10 septembre 2021

Le Parti du Travail plus que jamais solidaire avec la Révolution cubaine, attaquée


 

Vous n’êtes pas sans savoir, puisque les médias bourgeois en ont fait une couverture massive et orientée, que le 11 juillet, des manifestations de protestation ont eu lieu dans certaines villes à Cuba, motivées par un mécontentement face aux pénuries de produits de base, aux restrictions d’électricité et au manque de vaccins et de médicaments. Certes, ces problèmes existent, mais il faut comprendre qu’elles en sont les causes. Des éléments contre-révolutionnaires ont essayé de prendre la tête de ces protestations pour leur donner un sens insurrectionnel. La mafia contre-révolutionnaire de Miami a tenté de faire tout un tapage pour ouvrir un « corridor humanitaire » ; prétexte hypocrite pour une invasion impérialiste en vue d’un changement de régime. Joe Biden s’est totalement engagé dans cette entreprise criminelle, durcissant encore les sanctions contre Cuba. Lorsque Miguel Diaz Canel, président de la Ré-publique de Cuba, a appelé les révolutionnaires à descendre à leur tour dans la rue pour dé-fendre la Révolution – car une Révolution doit après tout pouvoir se défendre –, les propagandistes de l’Empire ont mensongèrement parlé de « répression », occultant l’appel au dialogue et à l’unité de la part du président cubain.

 

Or cette campagne médiatique est tendancieuse et malhonnête, tant par l’occultation des causes réelles des difficultés économiques que connaît Cuba, que par la présentation mensongère qu’elle fait des événements ayant eu lieu le 11 juillet. Il s’agit tout simplement d’une campagne de fake news éhontée, d’une guerre informationnelle contre Cuba de la part de l’Empire.

 

Un devoir de solidarité internationaliste

 

Le Parti du Travail ne pouvait pas rester sans rien faire. Aussi avons-nous tenu à organiser un débat public pour démentir cette campagne de fake news, de rétablir la vérité sur ce qui se passe vraiment à Cuba. Ce débat, qui eut lieu le 27 août 2021 (voir ci-contre les intervenants), attira un public nombreux, et donna lieu à un échange constructif et enrichissant.


De gauche à droite: Dr Raffaele Malinverni, membre du comité de MediCuba; l’interprète de l’ambassadeur; Juan Antonio Quintanilla Roman, ambassadeur de la République de Cuba auprès de l’ONU à Genève; Alexander Eniline, président du Parti du Travail; Olga Montoya, représentante du Bloc Solidarité Amérique Unie; Tobia Schnebli, membre du Comité directeur du Parti du Travail


C’était important pour nous d’organiser cet événement, en solidarité avec le peuple cubain et la Révolution cubaine. Car l’internationalisme fait partie des principes fondamentaux de notre Parti. La lutte des peuples par-tout sur la planète pour leur émancipation et pour le socialisme fait un ; nous ne séparons pas notre lutte en Suisse de celles menées partout au monde. Comme l’écrivait Karl Marx dans l’Adresse inaugurale de la Ière Internationale : « L’expérience du passé nous a appris comment l’oubli de ces liens fraternels, qui doivent exister entre les travailleurs des différents pays et les inciter à se soutenir les uns les autres dans toutes leurs luttes pour l’affranchissement, sera puni par la défaite commune de leurs entreprises divisées ».

 

Lorsqu’en 1959 le peuple cubain renversa la dictature de Batista, lorsqu’il se libéra de la tutelle de l’Empire, lorsqu’il s’engagea sur la voie de la construction du socialisme littéralement à la porte des USA, il réalisa une percée révolutionnaire digne d’admiration, exemple pour tous les peuples luttant pour leur émancipation. Exploit d’autant plus remarquable que Cuba parvint à préserver les acquis du socialisme dans les conditions les plus hostiles. Malgré les difficultés, le socialisme permit à Cuba des réalisations impressionnantes : la justice sociale, des services publics accessibles et universels, une santé et une éducation gratuites et de qualité pour toutes et tous. Cuba est à ce jour le seul pays à remplir les critères onusiens de développement durable, grâce à son agriculture biologique, son développement social, un usage somme toutes remarquable des ressources disponibles limitées. L’espérance de vie est plus élevée à Cuba qu’aux USA, et la mortalité infantile plus basse. La solidarité internationale y est également une réalité vivante, et l’engagement de Cuba à ce ni-veau est admirable. Cuba prouve chaque jour que le socialisme est une société nouvelle, différente et meilleure que le capitalisme, pour laquelle il vaut la peine de se battre. Devoir lors des années fastes, la solidarité internationale l’est d’autant plus aujourd’hui que la Révolution cubaine connaît des heures difficiles.

 

Causes réelles des difficultés économiques à Cuba

 

Ce que cette propagande tait honteusement, c’est que les réalisations du socialisme à Cuba sont d’autant plus remarquables que l’île vit depuis la Révolution dans les conditions d’une guerre non-déclarée de la part des USA : une guerre économique, informationnelle, sans parler des attentats terroristes cautionnés par les USA et des tentatives d’assassinat de dirigeants cubains. Depuis la Révolution, Cu-ba vit sous le joug d’un blocus ruineux et illégal – d’autant plus qu’il est extraterritorial, ce qui est grossièrement contraire au droit international – imposé par les USA, dans le seul but cynique d’étouffer tout potentiel économique, de rendre la vie du peuple cubain aussi difficile que possible afin de provoquer le mécontentement, pour susciter une explosion sociale menant à un changement de régime, en clair, la restauration du capitalisme. Un blocus devenu d’autant plus étouffant depuis la fin du socialisme en URSS, depuis que Donald Trump l’a encore durci, et depuis que le Venezuela subit également la guerre économique que les USA mènent contre lui et a moins de possibilités de soutenir matériellement Cuba.

 

Le blocus rend pour Cuba toutes transactions difficiles, il complique beaucoup les exportations, et rend les importations plus compliquées et nettement plus chères. Une traque inouïe et scandaleuse de la part des USA de toutes les transactions impliquant Cuba limite drastiquement les transferts de devises vers l’île. D’où d’inévitables pénuries, des difficultés objectives considérables face auxquelles le gouvernement cubain fait ce qu’il peut. Qu’un mécontentement existe dans la population, c’est compréhensible, mais les options du gouvernement sont limitées. L’économie de Cuba se serait sans doute purement et simple-ment effondrée, et la catastrophe sociale serait effroyable, s’il ne s’agissait pas d’un pays socialiste.

 

Si l’approvisionnement alimentaire est insatisfaisant à Cuba, c’est notamment parce que le blocus rend très difficile l’achat de machines agricoles qui seraient nécessaires pour atteindre l’autosuffisance alimentaire. Si des médicaments peuvent manquer, c’est que Cuba n’est presque pas en mesure d’en importer, et doit en produire près de 80%. Sauf que toutes les matières premières nécessaires ne sont pas simples à se procurer à Cuba. Et la pandémie du Co-vid-19 est venue se conjuguer aux effets du blocus, en réduisant presque à néant le tourisme, et en faisant chuter d’autant les rentrées en devises sans lesquelles les importations sont impossibles. Quand Joe Biden prétend être du côté du peuple de Cuba, c’est d’une hypocrisie révoltante. Tout ce qu’il aurait à faire, c’est de lever le blocus, et il fait tout le contraire.

 

Le système de santé cubain ne fonctionnerait pas comme il le fait sans la solidarité internationale. Le Dr Malinverni a décrit le travail remarquable accompli par Medi-Cuba, pour soutenir le système de santé cubain, par l’apport de matières premières, de matériel médical, de soutien logistique…Si vous lisez ces lignes, nous ne pouvons que vous encourager à apporter à votre tour un soutien matériel à l’action de MediCuba si vous le pouvez.

 

Le blocus ne serait pas aussi dévastateur si les autres pays capitalistes ne s’y soumettaient pas, malgré son caractère illégal, voire ne collaboraient pas volontairement à cette entreprise criminelle. En Suisse aussi, malgré la neutralité officielle, la plupart des entreprises s’y plient. Il est presque impossible d’effectuer des transactions avec Cuba, voire simplement des virements en Suisse même si le motif du virement fait référence à Cuba. Notre Parti combat cet aligne-ment de fait sur le blocus, et la politique inacceptable du Conseil fédéral qui laisse faire, ce par tous les moyens dont nous disposons. Nous dénonçons particulièrement l’attitude d’Ignazio Cassis, qui agit plus en larbin des USA qu’en conseiller fédéral suisse.

 

Ce qui s’est vraiment passé le 11 juillet

 

Quant aux événements même du 11 juillet, la propagande média-tique anti-cubaine est purement et simplement mensongère.

 

Quelques milliers de manifestants tout au plus, dans un pays comptant 11 millions d’habitants, cela ne constitue en rien un « soulèvement massif ». Les complotistes qui manifestent en Suisse contre les mesures sanitaires du Conseil fédéral en font autant…

 

En comparaison, à combien plus forte raison il aurait fallu, au plus fort du mouvement des gilets jaunes, mener une « intervention humanitaire » pour libérer la France de la « dictature macroniste ». Pour ce qui est de la « répression », on a pu la voir à l’œuvre en France : tirs de LBD dans la tête, tirs de grenade dans la foule, police anti-émeute militarisée. On n’a rien vu de tel à Cuba. Et les quelques dizaines de procédures judiciaires, toutes conformes à la loi et pour des délits qui auraient également été poursuivis en Suisse, elle est sans commune mesure avec l’abus massif de garde à vue et les procédures accélérées et lourdes à large échelle en France. Pour faire croire que lesdites manifestations ont été plus massives qu’en réalité, la propagande impérialiste n’a pas hésité à diffuser de pures fake news ; comme par exemple de faire passer une photo d’une manifestation en Égypte, en basse résolution, qui eut lieu lors du Prin-temps arabe, pour une image prise le 11 juillet à la Havane. En agrandissant un peu on reconnaît sans peine des drapeaux égyptiens…

 

Quant à la pandémie, rappelons que Cuba, malgré les difficultés d’approvisionnement dues au blocus, compte nettement moins de décès du Covid que la Suisse, pour une population un peu plus élevée (or, si la gestion de la pandémie aurait pu avoir été meilleure en Suisse, on ne dit pourtant pas qu’elle fût un désastre). La politique face au coronavirus à Cuba est même exemplaire. Cuba a d’ailleurs réussi à produire deux vaccins, et trois autres candidats-vaccins en phase de test. C’est une preuve incontestable de l’excellence de la recherche médicale cubaine. Peu de pays peuvent se vanter d’en avoir fait autant.

 

Et la propagande impérialiste masque le fait que ces soulèvements n’ont pas été spontanés. Elle tait le « travail » réalisé par la CIA et la mouvance contre-révolutionnaire de Miami sur les réseaux sociaux pour inciter des citoyens cubains à se soulever, fake news et propagande mal-veillante à l’appui ; une véritable guerre informationnelle contre la Révolution cubaine. Trop occupée à inventer une prétendue « répression », elle fait semblant de ne pas voir les actes de violence commis par des éléments contre-révolutionnaires à Cuba, qui sont allés jusqu’à caillasser une clinique pédiatrique… Des procédés qu’on estime scandaleux lorsqu’ils sont utilisés par les supporters de Trump aux USA, deviennent tout à coup « normaux » lorsqu’ils sont utilisés contre Cuba.

 

Les « révolutionnaires » qui ne soutiennent pas la Révolution n’en sont pas

 

Malheureusement, certains qui se disent de gauche ne font pas preuve de la solidarité qu’il faudrait avec Cuba en ces heures difficiles, et déchoient jusqu’à reprendre tout ou partie de la propagande impérialiste contre la Révolution cubaine, voir remettre en cause le caractère socialiste de Cuba. Que dire de celles et ceux qui se prétendent marxistes et révolutionnaires – généralement issus de la mouvance trotskiste (tous les trotskistes n’ont pas commis cette faute, précisons-le) – qui se comportent ainsi ? Leur attitude est lamentable. Il s’agit typiquement de l’attitude faussement révolutionnaire : toujours pour la révolution en théorie, toujours contre en pratique. Une barricade n’a que deux côtés. Celles et ceux qui refusent de soutenir la Révolution cubaine et le PCC, aussi « révolutionnaires » qu’ils puissent se prétendre en paroles, sont objectivement dans le camp de l’impérialisme, des partisans de la restauration du capitalisme, de la CIA.

 

Certes, Cuba connaît des difficultés et des contradictions réelles, et il est trop facile de critiquer d’un point de vue de « gauche » les imperfections du socialisme cubain, pour se donner un verni « ultra-révolutionnaire ». Il est tout aussi facile de critiquer le gouvernement cubain pour les pénuries, une critique purement démagogique, sans qu’il ne soit jamais clair ce que ces gens proposent que le gouvernement cubain devrait faire, et sans qu’ils ne le sachent sans doute eux-mêmes. Toute leur critique se réduit au fond à dire que le socialisme cubain n’est pas ce qu’il devrait être, si tant est que c’est du socialisme…pour la bonne et simple raison qu’il ne correspond pas à leur définition purement abstraite et préconçue de ce que le socialisme devrait être, élaborée sans étudier la réalité cubaine et ses possibilités, qui ne les intéresse pas. Il s’agit d’une approche idéaliste, qui n’a rien de marxiste, quel que soit le nombre de citations des classiques du marxisme qu’ils puis-sent aligner. La réalité apparaît toujours décevante quand on la mesure à l’idéal ; mais la perfection n’existe pas en ce bas monde. Le marxisme exige de partir des contradictions du capitalisme pour tracer la voie vers le socialisme, des contradictions réelles du socialisme pour l’améliorer, et n’a que faire de pareilles élucubrations.

 

L’actualisation du modèle économique cubain

 

Quant à l’ouverture au marché – puisque c’est un point souvent soulevé par les critiques « de gauche » du cours actuel de la Révolution cubaine –, il s’agit d’une question complexe. La transition du capitalisme au communisme, en quoi consiste précisément le socialisme – car le socialisme est à la fois un mode de production autonome et une phase de transition –, représente une longue période historique, pendant laquelle des éléments hérités du passés et ceux annonçant l’avenir, des éléments issus du capitalisme et d’autres qui préfigurent le communisme, coexistent en se combattant. Ce serait une simplification coupée de la réalité que d’imaginer cette transition comme simple et linéaire, et dogmatisme sectaire que de prendre toute discontinuité pour un pour un renoncement à l’objectif final, tout pas en arrière temporaire pour une trahi-son. Il peut être prématuré de vouloir abolir d’emblée tout élément de marché, tout élément non socialiste. Un pays économiquement peu développé ne peut instaurer d’emblée un socialisme développé. Le faire pourrait même être contre-productif. Et un petit pays manquant de ressources naturelles, ne peut vivre en autarcie. Difficile de faire autrement que de s’ouvrir partiellement au marché sur une planète où il n’y a plus de système d’États socialistes. Cuba a donc fait ce choix, entériné dans un changement de la Constitution, à la suite d’un débat démocratique large. Certes, une ouverture au marché, le rétablissement de la propriété privée dans certains domaines, implique de faire revivre des éléments non-socialistes, qui pourraient devenir, dans certaines conditions, une base pour la restauration du capitalisme. L’essentiel est d’en être conscient, ce qui est le cas du PCC. La Constitution cubaine modifiée réaffirme le caractère intangible du socialisme à Cuba. On parle d’ailleurs à Cu-ba de « socialisme avec marché » et non de « socialisme de marché ».

 

Il est utile d’étudier attentivement le rapport de Raoul Castro au VIIIème Congrès du PCC pour bien comprendre les enjeux des ré-formes économiques à Cuba. Dans le but d’accroître la productivité, la production nationale, de rendre l’économie plus efficace, un certain nombre de mesures ont été implémentée : ouverture de certains secteurs à l’initiative privée (le commerce extérieur est explicitement exclu de cette ouverture), autonomisation des entreprises étatiques (mais sans démanteler la planification centrale), ouverture aux investissements étrangers…Mais il y a des lignes rouges à ne pas dépasser. Comme le dit Raoul Castro : « Il y a des limites que nous ne pouvons pas dépasser car les conséquences seraient irréversibles et conduiraient à des erreurs stratégiques et à la destruction même du socialisme et donc de la souveraineté et de l’indépendance nationale ». La propriété du peuple entier sur les principaux moyens de production fait partie de ces lignes rouges intangibles.

 

Il est vrai aussi que l’actualisation du modèle économique à Cuba nécessite des mesures pas toujours faciles, ce d’autant plus que ces réformes doivent se faire dans les conditions hostiles du blocus, et qui peuvent occasionner du mécontentement. Ces réformes n’ont rien d’agréable en soi. Comme le dit encore Raoul Castro : « Il faut changer l’idée néfaste, née sous la protection du paternalisme et de l’égalitarisme, selon laquelle Cuba est le seul pays où l’on peut vivre sans travailler. Le niveau de vie et de consommation des Cubains devra être déterminé par les revenus légaux qu’ils perçoivent et non par des subventions excessives et des gratuités indues. »

 

Cette réflexion peut sembler passablement antipathique, voire franchement de droite. Mais il faut la replacer dans la réalité cubaine. Ce dont parle ici Raoul Castro, c’est de la nécessité d’une application stricte du principe formulé par Marx de la répartition sous le socialisme : « de chacun selon ses capacités, à chacun selon son travail ». Cuba n’a pas les moyens de passer aujourd’hui à la formule communiste « de chacun selon ses capacités à chacun selon ses besoins ».

 

On peut établir un parallèle avec ce qu’écrivait en 1983 le secrétaire général du PCUS Youri Andropov : « Aujourd’hui, on sait déjà de la pratique, de l’expérience de nombreux pays socialistes, non seulement le poids socio-économique, mais encore l’immense poids politique de ces raisonnements du fondateur du communisme scientifique. C’est que les rapports de répartition touchent directement et immédiatement les intérêts de tous et de chacun. En fait, le caractère de la répartition est un des indices les plus importants du degré d’égalité sociale possible sous le socialisme. Toutes les tentatives de sauter impérativement de ce degré possible, de prendre les devants et d’aller vers des formes communistes de répartition, sans un recensement précis de la contribution labo-rieuse de chacun à la création des biens matériels et spirituels, peuvent engendrer et engendrent des phénomènes indésirables ».

 

Des erreurs peuvent à l’occasion être commises lors de la mise en place des réformes, comme Raoul Castro le dit lui-même, des erreurs qui doivent alors être corrigées. Et il ne s’agit en aucun cas de faire subir au peuple une cure d’austérité brutale : « Il n’est pas inutile de répéter que les décisions en matière d’économie ne peuvent en aucun cas provoquer une rupture avec les idéaux de justice et d’égalité de la Révolution et encore moins affaiblir l’unité du peuple autour de son Parti, qui défendra toujours le principe qu’à Cuba, l’application de thérapies de choc contre les couches les plus humbles de la population ne sera jamais autorisée et que, par conséquent, personne ne sera laissé à l’abandon ».

 

Le but de ces mesures est d’accroître la productivité, l’efficacité de l’économie cubaine, pour réduire les pénuries et répondre mieux aux besoins tous. Les mesures à prendre pour accroître la productivité sous le socialisme ne sont pas toujours simples, mais elles doivent être prises, car elles le sont pour le bien commun, et n’ont rien à voir avec les « réformes » qui sont imposées aux peuples sous le capitalisme, dont le but est de faire ruisseler encore plus les richesses dans les poches d’une minorité.

 

Cuba reste et restera un phare du socialisme pour le monde entier, qui a plus que jamais besoin du soutien, d’une solidarité sans failles de tous les anti-impérialistes et de tous les révolutionnaires authentiques, partout sur la planète.

Le marxisme haïtien : une pensée qui mérite d’être connue

 


Haïti : on connaît trop souvent ce pays des Caraïbes surtout pour se malheurs. Tremblement de terre meurtrier, crise sociale et politique, quartiers contrôlés par des gangs, pauvre-té…L’assassinat du président Jovenel Moïse a révélé égale-ment un État haïtien en ruines : parlement inexistant, premier ministre qui légalement ne l’était plus, cour suprême dysfonctionnelle à la suite du décès de son président sans qu’il ait été remplacé…On connaît moins l’histoire qui a conduit Haïti à ce sort tragique.

 

On dit parfois que Cuba deviendrait un nouveau Haïti si les USA parvenaient à y renverser le socialisme. Ceux qui utilisent cette image ne savent pas toujours à quel point elle est pertinente. L’histoire d’Haïti n’est pas celle d’un pays des Caraïbes qui aurait évolué par lui-même sans révolution socialiste, mais celle d’une révolution que l’Empire a réussi à briser. Deux empires en l’occurrence : les USA et la France. 1804 : la révolution haïtienne aurait mérité d’être célèbre au même titre que la Révolution française ou la Révolution d’Octobre. Car il s’agit de la première révolution anti-esclavagiste victorieuse : les esclaves des plantations se révoltent contre leurs maîtres français, et établissent la première république noire de l’histoire. Napoléon échoue à rétablir l’esclavage.

 

Si cette révolution n’est pas de-venue le symbole qu’elle aurait mérité de l’être, c’est parce que les empires ont tout fait pour l’empêcher de déployer ses potentialités. La France, sous Charles X, extorqua à la République haïtienne des sommes faramineuses à titre de « réparations » aux propriétaires d’esclaves dépossédés. Une « dette » odieuse, qu’Haïti ne finit de payer qu’en 1947, qui étouffa tout potentiel économique, et vida la république de sa substance. Quant aux USA, pour la classe dirigeante esclavagiste des États du Sud, une république d’anciens esclaves était un exemple inadmissible, qui ferait oublier aux Noirs leur place « naturelle » en ce monde, celle d’esclaves. Les USA sont donc régulièrement intervenus en Haïti, bien après l’abolition de l’esclavage, et jusqu’à nos jours, plongeant volontairement ce pays dans sa triste situation actuelle. Les USA, ces grands héros de la « liberté » (des esclavagistes) …

 

Le livre de Jean-Jacques Cadet, docteur en philosophie à l’Université Paris 8 et enseignant à l’École Normale Supérieure à Haïti, publié récemment aux éditions Delga a le mérite de permettre de découvrir Haïti par un autre prisme : celui de sa pensée marxiste. Il s’agit de sa thèse de doctorat, remaniée en vue de la publication, non d’un ouvrage grand public. Un lecteur peu habitué à lire des monographies universitaires pourrait trouver l’ouvrage passablement aride et difficile à suivre. Mais qui fera l’effort de le lire ne le regrettera pas.

 

Jean-Jacques Cadet y suit six penseurs marxistes haïtiens, Etienne Charlier, Jacques Stephen Alexis (Jacques La Colère), René Depestre (le seul à être toujours de ce monde), Gérard Pierre-Charles, Yves Montas (Jean Luc) et Michel Hector (Jean-Jacques Doubout) ; ainsi que de fait un septième auteur, Jacques Roumain, le premier marxiste en Haïti qui marqua profondément ses successeurs. Des penseurs dont les horizons intellectuels furent très variés, et dont plusieurs furent également de grands écrivains. On pourra lire avec intérêt leurs œuvres littéraires, plus faciles à se procurer en Suisse que leurs écrits proprement politiques.

 

Jean-Jacques Cadet se con-centre sur la période de 1946 à 1986, particulièrement riche par sa production marxiste et l’action politique communiste, et analyse cette production sous le prisme de plusieurs enjeux systématiques : la définition de la formation socio-économique haïtienne (définie comme semi-féodale et semi-coloniale), la théorie de la dépendance (s’il y a du capitalisme en Haïti, il s’agit d’un capitalisme hétéronome, subordonné à celui des centres impérialistes), leur intérêt pour la question de l’aliénation, et leurs débats avec d’autres traditions. Avec, en filigrane, un aperçu des luttes sociales et politiques en Haïti.

 

Il convient de dire que l’auteur soutient une thèse contestable : il veut absolument montrer que le marxisme haïtien serait « hétérodoxe », par opposition à un marxisme « orthodoxe », dont il fait une caricature confinant au sophisme de l’homme de paille. Il semble en réalité que Jean-Jacques Cadet ne connaît pas bien ce marxisme « orthodoxe » : il met d’ailleurs dans le même sac le marxisme de la IIème internationale et le marxisme-léninisme. S’ils furent des auteurs originaux et intéressants, les marxistes haïtiens ne furent pas « hétérodoxes », ou alors ni plus ni moins que les marxistes soviétiques. Sauf René Depestre, mais il finit par rompre avec le mouvement communiste…

 

Malgré ce biais, le livre de Jean-Jacques Cadet vaut la peine d’être lu, et permet de découvrir un pays par trop méconnu.

 

Cadet Jean-Jacques, Le marxisme haïtien, Marxisme et anticolonialisme en Haïti (1946-1986), Éditions Delga, Paris, 2020

Pour rétablir un peu de justice fiscale, oui à l’initiative 99%


 

Il en va de l’essence même du mode de production capitaliste de concentrer les richesses produites par le travail de la classe ouvrière entre les mains d’une minorité des maîtres du capital. Mais, depuis que la concentration du capital a fait naître des entreprises plus puissantes que certains États, et depuis la contre-révolution néolibérale, qui a mis fin à nombre de conquêtes sociales et démocratiques des travailleurs, cet accaparement a atteint des sommets proprement inouïs est sans équivalent dans l’histoire de l’humanité.

 

Aujourd’hui, les 1% les plus riches de Suisse possèdent plus de 43% des actifs totaux. L’un des principaux moteurs de cette évolution est le revenu du capital, c’est-à-dire les dividendes, les bénéfices des actions et les intérêts, qui font entrer chaque année des milliards dans les poches des plus riches. Les 300 personnes les plus riches de notre pays ont pu doubler leur fortune au cours des dix-sept dernières années, passant de 352 milliards à l’inimaginable 707 milliards de francs. Alors que la pandémie du Covid-19 a signifié une plongée dans la pauvreté pour beaucoup de gens, les plus fortunés ne se sont jamais aussi bien portés. La répartition de la richesse existante est une question politique, donc une partie de la lutte des classes. Une opposition souvent présentée comme celle des 99% face aux 1% les plus riches qui concentrent l’essentiel des richesses entre leurs mains. Notons que cette simplification n’a pas de valeur scientifique : le chiffre de 1% n’est guère un moyen exact pour définir l’oligarchie monopoliste, pas plus que le slogan de « nous sommes les 99% » n’est une formulation rigoureuse de l’objectif de construction d'un front antimonopoliste regroupant toutes celles et ceux qui subissent la domination de ladite oligarchie. Mais un slogan est un slogan. Pour ne pas être scientifiquement précis, il a au moins le mérite d’être parlant.

 

Pour mettre un frein à cette concentration croissante des richesses entre les mains d’une infime minorité, la Jeunesse socialiste a lancé une initiative populaire communément connue comme « initiative 99% », et dont le nom complet est « Alléger les impôts sur les salaires, imposer équitablement le capital ».

 

Cette initiative prévoit d’introduire dans la Constitution fédérale un nouvel article, en trois alinéas :

 

1. Les parts du revenu du capital supérieures à un montant dé-fini par la loi sont imposables à hauteur de 150%.

 

2. Les recettes supplémentaires qui découlent de l’imposition à hauteur de 150% au lieu de 100% des parts du revenu du capital au sens de l’al.1 sont affectées à une réduction de l’imposition des personnes disposant de petits ou moyens revenus du travail ou à des paiements de transfert en faveur de la prospérité sociale.

 

3. La loi règle les modalités.

 

Pour le montant des revenus du capital à partir duquel interviendrait l’imposition rehaussée à 150%, les initiants articulent le chiffre de 100'000.-, chiffre sur lequel se basent également les opposants dans leur propagande. Mais le texte de l’initiative dit clairement que l’Assemblée fédérale aurait toute la latitude qu’elle veut pour fixer un montant de son choix dans la loi d’application le cas échéant.

 

Notons que les revenus du capital sont actuellement sous-imposés en Suisse. Les actionnaires qui possèdent plus de 10% des parts d’une société ne sont imposés que sur 70% de leurs revenus dus à ces actions (parce qu’ils seraient déjà touchés par l’impôt sur le bénéfice en tant que propriétaires de la société en question). Non seulement les revenus du travail sont imposés jusqu’au dernier centime, mais sont encore grevés de cotisations sociales, inexistantes pour les revenus du capital.

 

Une imposition à hauteur de 150% signifie qu’à partir du seuil défini, un franc de revenu est considéré comme s’il était un franc cinquante. Par exemple, pour un revenu provenant des gains du capital à hauteur de 150’000,- (supposant que le seuil fatidique est fixé à 100'000), l’impôt serait calculé comme s’il s’agissait d’un revenu de 175’000 (100’000,- imposés à 100%, et 50’000,- majorés à 150%, soit comme s’il s’agissait de 75’000,-). L’initiative ne dit rien en revanche du taux d’imposition, ni sur ce qui serait considéré comme un gain du capital. L’Assemblée fédérale aurait une marge d’interprétation importante pour la loi d’application.

 

Soutenue par toute la gauche et les syndicats – elle ne doit donc pas être aussi « extrême » que ses adversaires le prétendent – l’initiative 99% suscite l’ire de la droite et des milieux patronaux, qui se donnent de grands moyens pour la combattre, à base d’arguments spécieux à la limite des fake news.

 

En réalité, l’initiative 99% déplaît profondément aux milieux patronat et à leur représentation politique, les partis de droite, parce qu’elle s’attaque à leurs intérêts de classe, en exigeant une peu plus de répartition des richesses, à leur détriment – fût-ce un tant soit-peu.

 

L’argumentaire du Conseil fédéral et de la majorité de droite de l’Assemblée fédérale est un condensé d’idéologie libérale. Ils disent tout d’abord que l’initiative répondrait à un problème inexistant, puisque la répartition des revenus serait équitable en Suisse, et la répartition des richesses d’ores et déjà satisfaisante. Ah bon ? De leur point de vue peut-être…Ils poursuivent avec un éloge de l’épargne que l’initiative découragerait. Les revenus du capital ne seraient pas obtenus sans rien faire, vu qu’il a fallu travailler dur et épargner pour amasser ledit capital. C’était peut-être vrai du temps de Jean Calvin. Mais cela n’a aucun rap-port avec le capitalisme d’aujourd’hui. Simple écho d’une idéologie bourgeoise périmée depuis longtemps. L’imposition trop forte du capital découragerait les investissements, ce qui nuirait aux intérêts de tout le monde ? C’est un simple avatar de la théorie du ruissellement, motif idéologique néolibéral qui a justifié des cadeaux fiscaux répétés aux plus riches. Avec toujours le même résultat : l’argent a bien toujours ruisselé…dans la poche des 1%. Quant aux « investissements », les cadeaux fiscaux aux riches n’ont jamais eu de résultat tangible en termes d’investissements productifs et d’apport pour l’économie réelle, et ont surtout alimenté la spéculation. Si on les impose plus, les riches vont partir ? Jusqu’à quand acceptera-t-on leur chantage ? On est en démocratie ou bien ? La Suisse deviendrait moins concurrentielle ? La Suisse est déjà un paradis fiscal, c’en est bien assez comme ça. Il est difficile d’estimer les effets réels de l’initiative, et il n’est pas certain qu’elle ferait rentrer plus d’impôts ? Mais si c’est vrai, pourquoi la craignent-ils ?

 

Mais nous ne sommes plus à l’époque de Reagan et de That-cher. La droite de ce pays a cette manie singulière de ne jamais dire ouvertement qu’elle défend avant tout les intérêts des plus riches et des grandes entreprises, et quand elle le fait, utilise toujours deux arguments phares, qui tiennent plus de la manipulation émotionnelle que de l’argumentation honnête : 1) la défense des « classes moyennes », 2) « et nos PME ». Ces deux arguments sont utilisés à tort et à travers, y compris lorsqu’ils sont manifestement hors de propos, sans aucun rapport avec le sujet concerné. « Et nos PME » est même devenu un meme…

 

Pour cette votation également, la droite utilise ces deux motifs argumentatifs à outrance, et avec une évidente mauvaise foi. La classe moyenne serait concernée ? Si l’on se base sur le chiffre de 100'000,- de revenus du capital, il faudrait investir un capital de pas moins de trois mil-lions pour pouvoir toucher un tel revenu de ses gains. Vous connaissez beaucoup de personnes de la classe moyenne qui possèdent une telle somme ?

 

Quant aux PME, des politiciens de droite ont beau parler de leur situation la larme à l’œil (ils pensent d’ailleurs aux PME surtout quand ils sont en train de défendre leurs intérêts véritables), les « PME » qui seraient touchées sont des entreprises certes « familiales », mais quant au fond des grandes entreprises, dont le capital est suffisamment conséquent pour rapporter des gains importants. Pas spécialement les petites épiceries ou les paysans. En vérité, ce qui écrase surtout les PME, c’est le libre-échange, la concurrence intenable face au grand capital. Mais, lorsqu’il est question de ces enjeux-là, les politiciens de droite ne se rappellent guère leur amour pour les PME…En outre, s’ils ne veulent surtout pas toucher aux classes « moyennes » et aux PME, ils auraient toute latitude le cas échéant de fixer le montant à partir duquel les gains du capital seraient imposés à hauteur de 150%.

 

Les gains du capital ne sont certes pas obtenus « sans rien faire » (si le Conseil fédéral y tient), mais sont extorqués aux travailleurs au travers de la plus-value. Toute richesse est pro-duite par le travail. Le capital ne produit rien. Les « investisseurs » ne font qu’investir du travail passé, pour lequel ils n’ont en rien contribué, pour exploiter du travail vivant, et empocher la plus-value au passage. L’accumulation proprement stratosphérique des fortunes entre quelques mains suffit à montrer que le taux d’exploitation est devenu réellement scandaleux. Pendant que l’ancien patron d’Amazon s’amuse à s’envoyer dans la haute atmosphère pour son seul plaisir, sur l’argent extorqué à ses employés par de méthodes dignes du XIXème siècle, et se permet encore de donner des pseudo-leçons d’écologie au monde, alors qu’il n’est pas le dernier responsable de la peu engageante situation actuelle, des centaines de millions de personnes ne mangent pas à leur faim, des milliards vivent dans la pauvreté. En Suisse même, un million de personnes vivent dans la pauvreté ou dans le risque d’y tomber. Trop de personnes vivent avec des salaires trop bas, ou de petites retraites. Les primes d’assurance maladie sont insoutenables, et les services publics depuis trop longtemps au régime sec. L’argent pour résoudre tous ces problèmes est là…il s’est accumulé dans les poches des 1%. Cette situation est intolérable, et ne saurait durer. Et il ne peut exister de démocratie véritable quand un tel pouvoir économique, aisément convertible en pouvoir tout court, est incompatible avec une démocratie véritable.

 

Le Parti du Travail soutient résolument l’initiative 99%, en tant qu’exigence d’un minimum de justice sociale. Il ne saurait pour nous s’agir que d’un premier pas. La lutte devra continuer jusqu’à la dépossession de la bourgeoisie de son pouvoir économique, jusqu’à la construction d’une société socialiste.

La planète brûle, réellement ; il n’est plus possible de regarder ailleurs


 

« Notre maison brûle et nous regardons ailleurs. La nature, mutilée, surexploitée, ne parvient plus à se reconstituer, et nous refusons de l'admettre. L'humanité souffre. Elle souffre de mal-développement, au Nord comme au Sud, et nous sommes indifférents. La Terre et l'humanité sont en péril, et nous en sommes tous responsables. », disait Jacques Chirac le 2 septembre 2002, au 4ème Sommet de la Terre.

 

C’est si bien dit, qu’on ne peut qu’applaudir. Il se fait toutefois, que ce Jacques Chirac porte le même nom qu’un président français qui ne fit rien pour que les choses changent, ou plutôt qui fit tout pour que rien ne change vraiment, qu’aucune mesure réellement contraignante ne fût prise, pour qu’on continue de regarder ailleurs.

 

Ce hiatus abyssal entre les mots et les actes ne résume que trop bien la tragédie de notre époque. Cela fait des dizaines d’années que nous savons ce que la continuation d’émissions massives de gaz à effet de serre aurait comme conséquences. Depuis à peine moins longtemps, les politiciens rivalisent en belles paroles. Et pendant ce temps, rien de concret n’a été fait. On a perdu un temps précieux en simulacres – « développement durable », « capitalisme vert », marché des droits de polluer, etc. – qui ont eu surtout pour but de tout changer pour que rien ne change. Les quelques efforts réels entrepris n’ont pas empêché les émissions d’augmenter inexorablement.

 

Le dernier rapport du GIEC, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, est sorti le 8 août 2021. Comme il fallait s’y attendre il est extrême-ment alarmant. La concentration de CO2 dans l’atmosphère est sans équivalent depuis des mil-lions d’années. Le changement climatique – entièrement et indiscutablement d’origine anthropique – est d’ores et déjà important, et partiellement irréversible. Le réchauffement climatique à 1,5°C ne pourra plus être évité ; ce selon tous les scénarios envisagés par le GIEC. Ce seuil sera atteint avant 2040. Les capacités d’absorption des puits de carbone marins et terrestres sont fortement diminuées. Il ne sera possible de limiter les dégâts qu’au prix d’efforts urgents et importants.

 

Que nous ayons vécu un été pourri en Suisse ne change rien au fait que l’été 2021 ait été le plus chaud jamais enregistré sur la planète. Les incendies dévastateurs en Grèce, en Russie, en Turquie ; les canicules atroces au Canada, en Grèce, en Italie le rappellent douloureusement. Pour la première fois de l’histoire, la température au nord du Groenland a dépassé les 20°C et il a plu sur ce qui reste de la banquise. Les inondations meurtrières en Allemagne sont égale-ment dues au changement climatique.

 

Pendant dix mille ans la Terre a connu une ère géologique durant laquelle le climat s’est caractérisé par une stabilité exceptionnelle : l’holocène. Certes, la nature ne fut pas toujours clémente envers les humains, loin de là. Néanmoins, l’holocène apporta un équilibre climatique exceptionnel dans l’histoire de la Terre : variations de la température moyenne minimes, succession régulière des saisons, stabilité du niveau des océans, précipitations relativement régulières…La civilisation n’aurait pas pu se développer sans cet équilibre.

 

Mais cet équilibre était extrême-ment fragile, et aujourd’hui il est rompu. La température moyenne a cru de 1,1°C déjà par rapport à l’ère préindustrielle. Au vu des déséquilibres climatiques graves et meurtriers que nous connais-sons, il n’est que trop facile d’imaginer ce que signifierait un monde réchauffé à 1,5°C, à 2°C, voire à plus de 3°C (direction dans laquelle nous nous dirigeons présentement) …

 

Alors que la planète brûle, littéralement, le hiatus entre la parole et les actes est-il au moins devenu moins abyssal que chez Jacques Chirac en 2002 ? Hélas non, bien au contraire. Les partis de droite rivalisent de propositions creuses et insipides du type : contentons-nous de me-sures purement incitatives, l’écologie d’accord, mais surtout pas de contraintes excessives pour les entreprises, la neutralité carbone ? Ok, mais pas avant 2050. Bref, mettons-nous-en plein les poches tant que nous le pouvons, et après nous le dé-luge. Pendant ce temps, la BNS a encore augmenté ces investissements dans le secteur des énergies fossiles. Plus que ja-mais, sortir du capitalisme est une question de survie.