03 mai 2022

Le président des riches réélu en France : quelle alternative politique ?


 

Le seul débouché politique de tous les mouvements sociaux du quinquennat Macron aura donc été, une nouvelle fois, un second tour opposant le président sortant à Marine le Pen, remporté par ce premier. Le président des riches, qui a mené une politique néolibérale et antipopulaire, qui se sera entouré d’une clique aussi éloignée des réalités populaires que possible, qui aura mené une politique d autoritaire et menant à une érosion inquiétante de l’État de droit, parvient à rempiler sans trop d’efforts. Que voter pour un tel homme ait eu été la seule option pour empêcher l’arrivée du fascisme à la présidence de la République en dit long sur le désastre politique que vit la France.

 

Il s’en est fallu de peu pourtant pour que ce soit Jean-Luc Mélenchon qui accède au second tour en lieu et place de Marine Le Pen. C’est à désespérer…même si le plus probable est que Macron aurait été vainqueur dans ce cas également.

 

Avant de désespérer, toutefois, il faut réfléchir. Les responsables de la France Insoumise ont beau jeu de rendre responsables de la situation les candidats de gauche qui ne se sont pas retirés en faveur du leur : Fabien Roussel (PCF), Yannick Jadot (EELV) et Anne Hidalgo (PS). Philippe Poutou (NPA) et Nathalie Arthaud (LO) sont curieusement épargnés par ces critiques.

 

Le mal est pourtant visiblement plus profond, et les imprécations ne sauraient remplacer une vraie analyse. Et, Mélenchon ayant déjà fait le plein du « vote utile » à gauche, rien ne dit que les électeurs qui ont choisi un autre bulletin auraient voté pour lui en l’absence du candidat de leur choix.

 

Or, ce que l’on peut constater c’est la débâcle des partis historiques qui ont structuré la politique française, de tous les vrais partis en fait. Les trois candidatures qui arrivent en tête représentent des mouvements plus ou moins gazeux, sans encrage territorial ni organisation solide, structurés autour d’une figure de proue. C’est un peu moins vrai pour le RN, mais il manque incontestablement de cadres comme de substance politique. Charles De Gaulle, rappelons-le, détestait les partis, et avait sciemment imposé le régime présidentiel de la Vème République pour les neutraliser. Le caractère dépolitisant et dévastateur de ce système se révèle dramatiquement aujourd’hui.

 

Les partis qui ont dominé la France pendant longtemps, le PS et LR, sont complètement laminés, et font moins de 10% ensemble. Une recomposition politique est à prévoir. LREM, le mouvement présidentiel, finira d’en siphonner une bonne partie, et l’aile droite de LR pourrait rejoindre le RN.

 

Le danger fasciste est loin d’être écarté. Le RN n’a jamais été aussi haut. La candidature d’Éric Zemmour a permis une dangereuse banalisation du RN, Marine Le Pen apparaissant « modérée » en comparaison, alors que ses idées n’ont pas changé. Et Macron, par sa politique antipopulaire, loin d’être un rempart durable à l’extrême-droite, lui sert surtout de marchepied.

 

Y a-t-il une alternative politique à ce sombre tableau ? Jean-Luc Mélenchon pense l’avoir trouvée : moi premier ministre, le reste de la gauche doit se ranger derrière ma bannière, en un mot, disparaître. Plus brièvement : « moi je ! »

 

Et c’est là que l’alternative qu’il semble représenter se révèle illusoire. La probabilité d’une majorité de gauche à l’Assemblée nationale aux prochaines législatives est extrêmement faible. Elle peut difficilement constituer un objectif sérieux. Mais elle sert de paravent en réalité pour un objectif plus pragmatique : l’hégémonie à gauche, par désintégration des partis existants.

 

Mélenchon est d’ailleurs en grande partie responsable de la désunion présente de la gauche, par ses velléités hégémonistes, et l’ambition non dissimulée de faire disparaître le PCF, dans un conglomérat uni autour de sa personne. Or, une telle stratégie personnaliste et électoraliste, la politisation ambiguë et démagogique prônée par le populisme de gauche, peut certes permettre dans certaines conditions d’atteindre des bons résultats électoraux – qui ne sont pas même répétables aux législatives et aux élections locales, par manque d’encrage sur le terrain de la FI – mais ne saurait servir de creuser à la construction d’un réel mouvement de lutte populaire, jusqu’à un changement de système. Mélenchon, l’homme de la VIème République, reproduit jusqu’à la caricature les défauts de la Vème.

 

La forme d’organisation qui seule peut permettre de mener cette lutte jusqu’au bout, c’est le parti politique de la classe ouvrière, pas le mouvement gazeux autour d’une personne. Un tel parti existe en France, et il n’y en a qu’un seul : c’est le PCF. Le PCF, justement, dont le candidat et secrétaire national Fabien Roussel a mené une bonne campagne, combative, dynamique et populaire, malgré le résultat décevant en termes de voix. Certes, certaines déclarations et actions du candidat Roussel pouvaient être contestables. Mais la lutte de classe doit se penser sur le long terme. En ce sens, l’essentiel, ce sont les dizaines de milliers de membres du PCF qui conduisent une lutte exemplaire, son organisation bien réelle et implantée sur le terrain, la reconstruction du Parti, sa sortie de l’auto-effacement durant la période de la « mutation » – même si beaucoup reste encore à faire. Les petites phrases et les polémiques sur twitter appartiennent au bruit de fond.

 

Le PCF est à ce titre incontournable, et le PST-POP est fier de le considérer comme son parti-frère.

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