01 janvier 2007

Epitaphe pour Saddam Hussein

Saddam Hussein avant son procès, le 1er juillet 2004


Le matin de samedi 30 décembre 2006, l'ex-raïs iraquien Saddam Hussein fut pendu par les autorités collaborationnistes locales à la solde des Etats-Unis. Il avait été condamné pour crimes contre l'humanité. Il faut admettre que ces accusations sont fondées. Hussein avait été un tyran, qui massacrait ses opposants, réprimait dans le sang toute tentative de rébellion et persécutait impitoyablement la minorité kurde, à cause de ses tendances indépendantistes. Persécutions qui causèrent des centaines de milliers de victimes, certains avaient parlé de génocide. Il est vrai que ces massacres eurent lieu dans un contexte de guerre civile, et les indépendantistes kurdes, aussi, firent couler beaucoup de sang; mais ces circonstances ne justifient pas les méthodes tyranniques employées par le régime. L'ex-dictateur se lança également dans des guerres impérialistes hasardeuses, qui se révélèrent désastreuses pour son pays.
Néanmoins, par souci de vérité, il est est nécessaire de nuancer le bilan de Saddam Hussein. Si son règne fut synonyme de répression, il avait aussi des éléments positifs. Ainsi, l'ex-président apporta à son pays une certaines prospérité économique, une industrialisation massive et un niveau de vie parmi les plus élevés du monde arabe. L'Iraq connut également d'importants progrès sociaux et une quasi-disparition de l'analphabétisme. Mais, malgré tous ces acquis, Saddam Hussein serait certainement entré dans l'histoire en tant que détestable tyran sanguinaire, l'équivalent iraqien de Staline, s'il n'y avait eu l'invasion américaine. Paradoxalement, malgré tant de crimes atroces; la détermination de l'ex-raïs à défendre la souveraineté de son pays (il n'a jamais accepté d'obéir à Washington), la dignité dont il a fait preuve durant son "procès", et sa sérénité lors de la mort lui apportèrent du respect, et même, parfois, de la compassion.
Bush prétendait, et ose encore prétendre, qu'il a apporté la démocratie à l'Iraq. Mais à quoi ressemble seulement le pays après l'invasion américaine? L'Iraq d'aujourd'hui possède, en vérité, tous les défauts du régime de Saddam Hussein, ses avantages en moins. Et la situation effective est même pire: le pays vit une véritable guerre civile entre Sunnites, Chiites et Kurdes; des attentats sanglants ont lieu chaque jour. Et pendant ce temps, les armées de la coalition pro-américaine terrorisent la population, traitent les habitants sans le moindre respect; et bien évidemment ne font pas le moindre effort pour essayer de rétablir l'ordre; seule leur propre sécurité les préoccupe. Les "autorités nationales iraqiennes" ne sont qu'un insignifiant décor, marionnette destinée seulement à ne pas avouer trop ouvertement le contrôle total du pays par les Etats-Unis. Saddam Hussein avait d'ailleurs très justement refusé de reconnaître l'autorité juridique du tribunal devant lequel il passait. Comment, en effet ce tribunal pourrait avoir autorité judiciaire, ne faisant qu'exécuter une commande politique de Washington!
Et d'ailleurs, si Saddam Hussein avait été un tyran sanguinaire, il était loin d'être le seul, ni même une exception en cette fin de millénaire. Le gouvernement soudanais de Khartoum, par exemple, n'a pas hésité à faire mourir de faim certaines régions de son pays (par exemple le Darfour) et de procéder à un massacre systématique de leurs populations, pour motifs religieux et ethniques; ... sans jamais encourir la colère de Washington! En effet, que les Etats-Unis défendent la démocratie, ou quelque valeur que ce soit; si ce n'est les intérêts du grand capital. En effet ce pays est le bastion du capitalisme et le grand empire des multinationales. Où pourrait-on encore trouver une république où tous les pouvoirs sont monopolisés par deux partis de droite, richements soutenus par les grandes entreprises, sans la moindre force d'opposition véritable, sans vrais débats idéologiques et où la politique est souvent réduite en un simple spectacle commercial.
Ainsi donc la grande bourgeoisie est toute-puissante aux Etats-Unis, et toute la politique américaine est uniquement destinée à défendre les intérêts mercantiles des multinationales. Et l'unique enjeux de la guerre du Golfe avait pour unique enjeux le pétrole iraqien, qui intéressait les grandes compagnies pétrolières américaines, dont ... la famille Bush, grands magnats financiers, actifs dans le pétrole.
source utilisée (dont pour l'image): http://fr.wikipedia.org

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