28 décembre 2009

Réflexions de Fidel : LE DROIT DE L’HUMANITÉ À L’EXISTENCE



Texte reçu par newsletter de l'Association Suisse-Cuba



Les changements climatiques causent d’ores et déjà des dommages considérables, et des centaines de millions de pauvres en souffrent les conséquences.

Les centres de recherche les plus avancés assurent qu’il reste très peu de temps pour échapper à une catastrophe irréversible. Selon James Hansen, de l’Institut Goddard, de la NASA, un niveau de trois cent cinquante parties de dioxyde de carbone par million est encore tolérable ; or, il dépasse actuellement trois cent quatre-vingt-dix et il augmente tous les ans à raison de deux parties par million, soit plus que les niveaux d’il y a six cent mille ans. Les deux dernières décennies ont été les plus chaudes depuis qu’il existe des mesures. Ce gaz a augmenté de quatre-vingts parties par million ces cent cinquante dernières années.

Les glaces de la mer Arctique, l’énorme couche de deux kilomètres d’épaisseur qui couvre le Groenland, les glaciers d’Amérique du Sud qui alimentent les principales sources d’eau douce de cette région, le volume colossal qui couvre l’Antarctique, la couche qui reste encore sur le Kilimandjaro, les neiges qui couvrent l’Himalaya et l’énorme masse gelée de la Sibérie fondent à vue d’œil. Des scientifiques prestigieux redoutent des sauts quantitatifs dans les phénomènes naturels qui provoquent les changements.

L’humanité avait placé de grands espoirs dans le Sommet de Copenhague, qui devait prolonger le Protocole de Kyoto souscrit en 1996 mais entré en vigueur seulement en 2005. L’échec éclatant de ce Sommet a engendré des épisodes honteux qu’il faut dûment éclaircir.

Les États-Unis, qui comptent moins de 5 p. 100 de la population mondiale, émettent le quart du dioxyde de carbone. Leur nouveau président avait promis de coopérer aux efforts internationaux pour faire face à un problème qui touche son pays autant que le reste du monde. Les réunions préalables au Sommet ont mis en lumière que les dirigeants de cette nation et ceux des pays les plus riches manœuvraient pour faire retomber le poids des sacrifices sur les pays émergents et les pays pauvres.

Beaucoup de dirigeants et des milliers de représentants des mouvements sociaux et des institutions scientifiques, décidés à se battre pour préserver l’humanité du pire risque qu’elle a encouru dans son Histoire, se sont rendus à Copenhague à l’invitation des organisateurs du Sommet. Je m’abstiens d’entrer dans le détail de la brutalité dont ont fait preuve les forces de l’ordre danoises contre les milliers de manifestants et d’invités des mouvements sociaux et scientifiques pour me concentrer sur les aspects politiques du Sommet.

Un véritable chaos a régné à Copenhague et des choses incroyables s’y sont passées. Les mouvements sociaux et les institutions scientifiques n’ont pas eu le droit d’assister aux débats. Des chefs d’État ou de gouvernement n’ont même pas eu la possibilité de donner leur opinion sur des problèmes vitaux. Obama et les dirigeants des pays les plus riches ont séquestré la conférence avec la complicité du gouvernement danois, et les institutions des Nations Unies ont été mises sur la touche.

Barack Obama, qui est arrivé le dernier jour du Sommet et n’y est resté que douze heures, s’est réuni avec deux groupes d’invités triés sur le volet par lui-même et ses collaborateurs. Et c’est accompagné de l’un de ces groupes qu’il a eu une réunion dans la salle plénière avec le reste des délégations de plus haut niveau. Aussitôt après avoir pris la parole, il s’est retiré par une porte dérobée. À cette réunion plénière, hormis le petit groupe choisi par lui, les autres représentants des États n’ont pas eu le droit de prendre la parole. Si les présidents bolivien et vénézuélien ont pu le faire, c’est seulement parce qu’ils l’ont réclamé avec énergie, soutenus par les autres, et que le président du Sommet n’a pas eu d’autre solution que de la leur céder.

Dans une salle contiguë, Obama a réuni les dirigeants des pays les plus riches, de plusieurs nations émergentes les plus importantes et de deux pays très pauvres. Il y a présenté un document négocié avec deux ou trois des principaux pays, il a ignoré l’Assemblée générale des Nations Unies, il a donné des conférences de presse et il est reparti, tel Jules César qui s’exclama au terme d’une ses campagnes victorieuses en Asie mineure : Vini, vidi, vici !

Le Premier ministre en personne du Royaume-Uni, Gordon Brown, avait affirmé le 19 octobre : « Si nous n’aboutissons pas à un accord dans les prochains mois, il ne fait pas le moindre doute qu’une fois que l’élévation débridée des émissions aura provoqué des dommages, aucun accord mondial rétrospectif à quelque moment du futur ne pourra en éliminer les effets. À cette date, il sera alors irrémédiablement trop tard. »

Et il avait conclu son discours sur cette péroraison dramatique : « Nous ne pouvons nous donner le luxe de l’échec. Si nous échouons maintenant, le prix à payer sera très lourd. Si nous agissons maintenant, si nous agissons de concert, si nous agissons en faisant preuve de hauteur de vue et de détermination, nous pouvons encore remporter la victoire à Copenhague. Mais, si nous échouons, la planète Terre sera en danger, et il n’existe pas de plan de rechange. »

Il affirme pourtant à présent avec arrogance que l’Organisation des Nations Unies a été prise en otage par un petit groupe de pays comme Cuba, le Venezuela, la Bolivie, le Nicaragua et Tuvalu, et il accuse la Chine, l’Inde, le Brésil, l’Afrique du Sud et d’autres nations émergentes d’avoir cédé aux séductions des États-Unis pour souscrire un accord qui expédie aux oubliettes le Protocole de Kyoto et ne contient aucun engagement contraignant pour les États-Unis et leurs riches alliés.

Je me vois obligé de rappeler que l’Organisation des Nations Unies a vu le jour voilà à peine soixante ans, après la Deuxième Guerre mondiale, alors que les pays indépendants ne dépassaient pas la cinquantaine. Elle compte aujourd’hui plus de cent quatre-vingt-dix États indépendants, après que la lutte décidée des peuples a eu liquidé l’odieux système colonial.



La République populaire de Chine s’est même vu refuser pendant des années le droit d’entrée à l’ONU, un gouvernement fantoche y usurpant sa représentation à l’Assemblée générale et au Conseil de sécurité. C’est grâce au soutien tenace d’un nombre croissant de pays du Tiers-monde que la Chine bénéficia peu à peu de la reconnaissance de la communauté internationale, ce qui fut un facteur très important pour que les USA et leurs alliés de l’OTAN reconnaissent ses droits à l’ONU.

C’est l’Union soviétique qui contribua le plus par sa lutte héroïque à la défaite du fascisme, au prix de plus de vingt-cinq millions de morts et d’énormes destructions dans tout le pays. C’est au terme de cette lutte qu’elle émergea comme une superpuissance capable de contrebalancer en partie la domination absolue qu’exerçait le système impérial des USA et des anciennes nations coloniales, et sa mise à sac impitoyable des peuples du Tiers-monde. La désintégration de l’URSS a permis aux USA d’étendre leur pouvoir politique et militaire en direction de l’Est, vers le cœur de la Russie, et de renforcer leur influence sur le reste de l’Europe. Ce qui s’est passé à Copenhague n’a donc rien d’étonnant.


Je tiens à souligner les déclarations injustes et outrageantes du Premier ministre britannique et la tentative des États-Unis d’imposer comme accord du Sommet un document dont les pays participants n’ont discuté à aucun moment.

Le ministre cubain des Relations extérieures, Bruno Rodríguez, a affirmé dans la conférence de presse qu’il a donnée le 21 décembre des vérités absolument indéniables. J’en cite quelques paragraphes:

« À Copenhague, je tiens à le souligner, la Conférence des Parties n’a adopté aucun accord, aucune décision concernant des engagements, qu’ils soient contraignants ou pas, ni absolument aucune décision relevant du droit international : à Copenhague, il n’y a pas eu d’accord, tout simplement !


« Le Sommet a été un échec, et l’on veut pourtant berner l’opinion publique mondiale. […] la carence de volonté politique a sauté aux yeux…


« …il a constitué un recul dans l’action de la communauté internationale pour prévenir ou alléger les retombées des changements climatiques…


« …la température mondiale pourrait s’élever de 5º en moyenne… »

Puis notre ministre a apporté d’autres données intéressantes sur les conséquences possibles de cet échec, selon les dernières recherches scientifiques :

« …de la date du Protocole de Kyoto à ce jour, les pays développés ont élevé leurs émissions de 12,8 p. 100… 55 p. 100 de ce volume correspondant aux USA


« Un Étasunien consomme en moyenne 25 barils de pétrole par an, un Européen 11, un Chinois moins de 2, un Latino-Américain ou un Caribéen, moins de 1.


« Trente pays, dont ceux de l’Union européenne, consomment 80 p. 100 des combustibles produits. »

Le fait est que les pays développés signataires du Protocole de Kyoto ont élevé radicalement leurs émissions. Ils veulent toutefois substituer maintenant à la base adoptée pour calculer ces émissions, autrement dit 1990, une nouvelle base, 2005, de sorte que les engagements envisagés par les USA, les plus gros pollueurs, ne représenteraient qu’une réduction de 3 p. 100 par rapport à vingt-cinq ans avant ! C’est là se moquer d’une manière éhontée de l’opinion mondiale…

Le ministre cubain, parlant au nom des pays de l’Alliance bolivarienne des peuples de Notre Amérique (ALBA), et défendant la Chine, l’Inde, le Brésil, l’Afrique du Sud et d’autres États importants à économie émergeante, a ratifié le concept dégagé à Kyoto de

« responsabilités partagées, mais différenciées, ce qui veut dire que les pays à accumulation historique et les pays développés, responsables de cette catastrophe, ont des responsabilités différentes de celles des petits États insulaires ou des pays du Sud, surtout des pays les moins avancés… »


« Responsabilités veut dire financement ; responsabilités veut dire transfert de technologies dans des conditions acceptables. Mais Obama joue sur les mots, et au lieu de parler de "responsabilités" partagées mais différenciées, il parle de "réponses" partagées, mais différenciées…


« …il abandonne la salle plénière sans même daigner écouter qui que ce soit, de même qu’il n’avait écouté personne avant son intervention. »

Obama avait affirmé lors d’une conférence de presse ayant précédé son départ de la capitale danoise : « Nous avons généré ici à Copenhague un accord substantiel sans précédent : pour la première fois dans l’Histoire, les plus grandes économies sont venues ici accepter ensemble leurs responsabilités. »

Dans son exposé clair et irréfutable, notre ministre s’est exclamé :

« Que signifie : "…les plus grandes économies sont venues ici accepter ensemble leurs responsabilités" ? Ça veut dire qu’il fait retomber une part importante du fardeau que représente le financement des mesures d’atténuation et d’adaptation que doivent adopter les pays, surtout ceux du Sud, face aux changements climatiques, sur la Chine, le Brésil, l’Inde et l’Afrique du Sud. Car, il faut bien le dire, la Chine, le Brésil, l’Inde, l’Afrique du Sud et tous les pays appelés par euphémisme en développement ont été victimes d’un braquage, d’un hold-up !
Voilà dans quels termes frappants et irréfutables notre ministre a raconté ce qu’il s’est passé à Copenhague.

Je dois ajouter que le 19 décembre, à dix heures du matin, alors que notre vice-président Esteban Lazo et notre ministre des Relations extérieures étaient déjà repartis, on a assisté à une tentative tardive de ressusciter le document mort-né de Copenhague en tant que document du Sommet. Il ne restait plus alors pratiquement aucun chef d’État et seuls quelques ministres. De nouveau, la dénonciation des membres restants des délégations de Cuba, du Venezuela, de Bolivie, du Nicaragua et d’autres pays a fait capoter la manœuvre. Voilà comme s’est conclu le Sommet : sans gloire !

On ne saurait non plus oublier qu’aux heures les plus critiques de cette journée-là, tard dans la nuit, le ministre cubain des Relations extérieures, et les délégations qui livraient cette digne bataille, ont offert leur coopération au secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, dans la lutte toujours plus dure qui se déroulait et dans les efforts à consentir à l’avenir pour préserver notre espèce.

L’organisation écologique World Wide Fund (WWF) a averti que les changements climatiques échapperaient à tout contrôle dans les cinq à dix prochaines années si les émissions n’étaient pas réduites radicalement.

Mais Obama lui-même m’épargne la peine de démontrer ce que j’ai dit sur ses agissements.

Il a déclaré le 23 décembre, dans une interview à la chaîne de télévision CBS, que les gens avaient raison d’être déçus des résultats du Sommet sur les changements climatiques : « …au lieu d’un échec total, d’une inaction totale, ce qui aurait été un énorme recul, nous avons pu du moins nous maintenir en gros là où nous étions… »

Selon l’agence de presse, Obama est le plus critiqué par les pays qui sentent presque à l’unanimité que le Sommet s’est achevé sur un désastre.

L’ONU est maintenant dans une impasse. Demander à de nombreux autres États d’adhérer à un accord arrogant et antidémocratique serait humiliant.

Poursuivre la bataille et exiger à toutes les conférences, surtout celles de Bonn et de Mexico, le droit de l’humanité à l’existence, en nous fondant sur la morale et la force que nous donne la vérité, telle est à mon avis la seule voie.

Fidel Castro Ruz,
Le 26 décembre 2009

27 décembre 2009

Face à la contre-réforme de Bologne, la lutte des étudiants



Il y a de cela 20 ans, le 19 juin 1999, 30 ministres européens de l’éducation, dont un conseiller fédéral suisse, signaient la Déclaration de Bologne, préparée par la Commission européenne et ayant pour but officiel « l’harmonisation de l’enseignement supérieur en Europe » afin de « permettre la mobilité des étudiants ». Rien de bien dangereux à première vue. Sauf qu’aujourd’hui que les réformes visant à appliquer concrètement la dite déclaration commencent à devenir réalité un peu partout, un mouvement étudiant d’ampleur européenne d’occupation d’universités, parti de Vienne, touche une centaine d’universités dont les étudiants sont unis par une lutte commune : la lutte contre les réformes de Bologne. C’est une première historique depuis 40 ans, la salle MR080 (le plus grand amphithéâtre de l’Université de Genève) est occupé le jeudi 26 octobre par le mouvement étudiant «Education is not for $A£€ ! », avatar genevois du grand mouvement européen, avant d’être évacué manu-militari avec prise de photos des étudiants concernés (sans doute pour fichage) sur ordre du rectorat de façon scandaleusement anti-démocratique. Malgré cette répression policière le mouvement étudiant n’a pas cessé sa lutte après l’évacuation et a continué ses réunions et ses activités visant à la prise de conscience des étudiants. Un effort est même fait en vue de diversifier les activités du mouvement. La prochaine Assemblée générale est fixée au 23 février. Les universités de Lausanne, de Zürich, de Bâle et de Berne ont également connu des occupations. A Genève et ailleurs en Suisse les étudiants membres du Parti Suisse du Travail ont joué un rôle actif dans ce mouvement.


Le Parti du Travail avait fait un communiqué de presse pour dénoncer la répression policière et apporter un soutient inconditionnel aux revendications du mouvement étudiant, qui sont, pour ne citer que les principales : la gratuité totale des études, l’augmentation des bourses et plus de facilité à accéder à celles-ci (actuellement elles sont réservées aux étudiants ni trop riches NI trop pauvres, soit aux seules classes moyennes), le rétablissement de la démocratie universitaire en lieu et place de la toute-puissance du rectorat mise en place par le Grand Conseil, la non-privatisation de l’université, plus de logement étudiant, un meilleur encadrement, l’indépendance de la recherche et la non-fermeture de filières. Dans un discours en langue de bois qu’il fit pour essayer de convaincre les étudiants de cesser l’occupation, le recteur Jean-Dominique Vassali a prétendu qu’il partage l’essentiel des revendications, sauf qu’il ne peut soi-disant disant rien faire pour les satisfaire mais qu’il s’engage quand même à faire tout son possible pour qu’elles soient satisfaites…mais que de toute façon les revendications de l’indépendance de la recherche et de la non-privatisation de l’Université n’ont pas lieu d’être car elles seraient déjà réalisées.


Sauf qu’il utilise contre les étudiants des méthodes qui ressemblent à celles que le pouvoir bourgeois a utilisé contre les militants du Parti du Travail au temps de la Guerre Froide ; preuve que son beau discours ne correspond en rien à la réalité et qu’en fait, loin de partager les revendications du mouvement étudiant, le pouvoir d’Etat bourgeois qu’il représente ne peut tolérer non seulement les exigences mais même l’existence d’un tel mouvement de lutte. Car il existe une chose qui réduit à néant les belles promesses de M. le recteur, et ce quelque chose est la déclaration de Bologne. En effet l’harmonisation de l’enseignement supérieur au niveau européen a pour but non pas l’harmonisation pour l’harmonisation, mais de rendre comparable l’enseignement dispensé par les différentes universités avec des critères quantitatifs afin de les mettre en concurrence. La mobilité facilitée des étudiants vise à rendre cette concurrence réelle. Et la concurrence est prévue en vue de la privatisation des universités. En effet, la déclaration de Bologne prévoit de donner aux universités « l’autonomie », soit la possibilité pour le rectorat de récolter des fonds privés un peu comme il le veut et de gérer son université à sa guise, comme une société anonyme servant les intérêts de ses « généreux donateur » (la présence de représentants de multinationales dans les conseils d’administration est une réalité dans beaucoup d’universités européennes). Le rectorat aurait aussi la possibilité d’augmenter les taxes universitaires à sa guise. Le but final étant d’arriver à un système à l’américaine, avec quelques universités de top niveau accessibles uniquement à l’élite, des universités de deuxième et troisième zone, avec des diplômes de deuxième et troisième zone, pour les autres étudiants…et un quasi-analphabétisme pour les enfants des travailleurs (ce qui n’est pas loin de la réalité aux USA). Un tel système vise à renforcer les privilèges de l’élite, il est fondamentalement réactionnaire et opposé aux intérêts d’une large majorité de la population ; le Parti du Travail luttera contre le système de Bologne pour un enseignement égalitaire et démocratique, au service de l’ensemble de la société et non d’une petite élite, un système qui ne peut être pleinement réalisé que dans une société socialiste.

20 décembre 2009

Réflexions du compañero Fidel : CE QUI S’EST VRAIMENT PASSÉ AU SOMMET DE COPENHAGUE




Texte reçu par newsletter de l'Association Suisse-Cuba





Ce sont les jeunes que l’avenir concerne plus que quiconque.

Encore tout récemment, la discussion portait sur le type de société où nous vivrions. Aujourd’hui, l’on discute si la société survivra…

Il ne s’agit pas là de phrases dramatiques. Il faut s’accoutumer aux faits réels. L’espoir est la dernière chose que les êtres humains peuvent perdre. C’est la vérité en main que des hommes et des femmes de tous âges, mais surtout des jeunes, ont livré au Sommet de Copenhague une bataille exemplaire, offrant ainsi au monde une grande leçon.

Le principal, maintenant, c’est que l’on sache le plus possible à Cuba et dans le monde ce qui s’est passé à Copenhague. La vérité possède une force qui surpasse l’intelligence médiatisée et bien souvent désinformée de ceux qui ont en main les destinées du monde.

Si quelque chose d’important a été obtenu dans la capitale danoise, c’est que l’opinion mondiale a pu observer à travers les médias le chaos politique qui s’y est engendré et le traitement humiliant infligé à des chefs d’État ou de gouvernement, à des ministres et à des milliers de représentants de mouvements sociaux et d’institutions qui, pleins d’illusions et d’espoirs, se sont rendus au siège du Sommet, à Copenhague. La brutale répression contre des manifestants pacifiques par la force publique rappelait la conduite des troupes d’assaut nazies qui occupèrent le Danemark en avril 1940. Ce que personne ne pouvait imaginer, c’est que, le 18 décembre 2009, dernier jour du Sommet, celui-ci serait interrompu par le gouvernement danois – allié de l’OTAN et associé à la boucherie afghane – pour céder la salle plénière au président Obama où celui-ci et un groupe sélect d’invités, seize au total, auraient le droit exclusif de parler. Obama y a prononcé un discours trompeur et démagogique, bourré d’ambiguïtés, qui n’impliquait aucun engagement contraignant et ignorait le Protocole de Kyoto. Il a abandonné la salle peu après avoir écouté quelques autres orateurs. Parmi les pays invités à prendre la parole, on trouvait les pays les plus industrialisés, plusieurs économies émergentes et quelques-uns des plus pauvres de la planète. Les dirigeants et représentants de plus de cent soixante pays n’ont eu que le droit d’écouter.

À la fin du discours du seizième élu, Evo Morales, fort de toute l’autorité de son origine aymara, frais réélu par 65 p. 100 des votants et jouissant du soutien des deux tiers de la Chambre et du Sénat bolivien, a demandé la parole. Le président danois n’a pas eu d’autre remède que de la lui céder à la demande des autres délégations. Quand Evo a conclu sa sage et profonde intervention, le Danois a dû la concéder ensuite à Hugo Chávez. Les deux interventions passeront à l’Histoire comme des exemples de discours brefs et opportuns. Une fois leur tâche dûment remplie, tous deux ont regagné leur pays respectif. Mais quand Obama est sorti de scène, il n’avait pas encore conclu la sienne au pays siège du Sommet.

Dans la nuit du 17 au 18, le Premier ministre danois et de hauts représentants des États-Unis s’étaient réunis avec le président de la Commission européenne et les dirigeants de vingt-sept pays pour leur proposer, au nom d’Obama, un projet d’accord à l’élaboration duquel aucun autre dirigeant du reste du monde ne devait participer. C’était là une initiative antidémocratique et virtuellement clandestine qui ignorait des milliers de représentants de mouvements sociaux, d’institutions scientifiques, religieuses et les autres invités au Sommet.

Dans la nuit du 18, alors que de nombreux chefs d’État étaient déjà partis, les représentants des pays ont attendu jusqu’à trois heures du matin du 19 la reprise des séances et la clôture de la réunion. Pendant toute la journée du 18, Obama avait soutenu des réunions et des conférences de presse. Tout comme les dirigeants européens. Puis ils sont partis.

Il s’est alors passé quelque chose d’insolite : le 19, à trois heures du matin donc, le Premier ministre danois a convoqué la clôture du Sommet. Les ministres, fonctionnaires, ambassadeur et personnels techniques étaient les seuls à représenter leur pays.

Mais un groupe de représentants de pays du Tiers-monde qui contestaient la tentative d’Obama et des plus riches de la planète de présenter comme un accord consensuel du Sommet le document imposé par les États-Unis a livré cette nuit-là une bataille étonnante.

La représentante vénézuélienne, Claudia Salerno, pleine d’une énergie impressionnante, montra le sang qui coulait de sa main droite à cause des coups qu’elle avait dû frapper sur la table pour pouvoir exercer son droit de parole. Le ton de sa voix et la dignité de ses arguments sont inoubliables.

Le ministre cubain des Relations extérieures a prononcé un discours énergique d’un millier de mots dont j’extrais plusieurs paragraphes pour les inclure dans mes Réflexions :

« Le document dont vous avez nié à plusieurs reprises l’existence, monsieur le Président, apparaît maintenant… Nous avons vu des versions qui circulent d’une manière subreptice et qui se discutent en petits conciliabules secrets.


« … je regrette profondément la façon dont vous avez conduit cette Conférence.


« …Cuba juge extrêmement insuffisant et inadmissible le texte de ce projet apocryphe. L’objectif de 2ºC est inacceptable, car il aurait des conséquences catastrophiques incalculables…


« Le document que vous nous présentez ne contient, hélas, aucun engagement de réduction des émissions de gaz à effet de serre.


« Je connais les versions antérieures qui se sont négociées elles aussi à travers des procédés contestables et clandestins, en coteries fermées…

« Le document que vous nous soumettez maintenant omet justement les phrases clefs déjà bien maigres et insuffisantes de cette version-là.


« …pour Cuba, cet objectif est incompatible avec le critère scientifique universellement accepté selon lequel il est urgent et incontournable de réduire les émissions d’au moins 45 p. 100 d’ici à 2020 et de non moins de 80 à 90 p. 100 d’ici à 2050.


« Toute proposition de poursuite des négociations en vue d’adopter à l’avenir des accords de réduction des émissions doit inclure impérativement le concept selon lequel le Protocole de Kyoto est toujours d’actualité. […] Votre papier, monsieur le Président, est l’acte de décès du Protocole de Kyoto, et ma délégation s’y refuse.


« La délégation cubaine tient à souligner la primauté du principe des "responsabilités communes mais différenciées" en tant que concept clef des futures négociations. Votre papier n’en dit mot.


« Ce projet de déclaration omet des engagements concrets en matière de financement et de transfert de technologies vers les pays en développement dans le cadre des obligations contractées par les pays développés au titre de la Convention cadre des Nations sur les changements climatiques. […] Les pays développés qui imposent leurs intérêts par ce document interposé fuient tout engagement concret.


« …Ce que vous appelez, monsieur le Président, un "groupe de leaders représentatifs" constitue à mes yeux une violation grossière du principe de l’égalité souveraine des États que consacre le Charte des Nations Unies.


« Je vous demande formellement, monsieur le Président, de faire en sorte que ma déclaration fasse partie du rapport final sur les travaux de cette lamentable, de cette honteuse Quinzième Conférence des Parties.
On n’avait concédé qu’une heure aux représentants des États pour émettre des opinions, ce qui a provoqué des situations compliquées, honteuses et désagréables.

Il s’ensuivit un long débat durant lequel les délégations des pays développés ont exercé de fortes pressions pour que la Conférence adopte ce document comme résultats final de ses délibérations.


Un nombre réduit de pays a insisté fermement sur les sérieuses carences et ambiguïtés du document impulsé par les États-Unis, en particulier sur l’absence d’engagement de la part de pays développés en matière de réduction des émissions de carbone et de financement permettant aux pays du Sud de mettre en place des mesures d’atténuation et d’adaptation.

C’est au terme de discussions longues et extrêmement tendues que la position des pays de l’Alliance bolivarienne des peuples de Notre Amérique (ALBA) et du Soudan en tant que président en exercice du Groupe des 77 a fini par prévaloir : le document en question était inacceptable par la Conférence.

Devant le manque de consensus évident, la Conférence s’est bornée à « prendre note » de l’existence de ce document en tant que position d’un groupe d’environ vingt-cinq pays.

Une fois cette décision adoptée à 10 h 30 (heure de Copenhague), Bruno – après avoir discuté amicalement, aux côtés d’autres représentants de l’ALBA avec le Secrétaire général de l’ONU et lui avoir confirmé leur disposition de continuer de lutter de concert avec les Nations Unies pour empêcher les terribles conséquences des changements climatiques – a regagné notre pays en compagnie du vice-président cubain, Esteban Lazo, pour assister à la session de l’Assemblée nationale. Sa mission avait pris fin. Il n’est resté à Copenhague que quelques membres de notre délégation et l’ambassadeur pour participer aux démarches finales.

Ils ont informé cet après-midi :
« …comme ceux qui ont participé à l’élaboration du document aussi bien que ceux qui, comme le président des USA, se sont empressés d’annoncer son adoption par le Sommet… ne pouvaient refuser la décision de celui-ci de seulement "prendre note" du prétendu "Accord de Copenhague", ils ont tenté de proposer un procédé par lequel d’autres pays Parties qui n’avaient pas participé à cette manigance pourraient la seconder et y adhérer, afin de donner des dehors de légalité à cet accord, ce qui aurait pu de fait préjuger du résultat des négociations à venir.

« Cuba, le Venezuela et la Bolivie se sont opposés de nouveau fermement à cette tentative tardive, avertissant que ce document non entériné par la Conférence n’avait pas de caractère légal, qu’il n’existait pas comme document des Parties et qu’on ne pouvait établir aucune règle pour le faire censément adopter…

« Voilà dans quel esprit que se sont conclues les sessions de Copenhague, sans adoption de ce document préparé subrepticement ces derniers jours, sous la conduite idéologique évidente de l’administration étasunienne… »
Demain, notre attention sera centrée sur l’Assemblée nationale.

Lazo, Bruno et le reste de la délégation arriveront vers minuit. Notre ministre des Relations extérieures pourra expliquer lundi, avec luxe de détails et avec toute la précision requise, ce qui s’est vraiment passé au Sommet.
Fidel Castro Ruz
Le 19 décembre 2009
20 h 17

18 décembre 2009

Réflexions du compañero Fidel: L’HEURE DE LA VÉRITÉ


Texte reçu par la newsletter de l'Association Suisse-Cuba



Les nouvelles qui nous parviennent de la capitale danoise traduisent le chaos. Les hôtes, après avoir promis de concevoir une réunion à laquelle participeraient environ quarante mille personnes, sont incapables de tenir parole.

Evo, le premier des deux présidents membres de l’Alliance bolivarienne des peuples de Notre Amérique (ALBA) à être arrivé, a exprimé de profondes vérités qui émanent de la culture millénaire de sa nation.

Selon les agences de presse, il a assuré avoir un mandat du peuple bolivien pour bloquer tout accord si le texte final n’offrait pas d’alternatives. Il a expliqué que les changements climatiques n’étaient pas une cause, mais un effet, que nous avions l’obligation de défendre les droits de la Terre nourricière face à un modèle de développement capitaliste, de défendre la culture de la vie face à la culture de la mort. Il a parlé de la dette climatique que les pays riches devaient payer aux pays pauvres et affirmé qu’ils devaient leur rendre l’espace atmosphérique qu’ils leur avaient enlevé.

Il a qualifié de ridicule la somme de dix milliards de dollars annuels offerte jusqu’en 2012, alors qu’il en faudrait en réalité des centaines de milliards par an, et il a accusé les États-Unis de dépenser des billions de dollars pour exporter le terrorisme en Iraq et en Afghanistan et créer des bases militaires en Amérique latine.

Le président de la République bolivarienne du Venezuela a pris la parole au Sommet le 16 à 8 h 40 (heure de Cuba). Il a prononcé un brillant discours, chaleureusement applaudi. Ce qu’il a dit était lapidaire. Contestant un document proposé au Sommet par la ministre danoise qui le présidait, il a affirmé :
« C’est un texte qui vient du néant. Nous n’accepterons aucun texte qui n’émanerait pas des groupes de travail, car ce sont les textes légitimes sur lesquels nous avons négocié pendant deux années.

« Un groupe de pays se croit supérieur à nous, ceux du Sud, ceux du Tiers-monde…

« …ne nous en étonnons pas : la démocratie n’existe pas, nous sommes face à une dictature.

« …je lisais certains des slogans que les jeunes ont peints dans les rues… L’un disait : "Ne changez pas le climat, changez le système !" ; un autre : "Si le climat était une banque, il aurait déjà été sauvé !"

« Obama… a reçu le prix Nobel de la paix le jour même où il a envoyé trente mille soldats de plus tuer des innocents en Afghanistan.



« Je partage les vues des délégations brésilienne, bolivienne, chinoise, je voulais juste les appuyer…. mais on ne m’a pas donné la parole.

« Les riches détruisent la planète. Émigreront-ils sur une autre quand ils auront détruit celle-ci ?

« …les changements climatiques sont sans nul doute le problème environnemental le plus dévastateur de ce siècle.

« Les États-Unis ne comptent même pas 300 millions d’habitants ; la Chine, presque cinq fois plus. Les États-Unis consomment plus de vingt millions de barils de pétrole par jour ; la Chine, à peine cinq ou six millions. On ne peut pas demander à la Chine pareil qu’aux États-Unis !

« …réduire les émissions de gaz polluants et aboutir à une convention de coopération à long terme… semble pour le moment un objectif irréalisable. Pour quelle raison ? …l’attitude irresponsable et la carence de volonté politique des nations les plus puissantes de la planète.

« …l’écart qui sépare les pays riches des pays pauvres n’a cessé de se creuser, malgré tous nos Sommets et à cause des promesses non tenues, et le monde court à sa perte.

« …les 500 individus les plus riches du monde ont des revenus supérieurs à ceux des 416 millions les plus pauvres.

« La mortalité infantile est de 47 décès pour mille naissances vivantes, mais d’à peine 5 dans les pays riches.

« …jusqu’à quand allons-nous permettre que des millions d’enfants continuent de mourir de maladies curables ?

« 2,6 milliards de personnes vivent sans services d’assainissement.

« Le Brésilien Leonardo Boff a écrit : "Les plus forts survivent sur les cendres des plus pauvres."

« Jean-Jacques Rousseau disait : "Entre le fort et le faible, la liberté opprime." Voilà pourquoi l’Empire parle de liberté : de la liberté d’opprimer, d’envahir, d’assassiner, d’anéantir, d’exploiter… Voilà bien sa liberté. Et Rousseau ajoutait cette phrase salvatrice : "Seule la loi libère."

« Jusqu’à quand allons-nous permettre que les puissants déclenchent des conflits armés dans lesquels sont massacrés des millions d’innocents dans le seul but de s’approprier les ressources d’autres peuples ?

« Un libérateur universel, Simón Bolívar, disait voilà presque deux siècles : "Si la Nature s’y oppose, nous nous battrons contre elle et nous la ferons obéir."

« Cette planète-ci a vécu des milliards d’années sans nous, sans l’espèce humaine, elle n’a pas besoin de nous pour exister. En revanche, sans elle, nous n’existons pas. »

Evo a pris la parole ce jeudi matin. Son discours sera lui aussi inoubliable. Il a affirmé carrément dès le début :
« Je tiens à exprimer mon mécontentement devant la désorganisation et les retards qui caractérisent cette rencontre internationale. »

Ses idées-force :
Quand nous interrogeons nos hôtes au sujet de ce qu’il se passe… ils nous répondent que c’est un sommet des Nations Unies ; quand nous le demandons aux Nations Unies, elles nous répondent que c’est le Danemark, et nous ne savons pas qui désorganise cette réunion internationale.
« …je suis très surpris de constater qu’on ne parle que des effets, mais pas des causes des changements climatiques.

« Si nous n’identifions pas d’où vient la destruction de notre environnement… nous ne réglerons jamais, assurément, ce problème…

« …deux cultures s’affrontent : la culture de la vie et la culture de la mort, la culture de la mort qui est le capitalisme. Nous, peuples indigènes, nous disons que le vivre-mieux revient à vivre mieux aux dépens d’autrui.

« …en exploitant autrui, en pillant les ressources naturelles, en violant la Terre nourricière, en privatisant les services de base…

« Vivre bien, c’est vivre dans la solidarité, dans l’égalité, dans la complémentarité, dans la réciprocité…

« Ces deux formes de vécu, ces deux cultures existentielles s’affrontent quand nous parlons des changements climatiques. Et si nous ne décidons pas quelle est la meilleure forme de vécu ou de vie, nous ne réglerons jamais ce problème. Il s’agit en effet de problèmes existentiels : le luxe, la surconsommation, qui font tort à l’humanité. Mais c’est là une vérité que nous ne voulons pas dire dans ce genre de réunion internationale.

« …dans notre façon de vivre, ne pas mentir est quelque chose de sacré, mais que nous ne pratiquons pas ici.

« …notre Constitution consacre l’ama sua¸l’ama llulla, l’ama quella, autrement dit ne pas voler, ne pas mentir, ne pas fuir.

« …la Terre nourricière ou la Nature existe et existera sans l’être humain, mais l’être humain ne peut vivre sans la planète Terre. Nous sommes donc obligés de défendre le droit de la Terre nourricière.

« …je salue les Nations Unies qui ont enfin déclaré cette année le Jour international de la Terre nourricière.

« …la mère est quelque chose de sacré, la mère est notre vie ; la mère, vous ne la louez pas, vous ne la vendez pas, vous ne la violez pas. La mère, vous devez la respecter.

« Nous avons de profonds désaccords avec le modèle occidental, et c’est de ça dont il faut débattre.

« Nous sommes en Europe. Vous savez que beaucoup de familles boliviennes, de familles latino-américaines viennent en Europe. Pourquoi y viennent-elles ? Pour améliorer leurs conditions de vie. Une personne peut gagner en Bolivie cent, deux cents dollars par mois ; mais si elle vient ici en Europe s’occuper d’une personne âgée, elle en gagne mille par mois.

« Voilà les asymétries qui existent d’un continent à l’autre, et nous devons débattre de la façon d’introduire un certain équilibre… de réduire ces profonds clivages entre les familles, entre les pays, et surtout entre les continents.

« Quand… nos soeurs et nos frères viennent ici pour survivre ou pour améliorer leurs conditions de vie, on les expulse… il existe ces fameux documents dits de retour… mais quand les ancêtres européens arrivaient jadis en Amérique latine, on ne les expulsait pas. Mes familles, mes frères ne viennent pas ici pour s’emparer des mines, ni de milliers d’hectares pour devenir propriétaires fonciers. On n’avait pas besoin jadis de visas ni de passeports pour arriver à l’Abya Yala, appelée maintenant l’Amérique.

« …si nous ne reconnaissons pas le droit de la Terre nourricière, nous parlerons en vain de ces dix milliards, de ces cent milliards, qui sont de toute façon une offense à l’humanité.

« …les pays riches doivent accueillir tous les émigrants engendrés par les changements climatiques, et non pas les renvoyer dans leurs pays, comme ils le font actuellement.

« … notre obligation est de sauver toute l’humanité, et non une moitié.

« …la Zone de libre-échange des Amériques… n’était pas une zone de libre-échange, mais une zone de libre-colonisation des Amériques… »

Parmi les questions qu’Evo a suggéré d’inclure dans un référendum mondial sur les changements climatiques, il a proposé celles-ci :

“Êtes-vous d’accord pour rétablir l’harmonie avec la Nature, en reconnaissant les droits de la Terre nourricière ?

« Êtes-vous d’accord de changer ce modèle de surconsommation et de gaspillage qu’est le système capitaliste ?

« Êtes-vous d’accord pour que les pays développés réduisent et réabsorbent leurs émissions de gaz à effet de serre ?

« Êtes-vous d’accord pour transférer tout ce qui se dépense dans les guerres et pour allouer aux changements climatiques un budget supérieur à celui de la défense ? »
Les Nations Unies ont, comme on le sait, adopté dans la ville japonaise de Kyoto, en 1997, la Convention sur les changements climatiques aux termes de laquelle trente-huit pays industrialisés s’étaient engagés à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre d’un pourcentage donné par rapport à leurs émission de 1990. L’Union européenne s’était engagée à les réduire de 8 p. 100. La Convention est entrée en vigueur en 2005 après ratification par la majorité des pays signataires. George W. Bush, alors président des USA – le pays qui émet le plus de gaz à effet de serre, le quart du total – avait refusé cette Convention dès la mi-2001.

Les autres membres des Nations Unies sont allés de l’avant. Les centres de recherche ont poursuivi leur tâche. Il est d’ores et déjà évident qu’une grande catastrophe menace notre espèce. Le pire serait peut-être qu’une minorité privilégiée et riche, mais aveuglée par l’égoïsme, prétende faire retomber le poids des sacrifices nécessaires sur l’immense majorité des habitants de notre planète.

Cette contradiction se reflète à Copenhague où des milliers de personnes défendent très fermement leurs vues.

La force publique danoise utilise des méthodes brutales pour écraser la résistance ; beaucoup des contestataires sont arrêtés à titre préventif. Je suis entré en contact avec notre ministre des Relations extérieures, Bruno Rodríguez, qui participait à un meeting de solidarité dans la capitale danoise aux côtés de Chávez, d’Evo, de Lazo et d’autres représentants de l’ALBA. Je lui ai demandé quels étaient les gens que la police danoise réprimait avec tant de haine, leur tordant les bras et les frappant à coups répétés dans le dos. Il m’a répondu que c’étaient des Danois et des citoyens d’autres nations et des membres des mouvements sociaux qui réclamaient que le Sommet apporte une solution réelle pour faire face aux changements climatiques. Il m’a dit que les débats du Sommet se poursuivraient à minuit. Quand je lui ai parlé, il faisait déjà nuit au Danemark, la différence étant de six heures.

De Copenhague, nos compagnons ont informé que le scénario prévu pour demain, vendredi 18, sera pire. Le Sommet des Nations Unies sera interrompu à dix heures du matin pendant deux heures afin que le chef du gouvernement danois puisse avoir une rencontre avec vingt chefs d’État qu’il a invités à discuter avec Obama de « problèmes mondiaux » Voilà comment s’appelle cette réunion qui vise à imposer un accord sur les changements climatiques.

Même si toutes les délégations officielles peuvent participer à cette réunion, seuls « les invités » auront droit de parole. Ni Chávez, ni Evo, bien entendu, ne font partie de ceux qui pourront présenter leurs vues. L’idée est que l’illustre Prix Nobel puisse prononcer son allocution préemballée, une fois que ladite réunion aura décidé de renvoyer l’accord à la fin de l’an prochain à Mexico. Les mouvements sociaux ne seront pas présents dans la salle. Ce show terminé, le « Sommet » se poursuivra dans la salle principale jusqu’à sa clôture inglorieuse.

La télévision ayant transmis des vues, le monde entier a pu constater les méthodes fascistes employées à Copenhague contre les gens. Jeunes dans leur majorité, les manifestants réprimés ont forcé la solidarité des peuples.

L’heure de la vérité sonne pour les chefs de l’Empire, malgré leurs manigances et leurs mensonges cyniques. Leurs propres alliés croient de moins en moins en eux. À Mexico, tout comme à Copenhague et partout ailleurs dans le monde, ils se heurteront à la résistance croissante des peuples qui n’ont pas perdu l’espoir de survivre.
Fidel Castro Ruz

Le 17 décembre 2009

18 h 46

02 décembre 2009

Communiqué de presse relatif à l’occupation de la salle MR080 par le mouvement étudiant «Education is not for $A£€ »



Communiqué de presse rédigé par mes soins.



Le lundi 30 novembre à 6h30 du matin (soit avant le délai de 8h00 fixé par le rectorat lui-même), le rectorat a fait évacuer manu-militari l’amphithéâtre MR080 à Unimail, occupé jusque là par les étudiants participant au mouvement Education is not for $A£€, afin de soi-disant rendre l’amphithéâtre susmentionné aux cours, refusant de donner les locaux pour lesquels le mouvement était prêt à quitter l’auditoire sans réponse argumentée et le forçant à se replier sur une salle de séminaire bien trop petite et allant jusqu’à faire prendre de nombreuses photos des étudiants présents, tout en refusant de s’engager à détruire ces photos. Le Parti du Travail dénonce ce procédé policier et répressif contre le mouvement étudiant, unique en Suisse (ni Lausanne, ni Berne, ni Bâle, ni Zurich n’ont procédé à aucune opération de ce genre), allant à l’encontre de la promesse explicite du rectorat de ne pas faire usage de la force contre les étudiants. Visiblement, le recteur Jean-Dominique Vassali a fait le choix, dangereux et inacceptable dans un pays qui se prétend démocratique et garantissant la liberté d’expression, de faire usage de la répression contre un mouvement qui dérange ; tout cela sous le prétexte fallacieux d’assurer des cours, fallacieux car cela n’aurait posé aucun problème technique de déplacer les cours dans des salles inoccupées, ce que le rectorat a amplement prouvé en faisant aisément déplacer tous les cours durant l’occupation. Le Parti du Travail dénonce également le fichage des étudiants, pratique qui rappelle les sombres années du maccarthysme et le fichage systématique des militants de gauche, traités en ennemis de la nation, durant la Guerre froide, et exige la destruction des photos que le rectorat a ordonné de prendre.

Mais pourquoi, si déplacer les cours n’aurait posé aucun problème, cette occupation dérange-t-elle au point que les autorités aient jugé utile de faire appel à une répression aussi scandaleuse qu’inédite ? C’est tout simplement que le rectorat, institution servant l’Etat bourgeois, ne peut admettre l’existence, et à fortiori le renforcement du mouvement qu’il y a derrière l’occupation ni la propagation des revendications qu’il porte. Le Parti du Travail souhaite exprimer son entière solidarité au mouvement Education is not for $A£€, ainsi qu’un total soutient envers ses revendications qui correspondent à une vision de l’éducation que le PdT partage ; les étudiants membres du Parti participent d’ailleurs activement au mouvement d’occupation, à Genève de même que dans les autres universités de Suisse. Pourquoi ce mouvement dérange-t-il tellement nos autorités, ainsi que la presse bourgeoise qui n’hésite pas à le calomnier, toujours, avec la démagogie habituelle, jouant de l’amalgame mensonger protestation égale déprédation. Il faut commencer par rappeler que l’occupation genevoise s’inscrit dans le cadre d’un vaste mouvement européen d’occupation d’universités, ayant débuté à Vienne, dans une optique de lutte contre les réformes de Bologne et la marchandisation des études. Ce cadre européen donne tout son sens à un mouvement, qui a aussi des revendications plus concrètes et spécifiquement genevoises ; pour ne citer que les principales : la gratuité des études (notamment la suppression des taxes universitaires, alors que le Grand conseil, qui planche actuellement sur la loi sur l’université, aurait apparemment la velléité d’augmenter celles-ci), l’augmentation des bourses et plus de facilité à y accéder (actuellement il faut être ni trop riche ni trop pauvre pour y accéder, si bien qu’elles sont de fait réservées aux classes moyennes), la non-privatisation de l’université, l’indépendance de la recherche, plus de logements étudiants, un meilleur encadrement (le nombre de professeurs et d’assistants est insuffisant dans beaucoup de facultés), le rétablissement de la démocratie universitaire et des organes paritaires, ainsi que la non-fermeture des filières (le bachelor en histoire économique est actuellement menacé).

M. Vassali, invité à répondre à ces revendications en sa qualité de recteur, s’est fendu d’un discours en langue de bois, souvent contradictoire et donnant parfois l’impression qu’il ne connaît guère l’institution qu’il dirige ; disant tout de même qu’il soutient la plupart des revendications, tout en se déresponsabilisant d’office sur toutes, car il ne pourrait rien faire mais qu’il essaierait de faire des pressions, et répondant avec des réserves peu claires et touchant au sophisme sur les revendications qu’il est en son pouvoir de réaliser, et enfin promettant que l’université resterait publique et que la liberté de recherche resterait garantie. Mais alors, si le recteur est d’accord pour l’essentiel avec les revendications des étudiants, pourquoi le dérangent-ils au point de les faire évacuer manu-militari ? C’est tout simplement que M. le recteur sait très bien que les étudiants auraient été bien mal inspirés que de croire ses belles promesses sur parole. En effet, il existe quelque chose qui les réduit à n’être que des vaines paroles sans objet et ce quelque chose est la déclaration de Bologne, ratifiée par 29 ministres européens de l’éducation (dont un conseiller fédéral suisse), préalablement élaboré par la commission européenne sur la base d’exigences exprimées par l’ERT (Table Ronde des Industriels Européens, principale association patronale qui fait la pluie et le beau temps dans l’Union Européenne).

Pourquoi donc autant d’opposition face à une directive dont le but tel que décrit par les médias serait apparemment d’harmoniser l’enseignement supérieur au niveau européen afin de permettre aux étudiants d’effectuer une partie de leur cursus dans un autre pays afin de découvrir une autre culture et de créer une identité et une culture européenne ? Mais c’est que précisément là n’est pas le but réel de la réforme de Bologne. Effectivement, il est question d’harmoniser l’enseignement supérieur au niveau européen par le système bien connu de bachelor, master et le système ECTS, soit l’évaluation en termes de crédits, sensés être convertibles et utilisables partout en Europe. Toutefois, le but de cette harmonisation (déjà contestable en soi car poussant les étudiant à chercher l’accumulation des crédits plutôt que de s’intéresser sérieusement au contenu de leurs études) ne se limite pas à ce qui est dit publiquement. Le but, affirmé sans vergogne dans maintes et maintes déclarations et documents de l’ERT et de la commission européenne, est de mettre, à travers la mobilité des étudiants et des professeurs, les universités européennes en concurrence afin de parvenir à un système à l’américaine ; soit quelques «pôles d’excellence» réservés aux meilleurs étudiants et aux meilleurs chercheurs, et des universités de deuxième et troisième zone, avec des diplômes de deuxième et troisième zone, voire de simples écoles supérieures ayant perdu leur «label» universitaire pour la grande majorité. Aussi, les crédits, censés être utilisables partout, ne le seraient pas du tout. Et il ne faut surtout pas s’imaginer qu’il suffira d’être un étudiant studieux pour accéder à une bonne université : en effet, ce modèle de concurrence est incompatible avec l’université service public, trop « rigide » selon les soi-disant experts eurocrates, qui eux exigent ce qu’ils appellent «l’autonomie» de l’institution académique (c’est le sens de la loi sur l’université que le peuple genevois a hélas approuvée), c’est-à-dire que l’université est gérée par un rectorat n’ayant pas ou peu de comptes à rendre à la collectivité et autonome quant à ses choix académiques, administratifs, mais aussi quant à la recherche et à la gestion de ses fonds, publics et privés, gérant son établissement comme une véritable entreprise ; de fait une semi-privatisation, voire une privatisation pure et simple. Aussi, avec ce modèle néolibéral, l’université non seulement ne sera pas gratuite, mais sera même fort chère, et de plus en plus chère selon le prestige de l’établissement, les fameux «pôles d’excellence» devant être réservés quasiment aux seuls enfants de millionnaires ; ainsi que c’est le cas aux Etats-Unis. Le but de tout cela est, on le voit, de rendre l’enseignement universitaire infiniment plus élitaire qu’il ne l’est déjà, pour renforcer encore les privilèges héréditaire d’une toute petite élite, sous des formes qui n’ont rien à envier à l’Ancien Régime. Enfin, l’ouverture des fonds de l’université au privé, sous le prétexte fallacieux d’économiser l’argent du contribuable qu’on ne se gène pourtant pas de claquer dans des avions de combat dont on ne voit pas trop à quoi ils pourraient bien servir, vise en fait à mettre l’université «plus en contact avec les besoins de l’économie» selon le jargon bruxellois, soit de leur donner pour but de se mettre au service exclusif des exigences de profit des entreprises. Cela implique de ne pas ou plus former des citoyens libres, armés d’une culture générales et d’un esprit critique et mettant leur connaissances au service de la société, mais de former (outre une petite élite de maîtres aussi arrogante que bornée) de la force de travail pour les entreprises : c’est-à-dire démantèlement des facultés non rentables que sont les lettres, les sciences sociales,… et dans celles qui sont utiles à l’économies focalisation sur les seules compétences professionnelles et élimination de toute théorie alternative et de tout esprit critique (n’envisagez même pas de vous poser la question s’il existe d’autres visions que le néolibéralisme en économie). Autre danger de l’ouverture des fonds au privés : le financement de recherches, voire de chaires entières, par des multinationales oriente fortement, et c’est un euphémisme, le travail de celles-ci, les transformant en véritables fabriques à brevet au service exclusif de la rentabilité immédiate et repoussant le reste aux calendes grecques (des sommes minimes sont consacrées aux maladies tropicales alors qu’elles touchent 56% de la population mondiale…sauf qu’il s’agit d’une population non solvable).

Au vu de ce qui a été dit, pas étonnant que les autorités cherchent à étouffer toute résistance au processus de Bologne, à la réprimer et criminaliser au besoin. Nous profiterons de l’occasion pour rappeler la position du Parti du Travail sur l’Union Européenne : en effet, la réforme de Bologne ne montre que trop le rôle profondément réactionnaire, violemment néolibéral, antidémocratique et opposé aux intérêts des peuples de cette structure et nous ne pouvons que soutenir une lutte européenne contre la politique de cette poignée de fonctionnaires arrogants, élus par personne et n’ayant aucun compte à rendre aux peuples qu’ils sont de toute façon payés pour opprimer ; le but à terme du mouvement étudiant s’il veut stopper le processus de Bologne devrait être de faire tomber la commission européenne et la dissolution de l’UE. En tout cas, la déclaration de Bologne comme les agissements de M. Vassali rappellent de façon éclatante une vérité énoncée par Lénine : « Les formes d'Etats bourgeois sont extrêmement variées, mais leur essence est une : en dernière analyse, tous ces Etats sont, d'une manière ou d'une autre, mais nécessairement, une dictature de la bourgeoisie. » C’est pourquoi, si le Parti du Travail soutient sans réserve les revendications des étudiants, il tient à rappeler qu’elles ne sont pas pour une grande partie d’entre elles réalisables sous le capitalisme, mais exigent un changement de société, le socialisme. En effet, une véritable gratuité des études implique non seulement l’abolition des taxes universitaire, ce qui n’est que le strict minimum, mais également un véritable salaire d’étudiant, versé à tous les étudiants, qui permettrait à ceux-ci de ne plus devoir travailler à coté de leurs études et de se consacrer totalement à celles-ci. Un tel salaire implique que le travail produit par la société soit consacré au bien de tous ses membres et non au profit d’une toute petite élite. C’est quelque chose que tous les pays socialistes existants ou ayant existé accordent ou ont accordé à leurs peuples, quelque chose qu’on n’ose pas même revendiquer dans notre pays, pourtant bien plus riche. De même qu’une véritable indépendance de la recherche, ou plutôt que celles-ci soient consacrées à l’intérêt réel de la société, à l’intérêt de tous ses membres, implique que le pouvoir étatique, auquel l’université est soumise, n’appartienne plus aux laquais des multinationales mais au peuple travailleur. Le Parti du Travail apporte son entier et total soutient à la lutte des étudiants contre les réformes de Bologne et pour une université de qualité, gratuite, démocratique et tournée vers l’intérêt commun.

04 octobre 2009

Crise du capitalisme


Le texte qui suit est le premier chapitre du programme électoral rédigé par le Parti du Travail genevois pour les élections cantonales de cet automne, mais il est toutefois aussi un programme politique allant bien au-delà des quatre ans de législature. Le programme a été rédigé par la commission politique du PdT dont je suis le président; pour voir la mise-en-page originale, suivez ce lien. Les quelques articles que j'ai publié aujourd'hui sont les différents chapitres du programme. L'analyse préliminaire sur la crise du capitalisme est de ma plume.

Depuis quelques mois, le capitalisme vit sa plus grande crise depuis 1929, probablement la pire crise de son histoire. L’économie est en récession, de plus en plus d’entreprises font faillite et licencient en masse, le Bureau International du Travail prévoit 50 millions de chômeurs de plus pour cette année. Selon toute vraisemblance, et selon toutes les analyses sérieuses, cette crise devrait durer encore au moins quinze ans ; il n’y a pas de raison d’ailleurs qu’une crise de telle ampleur dure moins, celle de 1929 ne s’est achevée qu’avec la Seconde Guerre mondiale. Celle que nous vivons actuellement a éclaté avec les subprimes américains, pour s’étendre à toute la finance de ce pays, puis à toute l’économie mondiale. Actuellement, l’économie suisse commence à être touchée par la récession et les vagues de licenciements, telles que l’affaire Franck Muller, le taux de chômage a augmenté de 60% en 12 mois et le nombre de faillites d’entreprises de 26,2% ; et ce n’est là que le début, selon toutes les prévisions, le pire de la crise est devant nous. Thomas Daum, directeur de l’Union patronale suisse, a d’ailleurs clairement annoncé quel avenir les maîtres du capital préparent pour les travailleurs : «ça ira mal à la rentrée, des décisions comme celle de Frank Muller, il y en aura certainement une par mois».
Il s’agit là, bien plus que de l’éclatement d’une simple bulle spéculative, d’une crise structurelle du capitalisme. La cause en va donc bien au-delà de l’incompétence de quelques managers ; la crise est le résultat nécessaire du mode d’accumulation du capitalisme qui tend à produire toujours plus sans augmenter les salaires en conséquence afin de pouvoir garder toujours des profits maximums, jusqu’à obtenir des masses de produis invendables qui précipitent l’économie entière dans la récessions et les travailleurs dans la misère ; l’excès de richesses cause la misère généralisée, là est l’absurdité profonde du système. Selon Atilio Borón, docteur en sciences politiques, professeur titulaire de théorie politique et sociale, directeur du Programme latino-américain de télé-enseignement en sciences sociales (PLED) : « il s'agit d'une crise de surproduction doublée d'une crise de sous-consommation. Ce n'est pas par hasard qu'elle a éclaté aux États-Unis puisque ce pays vit artificiellement, depuis plus de trente ans, de l'épargne extérieure et du crédit extérieur, deux choses qui ne sont pas infinies : les entreprises se sont endettées au-delà de leurs possibilités ; l'État s'est endetté lui aussi au-delà des siennes pour faire face non à une guerre, mais à deux, non seulement sans augmenter les impôts, mais même en les réduisant, tandis que les citoyens sont systématiquement poussés par la publicité à s'endetter pour soutenir une surconsommation effrénée, irrationnelle et gaspilleuse. » La financiarisation de l’économie, bien loin d’apporter la croissance perpétuelle que promettaient les pseudo-experts néolibéraux, n’était qu’un moyen de retarder la crise de surproduction en faisant consommer les gens à crédit, c’est-à-dire en s’endettant, et en utilisant leurs dettes comme produits financier (dont la valeur était assurée par l’hypothèse que les débiteurs allaient pouvoir les rembourser, avec lesquels jouer en bourse. Mais ce monopoly n’a fait que retarder un peu la crise pour qu’ensuite elle ne fasse qu’éclater avec plus de violence lorsque les gens ne pouvaient plus payer ne serait-ce que les intérêts de leurs dettes.

Pendant des années, les maîtres du monde et leurs « experts » autoproclamés ont imposé aux peuples des politiques néolibérales de dérégulation de l’économie, de privatisations et de liquidation des acquis sociaux obtenus par des décennies de lutte, sous prétexte que ces mesures étaient nécessaires à la bonne santé de l’économie. Or le néolibéralisme a conduit le capitalisme à une crise sans précédant, et aujourd’hui les chantres du « moins d’Etat » et de la « concurrence libre et non faussée » se disent tous « étatistes » et « keynésiens », et vantent à présent la régulation de la finance et l’intervention de l’Etat. Auraient-ils fait une indispensable autocritique ? Nullement ! Ils continuent de servir les mêmes intérêts, ceux des seigneurs du capital. Leur prétendu « plan de sauvetage » de l’économie, leur discours sur le fait que nous serions « tous dans le même bateau », ne sont de fait que la plus grande escroquerie de l’histoire. Ceux là même qui n’ont jamais voulu trouver les 82 milliards de dollars pour arrêter la faim et les épidémies dans le monde, qui ont prétendu que les modestes revendications sociales des travailleurs étaient impossible à satisfaire parce que « les caisses de l’Etat sont vides », ceux là mêmes ont soudain trouvé des sommes faramineuses à offrir à leurs banquiers en difficulté, sans prise de contrôle ni même droit de regard de l’Etat, ni aucune condition d’aucune sort, comme cadeaux pur et simple : 1'400 milliards d’euros, 700 milliards de dollars et 65 milliards de francs suisses !Par contre, pour les travailleurs, ils préconisent de se serrer la ceinture : du fait de la crise, les revendications sociales et salariales seraient irréalisables ; au contraire, il faut baisser les salaires, accepter les licenciements, baisser les retraites, couper encore et encore dans les déjà ridiculement faibles prestations sociales. Par exemple, Doris Leuthard, conseillère fédérale en charge du Département fédéral de l’économie, a tenu le 24 août une réunion à huis clos avec quelques «spécialistes» issus du milieu patronal, sans aucun représentant des travailleurs évidemment, sur le thème pour le moins surprenant «comment mettre à profit la crise» (c’est-à-dire comment augmenter encore les profits des actionnaires) ; d’ailleurs, elle annonce clairement la couleur : «discipline personnelle et dynamisme économique», c’est-à-dire plus d’exploitation et des baisses de revenus pour les salariés, qui doivent faire preuve de «discipline» et se serrer la ceinture pour que leur patron n’ait pas à baisser un tant soit peu son luxueux et démesuré train de vie.

C’est que les décideurs des Etats bourgeois sont au service justement de la bourgeoisie. Avec leurs « plans de sauvetage » ils veulent faire une chose très simple : renflouer les capitalistes avec les impôts des travailleurs, nous faire payer leur crise, prendre aux exploités l’argent investi actuellement dans les prestations sociales pour le donner aux banquiers. D’autant que ces cadeaux ne serviront pas à autre chose qu’à relancer la spéculation pour un round, avec comme issue de nouveau la crise. Les discours des décideurs sur la « relance » et la « moralisation » du capitalisme ne sont qu’hypocrisie. Car s’ils veulent sauver quelque chose, c’est bien le capitalisme, leur monde à eux, les conditions de leur richesse et de notre oppression. Or cette crise a amplement démontré l’incapacité du capitalisme, qu’il soit néolibéral ou régulé, à assurer ne serait-ce que les besoin les plus vitaux des peuples (près de 1 milliard de personnes sur terre souffrent de malnutrition ou de famine). Aussi le Parti du Travail n’est nullement intéressé à une «relance du capitalisme», tout simplement parce qu’il n’y a aucune raison de le relancer. Toutes les grandes entreprises fonctionnent comme société anonymes, sans propriétaire véritable (la majorité des actions étant généralement détenue par des fonds d’investissement), gérées par des cadres salariés. S’il existe encore une concurrence entre elles, il s’agit d’une concurrence entre monopoles et qui ne mène que trop souvent à des guerres impérialistes et à l’oppression néocoloniale. Dans ces conditions, poursuivre la production privée est une absurdité, mis à part pour les seigneurs du capital et leur richesse insolente. Il faut au contraire détruire cette société et ce système oppressif et gaspilleur pour construire à la place une société socialiste qui seule peut satisfaire les aspirations des peuples.

Contre la politique des caisses vides, pour une fiscalité redistributive


Chapitre fiscalité du programme électoral du Parti du Travail, rédigé par mes soins


Depuis plus de deux décennies, les forces de la bourgeoisie, à l’appui d’une campagne médiatique délirante, reposant sur le matraquage et le catastrophisme sans autre argument, ont réussi à imposer le dogme néolibéral en matière de fiscalité. Les impôts ont été systématiquement baissés et rebaissés, soi-disant pour tout le monde selon la démagogie libérale, alors que seuls les plus fortunés en profitent réellement ; les baisses les plus notables ayant été la réduction linéaire de 12% sur l’impôt cantonal direct obtenue par le Parti libéral ; ainsi que la récente suppression de la prétendue « double imposition », c’est-à-dire suppression de l’imposition des dividendes des actionnaires, parce que soi-disant le profit du capital a déjà été imposé, donc une suppression pure et simple de l’imposition sur le revenu de ceux qui s’enrichissent sur le travail d’autrui. Evidemment, cette politique ne pouvait que mener à des déficits à répétition et à l’endettement pour l’Etat, déficits encore accrus par la hausse des dépenses de services sociaux due à l’augmentation de la pauvreté du fait justement des politiques néolibérales. Plutôt que de revenir sur ces baisses d'impôts, la droite dit que s'il y a déficit, c'est que l'Etat coûte trop cher et coupe encore et encore dans les prestations sociales, supprimant ainsi l'un après l'autre les maigres acquis des travailleurs suisses. Pour aller encore plus loin, les milieux de droite projettent de démanteler la progressivité des impôts, sans laquelle il ne peut y avoir de redistribution, pour la remplacer par la « flate rate taxe », soit le même taux d’imposition pour tout le monde quel que soit le revenu, voire la suppression pure et simple de l’impôt direct au profit des impôts indirects, tels que la TVA, impôts antisociaux au possible, car taxant la consommation au même taux pour tout le monde, ruinant les pauvres et ne prenant que fort modiquement aux riches.


Or ce manège a un but précis : supprimer progressivement la fonction redistributive de l’impôt afin de changer la répartition du produit social entre le travail et le capital, au profit de ce dernier. Les classes populaires souffrent de cette politique, car pour quelques francs gagnés en baisse d’impôts, elles perdent plusieurs fois plus en prestations sociales, prestations qui loin d’être du « gaspillage » sont absolument vitales. Des couches de plus en plus larges de la population s’enfoncent ainsi dans la misère la plus noire. Ce qui a pour conséquence immédiate d’augmenter encore les revenus plus que confortables des seigneurs du capital. Mais cette politique n’est pas que le fruit d’une avidité démesurée des actionnaires et qui pourrait donc être corrigée en « moralisant » le capitalisme ; elle est absolument nécessaire au capital. En effet, étant donné que les entreprises ont l’obligation de produire toujours plus et à moindre coût et en même temps ne pas augmenter, voire baisser les salaires réels, afin d’assurer sans cesse plus de profits à leurs actionnaires et rembourser leurs prêts auprès des banques avec intérêts, la croissance de la production dépasse toujours celle des revenus, ce qui condamne le capitalisme à des crises de surproduction répétitives et de plus en plus brutales. Les baisses d’impôts, parmi d’autres volets de la politique néolibérale, étaient un moyen d’essayer de retarder la crise. Les « experts » néolibéraux autoproclamés prétendaient que leurs recettes allaient assurer une croissance perpétuelle sans plus jamais de crise, or on a vu qu’elles n’ont fait qu’un peu repousser celle-ci, la rendant par contre encore plus brutale.


A présent, les milieux bourgeois voudraient baisser les impôts encore plus, afin de faire payer aux travailleurs leur crise et essayer de sauver au moins en parti leurs intérêts égoïstes. Cette politique ne saurait être la nôtre. La crise que nous traversons rappelle plus que jamais que les intérêts de l’immense majorité de la population et ceux des puissants de ce monde sont strictement antagoniques, ce qui pose la nécessité pour toutes les classes que le capitalisme opprime de s’organiser politiquement pour arracher le pouvoir au patronat et à ses pseudo-experts et de construire une société socialiste qui seule peut correspondre à leurs aspirations. Et il n’y a aucune raison de sauver le capitalisme, et à fortiori pas en faisant payer ce sauvetage aux masses populaires. Il n’y a donc pas plus de raison de continuer de baisser les impôts, au contraire il faut massivement les augmenter pour les hauts revenus, car non seulement une imposition fortement progressive est nécessaire pour assurer une redistribution, même limitée, des richesses à travers les prestations sociale, mais elle est aussi pour assurer les investissements socialement indispensables, comme l’école publique et gratuite, les infrastructures et logements publics, les services publics qui pour être de qualité ne peuvent parfois qu’être déficitaires…dépenses que les partis bourgeois ont tendance à négliger et à privatiser si possible, ce qui signifie délabrement, mauvaise qualité et inaccessibilité pour une large partie de la population


Le Parti du Travail propose donc :


1. D’augmenter fortement les impôts directs pour les hauts revenus afin de revenir sur les baisses d’impôts successives tout en accentuant la progressivité de la fiscalité.

2. De taxer fortement les profits spéculatifs, les dividendes et les holdings.


3. De fixer le centime additionnel des communes au même taux (proche de celui des communes urbaines) et d’établir une péréquation intercommunale avec le versement des excédents communaux dans une caisse commune afin de supprimer les paradis fiscaux pour hauts revenus tels que Cologny ou Vandoeuvre et de financer ainsi les indispensables dépenses sociales, d’infrastructures et culturelles des communes urbaines.


4. De taxer fortement les entreprises qui licencient tout en faisant des bénéfices.


5.De mettre en pratique le principe de la Taxe Tobin afin d’imposer fortement les capitaux purement spéculatifs.


6. De s’opposer à toute hausse de la TVA et d’autres taxes indirectes, il faut au contraire les remplacer par l’imposition directe.


7. D’abolir les forfaits fiscaux.


8. De supprimer le secret bancaire pour pouvoir poursuivre sévèrement la fraude et la soustraction fiscale qui font perdre de milliards aux pays pauvres, mais aussi à la Suisse car des riches contribuables helvétiques en abusent massivement aussi.

Un autre monde est possible s’il est socialiste

traduction haut: République socialiste fédérative soviétique de Russie
traduction en bas: Les travailleurs n'ont rien à perdre que leurs chaînes,
ils ont un monde à gagner (K.Marx et F.Engels)


Conclusion du programme électoral du Parti du Travail, rédigée par mes soins

En tant que parti des classes que le capitalisme opprime, le Parti du Travail lutte pour la défense des intérêts des exploités et pour leurs revendications immédiates qui dans le rapport de force actuel sont bien trop souvent des revendications défensives ou réformistes. Mais notre but ne saurait évidemment se limiter à préserver les très maigres conquêtes sociales des travailleurs suisses ni à participer aux institutions bourgeoises afin de «gérer autrement» ou de «réformer» la société capitaliste. Car essayer de résoudre les contradictions sociales et économiques dans le cadre du capitalisme relève de la cadrature du cercle. Le problème principal de la société actuelle, dont découlent toutes les autres, est la propriété privée sur les moyens sociaux de production, de crédit et d’échange. La loi fondamentale du capitalisme est la maximisation des profits par tous les moyens, même les plus criminels ; en dehors de cette loi il ne saurait fonctionner, il n’est pas réformable. C’est pourquoi, le but fondamental du Parti du Travail est le renversement politique de la bourgeoisie, la prise du pouvoir par les travailleurs, l’abolition du capitalisme et la socialisation des moyens de production pour l’édification d’une société socialiste, puis d’une société communiste.



Le Parti du Travail tient à participer aux parlements car toutes les formes de lutte sont nécessaires, y compris la lutte institutionnelle, qui permet d’obtenir certaines victoires, même partielles, et de renforcer le Parti et le mouvement populaire de résistance. Toutefois, le parlementarisme ne saurait être pour nous un but en soi, ni le moyen principal pour construire le socialisme. En effet, la résistance de la bourgeoisie qui n’acceptera jamais volontairement de perdre ses privilèges et qui recourt à des solutions de type fasciste dès qu’elle se sent menacée, les limites des processus parlementaires qui n’associent pas les masses aux décisions, la nature non réformable du capitalisme qui ne peut fonctionner en dehors de sa loi fondamentale, rendent toute stratégie de type transformiste, reposant sur une transformation progressive du capitalisme en socialisme, illusoire et menant nécessairement à l’abandon de tout horizon communiste. Au contraire, une rupture de type révolutionnaire est nécessaire : "Quiconque se prononce en faveur de la voie des réformes légales, au lieu et à l'encontre de la conquête du pouvoir politique et de la révolution sociale, ne choisit pas en réalité une voie plus tranquille, plus sûre et plus lente, conduisant au même but, mais un but différent, à savoir, au lieu de l'instauration d'une société nouvelle, des modifications purement superficielles de l'ancienne société […] non pas la suppression du salariat, mais le dosage en plus ou en moins de l'exploitation." (Rosa Luxemburg)


L’objectif fondamental du Parti du Travail est de rassembler les classes populaires dans un mouvement de lutte pour renverser la domination des capitalistes, qui ne gouvernent que dans leur intérêt exclusif et par l’oppression d’une large majorité de la population, briser la machine de l’Etat bourgeois et l’instauration d’une démocratie populaire. En effet, l’Etat dans sa forme actuelle, fondée sur une démocratie purement représentative et la séparation des pouvoirs, construite comme une structure verticale et séparée de la société, est avant tout une machine destinée à assurer la domination bourgeoise et réprimer au besoin ses adversaires. Même une majorité parlementaire révolutionnaire pacifiquement élue ne saurait s’appuyer sur cet appareil d’Etat pour réaliser jusqu’au bout un projet d’émancipation du peuple. Car dans l’Etat sous sa forme actuelle, le pouvoir réel appartient à l’exécutif et plus particulièrement à une bureaucratie dont aucun échelon n’est élu, même les plus hauts, qui n’a donc pas de comptes à rendre au peuple et qui à son sommet fonctionne dans une véritable fusion organique avec le grand capital. Pour réaliser concrètement l’émancipation des classes populaires et une société socialiste, il faut rompre avec le modèle autoritaire et oppressif de l’Etat bourgeois et construire à la place une démocratie populaire, avec comme organe de base le conseil de quartier, formée de tous les habitants et le conseil de travailleurs de chaque entreprise, et fondée sur l’élection de toutes les organes de l’Etat du bas vers le haut, où les membres des chaque instance seraient délégués, élus et en tout temps révocables, de celle immédiatement inférieure avec mandat de défendre les positions que celle-ci aurait prise ; ainsi que l’élection de tous les fonctionnaires importants. Ainsi, pour la première fois dans l’histoire suisse, l’Etat ne serait plus une machine oppressive séparée de la société et aux mains de représentant de la classe dirigeante, mais l’organisation réellement démocratique de la majorité de la population.


Cette nouvelle démocratie populaire aura pour but immédiat la socialisation de tous les moyens de production, de crédit et d’échange, afin de remplacer le marché par le plan centralisé comme instance régulatrice de l’économie, avec un organe central de planification démocratiquement élu et la gestion des entreprises par les travailleurs, organisés en conseil, élisant et contrôlant tout le personnel dirigeant. Une économie socialiste ainsi organisée permettra une production et une distribution en fonction des besoins de la société, sans aucune considération de profit, donc sans pauvreté ni privilèges ni chômage, sans mobing ni surtravail, avec au contraire une réduction du temps de travail substantielle, aux environs de cinq heures par jour. La planification centralisée et démocratique de l’économie permettra aussi l’abandon du dogme de la croissance et une décroissance nécessaire pour la préservation durable de l’environnement, décroissance qui pourra se faire sans appauvrissement, excepté pour les riches, par la suppression des privilèges et des dépenses de luxe, par la suppression des dépenses militaires et des choix de production non gaspilleurs, la priorité à la qualité plutôt qu’à la quantité et le remplacement des énergies fossiles par les technologies renouvelables. La libération de l’humanité des chaînes de la propriété privée permettra aussi de soustraire la culture et l’information du contrôle par le capital, et donc une authentique liberté d’expression par les médias publics et associatifs et des possibilités aujourd’hui inexistantes pour les artistes. Ce contrôle démocratique populaire sur la politique et l’économie permettra la suppression définitive de toute oppression et de toute exploitation, la possibilité pour chaque être humain de bénéficier d’une vie digne et d’un épanouissement social et culturel authentique ; avec comme but final la construction d’une société communiste, une société qui pourra inscrire sur ses bannières « de chacun selon ses capacités, à chacun selon ses besoins », une société « où le libre développement de chacun est la condition du libre développement de tous ». (Karl Marx)

16 septembre 2009

Face à la crise, un séminaire des forces anticapitalistes

La manifestation contre le forum de Davos tenue à Genève le 31 janvier de cette année, malgré l’interdiction scandaleuse et anti-démocratique prononcée par le Conseil d’Etat, a permis aux différentes organisations anticapitalistes (Parti du Travail, solidaritéS, Mouvement pour le socialisme, Gauche anticapitaliste, Action Autonome, Organisation socialiste libertaire, ATTAC, Forum social lémanique, ainsi que des écologistes radicaux non-organisés) de travailler ensemble et de réussir à avoir une bonne collaboration, même pour des formes de luttes semi-illégales avec à la clé un affrontement avec l’Etat bourgeois. Cette expérience a permis un rapprochement entre ces forces et la poursuite de la lutte contre le capitalisme en commun, la «coordination anti-wef» ayant continué ses réunions de façon régulière, pour préparer la résistance au WEF 2010, mais pas seulement ; ainsi, cette même coordination ayant organisé une manifestation contre le G20.

Or donc, ce travail commun ne se limite pas à l’organisation de manifs, où les discussions se limitent à la rédaction de l’appel unitaire et à la logistique. La crise que nous traversons actuellement a rendu des couches de plus en plus nombreuses de la population conscientes que le capitalisme est un système rapace et oppressif qui ne pourra jamais satisfaire leurs aspirations. Les seigneurs du capital sont décidés à faire payer leur crise aux travailleurs afin de sauver leur système et leurs privilèges, les licenciements de masse se succèdent, plus encore sont prévus…il est urgent d’organiser la lutte des travailleurs, pour la résistance, et pour renverser cette oligarchie au pouvoir et dépasser son système oppressif. Pour relever ce défi, les organisations anticapitalistes composant la coordination anti-wef ont décidé d’organiser ensemble un séminaire public, intitulé «regards sur le capitalisme : analyses, perspectives et alternatives» afin de créer un cadre de discussion ouvert, afin de mettre en lumière leurs convergences et divergences dans l’analyse de la société actuelle, la vision d’une société non-capitaliste et la stratégie pour l’édifier ; dans l’optique d’un rapprochement pour mener ensemble une lutte révolutionnaire conséquente pour l’édification d’une autre société. Le séminaire aura lieu le samedi 26 septembre, à partir de 9h30, à la Maison des Associations (15 Rue des Savoises, à quelques pas des locaux du PdT). Pour le Parti du Travail interviendront le matin Esteban Muñoz pour l’analyse de la crise, et l’après-midi moi-même pour présenter un projet d’alternative au capitalisme. Le Parti du Travail vous convie chaleureusement à venir participer au séminaire.

11 août 2009

L'AVIVO fête ses soixante ans : entretient avec René Ecuyer

René au 18e Congrès national du PST en 2006


L'Association des Vieillards, Invalides, Veuves et Orphelins (AVIVO) fête ses soixante ans cette année. Le Parti du Travail ne pouvait manquer d'en parler dans son journal et pour ce faire j'ai eu le plaisir d'interviewer René Ecuyer, un de ceux qui connaissent le mieux l'AVIVO et son histoire. René Ecuyer (est-il encore besoin de le présenter?), secrétaire cantonal du Parti jusqu'en octobre 2008 et tête de liste pour les prochaines élections cantonales, avait adhéré au PdT à l'âge de 20 ans, et à 30 ans avait repris sur demande de Roger Dafflon l'office social de l'AVIVO qui ne fonctionnait plus depuis quelque temps, ce qui l'a vite amené à devoir prendre des dossiers avec lui pendant ses vacances afin d'avoir le temps de tout faire.

Quant à la propre histoire de l'AVIVO, elle commence dans les années quarante, avec des comites de vieillards, fondes par des membres du Parti du Travail, pour la création de retraites populaires. René met l'accent sur ce fait : "l'AVIVO est fondamentalement une émanation du Parti du Travail". Il faut savoir qu'avant 1948, il n'y avait en Suisse de prévoyance vieillesse que privée et réservée aux riches; si bien que les gens de condition modeste devaient travailler tant qu'ils le pouvaient, et dès qu'ils ne le pouvaient plus, ils étaient obliges de demander la charité publique de leur commune d'origine telle qu'inscrite dans leur passeport (souvent un village de Suisse allemande ou ils n'avaient jamais mis les pieds auparavant) pour y vivre dans un foyer, dans le déracinement et la misère.

L'AVS fut enfin concrétisée en 1948. La première AVS se montait à 40,- pour une personne seule et 70,- pour un couple; ce qui était ridiculement peu et bien en deçà du minimum vital, mais tout de même un progrès énorme : enfin les personnes âgées allaient pouvoir bénéficier d'une autonomie financière sans devoir travailler, et en bénéficier en tant que droit et non plus charité. Quant à l'AVIVO même, elle fut fondée à Genève en 1948, et au niveau national en 1949 sous la forme de l'Association Suisse des AVIVO. Elle devint rapidement une organisation de masse. Ainsi à Genève, l'AVIVO compte actuellement de l'ordre de 20 milles personnes, soit environ le tiers de tous les retraités genevois.

René explique que depuis sa fondation et jusqu'a aujourd'hui "l'AVIVO a trois objectifs fondamentaux : une bataille politique contre les inégalités sociales, une bataille pour la défense individuelle des retraités et une bataille contre la solitude". Le combat politique tout d'abord pour la hausse de l'AVS autrefois et contre le démantèlement des retraites aujourd'hui. Ensuite la défense individuelle, soit l'office social qui conseille les personnes et les informe de leurs droits que souvent celles-ci ne connaissent pas et ne peuvent donc pas utiliser. Et enfin, le combat contre la solitude dont souffrent souvent les personnes âgées qui consiste dans les multiples activités récréatives que l'AVIVO organise pour ses membres, dont la première fut l'arbre de noël où chaque participant recevait un petit cadeau, mais aussi des voyages, ou des billets soldés pour divers spectacles, et le thés dansants, etc.

Les communistes ont toujours joue un rôle moteur au sein de l'AVIVO, qu'ils ont fortement contribué a fonder: et des membres du Parti l'ont très souvent dirigé; comme Roger Dafflon ou actuellement Christiane Jacquet Berger, députée du POP au Grand Conseil vaudois et présidente en exercice de l'AVIVO au niveau national. Cette réalité a toujours été très bien acceptée au sein de l'AVIVO; elle est d'ailleurs logique: "les communistes sont naturellement appelés à se battre pour défendre les classes populaires, explique René, les autres partis ont essayé de créer des organisations de retraités concurrentes, mais ca n'a jamais marche, car ce n'est pas leur rôle." Par exemple, le parti radical avait une fois annoncé une telle association en grande pompe, plusieurs avocats radicaux se sont portes volontaires pour effectuer gratuitement la permanence juridique, l'affaire était sur les manchettes de tous les journaux... sauf qu'on en a jamais entendu reparler après la conférence de presse de fondation.

Mais malgré des dirigeants communistes, tous les partis, du moins toutes les opinions politiques ont toujours été représentés a l'AVIVO (des députés de droite y ayants parfois leurs parents), ce qui ne l'a pas empêché de disposer d'une grande unité d'action et d'une capacité de mobilisation impressionnante. Par exemple, très récemment, l'AVIVO a réussi à mobiliser 2000 personnes âgées en plein hiver pour manifester devant l'hôtel de Ville contre la hausse des impôts pour les rentiers AVS voulue par le Conseil d'Etat. De fait, l'AVIVO a toujours été représentée au Grand Conseil a travers les députés du PdT: "Quand je parlais, tout le monde disait, c'est l'AVIVO qui parle" se souvient René. Cette capacité de mobilisation, l'AVIVO a pu l'avoir sans jamais présenter une liste aux élections, précisément en agissant comme un syndicat de tous les retraités, indépendamment de leurs opinions politiques. " Toutes les batailles que l'AVIVO a gagne, elle l'a réussi sans être un parti politique". Là, René souhaite faire une critique, très sévère du comite de l'AVIVO, qui, sous l'impulsion de politiciens connus de la gauche genevoise, voulait présenter une liste pour le Grand Conseil, ce contre quoi il s'est battu a l'Assemblée Générale; car l'acceptation de ce projet aventureux aurait eu pour conséquence directe de transformer l'association en parti politique, devant comme tel avoir une ligne générale sur l'ensemble des questions politiques et ne pouvant donc plus représenter tous les retraités de Genève dans la diversité de leurs opinions politiques; un affaiblissement extrême aurait été alors inévitable et l'association de défense des retraités telle qu'on la connaît aurait alors été in fine sacrifiée aux ambitions personnelle de quelques dirigeants. "J'étais déjà contre de dépôt d'une liste a la Constituante, je pensais que ça serait une erreur, mais bon l'Assemblée a voté ... par contre le dépôt d'une liste au Grand Conseil aurait été une catastrophe, et rien que le simple fait d'en avoir parlé lors d'une conférence de presse avant l'assemblée générale (ce qui d'ailleurs était passablement antidémocratique, ndr) est une faute grave que nous allons payer très cher". Heureusement l'Assemblée générale de l'AVIVO a eu le bon sens de rejeter à une large majorité ce projet aventureux dont l'association n'avait nul besoin; car en ces temps où même les acquis sociaux les plus élémentaires sont menacés, l'AVIVO telle qu'elle existe actuellement est plus que jamais nécessaire pour la défense des intérêts des retraités des classes populaires. Le Parti du Travail souhaite un joyeux soixantième anniversaire a l'AVIVO et transmet a ses militants ses meilleurs vœux pour leurs luttes.