Pour dénigrer tout projet politique de gauche, la pensée dominante néolibérale se fonde généralement sur l’argument de la liberté individuelle, qui est sensée être celle du citoyen de notre société occidentale postmoderne, la société de consommation. Cet argument est un mensonge idéologique éhonté, mais dont l’influence est grande sur les esprits. Aussi vais-je m’essayer d’y apporter une objection imparable. Pour ce faire, il faut se poser une question toute simple : qu’est que la liberté individuelle, et par corollaire qu’est que l’être humain, selon la pensée néolibérale. La réponse est tout aussi simple et ruine tous les beaux discours des maîtres du monde sur la liberté. L’homme de la société de consommation n’est plus ni un être fait un l’image de Dieu, ni le citoyen responsable et dévoué à la cause de la cité, mais le travailleur et le consommateur, soit un simple facteur économique, exactement semblable qualitativement à la machine ou au dollar. L’homme est considéré comme privé de volonté et de libre arbitre authentique, on en est loin de la liberté selon Sartre. Pour la doxa néolibérale, être rationnel c’est agir uniquement en fonction de besoins matériels et déterministes, de s’adapter aux exigences du marché (accepter des baisses de salaires quand la conjoncture est mauvaise, consommer plus pour relancer la croissance), soit n’être qu’une machine à produire et à consommer.
Pour comprendre cette société délirante la lecture de deux classiques incontournables s’impose : « Le meilleur des mondes », célèbre roman d’Aldous Huxley, et « La société de consommation » de Jean Baudrillard, analyse remarquable écrite en 1970, mais douloureusement d’actualité. Pour résumer, Jean Baudrillard s’interroge sur la nature de la consommation. Il affirme qu’elle n’est pas le résultat de besoins objectifs de l’homme isolé, ce qui n’aurait strictement aucun sens. Au contraire, la consommation est un comportement de l’homme social, le résultat de ce que les économistes appellent besoins de civilisation, soit ceux étant la norme sociale d’une société donnée. Les objets ne sont donc pas désirés pour leur valeur d’usage première (car quelle utilité auraient les objets décoratifs de prestige pour un homme seul), mais en tant que porteurs de codes, de signes d’un statut social particulier, d’appartenance à sa propre classe sociale si elle est considérée comme parfaite, ou d’aspiration à un statut supérieur.
Cela a toujours existé, mais la société de consommation va plus loin. Elle a crée des possibilités infinies de différenciation, non seulement par le statut financier, mais par toute sorte de codes exprimant goûts, intérêts, etc. L’exemple le plus typique en est la consommation différenciée des divers clans d’adolescents. Il s’agit-là de pures combinaisons de marchandises. Alors pourquoi exprimer les différences exclusivement par les choix de consommation ? Comment expliquer les phrases absurdes telles que : grâce au produit x, je suis plus que jamais moi-même. Car pouvais-je être moins moi-même avant de l’avoir acheté ? A ces questions Jean Baudrillard livre une réponse admirablement claire : « Ce que dit toute cette rhétorique, qui se débat dans l’impossibilité de le dire, c’est précisément qu’il n’y a personne. La « personne » en valeur absolue, avec ses traits irréductibles et son poids spécifique, telle que toute la tradition occidentale l’a forgée comme mythe organisateur du Sujet, avec ses passions, sa volonté, son caractère ou… sa banalité, cette personne absente, balayée de notre univers fonctionnel. Et c’est cette personne absente qui va se « personnaliser ». »
Voila qui bat en brèche tous les beaux discours des chantres du néolibéralisme sur la liberté. La société de consommation est synonyme d’aliénation totale de l’homme. Le socialisme, au contraire, se fonde sur un humanisme authentique car il a pour but, comme le disait admirablement Marx, la « reconquête totale de l’homme », pour une société « où le libre développement de chacun est la condition du libre développement de tous ».
Pour comprendre cette société délirante la lecture de deux classiques incontournables s’impose : « Le meilleur des mondes », célèbre roman d’Aldous Huxley, et « La société de consommation » de Jean Baudrillard, analyse remarquable écrite en 1970, mais douloureusement d’actualité. Pour résumer, Jean Baudrillard s’interroge sur la nature de la consommation. Il affirme qu’elle n’est pas le résultat de besoins objectifs de l’homme isolé, ce qui n’aurait strictement aucun sens. Au contraire, la consommation est un comportement de l’homme social, le résultat de ce que les économistes appellent besoins de civilisation, soit ceux étant la norme sociale d’une société donnée. Les objets ne sont donc pas désirés pour leur valeur d’usage première (car quelle utilité auraient les objets décoratifs de prestige pour un homme seul), mais en tant que porteurs de codes, de signes d’un statut social particulier, d’appartenance à sa propre classe sociale si elle est considérée comme parfaite, ou d’aspiration à un statut supérieur.
Cela a toujours existé, mais la société de consommation va plus loin. Elle a crée des possibilités infinies de différenciation, non seulement par le statut financier, mais par toute sorte de codes exprimant goûts, intérêts, etc. L’exemple le plus typique en est la consommation différenciée des divers clans d’adolescents. Il s’agit-là de pures combinaisons de marchandises. Alors pourquoi exprimer les différences exclusivement par les choix de consommation ? Comment expliquer les phrases absurdes telles que : grâce au produit x, je suis plus que jamais moi-même. Car pouvais-je être moins moi-même avant de l’avoir acheté ? A ces questions Jean Baudrillard livre une réponse admirablement claire : « Ce que dit toute cette rhétorique, qui se débat dans l’impossibilité de le dire, c’est précisément qu’il n’y a personne. La « personne » en valeur absolue, avec ses traits irréductibles et son poids spécifique, telle que toute la tradition occidentale l’a forgée comme mythe organisateur du Sujet, avec ses passions, sa volonté, son caractère ou… sa banalité, cette personne absente, balayée de notre univers fonctionnel. Et c’est cette personne absente qui va se « personnaliser ». »
Voila qui bat en brèche tous les beaux discours des chantres du néolibéralisme sur la liberté. La société de consommation est synonyme d’aliénation totale de l’homme. Le socialisme, au contraire, se fonde sur un humanisme authentique car il a pour but, comme le disait admirablement Marx, la « reconquête totale de l’homme », pour une société « où le libre développement de chacun est la condition du libre développement de tous ».
Intéressant comme analyse. Je reste quand même un peu perplexe sur la conclusion :
RépondreSupprimer"La société de consommation est synonyme d’aliénation totale de l’homme. Le socialisme, au contraire, se fonde sur un humanisme authentique car il a pour but, comme le disait admirablement Marx, la « reconquête totale de l’homme », pour une société « où le libre développement de chacun est la condition du libre développement de tous ».
Aliénation totale de l'homme ? Les mots sont très durs. Un peu trop à mon goût. A t'entendre toute la population a été lobotomisée et ne fonctionne plus que sur le mode "j'achète donc je suis". C'est un peu court. Où classer les gens qui vivent pour des causes (par ex. les humanitaires), des passions (par ex. les artistes), ou pour la Foi (les croyants) ?
Même si toutes ces personnes vivent dans un système capitaliste et libéral leurs identités ne sont pas pour autant broyées par le système que je sache ? Il semblerait donc que le système permet encore une certaine liberté d'agir, de penser, de vivre selon notre propre volonté...
On pourrait encore longuement s'étendre sur ce point mais je ne veux pas faire trop long. Venons en à la fin de la conclusion.
Le socialisme est décrit par Marx comme une sorte de Saint Graal qui, si il est parfaitement réalisé, permettra à l'humanité de vivre dans un "happy world où tout le monde il est heureux."
Je ne nie pas les bienfaits du socialisme. Assurément il a contribué soulagé les plus pauvres, à protéger les démunis, etc.
Mais ériger le socialisme en solution ultime est quelque chose qui me gêne profondément.
Le socialisme souffre du même mal que le libéralisme : il y a un problème d'ingrédient.
Je m'explique : sur le papier tant le socialisme que le libéralisme semblent très prometteurs. En pratique c'est tout autre chose, ça foire toujours. Pourquoi ? Car le problème c'est l'Homme.
L'Homme par ses pulsions, ses désirs, est l'ingrédient magique, mais tellement instable, qui fait s'écrouler les plus belles idées, les théories les plus savamment imaginées.
Ce constat étant fait il ne reste plus qu'à jeter un coup d'œil à l'Histoire pour réaliser que chaque fois qu'une idéologie politique radicale a voulu être appliquée cela a systématiquement foiré avec pour conséquence bien des pleurs et bien des souffrances pour les populations touchées par ces politiciens dogmatiques.
Je pense que ni le socialisme ni le libéralisme parfaitement réalisé ne soit la solution ultime et parfaite. Tout les deux possèdent du bon et du mauvais et la meilleure voie pour la société est probablement quelque part au milieu, faite de respect et d'attention aux sensibilités de chacun.
Je vais m'arrêter là mais maintenant permet moi d'ajouter une courte réflexion personnelle :
Qu'est ce qu'être libre ? Etre libre, c'est être libre de toute crainte, de toute peur. Quelles sont les peurs des Hommes ? Je crois qu'on peut toute les ranger dans 3 grandes catégories : la peur de la mort, la peur de ne pas être aimé et la peur de manquer de quoi avoir suffisamment pour vivre.
Ces trois peurs effacées je pense que l'Homme accède au Bonheur, but ultime de toute existence.
Selon moi seul Dieu peut toucher LE COEUR de l'Homme et le délivrer de toutes ces peurs.
Aussi longtemps que ces peurs subsistent alors le cœur de l'Homme cherchera toujours à combler ses peurs par des biens matériels, par un désir de reconnaissance, par un désir de dominer l'autre, de posséder à tout prix, etc.
Egoïsme, colère, mépris, superficialité, arrogance, dépendances, ne sont que des conséquences de ce problème.
Et que l'on soit dans une société où règne le libéralisme ou le socialisme n'y changera rien.
C'est là ce que je crois.
Jon
En effet, la conclusion est peut-être un peu trop affirmative, mais cet article fut écrit pour le journal du PdT, il devait donc être court et clair, ce qui le rendait nécessairement polémique. Je ne considère pas le socialisme comme un "Saint-Graal", il n'est pas censé devenir une société parfaite et donc statique. D'ailleurs Marx, à la différence de Lénine, ne définissait pas le communisme comme le paradis achevé mais comme un "Mouvement réel", donc société libre et dont l'évolution continue. Je ne suis ni partisan du système soviétique ni athée (orthodoxe de par ma famille). J'admets qu la liberté ultime ne peut être obtnue qu'à travers Dieu. Mais il ne faut pas oublier que pour pouvoir être libre de la peur de la mort et de la peur de ne pas être aimé, il faut d'abord être libre de la peur de manquer de choses matérielles et pouvoir mener une réflexion libre sur les questions métaphysiques. Or cela ne peut être atteint que dans une société qui satisfait équitablement les besoins de chacun et offre à ces membres l'émancipation d'un déterminisme aliéné et aliénant de l'économie capitaliste. Ce que j'ai voulu entendre par "aliénation totale" n'est aliénation totale en acte, mais en puissance. Il ne faut pas négliger la prétention totalitaire de la dictature de l'oligarchie capitaliste. La liberté des catégories que tu cites n'est que le symptome de faiblesse d'un système qui se veut totalitaire sans pouvoir l'être réelement. Il est clair que sans liberté effective la religion n'est qu'un palliatif à l'aliénation d'ici-bas, elle tend donc généralament à devenir superstion sans aucun potentiel salvateur (souvent destinée d'ailleurs à justifier l'exploitation de classe, elle deevient alors simple agit-prop). Pour être capable de réflexion personnelle sur la question religieuse, il faudrait par exemple lire "Métaphysique " d'Aristote. Mais il serait vain d'espérer que les gens le fassent quand les médias dominants leurs disent que ce qui les intéresse, c'est les pages people. Pour que la population ait les moyens et l'intérêt pour une réflexion phlosophique et métaphysique véritable, il est préalablement nécessaire qu'elle vive dans une société qui leur offre la liberté de pensée véritable affranchie d'une doxa imposée par la propagande, or une telle société ne peut qu'être débarassée de la domination de classe, donc socialiste.
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