Colombie Alvaro Uribe Velez
Communiqué de presse du Parti du Travail à la rédaction duquel j'ai contribué
L'article 54, alinéa 2 de la Constitution suisse dit que «La Confédération s'attache à préserver l’indépendance et la prospérité de la Suisse; elle contribue notamment à soulager les populations dans le besoin et à lutter contre la pauvreté ainsi qu'à promouvoir le respect des droits de l'homme, la démocratie, la coexistence pacifique des peuples et la préservation des ressources naturelles». Cela étant, cet article est scandaleusement bafoué par la volonté de l'assemblée nationale de conclure un accord de libre-échange avec la Colombie, volonté concrétisée par les négociations actuellement en cours entre Doris Leuthard et Alvaro Uribe à Bogota.
Un accord de libre-échange entre la Suisse et la Colombie est un soutien direct au régime violemment anti-social et répressif d'Alvaro Uribe. Le Parti du Travail souhaite rappeler que 60% des syndicalistes assassinés dans le monde en 2008 étaient colombiens et que les exécutions extrajudiciaires de syndicalistes, d'opposants politiques ou de journalistes critiques envers le régime en place, soit disant démocratique, continuent impitoyablement, preuve que le prétendu désarmement des milices paramilitaires d'extrême-droite n'est que de la poudre aux yeux, comme le dénoncent les rapports des ONG activent dans la défense des droits humains.
Le scandale des faux positifs et les déclarations du rapporteur spécial des Nations unies sur les exécutions extrajudiciaires, Philip Alston, ont mis explicitement en cause la responsabilité des paramilitaires et de l'armée colombienne. Ils ont travaillé main dans la main, se livrant à des massacres et à des exactions abominables contre les populations civiles, les opposants à l'oligarchie colombienne et les paysans. Il est à rappeler que des milliers de paysans, d’indigènes et d’afro-descendants ont été chassé de leurs terres pour le compte des multinationales, le déplacement forcé de population est aussi une méthode d’intimidation contre le peuple et de destruction du tissu social. Alvaro Uribe n'a eu aucune peine à s'asseoir à la même table avec les paramilitaires d'extrême-droite (ce qu'il a toujours refusé de faire avec les FARC) et à amnistier des criminels qui ont pratiqué la torture, la disparition forcée et les assassinats. Seul un nombre ridicule d'armes ont été rendues, or le régime uribiste avec ses milices paramilitaires est le bras armé de l'oligarchie colombienne et des multinationales, qui profitent de cette alliance organique avec l'Etat pour mener une politique violemment anti-syndicale, faite de mépris pour les droits les plus élémentaires des travailleurs, de licenciements abusifs des syndicalistes, voire de leur élimination physique pure et simple.
Il est de notoriété publique en Suisse que la multinationale Nestlé est trempée dans ce genre d'abus à très large échelle en Colombie, elle a été accusée par le Tribunal des Peuples, des organisations comme Amnesty International, le CETIM, AJJ, la Déclaration de Berne ou encore Alliance Sud. Derrière une démocratie de façade, le régime uribiste est de facto une dictature d'extrême-droite, reposant sur la corruption, l’impunité, le mépris pour les droits de l'homme et la terreur. Il y aurait environ 7000 prisonniers politiques en Colombie, chiffre difficilement vérifiable puisque pour le gouvernement le conflit armé est masqué par la guerre contre le terrorisme et le narco-trafique, faisant fi de la Convention de Genève. Par ailleurs, dans le cadre de l’escalade des percutions contre les dirigeants de l’opposition manifestant ouvertement leurs divergences contre le régime du Président colombien Alvaro Uribe Velez, surgit l’injuste et mensongère accusation contre Jaime Caicedo, professeur universitaire à la carrière renommée: académicien et chercheur social, conseiller communal de Bogota, actuel secrétaire général du Parti Communiste Colombien et dirigeant national de Pôle Démocratique Alternatif. Le Parti du Travail souhaite exprimer sa solidarité envers Jaime Caicedo et salue son combat pour le plein exercice des droits et libertés civils en Colombie.
Le nom de Jaime Caicedo s'ajoute à la déjà longue liste des personnes blâmées et poursuivies par le gouvernement à l'intérieur du territoire colombien comme à l'extérieur. En Suisse, entre autres cas, la leader sociale de l'Association Paysanne de l'Arauca (ACA), Luz Perly Cordoba, a dû subir une enquête fédérale suite à la plainte déposée contre elle et sa famille par la Colombie. Il est très inquiétant de constater que la Suisse, en procédant ainsi, ne défend pas les intérêts des réfugiés politiques colombiens qu'elle a accueillis sur son sol, alors même que par son rôle de facilitateur dans le conflit colombien, la Confédération est avertie des méthodes gouvernementales scandaleuses en vigueur dans ce pays.
Finalement, il est regrettable que les arguments du sénateur Jorge Enrique Robledo, du Pôle démocratique alternatif, délivré en mai 2009 lors de son passage en Suisse aux parlementaires fédéraux, n’ont pas été entendus. Il avertissait que cet accord économique n’était pas bon pour l’intégration régionale de la Colombie, puisqu’en signant des accords bilatéraux l’union Européenne déstructure non seulement la CAN mais appauvrit aussi la population colombienne, ce qu’il a considéré ne pas être très démocratique. « De plus, personne ne connaît ses accords, moi-même qui suis sénateur, je ne les connaissais pas car c’est des négociations presque clandestines, le peuple ignore leur contenu » a-t-il ajouté lors d’une interview.
Signer l'accord de libre-échange entre la suisse et la Colombie reviendrait à soutenir ce régime, juste l'exact contraire de la promotion des droits de l'homme, du droit international et de la démocratie que la Suisse avait inclue dans ses recommandations à la Colombie lors de la troisième session d'examens périodiques universels de l'ONU de fin 2008. Le Parti du Travail regrette que la vigueur de ces recommandations soit atténuée par l’intérêt purement économique de la Suisse.