Rapport de Petro Simonenko, secrétaire général du Parti communiste d’Ukraine (KPU), à la
réunion pan-ukrainienne du Parti du 28 mai 2016
(Nous publions ce rapport dans notre journal afin de tenir nos
lecteurs informés de la situation en Ukraine, et parce que nos camarades du
KPU, persécutés par la junte fasciste de Kiev, ont plus que jamais besoin de
notre solidarité, NdLR)
Chers
camarades !
La
situation extrêmement compliquée, de plus en plus tendue dans notre pays, la
situation dangereuse dans laquelle se trouve notre Parti, exigent de nous une
analyse profonde et une évaluation objective, critique et autocritique de notre
activité, et une adaptation précise de notre tactique d’action, tenant compte
de l’évolution de la situation.
Prenant
en compte ces circonstances, le Praesidium du Comité central a pris la décision
d’organiser – en utilisant les moyens techniques modernes – une réunion de tout
le Parti, avec pour ordre du jour : « Le Parti vit, lorsqu’il
agit ». La proposition d’organisation d’une réunion de tout le Parti avec
un ordre du jour unique est due à la nécessité pressante de discuter des
problèmes d’une actualité aigue, qui préoccupent les citoyens d’Ukraine, des
problèmes de tout le Parti, et surtout – procéder à un échange d’opinions sur
la question : comment accroître la
combativité des organisations du Parti, dynamiser leur travail ?
L’Ukraine
vit aujourd’hui une des périodes les plus compliquées et les plus tragiques de
son histoire. Ce qui la distingue, c’est que le coup d’Etat armé effectué en
février 2014 avec le soutien avoué de l’Occident, tout en conservant la base
clanique-oligarchique du régime bourgeois restauré, ne s’est pas contenté de
remplacé au sommet dirigeant les oligarques de Ianoukovitch par les oligarques
de Porochenko & Cie. Du fait du putsch non seulement sont parvenus au
pouvoir, mais sont devenus les alliés
des oligarques les forces national-radicales les plus réactionnaires, les plus
cruelles et avides de sang, et les bandes armées formées par les oligarques.
De
cette façon, le pouvoir actuel est
représenté par les oligarques avec Porochenko à sa tête, plus les
national-radicaux et les néofascistes, plus les bandes armées.
L’analyse
de leur activité confirme que ce pouvoir criminel résout les problèmes
suivants :
Premièrement,
imposer à la société ukrainienne une idéologie nationaliste et une pratique
politique nazie, réviser l’issue de la Grande Guerre patriotique, voler à notre
peuple, et avant tout aux vétérans, la Victoire, élever au rang d’héros de
l’Ukraine les collabos des occupants hitlériens, et par la même occasion
réécrire bien des pages de notre histoire, compliquée, mais glorieuse ;
Deuxièmement,
modifiée l’orientation en politique extérieure de l’Ukraine, l’attirer dans
l’OTAN, l’UE, dans d’autres structures réactionnaires, ce qui, dans les
conditions d’une forte dégradation des relations entre l’Occident et la
Fédération de Russie, est lourd de conséquences très dangereuses pour notre
pays ;
Troisièmement,
renoncer au choix de civilisation fait par le peuple ukrainien au milieu du
XVIIème siècle, imposer à la société les soi-disant « valeurs
occidentales », dont beaucoup vont à l’encontre des mœurs de notre peuple.
Aujourd’hui
déjà, il est évident que, par son caractère et l’ampleur de ses conséquences,
ce qui a déjà été fait par le régime au pouvoir pour atteindre les buts
susmentionnés représente un danger plus grand que le putsch antisocialiste de
1991. Et son bilan sur deux ans est lamentable.
L’économie du pays
est rejetée de plus d’un demi-siècle en arrière. Désormais son PIB annuel est
plus que de moitié inférieur à celui des années 80, début années 90, du siècle
passé, et ne cesse de décroître.
L’Ukraine a de fait perdu sa
souveraineté nationale, est devenue un territoire sous mandat.
Sa politique intérieure, extérieure, du personnel, est déterminée par les USA,
l’OTAN, l’UE, le FMI, la Banque mondiale, et nombre de décisions importantes
sont démonstrativement et sans scrupules imposées par eux.
Les
faits concrets, camarades, sont connus de vous – ils ont été maintes fois cités
dans les déclarations officielles du CC, les rapports et les plénums du CC, les
documents de fond et les articles de notre presse de parti, d’autres documents
officiels.
Du
caractère totalitaire, de facto
néo-nazi du régime qui s’est établi en Ukraine témoigne sa pratique
quotidienne. De même que les occupants fascistes, qui ont conquis l’Ukraine en
1941, et les forces antisocialistes en 1991, les organisateurs du putsch de février 2014 ont établi comme première
tâche d’effacer de la carte politique de l’Ukraine le Parti communiste –
qui exprime et défend de façon cohérente les intérêts des travailleurs – ont
mis en place une terreur politique, morale, psychologique et physique contre
ses cadres, ses militants, ses membres de base, contre leurs familles.
Aujourd’hui encore des dizaines de nos camarades se trouvent dans les cachots
du régime néonazi. Près d’un demi-millier sont poursuivis pour des accusations
de crimes qu’ils n’ont pas commis.
La
volonté d’interdire – sans base constitutionnelle – l’activité du Parti
communiste, de détruire les monuments aux héros de la Victoire, aux héros du
travail, aux figures marquantes de l’époque soviétique, les changements de noms
à grande échelle des villes, des villages, des rues, des places, des
entreprises, l’interdiction de la littérature, des films et d’autres œuvres
d’art qui ont l’heur de déplaire au régime – ces actions-ci et d’autres des
nouveaux « démocrates » ukrainiens dans le processus de la prétendue
« décommunisation » et « lustration » se situent au même
niveau avec ce que les hitlériens avaient fait en Allemagne nazie et en Ukraine
occupée.
Il
faut prendre en compte aussi le fait que la
position du pouvoir envers notre Parti se caractérise par deux tendences
mutuellement exclusives. D’un coté,
les autorités essayent de convaincre la
société du fait que notre Parti et son idéologie ne jouissent pas de
soutien populaire. Et en même temps fait
rage une psychose anticommuniste, sont organisées – l’une après l’autre –
des campagnes anticommunistes à grande – échelle, est créée une véritable hystérie,
le Parti communiste est accusé sans aucun fondement de collaboration avec des
séparatistes et des terroristes, d’autres forfaits.
Le
président P. Porochenko en est arrivé ces derniers jours au point de déclarer
que l’interdiction des symboles communistes, la campagne de changements de noms
de tout et de n’importe quoi n’est rien de moins que la condition principale de la garantie de la sécurité nationale.
C’est-à-dire que la guerre avec les monuments – c’est la guerre pour la
garantie de la sécurité nationale. Et le fait qu’il planque dans des offshores
un capital mal-acquis, que la corruption prospère dans le pays et a augmenté
plusieurs fois ces deux dernières années, que la guerre civile fasse rage dans
notre pays – ce ne sont pas là des menaces pour la sécurité nationale ? La
gouvernance imbécile, aveugle et incompétente, l’exécution de toutes les
directives du FMI – ce ne sont pas des menaces pour la sécurité
nationale ?
En
effrayant la population avec la « menace communiste » les maîtres du
régime antipopulaire de fait ne cachent pas leur peur bestiale face à, ainsi
que l’a dit un des membres de l’actuel gouvernement ukrainien, les
« émeutes sociales » – les possibles mobilisations des travailleurs
contre le pouvoir de la bourgeoisie oligarchique, les voleurs des richesses
publiques en tous genres. Le régime du
capital comprend que mûrit une révolte réelle des travailleurs salariés, qu’émerge la menace d’un Maïdan social, qui
ferait converger les tendances protestataires dans la lutte contre le capital.
Le régime national-oligarchique essaye d’exclure la renaissance du soutien par
les masses du Parti communiste.
C’est
cela qui a dicté les mesures de dissolution illégale de notre groupe à la Verkhovna Rada de la dernière
législature et sa privation de tribune parlementaire immédiatement après le
putsch. L’utilisation insolente des ressources administratives, ainsi que
d’autres leviers, dans le but d’empêcher l’accession de se représentants au
parlement lors des élections extraordinaires. Les persécutions judicaires qui
continuent contre notre Parti.
Nous
devons prendre cela en compte et dans notre travail pratique partir de fait,
que le régime néonazi ne s’arrêtera devant rien pour interdire le Parti, et
s’il ne peut le faire par la voie judiciaire, puisqu’il n’y a pas de fondements
légaux pour cela, ne permettre en aucun cas son activité légale.
Dans
ce but – parallèlement aux menaces quotidiennes, le renforcement de la terreur
contre les communistes et les représentants d’autres forces d’opposition – on
mise spécialement sur la recherche de renégats dans nos rangs, la causation de
scissions dans le Parti, la création de différentes organisations soi-disant de
« gauche » (du type de la prétendue « Union des forces de
gauche »). Ainsi agissaient
ceux au pouvoir en août 1991. Mais de telles tentatives ont pris une ampleur
particulière après le coup d’Etat en 2014.
Malheureusement,
des traîtres ont été trouvés, y compris au Praesidium du CC et au groupe
parlementaire du Parti communiste à la Verkhovna
Rada. Ils ont masqué leur trahison avec « la lutte pour l’avenir du
Parti, pour la pureté de ses rangs, pour le renouvellement de la direction,
pour l’implémentation de nouvelles approches ». Et le prix de cette
trahison fut la dissolution du groupe parlementaire communiste, la privation
pour nous de la possibilité de recourir aux médias. Les arrestations et les
procès intentés aux communistes, les pogroms dans les locaux du Parti, ce fut
aussi une conséquence de leur trahison. Cela fut facilité par les erreurs que
nous avions commis dans la sélection des cadres, leur promotion aux postes
dirigeants.
Le
Parti a mis en échec ces deux dernières années quatre tentatives de briser ses rangs. Pourtant, une partie des militants s’est laissée prendre à la démagogie
des scissionnistes, n’a pas su tenir bon face aux menaces du pouvoir et
néonazis sans scrupules, face aux actions terroriste d’un certain nombre de
groupements de type fasciste. Le nombre de membre du Parti a baissé de moitié.
Le
Comité central et les organisations du Parti ont agi avec les traîtres ainsi
que nos statuts l’exigent. Pour ce qui concerne ceux qui ont juste fait preuve
de faiblesse de caractère, ont eu peu des menaces terroristes, il faut agir
avec eux, tout ont jugeant négativement leurs actions, de façon à ne pas les
pousser dans le camp de nos adversaires.
Nous
devons travailler dans des conditions difficiles. La société ukrainienne est démoralisée, profondément divisée. Une
propagande massive à la Goebbels dans l’intérêt des oligarques et menée selon
l’algorithme des américains a poussé certains à céder à la propagande mensongère
anticommuniste et russophobe, et juste après les élections présidentielles de
2014 à croire aux promesse que sous le nouveau pouvoir on « vivra
autrement », c’est-à-dire avec aisance et dans les conditions de la
démocratie.
Dans
ces conditions, notre Parti n’avait pas la possibilité de faire parvenir
jusqu’aux larges masses des lecteurs, auditeurs et spectateurs son point de vue
sur les événements. Les autorités ont tout fait, et continuent de tout faire,
pour nous réduire au silence. C’est pourquoi bien des gens ont une appréciation
inadéquate de la situation du pays. L’avenir montrera si ces modifications dans
les opinions des gens ont un caractère stable ou temporaire. Cela fut confirmé
notamment par l’étude sociologique menée en juillet dernier par l’Institut
académique de sociologie. Par rapport à
l’année passée, parmi ses participants, le nombre de ceux qui sont pour la
réduction du rôle de l’Etat dans l’économie, qui veulent vivre sous le
capitalisme, a augmenté.
Qu’est-ce
que cela signifie ? Certainement pas les avantages du capitalisme, mais le
fait que les autorités cachent soigneusement la situation réelle de l’économie.
Le nombre des adversaires de l’idée d’une adhésion de l’Ukraine à l’Union de la
Russie et de la Biélorussie, d’une adhésion à l’Union douanière de la Russie,
de la Biélorussie et du Kazakhstan a drastiquement baissé, presque d’un facteur
2,5. Presque trois fois plus de personnes (jusqu’à 43%) sont désormais
favorables à une adhésion de l’Ukraine à l’OTAN.
Du
reste, il est difficile d’être surpris par cela, si on tient compte du fait que
l’anticommunisme zoologique et la russophobie hargneuse sont désormais le
contenu principal des publications des médias favorables au régime (et il ne
reste pratiquement plus de médias alternatifs).
Nous
devons particulièrement nous inquiéter du fait que, parallèlement à une hausse
significatif du poids relatif des partisans du soi-disant courant
national-patriotique dans le spectre politique de la société ukrainienne (de
7,4% en 2012 à 18,9% en 2015), le nombre des partisans du courant communiste a
sensiblement baissé, particulièrement en milieu ouvrier. Nous ne sommes pas au
milieu des masses populaires. Nous manquons de flexibilité dans la tactique, de
nombreuses organisations du Parti n’arrivent pas à passer des actions de masse
sur les places publiques à un patient travail individuel.
En
prenant compte des données du sondage, on est particulièrement surpris et
préoccupé du fait que presque la moitié de ses participants (47,9%) ont soutenu la condamnation et
l’interdiction légale de la symbolique communiste (armoiries soviétiques,
faucille et marteau, étoile à cinq branches, drapeau rouge, etc.), ne l’ont pas
soutenu 40%, et 11,6% se sont abstenus.
Tout cela exige une analyse
complète du travail des organisations du Parti dans les conditions de réaction
et des conclusions pratiques. Parallèlement on observe aussi
d’autres tendances.
L’étude
menée récemment par la Fondation Razoumkov a montré que la situation dans la
société change vite, la lucidité revient. La
popularité de P. Porochenko, élu président – contrairement à tous ses
prédécesseurs – dès le premier tour, est tombé en deux ans de 50% à 14%. Pour ce qui du parlement, du gouvernement,
des forces de l’ordre, ces chiffres sont encore plus bas – le taux de confiance
n’atteint pas même 10%.
En
un bref laps de temps, le pouvoir a montré sa totale incapacité à assurer une
gouvernance normale des affaires de l’Etat, des processus économiques et
sociaux, à consolider la société.
L’étude
susmentionnée de l’Institut de sociologie a fixé l’augmentation du nombre de
personnes mécontentes de leur vie
(47,4%). Il est caractéristique que dans notre société les gens ne sont pas
unis par des objectifs communs, mais par des facteurs négatifs : mécontentement envers le pouvoir
(36,4%), sentiment de perte d’une vie
normale (34,1%), difficultés en général (29,7%), peur face à l’avenir (21,6%).
Chacun
d’entre nous comprend qu’aujourd’hui ces chiffres seraient encore plus
frappants. Le pouvoir s’est en effet montré incapable de garantir les droits et
libertés constitutionnels des citoyens, de leur propriété, de leur santé et de
leur vie même. Bien plus. Avec l’assentiment du pouvoir, et de fait au su et
avec le soutien de ses représentants hauts placés furent créées de dizaines de
structures militarisées, financées par les oligarques et dépourvues de toute
base légale. Elles terrorisent la population, mènent des raids et même menacent
des organes de l’Etat, y compris le président. Un exemple significatif en est
la récente marche du régiment « Azov » à Kiev, dont les participants
ont menacé le chef de l’Etat des conséquences qu’il encourrait en cas de
solution pacifique du conflit dans l’Est du pays et d’une tenue des élections
dans le Donbass.
Mais
en réalité la marche du bataillon « Azov » fut organisée par le
président lui-même et par ses courtisans, afin de montrer que le respect des
accords de Minsk ne dépend pas de lui, mais des bandes armées formées par les
oligarques.
Ces
dernières années, sont apparues dans notre société des grands groupes de
personnes que les savants qualifient de collectivités sociales démunies,
insatisfaite de leur situation matérielle et socio-psychologique, et pour cela
remontées contre le pouvoir en place, qu’il soit central, régional ou local.
Nos organisations de base, et chaque communiste, doivent en tirer la conclusion
qu’il est possible d’élargir notre base sociale grâce à un travail individuel
actif d’agitation et de propagande.
Ce sont avant
tout les millions de réfugiés, les dizaines de milliers de familles qui ont
perdu leurs proches ou leur santé à cause des combats dans le Donbass, des
échauffourées sanglantes dans la capitale, à Odessa, à Marioupol et dans
d’autres villes.
Ce sont les
millions de personnes dont les maigres retraites sont gelées.
Ce sont les
savants, qui ont fait l’objet non seulement de discrimination, mais
d’humiliations directes : un quart des travailleurs scientifiques de
l’Académie nationale des sciences doivent être licenciés cette année du fait
des moyens budgétaires misérables alloués à la recherche, et les autres sont
mis à la semaine de quatre jours, avec la baisse de salaire qui s’en suit.
Ce
sont les dizaines de milliers de travailleurs des services de l’Etat, des
administrations locales, des militaires, qui se sont retrouvés sans travail
suite à la scandaleuse loi anticonstitutionnelle de « lustration ».
Non
seulement les gens ne font pas confiance au pouvoir, mais ils haïssent ce
pouvoir. Beaucoup se rappellent avec regret
la vie sous le système soviétique, les conquêtes sociales perdues du
socialisme. En demeurant au fond de leur cœur des partisans du socialisme, ils
ont peur de soutenir ouvertement le Parti communiste sous le joug du régime
totalitaire en place.
De
ce fait, la base sociale, la fondation objective pour le mécontentement et les
protestations de masse existe et croît tous les mois. Et cette tendance est
caractéristique pour toutes les régions de l’Ukraine.
Pour
ce qui concerne le pouvoir lui-même, il est déchiré par les contradictions
internes, par une lutte interne de couloirs.
Une lutte pour les biens à privatiser, le repartage des biens privatisés
précédemment et les morceaux de choix de la corruption et du partage du budget.
Relativement
à cela, je voudrais attirer l’attention sur les circonstances suivantes. Cette
année, la crise parlementaro-gouvernementale qui a duré trois mois s’est
achevé, enfin, par la démission du gouvernement, dirigé par l’odieux
Iatseniouk. Cela s’est déroulé dans les formes bien connues de tous, qui ont
humilié et le parlement, et le pays tout entier. Mais l’affaire ne s’est pas
arrêtée là : s’est posée la question (suite à l’exigence catégorique de
l’ « obkom de Washington ») du remplacement du procureur général
de l’Ukraine.
Et
dans le cas présent un marchandage sans principes dura longtemps. Porochenko
gagna, en imposant au parlement « sa » candidature – le bien-connu
Loutsenko, dépourvu de formation juridique et qui n’a jamais travaillé au
parquet.
Il
a fallu – pour M. Loutsenko – modifier la loi sur le ministère public, se
moquer impudemment de la loi sur le Règlement de la Verkhovna Rada : une heure après la modification de la loi sur
le ministère public publier un journal avec le texte de l’acte de loi adopté.
Pour nommer son poulain à ce poste Porochenko a même annulé une visite à
l’étranger.
Pourquoi les
dirigeants de l’Etat se soucient-ils tant de savoir qui occupera les postes
supérieurs dans les autorités
d'application de la loi ? Se créent-ils
une échappatoire solide, « au cas où » ? C’est-à-dire qu’ils ont des raisons d’avoir peur.
Pour
chaque communiste il doit être clair depuis longtemps, qu’avec le changement de
gouvernement et du procureur général aucun
des facteurs à l’origine des crises dans le pays n’a été écarté. Il suffit
de savoir que, des cinq partis, qui composaient jusque là la coalition
gouvernementale, trois – « Patrie », le Parti radical, et
« Auto-assistance » – ont annoncé leur passage dans l’opposition. A la Verkhovna
Rada il n’y a de fait pas eu de coalition formée. Les décisions sont prises
la plupart du temps par des majorités de circonstance. Combien de temps un
tel parlement durera-t-il, c’est difficile à dire.
Tout
témoigne du fait, que des élections parlementaires anticipées ne sont qu’une
question de temps. On ne peut parler dans de tels circonstances de stabilité du
pouvoir, d’un travail parlementaires fructueux.
Tout, semble-t-il parle de ce
qu’il est d’usage d’appeler une situation
révolutionnaire : « ceux qui
sont en haut » démontrent leur incapacité à gouverner efficacement le
pays, pour la grande majorité de « ceux
qui sont en bas » la vie devient insupportable. Néanmoins il n’y a pas
aujourd’hui une force politique possédant l’autorité suffisante et des
personnalités d’Etat connues qui bénéficieraient d’un soutien de la majorité de
la population.
Malheureusement,
nous devons reconnaître franchement – avant tout pour nous mêmes – que notre
Parti n’est aujourd’hui pas prêt à jouer ce rôle. Il est affaibli, beaucoup de
ses organisations sont malingres, dépourvues de combativité, et respirent à
peine.
On
ne peut se targuer d’une influence des communistes dans les collectifs
professionnels, dans les lieux de formation. Au niveau de la combativité, de la radicalité nous sommes visiblement
en retard sur les exigences du temps et les attentes des citoyens. Pendant
ce temps, les forces politiques au service des oligarques et opposées au Parti
communiste utilisent impudemment et à large échelle le populisme et la
démagogie sociale pour mentir aux citoyens.
Nous
n’avons toujours pas résolu le problème principal – garantir une influence
systématique du Parti dans la classe ouvrière, parmi la jeunesse. Pour ce qui
est des organisations de masse des travailleurs, elles sont composées soit
essentiellement des membres de notre Parti (Union des officiers soviétiques),
ou bien pour telles ou telles raisons notre influence y est affaiblie (Union
des femmes travailleuses). Très peu a été fait et est fait pour aider la
Jeunesse communiste à se relever. Le renforcement de la discipline dans
beaucoup de structures du Parti, y compris au niveau régional, reste toujours
un point délicat.
Tout cela nous amène à la
conclusion qu’aujourd’hui le maillon principal, le problème essentiel à la
résolution duquel doivent être consacrés nos efforts est le renforcement
organisationnel et politique du Parti.
Concrètement,
il s’agit avant tout de compléter les
rangs du Parti avec des forces nouvelles, jeunes. Et ce ne sera possible
que si les organisations du Parti à tous les niveaux aident sérieusement la
Jeunesse communiste dans le recrutement dans son travail de jeunes gens actifs
– travailleurs, spécialistes, étudiants, parmi lesquels on trouve de plus en plus
de personnes qui réfléchissent sérieusement à ce que leur a réellement donné la
restauration du capitalisme.
Il
est particulièrement important d’être présents en milieu ouvrier. Aujourd’hui,
ça doit être pour nous la question numéro un. A travers la famille, les
connaissances il faut trouver des gens qui sont attirés par notre Parti,
veulent savoir, comment il agit, comment ils pourront y réaliser leurs
intérêts, prendre part à la lutte organisée contre le régime, qui les a privé
d’une vie normale et de perspectives. Le
travail de tout communiste doit être dirigé vers l’explication de la position
du Parti à propos de toutes les questions qui préoccupent les gens ordinaires,
les propositions concrètes avancées par le Parti.
Conformément à la
Constitution, dans les entreprises d’Etat, dans les institutions, dans les
lieux de formation il est interdit de créer des organisations de parti. C’est
pourquoi il faut utiliser les formes autorisées – par exemple la création
d’organisations de communistes selon un critère professionnel (organisation des
enseignants, des médecins de tel quartier, etc.). Il faut soutenir par tous les
moyens les savants d’orientation socialiste.
Nombre de camardes tiennent
des positions procommunistes, mais pour certaines raisons n’osent pas
ouvertement se lier organisationellement au Parti communiste. Nous ne devons
pas nous détourner de telles personnes. Il est important qu’ils soient avec
nous, qu’ils participent à nos événements, à nos actions de protestation.
Il est indispensable de
dynamiser la vie interne du Parti. En cela il est important, comme jamais
auparavant, de suivre strictement les enseignements de Lénine. Dans le projet
des Statuts du Parti, pour le IIème Congrès du POSDR (1903), il formula
clairement trois exigences principales pour un membre du Parti :
·
Reconnaître le programme du Parti
·
Soutenir le Parti par des moyens matériels
·
Participer personnellement à une de ses organisations de
base
Si il n’y guère de problèmes
qui se posent pour ce qui est du premier point, les deux autres causent
beaucoup de préoccupation. Que quiconque écoutant ces paroles réponde
mentalement aux questions : quand ai-je payé pour la dernière fois mes
cotisations ; pris part aux réunions du Parti ; exécuté les tâches
que le Parti m’avait confié ?
Le rôle de la réunion du
Parti comme facteur d’information des membres, de concrétisation et de
dynamisation de notre travail est devenu plus important que jamais. Il est
indispensable d’en finir avec la sous-estimation du rôle des réunions du Parti.
Maintenant, on rencontre souvent des difficultés pour trouver des locaux pour
nos réunions. Il faut trouver une solution. Les organisations du Parti ne
comptent d’habitude pas beaucoup de membres, leurs réunions peuvent se tenir au
domicile de quelqu’un, et en été – même en plein air (dans un parc, dans la
datcha de quelqu’un).
Malheureusement, la plupart
des comités du Parti et des organisations de base du Parti n’utilisent que très
insuffisamment les députés communistes des conseils locaux dans leur activité
pratique de défense des droits sociaux de la population. Pourtant, en 2015, il
y en avait, d’après les données des comités du Parti, 1121 élus. En outre,
encore 73 communistes sont devenus maires de villes, de bourgades et de
villages.
Qu’entendons-nous au sujet
de leur travail, quelles initiatives ont-ils prises, quelles promesses
électorales ont-ils déjà rempli ? A ces questions, loin d’être oisives, il
faut donner des réponses claires et honnêtes et aux électeurs, et aux
organisations de base du Parti où ils militent.
Des nouvelles possibilités
pour le travail avec la population, la dynamisation de notre activité, le
renforcement du lien des communistes aves les masses, la démonstration du fait
que le Parti vit et agit, sont ouvertes par les élections intermédiaires des
députés du peuple du 17 juillet de cette année dans la Volyn, dans les régions
d’Ivano-Frankovsk, Lougansk, Poltava, à Dniepropetrovsk, Kherson et Tchernigov.
Le département idéologique
du CC est chargé de réfléchir à comment organiser dans ces conditions la
formation politiques de communistes et des membres de la Jeunesse communiste.
Il ne doit pas avoir là de formalisme. Il est important de choisir les
questions qui préoccupent les gens, et les discuter franchement, en arriver à
une opinion commune. L’immaturité politique fait d’un membre du Parti
objectivement un agent du régime. L’incapacité à analyser ce qui se passe d’un
point de vue de classe et de l’expliquer aux gens augmente le nombre des
pessimistes, renforce les positions des réactionnaires.
Dans ces questions également
il est important d’utiliser l’expérience de travail des bolcheviks-léninistes
dans les conditions de la réaction. Un instrument important du travail
d’agitation et de propagande peut être le journal « Gazette
ouvrière », pour laquelle il faut augmenter le nombre d’abonnements d’un
facteur exponentiel. La tâche est ici la suivante : chaque organisation de
base du Parti doit disposer de cette publication, et il faut au moins un
abonnement pour trois communistes.
Bien entendu, les
organisations du Parti ne disposeront d’une autorité, ne pourront influer sur
les opinions des gens, que quand les communistes seront en permanence parmi les
gens, utiliseront chaque occasion pour l’explication de la position de notre
Parti aussi des question d’une actualité brûlante, pour démasquer la nature
antipopulaire du régime au pouvoir.
Il y pour cela plus de
matériel qu’il n’en faut. Les gens voient, par exemple, que le remplacement du
gouvernement Iatseniouk par le gouvernement Groïsman n’a rien changé dans leur
vie. Le nouveau premier-ministre a commencé par donner des gages, avant tout à
l’Occident, qu’il remplira toutes les obligations, souscrites par Iatseniouk,
envers le FMI. Et en tout premier lieu a augmenté drastiquement les tarifs sur
le chauffage, l’eau chaude, a « conseillé » aux habitants ruraux de
renoncer au gaz et de se chauffer plutôt à la paille et au bois.
Disant cela, il est
important de souligner que toutes les difficultés de notre vie actuelle sont
liées à l’exécution des exigences du FMI, que ce sont là les premiers résultats
de l’intégration de l’Ukraine à l’Europe.
Il convient de rappeler aux
gens, quelles promesses avait données Porochenko, et comment ces promesses sont
tenues. Cela concerne tout particulièrement les événements à l’Est du pays, où
le sang continue à couler, où nos gens meurent, alors que l’exécution des
accords de Minsk est arrivée dans une impasse. La cessation d’une guerre
fratricide, la possibilité donnée aux habitants du Donbass – comme du reste à
ceux d’autres régions de notre pays – de réaliser leurs intérêts spécifiques
dans la sphère économique, sociale, culturelle, linguistique reste leur droit
légitime, une exigence fondamentale et la seule voie possible pour la solution
d’une conflit qui n’a que trop duré, qui a emporté les vies de dizaines de
milliers de nos concitoyens, qui a transformé en réfugiés des millions de
personnes dans leur propre pays.
Notre tâche la plus
importante est de nous opposer résolument à une fascisation ultérieure de la
vie étatique et sociale du pays, à la volonté du régime néonazi de priver notre
peuple de sa mémoire historique, d’imposer à notre peuple, tout
particulièrement à la jeunesse, une représentation déformée du passé – héroïque
et tragique – de notre Patrie, de transformer en héros les bourreaux et les
traîtres à notre peuple.
La célébration du Jour de la
Victoire a montré que notre peuple a refusé de célébrer ce jour pour nous sacré
le 8 plutôt que le 9 mai. Le Comité central a chaleureusement soutenu la
proposition de nombreux vétérans de célébrer le 22 juin qui vient les 75 ans du
déclanchement de la Grande Guerre patriotique en tant que Jour de la mémoire de
nos pères et grands-pères, qui ont su défendre la liberté, l’honneur et
l’indépendance de notre Patrie, ont conquis la Victoire sur le pire ennemi de
l’humanité – le fascisme germanique et ses alliés.
Nous en sommes
convaincus : toutes les organisations du Parti participeront le plus
activement possible à ce travail. Nous devons tout faire pour que cette
initiative soit soutenue par des millions de nos compatriotes dans toutes les
villes et les villages de l’Ukraine.
Chers camarades !
Le Comité central du Parti
considère indispensable que, après notre réunion d’aujourd’hui, dans toutes les
organisations du Parti, dans les plénums des comités de quartier, de ville et
de région ait lieu une discussion franche sur les questions qui furent
soulevées ici, sur ce que nous devons faire, pour élever le travail du Parti,
de toutes ses organisations, à un niveau qualitativement nouveau, en faire de
nouveau une force puissance et influente, capable de soulever les masses dans
la lutte avec le régime antipopulaire, pour la réalisation des buts inscrits
dans le programme de notre Parti.
Les événements peuvent
évoluer différemment. Nous ne pouvons pas dire aujourd’hui, quelle décision
sera prise par le tribunal au sujet de l’interdiction de l’activité du Parti.
Dans tous les cas, nous devons apprendre
à agir de façon plus radicale, en utilisant les droits, garantis par la
Constitution et les lois du pays, sans faire prendre à nos camarades des
risques injustifiés.
Des recommandations
concrètes pour le cas de circonstances extraordinaires sont données par le
plénum du Comité central. Quelle que soit la tournure que prendront les
événements, les communistes agiront, défendant les intérêts de notre peuple qui
a tant souffert.
Le fondateur et le guide du
Parti bolchevik, Vladimir Ilitch Lénine, prédisant toutes sortes de tournants
dans la lutte politique, disait :
« …Seulement alors nous
apprendrons à vaincre, quand nous n’aurons pas peur de reconnaître nos défaites
et nos défauts, quand nous regarderons en face la vérité, aussi triste
fût-elle »
Il nous légua :
« Ne pas craindre de reconnaître les défaites. Apprendre de l’expérience
de la défaite. Refaire plus soigneusement, plus prudemment, plus
systématiquement ce qui avait été mal fait. Si nous acceptions la position,
selon laquelle reconnaître une défaite cause, ainsi que l’abandon d’une
position, le désespoir et la perte d’énergie pour la lutte, il faudrait dire
que de tels révolutionnaire ne valent pas un clou »
Suivons en cela aussi
l’enseignement de Lénine !
Traduction :
Alexander Eniline