04 mars 2014

Oui au salaire minimum à 4000 francs!

Le 18 mai prochain, le peuple suisse votera sur l’initiative populaire de l’Union syndicale suisse pour un salaire minimum interprofessionnel de 22 francs à l’heure, soit 4000 francs par mois pour un plein temps, montant qui devra être indexé selon l’inflation.

Le patronat, la droite et le conseil fédéral ont déjà commencé leur campagne contre cette initiative indispensable avec leurs arguments démagogiques habituels qu’ils utilisent contre la moindre exigence d’un peu plus de justice sociale dans ce pays. A les en croire, l’initiative de l’USS ferait planer une terrible menace sur l’économie suisse, provoquerait une véritable explosion du chômage, casserait le si précieux et efficace partenariat social et en plus impliquerait une intervention de l’Etat au sein de la sphère économique, ce qui est bien sûr très mal et liberticide, pour ne pas dire totalitaire. Ces arguments sont bien sûr ridicules, au point qu’il est difficile d’en faire part avec sérieux.

Puisque les milieux patronaux ont déjà lancé leur campagne contre le salaire minimum, le Parti du Travail, qui a soutenu cette initiative de l’USS dès le début, lance la sienne. Car cette initiative est aujourd’hui absolument indispensable. En effet, en 2010, 329'000 travailleurs en Suisse gagnaient moins de 22 francs de l’heure, formant ainsi des légions de « working poor », ceux qui ne peuvent pas vivre dignement de leur travail. De ces 329'000 travailleurs, 70% sont des travailleuses, dont la situation est souvent aggravée par le fait qu’elles sont bien des fois contraintes de travailler à temps partiel, ce qui réduit d’autant leur revenu.

Or, pouvoir gagner sa vie dignement de son travail doit être considéré comme une nécessité vitale, un droit fondamental. Même Adam Smith, fondateur de l’économie politique libérale, reconnaissait que « Un être humain doit pouvoir vivre de son travail et son salaire doit lui permettre de subvenir à ses besoins. Oui, en règle générale le salaire devrait être plus élevé, faute de quoi il serait impossible de nourrir une famille ». La droite hélvétique ne semble pas d’accord.

Et un salaire de 4000 par mois pour un plein temps est bien le minimum pour vivre dignement de son travail. Et prétendre le contrôle, comme le fait le conseiller fédéral Schneider Ammann, qui dit que 3'500 par mois suffisent largement et que de toute manière il suffit de demander l’aide sociale est tout simplement révoltant.

Cette initiative n’est pas moins mais d’autant plus indispensable du fait du vote du 9 février sur l’initiative de l’UDC sur l’ « immigration de masse ». En effet, avec la réintroduction des contingents, il n’y aura pas moins, mais plus de sous-enchère salariale, ainsi que le Parti du Travail l’avait expliqué avant la votation. Et un salaire minimum est sans doute le meilleur moyen d’au moins limiter les effets de la sous-enchère salariale.

La droite prétend que l’initiative de l’USS va faire baisser tous les salaires et que le salaire minimum deviendra le salaire généralisé. C’est faux. En effet, le montant du salaire dépend du rapport de force entre les travailleurs et le patronat. Il n’y a pas de raison que ce rapport de force se détériore au profit des patrons si un salaire minimum est mis en place.

La droite prétend également que le salaire minimum tuerait le partenariat social. Mais que vaut aujourd’hui ce prétendu partenariat social alors que seulement 45% des salariés du pays sont couverts par une CCT prévoyant un salaire minimum ? Il ne peut y avoir aucun « partenariat » entre deux classes dont les intérêts sont antagoniques, mais seulement lutte, et l’instauration d’un salaire minimum légal est un moyen de lutte parfaitement légitime et tactiquement approprié.

En outre, contrairement à ce que prétend le patronat, le salaire minimum serait bénéfique pour l’économie, puisqu’il augmenterait le pouvoir d’achat des salarié les moins bien payés et donc leur consommation. Il serait tout autant bénéfique pour les finances publiques des cantons et des communes, puisque l’aide sociale ne devrait plus prendre en charge des travailleurs qui enfin pourront vivre dignement de leur travail.


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