21 décembre 2014

Grève exemplaire des travailleuses et travailleurs aux TPG

Le 19 novembre dernier, aucun bus ni aucun tram n’a circulé de toute la journée sur les lignes TPG dans le canton de Genève. Cela du fait de la grève lancée par le syndicat SEV contre le contrat de prestation 2015-2018 imposé par le Conseil d’Etat aux TPG et qui prévoyait la suppression de 130 emplois, nonobstant le fait que cette régie publique essentielle soit déjà en sous-effectif. La raison de cette coupe ? A la fois scandaleuse et méprisable. Notre gouvernement voulait ainsi se venger du peuple genevois d’avoir « mal » voté, et cela à deux reprises, en faveur de l’initiative de l’AVIVO pour une baisse des tarifs des TPG.

Incapable d’accepter un vote démocratique d’un peuple qui pourtant est censé être le souverain à Genève et qu’il est censé servir, mais ayant épuisé toutes les arguties juridiques à sa disposition, le Conseil d’Etat a bien dû finir par se résoudre à mettre l’initiative en application. Toutefois, ce même Conseil d’Etat a décidé de faire payer au peuple la facture d’un vote qui ne lui convenait pas, et c’est pourquoi il a calculé un manque à gagner que la baisse des tarifs allait engendrer, sans accepter de la compenser, et pour cette raison a voulu supprimer des postes pour baisser les prestations.

Fidèle à son arrogance habituelle et à son mépris du peuple qu’il est censé servir, le Conseil d’Etat a mené en bateau le syndicat SEV qui au nom des employés des TPG menacés de licenciements essayait de négocier avec le gouvernement et la direction de la dite régie. N’ayant jamais obtenu l’ouverture de négociations en bonne et due forme, le SEV a été contraint d’appeler à la grève. Le Conseil d’Etat et la direction des TPG ont réagi par des pressions, des exigences à respecter un « service minimum » (ce machin, qui ne sert qu’à briser les grèves, dont on a opportunément rappelé qu’il est inscrit dans la nouvelle Constitution réactionnaire genevoise, que d’aucuns qui se disent de gauche avaient contribué à faire passer), des menaces et diverses tentatives de briser le mouvement. Mais cela n’a pas empêché la grève d’être un succès total.

Face à l’arrogance du Conseil d’Etat et de la direction des TPG malgré tout, et à leurs tentatives de quand même diviser les employés une nouvelle fois par des pressions, des promesses de primes pour ceux qui ne feraient pas grève ou des menaces, les syndicats ont appelé à une nouvelle grève le jeudi 4 décembre, qui cette fois devait être reconductible de jour en jour. Cette seule menace a suffi pour que le Conseil d’Etat cède immédiatement et accepte un accord avec les syndicats  dans lequel il renonce à supprimer le moindre poste.

Certes, la lutte n’est pas terminée. La majorité de droite du Grand Conseil a quand même voté un contrat de prestations avec un déficit de 16 millions et sans prévoir aucune recette supplémentaire, ce qui impliquerait donc logiquement des coupes dans les prestations. Une initiative populaire sera probablement lancée pour augmenter le soutien public aux TPG.

Mais, quoiqu’il en soit, cette grève est exemplaire à un double titre : par le fait que tous les employés des TPG étaient solidaires et ont tous fait grève, et par le fait que la grève a failli être reconductible. Dans le pays de la prétendue « paix du travail », la leçon est précieuse : seule la lutte de classe dans l’unité et dans la durée permet de faire plier le patronat, ou, en l’occurrence, l’Etat bourgeois, jamais la collaboration de classe. Et seule une grève reconductible peut réellement faire plier l’employer, une grève d’une journée ou un débrayage ne sont pas toujours suffisants. Car la paix du travail est un mensonge, il n’y a que la lutte qui paye. C’est par la lutte que les travailleurs obtiennent la force d’imposer leurs justes revendications à ceux qui les exploitent. Et grâce à la force qu’ils acquièrent en tant que classe consciente de soi dans la lutte, ils finiront par obtenir à terme le pouvoir politique et la victoire sur la domination séculaire des maîtres du capital, seul moyen pour eux de briser les chaînes de l’esclavage salarié et de construire une nouvelle société fondée sur le travail et non plus sur le capital. Seule la lutte libère.


La haine que cette grève a suscité au sein de la droite genevoise, la violence de certaines réactions (les JLR ont ainsi voulu déposer plainte pénale contre des grévistes : jeunes mais déjà conscients de quels maîtres ils servent les intérêts), n’en est que plus significative et logique. L’unité des travailleurs dans la lutte est ce qu’ils craignent le plus au monde, puisqu’elle seule menace réellement les privilèges scandaleux de la petite oligarchie au service de laquelle ils sont. Et la réaction aussi haineuse que ridicule du MCG –  les grévistes seraient au fond des mauvais genevois et des crypto-frontaliers, puisque reprenant une méthode de lutte typiquement française – rappelle opportunément la vraie nature de ce parti, qui se prétend hypocritement du côté des petites gens : pire ennemi des travailleurs et bras armé du capital. La grève est au contraire une nécessaire et belle tradition de lutte de classe et les travailleurs de notre canton ne doivent jamais hésiter à en faire usage.

XXIIème Congrès, un nouveau pas vers la reconstruction d’un Parti national fort


Le Bureau du XXIIème Congrès, de gauche à droite : Siro Torresan, Amanda Ioset, Jordan Willemin, Gavriel Pinson, Alexander Eniline, Daniel Egloff


Les 13 et 14 décembre 2014, le Parti Suisse du Travail s’est réuni à Lausanne pour son XXIIème Congrès ordinaire. Ce Congrès se place dans la continuité du travail de reconstruction d’un Parti Suisse du Travail réunifié et fort au niveau national à la suite des décisions prises par le XXIème Congrès qui s’était déroulé en 2013 à Genève, mais aussi dans la continuité des luttes et de la pensée politique du Parti Suisse du Travail depuis sa fondation en 1944, un Parti des travailleuses et des travailleurs de Suisse, un Parti s’appuyant sur le marxisme et l’héritage théorique et organisationnel du mouvement communiste international, un Parti cherchant à construire un large mouvement populaire pour le renversement de la domination capitaliste et la construction d’une société socialiste.

Un Congrès, c’est avant tout l’occasion de revenir sur le travail accompli depuis le Congrès précédent et d’en tirer un bilan. C’est ce qui fut fait dans le rapport du Comité directeur présenté par le président du PST, Gavriel Pinson. Le travail accompli par les instances sortantes fut important et en nette progression comparé aux années précédentes : fonctionnement plus efficace et plus productif des instances nationales, préparation d’une initiative populaire dont nous parlerons ci-dessous, organisation d’une très belle fête populaire pour les 70 ans du Parti au Locle. Ce bilan fut unanimement salué par les délégués présents.

A la suite de son ordre du jour, le Congrès traita principalement de deux objets d’une toute première importance. Le programme électoral pour les élections fédérales de 2015 tout d’abord. Le Congrès a adopté un programme de 11. Ce programme, qui fait aussi office de résolution politique du Congrès, commence par une analyse de la solution nationale et internationale : la démocratie formelle qui masque mal le pouvoir réel et sans partage de la grande bourgeoisie, les politiques conduites dans le seul intérêt des possédants et au détriment des classes populaires, la domination sans partage des monopoles sur l’économie suisse et mondiale, et le creusement des inégalités qui s’en suit, des ravages de la domination impérialiste sur les peuples et la nature, et le caractère impérialiste et antidémocratique de l’Union Européenne. Puis suit une définition du rôle du PST, de sa base idéologique marxiste, de sa lutte de classe pour les intérêts matériels et moraux des classes populaires de ce pays, pour la construction d’une société socialiste, puis communiste. Et enfin des propositions politiques applicables dès maintenant, avec pour perspective le socialisme.

En deuxième lieu, le Congrès a décidé du lancement d’une initiative populaire pour une fusion du deuxième pilier et de l’AVS, d’une intégration du deuxième pilier au premier, pour garantir à chacune et chacun une retraite de 4'000 francs par mois, selon un système par répartition intégral, à la fois simple, socialement juste et surtout sûr, et qui remplacerait avantageusement l’usine à gaz dispendieuse, aléatoire et inégalitaire qu’est le deuxième pilier. Dès l’adoption de l’initiative, plus aucun franc ne serait versé dans le cadre du deuxième pilier. Par contre, tous les droits acquis dans le cadre du système actuel seraient garantis : quiconque a déjà cotisé au deuxième pilier toucherait ce à quoi il a le droit. A travers cette proposition, le Parti vise à contrer le démantèlement scandaleux et anticonstitutionnel des retraites opéré par le conseiller fédéral « socialiste » Berset, mais aussi et surtout à mener à bien son projet d’instaurer enfin de véritables retraites populaires, qui assurent à toutes et tous (rappelons que tout le monde ne touche pas le deuxième pilier de nos jours) un niveau de vie digne une fois parvenus à l’âge de la retraite, ainsi que le voulait l’initiative déposée par le PST en 1972. La prochaine étape consiste dans une large consultation de tous les partenaires avec lesquelles nous pourrions collaborer pour le lancement en commun de cette initiative.

Enfin, le Congrès a réélu les instances nationales du PST. Le camarade Gavriel Pinson fut réélu à l’unanimité à la présidence du Parti. 

Lancement d’une initiative pour le remboursement des soins dentaires

Dépôt de l’initiative sur les soins dentaires vaudoise. Au premier plan, on reconnaît bien Gavriel Pinson, président du PST, Céline Misiego, secrétaire cantonale du POP, ainsi que Jean-Michel Dolivo, député solidaritéS


Le Congrès cantonal du Parti du Travail a notamment pris la décision, nous l’avions déjà mentionné, de lancer une initiative populaire pour le remboursement des soins dentaires. En cela nous reprenons une très bonne idée de nos camarades du Parti Ouvrier et Populaire vaudois, section vaudoise du Parti Suisse du Travail,  qui avaient déposé conjointement avec solidaritéS Vaud une initiative exactement similaire et que nous reprendrons presque mot pour mot le 22 juillet 2014, avec 15'269 signatures valables (sur 12'000 nécessaires). Nous lancerons cette initiative en priorité en commun avec nos partenaires d’Ensemble à Gauche, auxquels nous avions déjà soumis le projet et qui l’ont tous accepté ; mais cela n’exclut toutefois pas la constitution d’un front plus large afin de pouvoir la déposer avec un nombre bien plus que suffisant de signatures mais aussi et surtout de la faire accepter en votation populaire.

Mettre fin à une injustice

Par le lancement de cette initiative, nous voulons avant tout mettre fin à une injustice, à une lacune flagrante du système de santé suisse. Les soins dentaires, mais aussi la prévention en matière de santé bucco-dentaire, ne sont en effet pas couverts par le catalogue de la LAMAL et à 90% à la charge des ménages. Avec des résultats catastrophiques en termes de santé publique et de justice sociale. Ainsi, une étude des HUG publiée en 2011 montre clairement qu’environ un genevois sur sept est obligé à renoncer à des soins médicaux pour des raisons financières. Dans 74% des cas, il s’agit de soins dentaires.

Or ces chiffres sont tout sauf anodins. Il convient en effet tout d’abord de rappeler que les gens ne sont pas égaux face à la santé bucco-dentaire selon la classe sociale à laquelle ils appartiennent. Ainsi, chez les enfants jusqu’à 5 ans, 40% des enfants issus de familles défavorisées ont une ou plusieurs caries, contre 16% de ceux issus des classes moyennes ou supérieures. Chez les adultes, 14% des personnes appartenant à des groupes favorisés sont totalement édentées, contre 32% de celles appartenant à des groupes défavorisés. Il existe aussi et souvent un lien direct entre la santé buccale et la santé en général. Ainsi, ne pas se soigner les dents à temps peut être une cause directe de l’apparition ou de l’aggravation de maladies telles que l’athérosclérose ou le diabète. La nécessité d’avoir recours à des dentiers, à laquelle sont surtout soumises les classes populaires, conduit fatalement à une sélection des aliments, et parfois à la malnutrition. Enfin, du fait des prix prohibitifs, que les gens doivent payer de leur poche, la prévention est aujourd’hui un gros problème : dans la région lémanique, près de 35 des personnes ne font pas de contrôle annuel, généralement pour des raisons financières.

Un système simple et efficace

Afin de mettre fin à cette lacune, nous proposons un système à la fois simple, socialement juste et efficace, fondé sur le modèle de l’AVS (le but étant précisément d’éviter un modèle libéral, socialement injuste et in fine avantageux seulement pour les assureurs comme celui de la LAMAL), soit l’instauration d’une assurance obligatoire pour les soins bucco-dentaires, mais aussi pour la prévention, financée par des cotisations sur les salaires soumis à l’AVS (ce qui ferait entre 0,3% à 0,5% selon le calcul de nos camarades vaudois, soit environ 300 francs par année pour un salaire mensuel de 5'000 francs ; pour Genève, les chiffres ne devraient guère être différents), et couverte par la politique sanitaire cantonale pour celles et ceux qui ne cotisent pas à l’AVS. Toutes les études montrent qu’une assurance obligatoire sur le modèle que nous proposons ne peut que largement contribuer à beaucoup plus d’égalité sociale dans l’accès aux soins dentaires, à une importante amélioration de la prévention ainsi qu’à celle de la santé dentaire globale de la population.


La récolte des signatures devrait commencer au printemps prochain. Le Parti du Travail démontre par là encore une fois son rôle indispensable de proposition pour le progrès social.