoise en dictature fasciste. Elle doit être combattue par tous
les moyens. Nous devons affirmer haut et fort que les droits démocratiques,
tous les droits démocratiques, sont fondamentaux et inaliénables. Ils ne
peuvent faire l’objet d’aucune restriction. Il convient tout autant de
s’opposer à l’usage de pièce d’identité biométriques, au fichage des citoyens
sur la base de leurs opinions politiques et l’omniprésence des caméras de
surveillance, dispositifs dignes d’un Etat totalitaire et dont le but objectif
est de favoriser l’établissement d’un Eta policier.
§
89 Cela dit, il n’en est pas moins
important de mener une politique de sécurité publique. La droite prétend
qu’elle seule est efficace en matière de sécurité, alors que la gauche serait
laxiste. C’est un mensonge éhonté. Depuis des décennies, la droite détient le
pouvoir au niveau national et cantonal. Elle porte l’entière responsabilité de
la dégradation de la situation en matière de sécurité. C’est la droite qui a fait
fermer la plupart des postes de quartier dans les années 2000, entraînant un
manque de présence policière et une hausse de l’insécurité dans les communes
suburbaines y consécutive. Seul le Parti du Travail s’était opposé à cette
décision. C’est la droite qui ne veut pas voter les budgets pour engager des
policiers supplémentaires et est donc totalement responsable de leur nombre
insuffisant. Le Parti du Travail prône une politique de sécurité publique grâce
à une police de proximité. La police doit se recentrer sur ce qui doit être son
rôle prioritaire : la lutte contre la criminalité et non la chasse aux
mendiants ou la répression des manifestations.
§ 90 Le Parti du
Travail prône comme mesures :
Ø La réouverture
des postes de quartier
Ø Patrouilles policières
renforcées à pied ou à vélo, pas en voiture
Ø Interdiction
stricte des entreprises de sécurité privées et des milices
d’extrême-droite : l’usage de la coercition doit être un monopole public.
Politique
de la migration
§
91 Le Parti du Travail s'oppose avec
vigueur à la politique des autorités sur l'immigration et l'asile. Nous
demandons l'arrêt de l'ignoble
chasse aux étrangers et la
fermeture immédiate des centres de rétention. Nous demandons un
statut unifié pour tous les étrangers résidant en Suisse et les mêmes droits
politiques pour les étrangers aux niveaux communal, cantonal et national après
cinq ans de séjour. Nous dénonçons les tentatives faites pour susciter chez les
Suisses des sentiments contre les étrangers et luttons contre la xénophobie et
le racisme où qu'ils se manifestent. La politique menée par
la droite et l'extrême-droite helvétiques vise à diviser les travailleurs en
catégorisant arbitrairement ceux-ci: Suisses et étrangers, jeunes et vieux,
hommes et femmes.
§
92 Les étrangers doivent bénéficier d'un
droit sans restrictions quant au changement de formation professionnelle, de
domicile ou d'emploi. Le principe à travail égal salaire égal doit être
appliqué. De même pour la reconnaissance des titres universitaires ou diplômes
obtenus hors du territoire, ceux-ci ne doivent souffrir aucune discrimination.
En ce qui concerne les assurances sociales, les immigrés doivent être traités
de la même manière que les résidents. Il faut veiller à ce que, quelle que soit
sa nationalité, l'assuré bénéficie, pour des mêmes cotisations, de prestations
identiques. Les étrangers qui ont grandi en Suisse doivent avoir le droit de
s'y établir comme celui d'y revenir sans restriction après une absence
prolongée. Tout étranger qui réside en Suisse depuis cinq ans sans interruption
doit avoir droit à la naturalisation simplifiée.
§
93 Un des droits fondamentaux est celui
de pouvoir vivre avec sa famille. L'autorisation de séjour doit donc, dès le
début, inclure les membres de la famille les plus proches, et cela
indépendamment de l'état civil du moment. En outre, il faut régulariser la
situation des immigrés clandestins. La mise à disposition d'installations
publiques et privées doit permettre aux étrangers de maintenir une relation
positive à l'égard de leur culture. En même temps il faut offrir aux étrangers
toute possibilité d'accès de la culture suisse par l'offre de cours
d'introduction à la langue locale et par la possibilité de connaître nos lois,
structures et coutumes.
Politique
des médias
§
94 Le PST œuvre pour la transformation
progressive des moyens de communication de masse en véritables instruments de
communication sociale, dans le respect et le renforcement de la liberté
d'expression et de la pluralité des opinions. Tous les milieux de la population
doivent bénéficier des mêmes droits dans les organes de presse, de radio, de
télévision, de nouveaux médias. Dans ce but, il faut en finir avec la
dépendance et la soumission des médias aux intérêts économiques et à la
concentration des grands groupes de presse. Le
PST se bat pour que les infrastructures techniques de
l'information soient gérées sous contrôle public. L’égalité de temps de parole
ou d’espace pour tous les partis qui se présentent à une élection doit être
rendu obligatoire pour les médias télévisuels, les journaux et les radios. Les
programmes audio-visuels doivent dépasser le simple divertissement et
promouvoir l'épanouissement culturel, en
s'ouvrant largement vers le monde.
§
95 La liberté de création, d'expression
et d'opinion de ceux qui travaillent dans les médias doit être sauvegardée et
étendue. Il faut créer dans chaque entreprise de média un organe de défense de
la liberté d'expression sous la forme d'un conseil de rédaction. Il est
indispensable que la Suisse
puisse soutenir les efforts visant à créer un nouvel ordre de l'information. Il
faut notamment briser le monopole des agences de presse occidentales et
renforcer la position des pays du Sud dans le domaine des médias. Les moyens de
communication doivent être employés dans l'intérêt de la paix. Les accords
internationaux signés par la
Suisse et qui interdisent toute incitation à la guerre et
toute propagande raciste doivent être appliqués. Une condition importante pour
un processus réellement démocratique serait une information étendue, qui
donnerait la parole à tous les milieux de la population, dans tous les médias.
Pour créer un espace public démocratique, il convient de fournir aux citoyens
du temps libre afin de permettre l'échange et la délibération.
V. Le rôle du
Parti et la question des alliances
§
96 Quelle que soit sa faiblesse
aujourd’hui, le Parti du Travail reste et restera l’unique force politique
suisse qui défend et représente effectivement les classes populaires, qui reste
fidèle aux principes du communisme et qui lutte réellement contre le régime
capitaliste, pour le renversement du pouvoir bourgeois, l’établissement d’une
démocratie populaire et la construction d’une société socialiste. Le Parti du
Travail joue donc dans la politique suisse un rôle nécessaire et irremplaçable.
§
97 Le Parti du Travail est l’héritier
des meilleures traditions démocratiques et progressistes du mouvement ouvrier
suisse. Il fonde son action politique sur la pensée de Marx, Engels et Lénine
et des penseurs marxistes ultérieurs. Il considère nécessaire de développer
créativement le marxiste afin de construire un projet communiste adapté aux
réalités de la Suisse
du XXIème siècle. Il rassemble dans ses rangs des communistes, des
socialistes et des progressistes, tous déterminés à lutter contre l’oppression
capitaliste et pour le socialisme, dans un esprit de démocratie interne et de
libre expression de tous les points de vue, dans les respect des règles
statutaires qui disent que les décisions majoritaires s’imposent à tous. Le Parti
du Travail cherche constamment une ligne révolutionnaire juste et adaptée aux
conditions objectives du moment, et lutte à la fois contre toutes les
déviations gauchistes qui l’enfermeraient dans le sectarisme et le couperaient
des masses, et contre toutes les déviations droitières qui paralyseraient sa
lutte par l’opportunisme et le réformisme, et pour des avantages illusoires
d’un jour le détourneraient de sa raison d’être.
§
98 Le Parti du Travail estime nécessaire
toutes les formes de lutte. Les luttes prioritaires étant celles menées dans la
rue, dans les syndicats et les associations progressistes. La lutte
parlementaire et gouvernementale est utile et nécessaire à condition de rester
au service de la lutte de classe et de la lutte révolutionnaire pour le
socialisme. Le Parti du Travail n’oublie jamais que son but est de briser le cadre
de la société bourgeoise et ne se laissera en aucun cas enfermer dans la
routine des institutions bourgeoises ou dans des coalitions qui le forceraient
à mener une autre politique que la sienne. Le Parti du Travail œuvre à la
constitution d’un large front populaire sous sa direction, comprenant partis de
gauche, syndicats et associations progressistes, afin de rassembler largement
toutes les classes populaires, la paysannerie et les classes moyennes pour
renverser la domination de la bourgeoisie et construire une société socialiste.
A cette fin il collabore avec toutes les forces dont les buts convergent avec
les siens, sans jamais perdre de vue l’objectif final et pour autant que cette
collaboration ne porte pas préjudice à son indépendance d’action et ne le force
pas à mener une politique opportuniste ou gauchiste.
§
99 Il ne peut conclure des alliances
électorales que si celles-ci sont au service de ses objectifs et font
progresser sa lutte. En aucun cas il ne conclura de telles alliances sur la
base de calculs purement électoralistes, au détriment de la lutte. Le Parti du
Travail n’acceptera jamais de s’associer à une dynamique qui implique la
dilution de son action et de sa ligne politique dans une organisation de gauche non-communiste. Le Parti du
Travail estime nécessaire de travailler en commun avec les partis de la gauche
réformiste, car cette collaboration est nécessaire pour la réalisation de son
objectif d’un large front populaire pour le socialisme, sans jamais oublier que
les objectifs de ces partis divergent des siens et sans jamais s’interdire de
les critiquer publiquement lorsqu’ils prennent des positions contraires aux
intérêts des classes populaires.
VI. Vers le
renouveau socialiste de la société suisse
§
100 En tant que Parti des toutes les
classes que le capitalisme opprime, le Parti du Travail lutte pour la défense
des intérêts des exploités et pour leurs revendications immédiates dans les
cadre même de la société capitaliste, et tient à participer aux parlements et
aux exécutifs bourgeois pour y mener une politique conforme aux intérêts du
peuple. Mais son objectif ne s’arrête pas à une gestion plus sociale du
capitalisme, ni à de simples réformes à l’intérieur de celui-ci. Car la société
capitaliste est irréformable et constitue une impasse pour le développement de
la société humaine. Elle doit être radicalement transformée. C’est pourquoi, le
Parti du Travail lutte pour le renversement du pouvoir de la bourgeoisie,
l’établissement d’une démocratie populaire et la construction d’une société
socialiste. L’objectif du Parti du Travail est de mener une révolution
socialiste. Celle-ci ne pourra être menée à bien qu’en prenant en compte les
conditions concrètes et les traditions démocratiques de la société suisse du
XXIème siècle.
§101 La stratégie révolutionnaire du Parti du
Travail se fonde sur la construction d’un large front populaire, ressemblant la
classes ouvrière, toutes les classes populaires, la paysannerie, une partie des
classes moyennes, de toutes les classes qui sont opprimées ou qui se sentent
menacées dans leur conditions d’existence par le capitalisme, et de tous ceux
qui sont conscients que le capitalisme constitue une impasse pour l’humanité et
qu’une transformation de la société est nécessaire. A force de luttes contre le
patronat et les politiques réactionnaires de la bourgeoisie, et de luttes
internes résolues contres les positions opportunistes et de collaboration de
classe, ce front populaire gagnera en unité, en combativité et en puissance,
jusqu’à incarner un réel contre pouvoir populaire qui finira par s’emparer du
pouvoir d’Etat par l’élection d’un parlement et d’un gouvernement progressiste.
§
102 Ce nouveau pouvoir populaire sera
chargé d’établir un régime de démocratie avancée, qui sera caractérisé par un
élargissement important des droits démocratiques et des instruments de
participation du peuple aux décision, par la nationalisation du secteur
bancaire, par toute une série de mesures à même de limiter le pouvoir des
multinationales et d’instaurer une régulation de l’économie par l’Etat dans
l’intérêt du pays et du peuple, d’assurer une redistribution des richesses
grâce à une taxation conséquente des hauts revenus et du capital, et d’utiliser
les importantes rentres financières ainsi obtenues pour développer les services
publics, les infrastructures et les prestations sociales, tout en restant
encore dans un cadre capitaliste. Mais cette démocratie avancée ne pourra être qu’une
étape. Le gouvernement populaire devra faire face à la contradiction entre ses
objectifs de bâtir une société plus juste et les lois objectives du
capitalisme, ainsi qu’à une résistance acharnée de la bourgeoisie, qui ne
renoncera pas à ses privilèges sans combattre et sera prête à recourir à la
violence fasciste pour garder le pouvoir.
§103 Le pouvoir populaire ne pourra tenir que grâce
à un soutien fort du peuple organisé dans des organisations de masse et de
conseils d’entreprise. Il devra livrer une lutte de classe intense contre la
bourgeoisie. Cette lutte verra à la fois l’affirmation du pouvoir direct des
travailleurs, condition nécessaire pour le dépassement de la démocratie
bourgeoise en faveur de la démocratie populaire, l’affirmation du rôle du Parti
du Travail en tant que force politique qui défend de façon conséquente les
aspirations du peuple.
§104 La défaite finale de la bourgeoisie
réactionnaire et des positions opportunistes et réformistes rendra possible
l’instauration d’une démocratie populaire et la construction d’une société
socialiste grâce à la socialisation des principaux moyens de production, de
crédit et d’échange, et à l’établissement d’institutions de planification de
l’économie, ce qui rendra possible des choix sociaux de production orientés
vers la satisfaction des besoins de tous
et compatibles avec le respect de l’environnement, dans le cadre d’une
société garantissant une réelle justice sociale et centrée sur le but de
l’épanouissement matériel et culturel de tous ses membres.
§105 La lutte politique du Parti du Travail ne
finit toutefois pas là. Car il s’agit de «changer
le monde, et changer le monde changé» (Bertolt Brecht), et donc de
continuer, dans la société socialiste cette fois, de continuer à lutter pour sa
transformation dans le sens du progrès social, avec pour horizon idéal le
communisme ainsi décrit par Karl Marx : «Dans une phase supérieure de la société communiste, lorsque la
subordination servile des individus dans la division du travail et avec elle
l’opposition du travail manuel et du travail intellectuel auront disparu,
lorsque le travail ne sera plus un simple moyen d’existence mais sera devenu
lui-même premier besoin de la vie, lorsque les forces productives s’accroîtront
avec le développement en tous sens des individus et que toutes les sources de
la richesse collective jailliront – alors seulement l’étroit horizon juridique
bourgeois pourra être complètement dépassé et la société inscrira sur ses
drapeaux : de chacun selon ses capacités, à chacun selon ses besoins.»