C’est la nouvelle marotte de
la sociologie de boulevard de la sociologie bourgeoise et petite bourgeoise.
Tous n’ont que ces mots à la bouche : « classe moyenne ». Tous
les partis gouvernementaux affirment défendre en priorité les intérêts de cette
fameuse « classe moyenne » et cherchent à gagner ces suffrages.
Lorsqu’il s’agit de baisser les impôts, la droite prétend toujours que c’est
pour décharger un peu la « classe moyenne » du lourd fardeau fiscal
qu’elle supporte. La droite et le lobby des caisses-maladie a fait campagne
contre la caisse unique et des primes en fonction du revenu car soi-disant
cette solution désavantagerait la « classe moyenne ». Lors des
soulèvements qui ont eu lieu récemment dans le monde arabe et dans d’autres
pays, la presse bourgeoise a attribué un rôle central à la « classe
moyenne », qui aurait un potentiel revendicatif et révolutionnaire
supérieure à celui de toutes les autres classes réunies, voire serait devenue
« la » classe révolutionnaire par excellence de nos jours. C’est
aussi sur les supposées aspirations à la liberté de la « classe
moyenne » que comptent les idéologues impérialistes pour une
« démocratisation » de la Chine, du Vietnam, du Laos…ou plutôt du
renversement des partis communistes au pouvoir dans ces pays.
Mais pourquoi une telle
centralité de la notion de « classe moyenne » et que recouvre-t-elle
exactement ? A vrai dire, il semble que personne ne le sache vraiment,
tellement elle est utilisée de façon imprécise et vague. Si l’on en croit certains
discours politiciens, la dite « classe moyenne » ne serait pas loin
de couvrir plus ou moins la très grande majorité de la population, du plus
modeste des salariés jusqu’au cadre supérieur, exception faite seulement des
plus pauvres, qui dépendent de l’aide sociale ou du chômage, ainsi que des plus
riches. Or cette catégorie de « classe moyenne » ainsi définie – mais
c’est évident tellement elle est large qu’elle ne signifie plus rien – est à la
fois inopérante et trompeuse. Faire miroiter aux travailleurs qu’ils appartiennent
en fait à la « classe moyenne » est une astuce imparable pour la
bourgeoisie. Cette croyance très répandue et savamment entretenue qu’on
appartient à la « classe moyenne » dès lors qu’on a un salaire un peu
au-dessus du minimum permet de priver les travailleurs de leur indispensable
conscience de classe, de leur faire oublier leur condition de travailleurs, de
leur faire croire à une communauté d’intérêts avec ceux qui les exploitent et à
pousser à vouloir les imiter autant qu’il leur est possible plutôt que de les
combattre.
Tout le baratin sur la
« classe moyenne » sert aux partis de droite à faire oublier le fait
qu’ils ne servent en fait que les intérêts d’une toute petite minorité des plus
riches et aux partis de la gauche gouvernementale à masquer leur renoncement à
s’adresser et à défendre les intérêts des classes populaires, ce qu’ils avaient
naguère affirmé être leur raison d’être. La fixation des primes en fonction du
revenu serait défavorable à la « classe moyenne » ? Quelle
hypocrisie ! Il ne s’agissait pour la droite que de défendre le système
d’escroquerie organisée des caisses-maladie privées, malgré son caractère
socialement aberrant. Il faudrait baisser les impôts pour alléger le fardeau de
la « classe moyenne » ? Quelle démagogie ! Ces baisses
d’impôts profitent toujours avant tout aux plus riches.
Le Parti du Travail récuse
cette sociologie bourgeoise de boulevard. C’est une autre sociologie que nous
devons porter, une sociologie marxiste, qui repose non pas sur l’affirmation autosatisfaite
de la « classe moyenne », mais sur la distinction entre les
travailleurs, qui produisent toute richesse, et les maîtres du capital qui les
exploitent. Pour obtenir leur émancipation, les travailleurs doivent
reconquérir leur conscience de classe et lutter pour une société nouvelle et
socialiste, et non se bercer d’illusions qu’ils appartiendraient à une
chimérique « classe moyenne ». Et il n’est pas plus question pour
nous de céder à cette démagogie qui veut que la défense des intérêts de la
« classe moyenne » passe avant tout et que c’est ce que les partis
doivent faire, laissant les classes populaires livrées à la propagande de l’UDC
et du MCG qui les trompent. Plus que jamais, notre place est aux côtés des
travailleurs et de tous ceux que le système capitaliste opprime et exclut.
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