Le 23 septembre prochain,
nous serons appelés à nous prononcer sur deux initiatives qui nous concernent
toutes et tous très directement, qui nous touchent dans une sphère pour le
moins fondamentale de notre vie, puisque elles portent sur l’agriculture, sur
notre alimentation. Il s’agit de l’initiative « Pour la souveraineté
alimentaire. L’agriculture nous concerne toutes et tous », lancée par le
syndicat paysan Uniterre, soutenue activement dès le début par le Parti Suisse
du Travail (nous sommes d’ailleurs le seul parti national de ce pays à avoir
ainsi porté cette initiative dès son lancement), et de l’initiative « Pour
des denrées alimentaires saines et produites dans des conditions équitables et
écologiques (initiative pour des aliments équitables) », déposée par les
Verts.
L’initiative d’Uniterre a la
teneur suivante :
« Art. 104c Souveraineté alimentaire
1 Afin de mettre en œuvre la souveraineté
alimentaire, la Confédération favorise une agriculture paysanne indigène
rémunératrice et diversifiée, fournissant des denrées alimentaires saines et
répondant aux attentes sociales et écologiques de la population.
2 Elle veille à ce que l’approvisionnement en denrées alimentaires
indigènes et en aliments indigènes pour animaux soit prépondérant et que leur
production ménage les ressources naturelles.
3 Elle prend des mesures efficaces pour:
a. favoriser l'augmentation du nombre d'actifs dans l'agriculture et la diversité des structures;
b.préserver les surfaces cultivables, notamment les surfaces d'assolement, tant en quantité qu'en qualité;
a. favoriser l'augmentation du nombre d'actifs dans l'agriculture et la diversité des structures;
b.préserver les surfaces cultivables, notamment les surfaces d'assolement, tant en quantité qu'en qualité;
c. garantir
le droit à l’utilisation, à la multiplication, à l’échange et à la
commercialisation des semences par les paysans.
4 Elle proscrit l’emploi dans
l’agriculture des organismes génétiquement modifiés ainsi que des plantes et
des animaux issus des nouvelles technologies de modification ou de
recombinaison non naturelle du génome.
5 Elle assume notamment les tâches suivantes
a. elle
soutient la création d’organisations paysannes qui visent à assurer
l’adéquation entre l’offre des paysans et les besoins de la population;
b. elle
garantit la transparence sur le marché et favorise la détermination de prix
équitables dans chaque filière;
c. elle
renforce les échanges commerciaux directs entre paysans et consommateurs ainsi
que les structures de transformation, de stockage et de commercialisation
régionales
6 Elle porte une attention particulière
aux conditions de travail des salariés agricoles et veille à ce qu’elles soient
harmonisées au niveau fédéral.
7 Pour maintenir et développer la
production indigène, elle prélève des droits de douane sur les produits agricoles
et les denrées alimentaires importés et en régule les volumes d’importation.
8 Pour favoriser une production conforme aux normes sociales et
environnementales suisses, elle prélève des droits de douane sur les produits
agricoles et les denrées alimentaires importés non conformes à ces normes et
peut en interdire l’importation.
9 Elle n’accorde aucune subvention à l’exportation de produits
agricoles et de denrées alimentaires.
10 Elle garantit l’information et la sensibilisation sur les
conditions de production et de transformation des denrées alimentaires
indigènes et importées. Elle peut fixer des normes de qualité indépendamment
des normes internationales.
Art. 197, ch. 12
12. Disposition transitoire ad art. 104c (Souveraineté
alimentaire)
Le Conseil fédéral soumet
les dispositions légales nécessaires à l’exécution de l’art. 104c à l’Assemblée fédérale au plus tard deux ans
après l’acceptation de cet article par le peuple et les cantons. »
Celle des Verts se présente
comme suit :
« Art. 104a Denrées
alimentaires
1 La Confédération renforce l’offre de denrées alimentaires sûres, de bonne
qualité et produites dans le respect de l’environnement, des ressources et des
animaux, ainsi que dans des conditions de travail équitables. Elle fixe les exigences
applicables à la production et à la transformation.
2. Elle fait en sorte que les produits agricoles importés utilisés comme denrées alimentaires répondent en règle générale au moins aux exigences de l'al. 1; elle vise à atteindre cet objectif pour les denrées alimentaires ayant un degré de transformation plus élevé, les denrées alimentaires composées et les aliments pour animaux. Elle privilégie les produits importés issus du commerce équitable et d'exploitations paysannes cultivant le sol.
3. Elle veille à la réduction des incidences négatives du transport et de l'entreposage des denrées alimentaires et des aliments pour animaux sur l'environnement et le climat.
2. Elle fait en sorte que les produits agricoles importés utilisés comme denrées alimentaires répondent en règle générale au moins aux exigences de l'al. 1; elle vise à atteindre cet objectif pour les denrées alimentaires ayant un degré de transformation plus élevé, les denrées alimentaires composées et les aliments pour animaux. Elle privilégie les produits importés issus du commerce équitable et d'exploitations paysannes cultivant le sol.
3. Elle veille à la réduction des incidences négatives du transport et de l'entreposage des denrées alimentaires et des aliments pour animaux sur l'environnement et le climat.
4 Ses compétences et ses tâches sont notamment les suivantes :
- a) elle légifère sur la mise sur le marché des denrées alimentaires et des aliments pour animaux ainsi que sur la déclaration de leurs modes de production et de transformation;
- b) elle peut réglementer l'attribution de contingents tarifaires et moduler les droits à l'importation;
- c) elle peut conclure des conventions d'objectifs contraignantes avec le secteur des denrées alimentaires, notamment avec les importateurs et le commerce de détail;
- d) elle encourage la transformation et la commercialisation de denrées alimentaires issues de la production régionale et saisonnière;
- e) elle prend des mesures pour endiguer le gaspillage des denrées alimentaires
5 Le Conseil fédéral fixe des objectifs à moyen et à long termes et rend compte régulièrement de l'état de leur réalisation. Si ces objectifs ne sont pas atteints, il prend des mesures supplémentaires ou renforce celles qui ont été prises.
Art. 197, ch. 12
12. Disposition transitoire ad art. 104a (Denrées alimentaires)
Si aucune loi d’application n’entre en vigueur dans les trois ans après
l’acceptation de l’art. 104a par le peuple et les cantons, le
Conseil fédéral édicte les dispositions d’exécution par voie
d’ordonnance. »
Une question cruciale
Ces deux initiatives posent, d’une façon assez convergente, des questions
cruciales, vitale pour l’avenir de l’humanité : quelle type d’agriculture
voulons-nous ? Une agriculture paysanne et locale ou celle des
multinationales du complexe agro-alimentaire ? Pour produire quel type
d’alimentation : une alimentation saine et et de qualité, ou bien de
l’alimentation industrielle à base d’OGM à l’huile de palme ? Et surtout,
qui doit en décider : le peuple souverain ou bien le marché et les multinationales ?
Cet enjeu est bien compris, tant par les initiants que par les opposants.
De fait, Uniterre et le Parti Suisse du Travail, mais aussi les Verts,
s’opposent clairement au libre-échange et à ses effets dévastateurs. En
revanche, le Conseil fédéral, la droite suisse en son ensemble, ainsi que les
milieux patronaux combattent clairement les deux initiatives soumises au peuple
le 23 septembre. Il est intéressant de lire la brochure d’information rédigée
par le Conseil fédéral et envoyée à tous les citoyens avec leur matériel de
vote. Au fond, le Conseil fédéral dit être d’accord avec les objectifs de
l’initiative des Verts, mais que celle-ci n’est pas nécessaire dans la mesure
où ce que celle-ci demande est déjà le cas (grosse incohérence logique :
alors pourquoi combat-il une initiative qui ne devrait pas lui poser problème,
dans la mesure ou ce qu’elle demande est déjà réalisé ? Il faut bien
croire que ce n’est pas le cas, et que son inscription dans la constitution
toucherait à bien des intérêts actuellement privilégiés). Il est en revanche
totalement opposé à l’initiative d’Uniterre. Ce qu’il reproche aux deux
initiatives, c’est au fond de rendre plus difficile la conclusion d’accords de
libre-échange, de remettre en cause l’adaptation de l’agriculture suisse au
marché. On y est, là est la politique agricole, la seule prônée par la majorité
de droite au pouvoir dans notre pays : le libre-échange et le marché.
Pourtant, à terme, et pas si lointain que cela, cette politique est tout
simplement dévastatrice pour tout le monde, hormis pour les surprofits que
quelques grosses entreprises de l’agro-alimentaire. Nous recommandons moins la
page Facebook d’économiesuisse, hypocritement intitulée « Dimanche, on
vote » (économiesuisse n’est donc pas si fière que cela d’afficher son
nom, ou sait d’avance que tout ce qu’elle raconte serait discréditée d’avance
si elle avouait que cela vient d’elle, qui ne défend que des intérêts
particuliers étroits, jamais l’intérêt général), truffée de mensonges grossiers
et de fake news. Le combat est en effet crucial, et nos adversaires l’ont bien compris.
Dévastation de l’agriculture capitaliste
Pour citer un passage célèbre du
Livre 1 du Capital de Karl Marx : « Tout progrès dans l’agriculture
capitaliste est non seulement un progrès dans l’art de piller les travailleurs,
mais aussi dans l’art de piller le sol ; tout progrès dans l’accroissement
de sa fertilité pour un laps de temps donné est en même temps un progrès de la
ruine des sources durables de cette fertilité. Plus un pays, comme par exemple
les Etats-Unis d’Amérique part de la grande industrie comme arrière-plan de son
développement, et plus ce processus de destruction est rapide. Si bien que la
production capitaliste ne développe la technique et la combinaison du procès de
production sociale qu’en ruinant dans le même temps les sources vives de toute
richesse : la terre et le travailleur. »
Ces propos de Marx n’ont jamais
été aussi vrais qu’aujourd’hui, où ladite agriculture capitaliste –
personnifiée par quelques multinationales qui concentrent entre leurs mains la partie
essentielle du secteur – dominent ce marché, et contrôlent également une part
léonine des terres cultivables sur la planète. Les effets de cette agriculture
capitaliste sont bien connus : latifundia tentaculaires, monocultures
commerciales à perte de vue, abus de pesticides et d’engrais chimiques qui
empoisonnent les êtres humains et les sols, ruine des millions de petits
paysans, détruit des écosystèmes irremplaçables et des nappes phréatiques,
amène pollution, déforestation et désertification sur son passage, impose un
peu partout des produits OGM, de la viande aux hormones, des poulets au chlore,
des produits industriels tout-prêts à l’huile de palme et aux arômes
artificiels…
Cette agriculture industrielle
est-elle seulement si efficace que ces promoteurs le prétendent ? Pas tant
que cela, en fait. Nous nous référons ici à Hold-up
sur le climat, comment le système alimentaire est responsable du changement
climatique et ce que nous pouvons faire, publié par GRAIN le CETIM en 2016, qui démontre,
chiffres à l’appui que le petites exploitations paysannes, qui détiennent moins
d’un quart des terres cultivées sur la planète, se montrent néanmoins plus
efficaces que l’agriculture industrielle, dans la mesure où elles produisent de
nos jours encore la plus grande part des aliments consommés sur la planète,
jusqu’à 80% dans les pays non-industrialisés. Les grandes exploitations, elles
sont surtout efficaces pour remplir leur objectif direct : produire des
profits, pas des aliments. Elles produisent surtout des monocultures (et en
grande partie ces cinq cultures seulement : huile de palme, colza, soja,
maïs, canne à sucre), des cultures fourragères ou des biocarburants (pour la
production desquels des millions d’hectares de forêts sont sacrifiés, des
terres qui servaient à produire des cultures vivrières expropriées, provoquant
souvent de véritables famines), ont recours à modèle de production visant
surtout les économies d’échelle, et pas la productivité : minimum de main
d’œuvre, maximum de produits chimiques, gaspillages colossaux. Par leur gaspillage,
par le transport irraisonnable de produits alimentaires d’un bout de la planète
à l’autre, par l’abus d’engrais chimiques et de pesticides, par la transformation
industrielle d’aliments et l’usage massif d’emballage, le secteur
agro-alimentaire capitaliste contribuerait jusqu’à 57% de l’émission annuelle
des gaz à effet de serre.
Pour ne donner qu’un exemple des
méfaits dudit secteur agroalimentaire capitaliste, récemment un tribunal
étatsunien a reconnu la justesse des prétentions d’un jardinier qui souffre
d’une leucémie ne lui laissant que deux ans d’espérance de vie, due à l’usage
du produit phare de Monsanto, le glyphosate (contenu dans son herbicide le plus
vendu, le Rondup), et a condamné l’entreprise Bayer, qui avait racheté Monsanto
peu avant, à payer des dommages et intérêts à plus 200 millions de dollars.
Bayer, qui a fait disparaître le nom de Monsanto dès son rachat (un tel nom
n’est devenu que trop justement impossible à porter), conteste les prétention
du jardinier et prétend effrontément qu’aucune preuve n’existe des dangers du
glyphosate. Pourtant ses victimes sont légion un peu partout sur la planète.
Rappelons que Bayer est une entreprise allemande, celle-là même qui produisait
le Zyklon B sous le Troisième Reich, et qui n’a même pas vu l’utilité de
changer de nom après 1945. Allons nous laisser continuer les héritiers des
fabricants du Zyklon B nous empoisonner ainsi qu’à transformer notre planète en
désert toxique pour continuer à servir des dividendes records à leurs
actionnaires ? Ou bien allons nous imposer une autre voie ? C’est la
question qui nous est posée le 23 septembre. Mais nous avons parlé en termes
globaux pour l’instant. Qu’en est-il dans notre pays ?
La
situation en Suisse
Une certaine mythologie
conservatrice se plaît parfois encore à représenter notre pays comme un pays de
paysans, dont le bon sens et l’attachement à la terre et aux traditions
seraient les garants de la liberté de notre peuple. Mais la réalité est très
éloignée de cette vision passéiste. En réalité, la Suisse compte aujourd’hui
très peu de paysans, et leurs intérêts sont en pratique très mal défendus. De
fait, leur nombre baisse de jour en jour, au sens le plus littéral du terme.
Chaque jour en Suisse, trois fermes mettent la clé sous la porte, n’arrivant
plus à rentrer dans leurs frais ni à faire face à leurs dettes. Combien
d’autres exploitations peinent à joindre les deux bouts. Pendant ce temps, la
concentration des terres aux mains des grands domaines progresse, lentement
mais sûrement.
C’est que la droite au pouvoir
dans ce pays n’a d’autre politique agricole que celle du libre-marché, du
libre-échange. Le seul objectif du Conseil fédéral, c’est de conclure des
accords de libre-échange. Or lesdits accords, qui sont en vérité des accords de
protection des investissements et de dérégulation sociale et environnementale,
n’avantagent en réalité que les multinationales, notamment les multinationales
de l’agroalimentaire et leurs monocultures d’exportation et produits frelatés à
l’huile de palme et aux substances chimiques. Ecrasés entre cette concurrence
déloyale, et les marges surévaluées pratiquées par la grande distribution,
doublées de prix d’achats insuffisants pour les paysans (méthodes face
auxquelles la Confédération ne fait rien non plus), les paysans de notre pays,
surtout les petits paysans, peinent à tenir. Les deux initiatives sur
lesquelles nous devrons voter ce 23 septembre visent à combattre cette
situation.
Les opposants affirment qu’en
cas de OUI, le choix va baisser et les prix augmenter. C’est grossièrement faux
et mensonger. Encourager la diversité de l’offre, c’est au contraire le but des
deux initiatives. Leur application empêcherait effectivement que les
producteurs locaux se retrouvent évincés du marché par les produits bas de
gamme des multinationales. C’est en cas de NON que la diversité de l’offre
risquerait de drastiquement baisser. Avec un marché uniquement pourvu de
produits industriels, la diversité (ils sont forcément standardisés) et la
qualité en pâtiraient drastiquement. Et ils ne seraient alors pas forcément
moins chers. Ce ne serait en tout cas pas dans l’intérêt des travailleurs de
notre pays.
Dans le communiqué de presse
de la Coalition sur l’huile de palme, daté du 5 septembre 2018, on peut
lire : « Par 4 voix contre 3, la commission de politique extérieure
du Conseil des États a rejeté lundi la motion Grin qui demande une exclusion de
l’huile de palme de l’accord de libre-échange avec la Malaisie. En parallèle,
elle soutient une motion insignifiante publiée aujourd’hui par la commission,
qui permet une augmentation des importations d’huile de palme – avec ses
conséquences désastreuses pour la forêt tropicale et pour les droits humains
des familles d’agriculteurs en Malaisie et en Indonésie, ainsi qu’en
Suisse.
« Rejeter
la motion Grin est une erreur. Rien ne sera donc fait pour s’opposer à la
destruction des forêts tropicales et à l’accaparement des terres »,
regrette Johanna Michel, du Bruno Manser Fonds. Selon Beat Röösli, de l’Union
suisse des paysans : « Les agriculteurs suisses sont inquiets de la
baisse alarmante du prix de l’huile de colza. La réduction des droits de douane
sur l’huile de palme est une mauvaise incitation. » « Demandez autour
de vous : aucun consommateur ne souhaite trouver davantage d’huile de
palme dans son assiette », souligne Laurianne Altwegg, de la Fédération
romande des consommateurs. »
C’est
contre cela que nous avons besoin de l’initiative sur la souveraineté
alimentaire !
Enfin, l’initiative d’Uniterre
prévoit une attention particulière pour les conditions de travail des ouvriers
agricoles, et leur harmonisation au niveau fédéral. C’est un combat essentiel,
quand on sait que, pour les ouvriers agricoles, la semaine de travail est de 66
heures dans le canton d’Uri !
Un enjeu
crucial pour le Parti du Travail
Il convient en cette occasion de
citer le regretté Samir Amin, dont le récent décès nous a beaucoup attristé.
Avec lui, c’est un phare de la pensée marxiste (encore un autre hélas) qui
disparaît. Il est d’autant plus important de ce fait de préserver et de faire
vivre son héritage théorique. Pour citer Samir Amin donc : « La
question agraire est au cœur des problèmes à résoudre ; sa solution est le
principal enjeu de la question nationale. L’option capitaliste fondée sur
l’appropriation privée de la terre par une minorité, à l’exclusion des autres,
s’inspire du modèle historique de l’Europe. Mais cette voie n’a été possible en
Europe que grâce aux possibilités offertes par l’émigration massive des
populations rurales exclues. Le capitalisme ne peut résoudre de la même manière
le problème paysan dans les périphéries – dont les ruraux constituent encore
près de la moitié de la population mondiale. Pour réussir par la « voie
européenne », le Sud contemporain aurait besoin de cinq Amériques pour son
émigration ! Il n’y a donc pas d’autre alternative que la voie paysanne
fondée sur l’accès à la terre pour tous. Les possibilités de progrès offertes
par la voie paysanne sont en réalité potentiellement plus grandes que celles
associées au modèle capitaliste historique. Car, si le taux de croissance de la
productivité d’exploitations agricoles capitalistes modernes, – en nombre limité – devait être reparti
entre les millions de paysans exclus et rendus aujourd’hui
« inutiles », il se révélerait bien plus modeste qu’il ne paraît. Le
système paysan tel qu’inscrit dans le cadre d’un développement
d’ « orientation socialiste », pour reprendre les formules
chinoise et vietnamienne, s’affirme supérieur aux autres. Il constitue par
ailleurs l’unique garant permettant de maintenir la solidarité de la
construction nationale. A la « révolution agraire » (capitaliste,
anti-paysanne) s’oppose la « révolution paysanne » (potentiellement
socialiste) » (Samir Amin, La
souveraineté au service des peuples, CETIM, Genève, 2017).
L’initiative d’Uniterre, et dans
une certaine mesure celle des Verts, représentent un pas en avant réel dans
cette lutte. Certes leur adoption ne signifierait pas la victoire, et leur
application elle-même serait contrariée de mille façons par la bourgeoisie
suisse, mais ce serait néanmoins une victoire d’étape majeure et décisive.
C’est pourquoi, c’est un 2X OUI résolu qui s’impose !