Sans
être tout à fait calamiteux, le bilan de ces votations populaires du 5 juin
2016 n’est pas particulièrement réjouissant non plus. Un bilan en-demi teintes,
qui a au moins le mérite d’avoir été relativement prévisible depuis un certain
temps déjà.
Nous
pouvons nous féliciter tout particulièrement du rejet très net des coupes
budgétaires linéaires que la droite, majoritaire de peu au Conseil municipal de
la Ville de Genève, avait tenté d’imposer. Ce scrutin prouve que cette droite,
si elle est majoritaire au délibératif, ne l’est pas dans la population, qui en
tout cas ne l’a pas suivi et ne la suivra pas du moins sur son projet imbécile
et revanchard de coupes linéaires. Les conséquences désastreuses que ces coupes
n’auraient pas manqué de causer ont ainsi pu avoir été évitées.
Au
plan cantonal, nous pouvons tout particulièrement nous féliciter du rejet, fût-ce
à une faible majorité, d’un nouveau démantèlement de la LDTR, élaboré par le
député-propriétaire-oligarque Zacharias, qui n’aurait pas manqué de signifier
le retour de la sinistre pratique des congés-ventes. La population ne s’est pas
laissé prendre au piège de la démagogie de la droite, et c’est réjouissant.
Rien n’est acquis toutefois, et le combat est encore long et difficile qui
s’annonce pour enfin imposer une politique du logement digne de ce nom en faveur des classes
populaires, qui réduira au silence tous les pseudo « défenseurs de
locataires » de droite, qui ne défendent en fait que les propriétaires et
les promoteurs.
Nous
pouvons regretter par contre que le maintien des forfaits fiscaux pratiquement
en l’état ait été accepté. Toutefois, remarquons que ce n’est qu’à une faible
majorité : de toute évidence l’adhésion à ce scandaleux privilège
quasi-féodal s’étiole. Nous ne devrons que continuer avec plus de
résolution la lutte pour la justice
fiscale, contre ce dogme néolibéral de la concurrence fiscal et des baisses
d’impôts à n’en plus finir qui n’est que dans l’intérêt des plus riches, au
détriment de l’écrasante majorité de la population. La prochaine bataille qui
se profile dans ce domaine est celle de la RIE III. Nous y sommes prêts.
Au
sujet des nombreux votes sur la mobilité, la droite genevoise se réjouit comme
il se doit d’avoir réussi à faire graver dans la Constitution sa vielle lubie
qu’est la traversée du Lac. Pour ce qui nous concerne, nous continuons à penser
qu’il s’agit d’un projet aussi cher qu’inutile. Remarquons toutefois, que la
seule chose que le peuple a accepté, c’est un article constitutionnel, sans
l’ombre d’un projet concret. En sortira-t-il quelque chose dans la réalité un
jour ? La traversée de la rade avait aussi jadis été acceptée dans son
principe, avant que ses deux variantes – pont et tunnel – ne fussent balayés
par le peuple. En ira-t-il de même une seconde fois ? C’est trop tôt pour
le dire, néanmoins, la victoire de la droite a quelque chose de passablement éthéré.
Nous regrettons bien sûr l’échec de l’initiative des Verts, qui aurait amené
bien plus de progrès en matière de mobilité que toutes les lubies de la droite.
Le contre-projet, compromis boiteux que nous avions appelé à rejeter, pourrait
amener toutefois quelques améliorations avec un peu de volonté politique, mais
nous n’attendons pas grand chose du Conseil d’Etat dans ce domaine. Et nous
saluons bien sûr le rejet très nette de la bassement démagogique initiative
dite « Vache à lait ».
Le
rejet du Revenu de base inconditionnel n’était que trop prévisible.
L’initiative aura au moins eu le mérite d’ouvrir le débat sur le droit à des
conditions de vie digne, sur le fait que bénéficier de conditions de vie digne,
que l’on trouve un emploi permettant la valorisation du capital, doit être un
droit et pas de la charité. C’est un combat que nous continuerons à mener dans
une optique claire de lutte de classe, et pour que les richesses reviennent à
celles et ceux qui les produisent, et non pas à quelques exploiteurs. Le rejet
de l’initiative pour le service public était malheureusement aussi prévisible,
étant donné la campagne unie et acharnée qu’ont menée contre elle tous les
partis, unis et avec les mêmes arguments, PS et PLR dans les mêmes comités,
avec la même mauvaise foi (études dissimulées au public, financement de la
campagne par Swisscom, etc.) Nous avions été le seul parti national à soutenir
cette initiative. Nous continuerons notre combat pour les services publics,
pour qu’il redeviennent ce qu’il sont sensés être, de vrais services publics,
et non pas des SA comme les autres. Nous avons en revanche les plus sérieux
doute au sujet de la sincérité du soudain amour pour les services publics de la
droite et d’une certaine gauche, tous unis contre l’initiative que nous avions
été bien seuls à soutenir.
La
loi sur l’Asile fut finalement acceptée, après que l’UDC n’ait presque pas fait
campagne pour son propre référendum. Nous avions fait campagne pour le NON de
gauche. Les faits prouvent que nous avions eu raison. Un argument pour le OUI
de gauche avait été en effet la crainte qu’en cas de victoire du NON, l’UDC
revienne à la charge avec de nouveaux projets de durcissement, alors que
l’acceptation de la révision « consensuelle » aurait provisoirement
pu mettre un frein à de nouveaux durcissements. Or c’est le PLR et le PDC qui
reviennent, le lendemain de la votation, avec de nouvelles idées de
durcissement, formulées à l’origine…par l’UDC.
Nous
saluons également l’adoption de la loi sur la procréation médicalement
assistée, que nous avions soutenue.
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