22 août 2019

12ème Fête des peuples sans frontières: Discours de clôture



Chères et chers camarades,

La 12ème Fête des peuples sans frontières touche à sa fin. Cette édition était consacrée aux 75 ans de notre Parti. Il y 75 ans justement, au Congrès fondateur du PST, Karl Hofmaier, secrétaire du PST alors, disait dans son rapport (je cite en coupant deux paragraphes, qui concernent spécifiquement la situation liée à la fin de la IIème Guerre mondiale) :

« le Parti du Travail est appelé à conduire, dans notre pays, un travail de régénération sociale du mouvement politique ouvrier.

Cela ne signifie rien d’autre que la liquidation de la pratique de la paix sociale sur le terrain économique et de la collaboration sur le terrain politique, paix sociale et collaboration que ne servent pas la classe ouvrière, mais seulement le grand capital.

Le Parti du Travail est appelé également à assurer la collaboration de la classe ouvrière avec les autres couches démocratiques du peuple. C’est pourquoi le Parti du Travail fera tout pour créer des rapports politiques confiants, amicaux et inébranlables entre la classe ouvrière et les autres couches démocratiques du peuple suisse.
[…]
Nous avons donc une grande et belle tâche à remplir. C’est pour la remplir et pour réaliser ces buts que nous créons un grand et puissant parti. Un parti qui est appelé à conduire la classe ouvrière afin qu’elle mène, en commun avec les autres couches démocratiques du peuple, la lutte pour assumer le gouvernement dans les cantons et sur le terrain fédéral, dans l’intérêt de tout le peuple travailler ».

75 ans ont passé, et nonobstant tout ce qui a changé dans notre pays et sur notre planète, nonobstant aussi ce qui était redevable à l’optimisme quelque peu irréaliste qui pouvait avoir cours en 1944, ces propos tenus au Congrès fondateur de notre Parti constituent toujours pour nous notre perspective politique aujourd’hui.

Aujourd’hui, comme hier, notre Parti est le seul parti politique de notre pays à s’inscrire clairement du coté des classes populaires, dans une optique de lutte de classe, pour organiser la lutte contre l’oppression et l’exploitation capitalistes, pour porter une véritable politique de rupture, pour un changement radical plus nécessaire que jamais, pour une nouvelle société socialiste.

Tout d’abord, nous prenons clairement nos responsabilités – contrairement à certains autres partis qui font juste semblant de s’intéresser au problème dans un but opportuniste, ou qui reculent devant des mesures un tant soit peu décisives –  envers les générations présentes et à venir, et sommes prêts à prendre les mesures pour faire face au problème le plus grave et le plus urgent que nous avons à affronter actuellement, celui des changements climatiques accélérés causés par l’exploitation éhontée des ressources naturelles par le système capitaliste dans un but de profit immédiat et sans tenir compte des conséquences. Un problème qu’Evo Morales, président de la Bolivie, avait bien résumé ainsi en 2007 :

« Le monde souffre d’une fièvre provoquée par le changement climatique, et la maladie est le modèle capitaliste de développement »

Nous sommes pour une écologie populaire, qui soit à la hauteur de l’urgence que nous vivons, qui soit à même de prendre les mesures drastiques qui s’imposent pour atteindre un bilan net d’émission de gaz à effet de serre nul d’ici 2030, ce en imposant les mesures contraignantes aux véritables responsables de la situation, soit les grandes entreprises et les plus riches ; ce qui est incompatible tant avec une écologie libérale, qui n’est que du greenwashing, qu’à une logique punitive à base de taxes, qui frappent surtout ceux qui sont les moins responsables du réchauffement climatique, soit les plus modestes. Nous sommes en faveur d’une agriculture paysanne, biologique et locale, sans pesticides ni OGM, protégée contre la concurrence des multinationales de l’agroalimentaire. Ou, comme l’avait dit en son temps Thomas Sankara : « Il faut choisir entre le champagne pour quelques-uns ou l’eau potable pour tous »

Pour répondre à quelques mauvaises langues, notre intérêts pour la question est sincère, il n’est ni opportuniste, ni de la dernière heure, ainsi qu’en atteste le Programme d’action du PST, Vivre mieux et autrement,  daté de 1979 :

« Le développement anarchique et la société capitaliste porte à l’environnement des atteintes souvent graves. Une solution complète des problèmes écologiques exige donc une modification du caractère de la société. Mais il est indispensable d’utiliser immédiatement tous les moyens efficaces pour sauvegarder et rétablir un environnement naturel sain ».

Nous avons la volonté de continuer notre combat – que nous avons mené, au niveau cantonal, avec un score plus qu’honorable avec nos deux initiatives pour le remboursement des soins dentaires et pour une caisse maladie publique – pour mettre fin au système d’escroquerie organisée des caisses maladies privées, pour un système de santé entièrement public et social, pour une caisse maladie publique et unique, et qui prenne en compte le remboursement des soins dentaires.

Nous nous opposons résolument à tout augmentation de l’âge au départ pour la retraite, en particulier pour les femmes, et comptons lutter pour que l’égalité hommes-femmes devienne enfin réalité dans notre pays. Nous militons pour une sortie du système des trois piliers, et des problèmes qu’il pose, par le haut, pour un système intégralement juste et social, par répartition, pour de vraies retraites populaires, comme notre Parti l’avait proposé par voie d’initiative populaire en 1973.

Nous sommes totalement opposés à la signature de l’accord-cadre avec l’Union européenne, qui imposerait à la Suisse la reprise unilatérale d’un droit communautaire élaboré par des technocrates néolibéraux non-élus au seul service des lobbies capitalistes, au détriment de la démocratie et des droits des travailleurs. 

Il me faut aborder enfin une question dont j’aurais bien voulu ne pas traiter au moment de la Fête des peuples, qui ne le mérite d’ailleurs pas forcément, et dont je ne vais parler nullement par goût de la polémique, mais parce qu’il n’est pas possible de simplement passer sous silence une question que tout le monde se pose.

Nous restons également fidèles à la stratégie du rassemblement populaire qui a toujours été celle de notre Parti. Mais le fait est que  solidaritéS bloquent le fonctionnement d’Ensemble à Gauche depuis presque une année entière – depuis que quatre conseillers municipaux qui furent leurs membres ont rejoint les rangs de notre Parti. 

Les dirigeants de solidaritéS  ont également déposé, sans nous consulter des listes d’Ensemble à Gauche, ce qui constitue une usurpation grossière. Alors, un sous-apparentement reste encore à ce jour possible, mais la seule chose qui y fait obstacle, c’est l’arrogance et la mauvaise foi sans bornes dont font preuve les dirigeants de solidaritéS.

Car, je tiens à le dire haut et fort depuis cette tribune, pour nous les choses sont claires. Unité sur la base d’une collaboration honnête et d’un respect de règles communes et mutuellement acceptables, toujours ; soumission aux lubies hégémonistes des dirigeants de solidaritéS, jamais !

Quoi qu’il en soit, notre Parti existait avant eux, et continuera sa lutte, avec eux ou sans eux. Parce qu’une telle lutte pour un changement de société ne peut se concevoir sans organisation, sans un parti. Ainsi que le disait Ernesto Che Guevara :

« Sans organisation les idées perdent de leur efficacité après le premier mouvement d’élan ; elles tombent peu à peu dans la routine, dans le conformisme, et finissent par n’être plus qu’un souvenir »

Ainsi que l’écrivait Lénine : « La victoire sera pour les exploités, car ils ont pour eux la vie, la force du nombre, la force de la masse, les sources intarissables de l’abnégation, de l’idéal, de l’honnêteté, de ce qu’on appelle le « simple peuple », des ouvriers et de paysans qui prennent leur essor, qui s’éveillent pour édifier un monde nouveau et dont les réserves d’énergie et de talents sont gigantesques. La victoire est à eux ». Cette conviction demeure la nôtre aujourd’hui.


La tâche est difficile sans doute, mais n’a rien d’impossible. Car, comme le disait Jean Jaurès, « L’histoire enseigne aux hommes la difficulté des grandes tâches et la lenteur des accomplissements, mais elle justifie l’invincible espoir ». Cette tâche mérite que l’on s’engage pour elle. Le socialisme constitue l’espoir de ce monde, ainsi qu’un objectif pour lequel notre Parti n’a jamais cessé de lutter. Un objectif qui finira par triompher.

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