12 novembre 2008

Retour vers le futur

Dans les pages du Gauchebdo de la semaine dernière traitant du 19e congrès national du PST il est maintes fois fait mention de la ligne « orthodoxe » du Parti. Sur cette ligne, qui est tout de même celle d’environ deux tiers des délégués, circule bon nombre de jugements partiels, d’appréciations inexactes, ainsi que de critiques au contenu douteux de la part du camarade Jean-Baptiste Blanc. Néanmoins, aucun représentant de la ligne « orthodoxe » n’était invité à expliquer la position de sa tendance, qui est pourtant largement majoritaire au sein du Parti. Ayant été un des porte-paroles de la ligne « orthodoxe » au congrès, je vais faire ce travail qui, je l’espère, permettra de lever un certain nombre de malentendus.

De l’usage du terme « orthodoxe »

La tendance majoritaire du Parti a été qualifiée par notre camarade Jean-Baptiste Blanc d’ « orthodoxe ». Toutefois l’usage de ce terme est discutable et susceptible d’induire en erreur. Alors sommes-nous des « orthodoxes » ? Oui et non ! Si ce qualificatif désigne une fidélité inconditionnelle aux principes du communisme, alors la réponse est oui sans hésiter. Néanmoins, le terme « orthodoxe » est à l’origine lié à l’Eglise d’Orient qui prit cette étiquette pour affirmer sa fidélité au dogme. Et par là, en faire usage pour parler de la tendance majoritaire du PST est pernicieux : il sous-entend ainsi que la majorité des militants du PST seraient en fait des dogmatiques, pour ne pas dire des staliniens. Or le marxisme-léninisme n’est précisément pas un dogme ! Au contraire, c’est une pensée vivante, ouverte, et continuellement novatrice. C’est pourquoi, il est préférable de parler de ligne marxiste-léniniste plutôt que de ligne « orthodoxe »

Qu’est-ce que pour nous le communisme ?

Concernant la volonté de l’écrasante majorité des délégués de renforcer l’identité communiste du PST, il est à maints endroits sous-entendu que le terme « communisme » soit flou, voire incompris par ces délégués. Or c’est faux ! La ligne marxiste-léniniste du PST comprend les concepts qu’elle utilise. Les articles résumant les débats du congrès citent certes souvent les intervenants au congrès, mais aucune de ces citations ne contient les références idéologiques utilisées par les délégués de la tendance majoritaire, qui auraient pourtant été éclairantes. Il est certes fait mention des expériences socialistes d’Amérique latine qui sont intéressantes et porteuses d’espoir pour la renaissance du mouvement communiste international. Néanmoins, les communistes du PST n’ont pas que ces expériences en cours comme référence, nous avons aussi et surtout une base idéologique qui est précisément le marxisme-léninisme. Le terme « communisme » n’a rien de flou, il signifie aujourd’hui avant tout la réalisation concrète du projet du Manifeste du Parti communiste dans les conditions du XXIe siècle. Et cela a été dit ! A titre d’exemple, j’avais dit au congrès : « la modernité c’est Marx et Lénine », et défini comme but « l’instauration d’une république populaire » et « le passage à une économie planifiée » ; citations qui annoncent bien la couleur et qui auraient permis à tous les lecteurs du Gauchebdo de comprendre ce que nous entendons par communisme. Sans doute nombres de points concrets de notre projet communiste restent à approfondir, mais cela ne signifie nullement que nous ne sachions pas quelle société nous voulons construire.
Du rejet des résolutions vaudoise et jurassienne

Pour expliquer le rejet de la résolution vaudoise par la quasi-totalité des délégués non-vaudois, notre camarade Jean-Baptiste sort ce qu’il affirme être les deux objections principales, et une argumentation sophistique. Car il passe sous silence ce qui est tout simplement LA raison fondamentale du rejet de la résolution vaudoise, et de même de la jurassienne. La question n’est pas de savoir si une fusion de tout ce qui peut y avoir à la gauche du PSS est possible et/ou efficace. C’est que l’idée même est incompatible avec le rôle de notre Parti ! Car nous sommes, ou du moins devons être, un Parti de classe, ayant le marxisme-léninisme comme base idéologique et la construction d’une société communiste comme but final. Fusionner avec tous les mouvements à la gauche du PSS nous aurait conduits à nous dissoudre dans un parti auberge-espagnole, sans ligne claire, avec l’opposition à la droite comme seule base idéologique. De plus, vus la faible importance des forces de la « gauche combative » en Suisse, le parti unifié ainsi crée aurait tout de même été plus que petit. Remplacer un Parti communiste faible mais détenteur d’un projet porteur d’avenir par un groupuscule social-démocrate de gauche : brillante vision politique !
Pourquoi nous appeler Parti communiste ?

Un changement de nom est la suite logique du renforcement de l’identité communiste du Parti. Certes, comme l’a dit Jean-Baptiste Blanc, « la nécessité de nommer à tout prix le parti de la classe ouvrière « communiste » n’est pas un principe du marxisme-léninisme ». Néanmoins, « les victoires idéologiques précédent toujours les victoires politiques » (Antonio Gramsci) ; et pour la dure lutte idéologique que nous devons mener, une clarification de notre identité n’est pas de trop. Citer le climat anticommuniste qui nous entoure pour refuser ce changement est une attitude de renoncement et une analyse erronée. Céder à la pression des médias bourgeois, payés pour mener la lutte des idées au service du capital, serait une capitulation. La seule voie de la victoire pour nous est d’oser mener une vraie lutte idéologique contre la bourgeoisie, une lutte que nous ne pouvons mener qu’avec nos idées et nos concepts, et pas avec ceux que cherchent à nous imposer les bourgeois. L’inquiétude du camarade Jean-Baptiste Blanc que ce changement de nom pourrait poser problème à certains militants, nombreux dans certaines sections, qui ne se considèrent pas comme communistes, je la comprends. Mais la résolution bernoise autorise les sections qui le souhaiteraient à garder leur ancien nom, ce qui devrait permettre de conserver l’unité du Parti, qui se doit d’avoir une ligne générale claire, et non pas un consensus helvétique entre toutes les tendances, car il est impossible de mener une lutte idéologique digne de ce nom sans projet politique structuré et univoque.

4 commentaires:

  1. Bonjour,

    Texte intéressant, comme l'est la décision de la majorité des délégués de changer de nom, mais il reste un problème à Genève: il y a déjà un parti communiste, lescommunistes.org ! Comment expliquerez-vous aux électeurs qu'il y en a désormais deux ?

    RépondreSupprimer
  2. Lescommunistes.org n'est pas un parti mais un site Internet. Ne confondons pas une bande d'illuminés avec un parti communiste.

    RépondreSupprimer
  3. bonjour camarade suisse!
    tu es drôlement calé pour un collégien!
    j'ai mis en lien ton blog sur Réveil communiste
    fraternellement et bonne continuation!
    Astrée (de Paris)

    RépondreSupprimer
  4. Merci Astrée, ça fait plaisir que des camarades français s'intéressent à mon blog. Par ailleurs "réveil communiste" est un site dans lequel je me reconnais, l'espoir d'un retour du PCF à sa raison d'être.

    RépondreSupprimer