10 juillet 2014

De la notion sociologique de classe moyenne

C’est la nouvelle marotte de la sociologie de boulevard de la sociologie bourgeoise et petite bourgeoise. Tous n’ont que ces mots à la bouche : « classe moyenne ». Tous les partis gouvernementaux affirment défendre en priorité les intérêts de cette fameuse « classe moyenne » et cherchent à gagner ces suffrages. Lorsqu’il s’agit de baisser les impôts, la droite prétend toujours que c’est pour décharger un peu la « classe moyenne » du lourd fardeau fiscal qu’elle supporte. La droite et le lobby des caisses-maladie a fait campagne contre la caisse unique et des primes en fonction du revenu car soi-disant cette solution désavantagerait la « classe moyenne ». Lors des soulèvements qui ont eu lieu récemment dans le monde arabe et dans d’autres pays, la presse bourgeoise a attribué un rôle central à la « classe moyenne », qui aurait un potentiel revendicatif et révolutionnaire supérieure à celui de toutes les autres classes réunies, voire serait devenue « la » classe révolutionnaire par excellence de nos jours. C’est aussi sur les supposées aspirations à la liberté de la « classe moyenne » que comptent les idéologues impérialistes pour une « démocratisation » de la Chine, du Vietnam, du Laos…ou plutôt du renversement des partis communistes au pouvoir dans ces pays.

Mais pourquoi une telle centralité de la notion de « classe moyenne » et que recouvre-t-elle exactement ? A vrai dire, il semble que personne ne le sache vraiment, tellement elle est utilisée de façon imprécise et vague. Si l’on en croit certains discours politiciens, la dite « classe moyenne » ne serait pas loin de couvrir plus ou moins la très grande majorité de la population, du plus modeste des salariés jusqu’au cadre supérieur, exception faite seulement des plus pauvres, qui dépendent de l’aide sociale ou du chômage, ainsi que des plus riches. Or cette catégorie de « classe moyenne » ainsi définie – mais c’est évident tellement elle est large qu’elle ne signifie plus rien – est à la fois inopérante et trompeuse. Faire miroiter aux travailleurs qu’ils appartiennent en fait à la « classe moyenne » est une astuce imparable pour la bourgeoisie. Cette croyance très répandue et savamment entretenue qu’on appartient à la « classe moyenne » dès lors qu’on a un salaire un peu au-dessus du minimum permet de priver les travailleurs de leur indispensable conscience de classe, de leur faire oublier leur condition de travailleurs, de leur faire croire à une communauté d’intérêts avec ceux qui les exploitent et à pousser à vouloir les imiter autant qu’il leur est possible plutôt que de les combattre.

Tout le baratin sur la « classe moyenne » sert aux partis de droite à faire oublier le fait qu’ils ne servent en fait que les intérêts d’une toute petite minorité des plus riches et aux partis de la gauche gouvernementale à masquer leur renoncement à s’adresser et à défendre les intérêts des classes populaires, ce qu’ils avaient naguère affirmé être leur raison d’être. La fixation des primes en fonction du revenu serait défavorable à la « classe moyenne » ? Quelle hypocrisie ! Il ne s’agissait pour la droite que de défendre le système d’escroquerie organisée des caisses-maladie privées, malgré son caractère socialement aberrant. Il faudrait baisser les impôts pour alléger le fardeau de la « classe moyenne » ? Quelle démagogie ! Ces baisses d’impôts profitent toujours avant tout aux plus riches.


Le Parti du Travail récuse cette sociologie bourgeoise de boulevard. C’est une autre sociologie que nous devons porter, une sociologie marxiste, qui repose non pas sur l’affirmation autosatisfaite de la « classe moyenne », mais sur la distinction entre les travailleurs, qui produisent toute richesse, et les maîtres du capital qui les exploitent. Pour obtenir leur émancipation, les travailleurs doivent reconquérir leur conscience de classe et lutter pour une société nouvelle et socialiste, et non se bercer d’illusions qu’ils appartiendraient à une chimérique « classe moyenne ». Et il n’est pas plus question pour nous de céder à cette démagogie qui veut que la défense des intérêts de la « classe moyenne » passe avant tout et que c’est ce que les partis doivent faire, laissant les classes populaires livrées à la propagande de l’UDC et du MCG qui les trompent. Plus que jamais, notre place est aux côtés des travailleurs et de tous ceux que le système capitaliste opprime et exclut.

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