Communiqué de presse du Parti du Travail, rédigé par moi
C’est avec
consternation, mais sans trop de surprise, que le Bureau du Parti du Travail a
pris connaissance, suite à une fuite révélée ce dimanche par le Sonntagsblick, des mesures prévues dans
les « Lignes directrices de la réforme de la prévoyance viellesse
2020 » préparées par les services du conseiller fédéral Alain Berset, et
que ce dernier devrait rapidement soumettre à ses collègues, avant un prochain
débat au parlement. Nous estimons que ce projet est un démantèlement,
parfaitement scandaleux, à la fois de l’AVS et de la LPP.
L’arguments des
« coûts » qu’il faudrait « réduire » pour « assurer la
pérénité des rentes » est parfaitement fallacieux : en 2008, le
Conseil fédéral n’a pas hésité à sauver l’UBS en difficulté à coups de
milliards de fonds publics sans même consulter le parlement. C’est que, pour
garantir les profits des banquiers et les bonus des tops-managers l’argent ne
manque pas ! Par contre, les retraités, eux, devraient accepter de faire
des sacrifices. En réalité, tout le discours à géométrie variable sur les
nécessaires économies est parfaitement démagogique et hypocrite. Il ne réfléte
aucune nécessité d’intérêt général, mais sert des intérêts de classe étroits
d’une toute petite minorité possédante : faire payer le maintien et
l’extension des privilèges des maîtres du capital aux classes populaires. Le
Parti du Travail combat cette politique anti-populaire des représentants
politiques de la classe possédante, et lutte pour une autre politique à la fois
nécessaire et possible : une politique au service des classes populaires
et du progrès social.
Nous estimons
particulièrement scandaleuse la proposition du conseiller fédéral Berset de
réduire le taux de conversion des rentes du deuxième pillier à 6%, ce alors que
72,7% des citoyens suisses, et tous les cantons, ont refusé la baisse à 6,4% en
2010. Mais, à l’évidence, le Conseil fédéral n’a cure de la volonté, pourtant
claire, du peuple souverain, et veut remettre le vol des rentes. Et bien
entendu, dès lors qu’il s’agit d’un acquis social, on entend pas l’UDC, si
scandalisée à chaque fois qu’une de ses initiatives inapplicables n’est pas
immédiatement assorite d’une loi d’application, protester contre ce mépris
flagrant du vote populaire. Le XIXème Congrès du Parti Suisse du
Travail avait annoncé le premier le référendum contre le vol des rentes, alors
que le PSS et les syndicats avaient quelques hésitations. Ce rôle déclancheur
de notre parti a été par la suite oublié, mais nous n’hésiterons pas à le
refaire une deuxième fois.
Tout aussi inacceptables
sont les proposition de réduire le financement de l’AVS à travers le budget
fédéral et d’augmenter la TVA de deux points, de réduire les droits en matière
de retraite flexible ou d’augmenter l’âge de départ à la retraite pour les
femmes. La TVA est une taxe particulièrement injuste, car elle frappe tout le
monde au même taux, indépendemment du revenus, et donc réduit beaucoup le
pouvoir d’achat des classes populaires, tout en étant presque indolore pour les
riches. C’est la raison pour laquelle le Parti du Travail s’était battu contre
l’introduction de la TVA, et se battra contre toute hausse de celle-ci (c’est
aussi la raison pour laquelle les partis bourgeois aiment tellement l’idée de
remplacer l’imposition directe par des taxes).
Le Parti du Travail
s’opposera résolument à toute hausse de l’âge de départ à la retraite sous
quelque forme que ce soit. Nous rejettons l’argument selon lequel il faudrait
travailler plus longtemps du fait de l’augmentation de l’espérance de vie comme
étant totalement mensonger. Bien entendu, la proportion de retraités par
rapport aux actifs a cru depuis l’instauration de l’AVS. Mais la productivité
du travail a cru de manière bien plus importante depuis. Donc, le problème que
soulève la droite n’en est en réalité pas un. En outre, cet argument vaudrait
quelque chose s’il n’y avait pas de chômage et qu’au contraire l’économie
manquait de main-d’œuvre. Or actuellement le chômage est elévé, et beaucoup de
gens ne peuvent pas trouver de travail. Et on voudrait encore augmenter le taux
de chômage en reculant l’âge de départ à la retraite ? Décidément, il faut
être un technocrate néolibéral pour trouver une telle solution cohérente.
En outre, les
propositions de démantèlement de l’AVS sont particulièrement inacceptables
justement parcqu’une véritable solution aux problèmes de rendement du deuxième
pillier ne peut passer que par un renforcement de l’AVS. En 1973 déjà, le Parti
du Travail avait expliqué que le système des trois pilliers serait inefficace
et excessivement cher, que le deuxième pillier, outre qu’il soit fortement
inégalitaire, serait une vaste escroquerie qui ne profiterait qu’au capital
financier disposant librement de l’argent de retraités pour des opérations
spéculatives mais avec lequel aucun retraité ne pourrait avoir la garantie de
ne pas perdre son capital dans les aléas des marchés financiers. Les faits nous
donnent amplement raison aujourd’hui. Il est grand temps, si bien sûr on pense
au bien des retraités plutôt que du capital financier (ce qui visiblement n’est
pas le cas du conseiller fédéral Berset), de mettre en place un système de
retraites par répartition intégrale, de véritables retraites populaires, ce qui
passe nécessairement par un renforcement de l’AVS. L’initiative AVS+ est un indispensable premier pas
dans cette direction, mais ce n’est pas suffisant, et c’est pourquoi le Parti
du Travail réfléchit à une initiative populaire pour une fusion de l’AVS et du
deuxième pillier.
Et dire que c’est un
conseiller fédéral « socialiste » qui organise un démantèlement
programmé des retraites, juste après que sa « camarade » Sommaruga
ait activement contribué à faire passer une révision hautement xénophobe de la
loi sur l’asile ! De quoi pousser le PS à s’interroger sur ses propres
contradictions : à quoi bon être représenté au Conseil fédéral par deux
des siens, si c’est pour qu’ils conduisent une politique que le PS, s’il veut
rester un tant soit peu fidèle à ses principes déclarés, doit combattre ?