Pendant
que beaucoup de jeunes déterminés et lucides manifestent pour que l’on prenne
enfin conscience de l’urgence du problème climatique, d’autres écrivent, se
croyant « pragmatiques » et intelligents, des choses d’une stupidité
confondante. Nous voulons parler en l’occurrence de Philippe Nantermod, jeune
prodige (paraît-il) et vice-président du PLR, qui a signé dans Le Temps du 12.02.19 une chronique
intitulée « Climat : paniquer moins, réfléchir davantage ». Il
aurait été plus honnête de l’appeler : « Pas envie de réfléchir, que
les autres fassent tout à notre place.
Philippe
Nantermod s’énerve en effet, non de l’inaction des politiciens face à la
catastrophe imminente, mais face à « l’esprit culpabilisateur et
catastrophiste », celui de Greta Thunberg, qu’il qualifie avec élégance de
« jeune ferrovipathe », et des solutions radicales que les
« extrémistes », surfant sur ce catastrophisme ambiant, voudraient
que la Suisse adopte.
Or,
lesdits extrémistes auraient doublement tort, d’une part parce que la Suisse en
fait déjà bien assez, et d’autre part, parce que les émissions de gaz à effet
de serre produits par la Suisse sont infimes en proportion mondiale. Les
mesures radicales sont donc insoutenables, et n’auraient de toute manière qu’un
impact négligeable si les autres pays du monde n’en font pas autant. Et les
solutions moins radicales ne servent de toute façon à rien. Conclusion :
que les grands pays se débrouillent pour trouver la solution, inutile d’exiger
quoique ce soit du parlement suisse. De toute manière, il en fait déjà bien
assez.
C’est
consternant de bêtise. On savait l’UDC ouvertement climatosceptique. Le PLR
peut l’être tout autant, avec un discours plus subtil, mais les mêmes
conséquences en pratique. Ce n’est pas incompréhensible : les libéraux ont
toutes les raisons de minimiser la réalité du réchauffement climatique, puisque
les solutions qui s’imposent iraient inévitablement à l’encontre de leur
idéologie du libre marché, à l’accumulation sans fin du capital, dans le seul
but d’enrichir toujours plus une infime minorité. On ne peut s’empêcher en
revanche de trouver surprenante leur capacité à fermer les yeux sur des faits,
pourtant scientifiquement établis, de ne
pas s’intéresser à une menace extrêmement grave et immédiate, par attachement à
quelques privilèges et à un dogme absurde.
Il
faut en tout cas constater que Philippe Nantermod et les intérêts qu’il
représente font partie du problème, un problème qu’il faut impérativement
résoudre si l’on veut que notre civilisation survive. La lutte écologique est
de fait une lutte de classe, une lutte qu’il nous faut gagner, et vite, ou se
résoudre à être peut-être la dernière génération qui aura connu une
civilisation humaine sur notre planète.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire