Le 18 mai prochain, le peuple suisse votera
sur l’initiative populaire de l’Union syndicale suisse pour un salaire minimum
interprofessionnel de 22 francs à l’heure, soit 4000 francs par mois pour un
plein temps, montant qui devra être indexé selon l’inflation.
Le patronat, la droite et le conseil fédéral
ont déjà commencé leur campagne contre cette initiative indispensable avec
leurs arguments démagogiques habituels qu’ils utilisent contre la moindre
exigence d’un peu plus de justice sociale dans ce pays. A les en croire,
l’initiative de l’USS ferait planer une terrible menace sur l’économie suisse,
provoquerait une véritable explosion du chômage, casserait le si précieux et
efficace partenariat social et en plus impliquerait une intervention de l’Etat
au sein de la sphère économique, ce qui est bien sûr très mal et liberticide,
pour ne pas dire totalitaire. Ces arguments sont bien sûr ridicules, au point
qu’il est difficile d’en faire part avec sérieux.
Puisque les milieux patronaux ont déjà lancé
leur campagne contre le salaire minimum, le Parti du Travail, qui a soutenu
cette initiative de l’USS dès le début, lance la sienne. Car cette initiative
est aujourd’hui absolument indispensable. En effet, en 2010, 329'000
travailleurs en Suisse gagnaient moins de 22 francs de l’heure, formant ainsi
des légions de « working poor », ceux qui ne peuvent pas vivre
dignement de leur travail. De ces 329'000 travailleurs, 70% sont des
travailleuses, dont la situation est souvent aggravée par le fait qu’elles sont
bien des fois contraintes de travailler à temps partiel, ce qui réduit d’autant
leur revenu.
Or, pouvoir gagner sa vie dignement de son
travail doit être considéré comme une nécessité vitale, un droit fondamental.
Même Adam Smith, fondateur de l’économie politique libérale, reconnaissait que
« Un être humain doit pouvoir vivre de son travail et son salaire doit lui
permettre de subvenir à ses besoins. Oui, en règle générale le salaire devrait
être plus élevé, faute de quoi il serait impossible de nourrir une
famille ». La droite hélvétique ne semble pas d’accord.
Et un salaire de 4000 par mois pour un plein
temps est bien le minimum pour vivre dignement de son travail. Et prétendre le
contrôle, comme le fait le conseiller fédéral Schneider Ammann, qui dit que
3'500 par mois suffisent largement et que de toute manière il suffit de
demander l’aide sociale est tout simplement révoltant.
Cette initiative n’est pas moins mais
d’autant plus indispensable du fait du vote du 9 février sur l’initiative de
l’UDC sur l’ « immigration de masse ». En effet, avec la
réintroduction des contingents, il n’y aura pas moins, mais plus de
sous-enchère salariale, ainsi que le Parti du Travail l’avait expliqué avant la
votation. Et un salaire minimum est sans doute le meilleur moyen d’au moins
limiter les effets de la sous-enchère salariale.
La droite prétend que l’initiative de l’USS
va faire baisser tous les salaires et que le salaire minimum deviendra le
salaire généralisé. C’est faux. En effet, le montant du salaire dépend du
rapport de force entre les travailleurs et le patronat. Il n’y a pas de raison
que ce rapport de force se détériore au profit des patrons si un salaire
minimum est mis en place.
La droite prétend également que le salaire
minimum tuerait le partenariat social. Mais que vaut aujourd’hui ce prétendu
partenariat social alors que seulement 45% des salariés du pays sont couverts
par une CCT prévoyant un salaire minimum ? Il ne peut y avoir aucun
« partenariat » entre deux classes dont les intérêts sont
antagoniques, mais seulement lutte, et l’instauration d’un salaire minimum
légal est un moyen de lutte parfaitement légitime et tactiquement approprié.
En outre, contrairement à ce que prétend le
patronat, le salaire minimum serait bénéfique pour l’économie, puisqu’il
augmenterait le pouvoir d’achat des salarié les moins bien payés et donc leur
consommation. Il serait tout autant bénéfique pour les finances publiques des
cantons et des communes, puisque l’aide sociale ne devrait plus prendre en
charge des travailleurs qui enfin pourront vivre dignement de leur travail.
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