05 septembre 2016

NON à la loi sur le renseignement! Non à l’Etat Big Brother !

Le 25 septembre prochain, nous sommes appelés à nous prononcer sur la nouvelle loi fédérale sur le renseignement (LRens). La majorité de droite au pouvoir, mais aussi une partie de « gauche » gouvernementale, appelle à voter OUI, avec des arguments lénifiants, disant que cette loi serait parfaitement modérée et raisonnable, ne viserait qu’à garantir notre sécurité, et que personne à part les terroristes n’en serait lésé. Notre Parti a, au contraire, soutenu le référendum, et avec raison.

Selon cette loi, en effet, le service de renseignement de la Confédération (SRC) devrait pouvoir surveiller les communications de manière élargie (écoutes téléphoniques, lectures de courriels et de courriers) et observer des faits dans des lieux privés, notamment en posant des micros, y compris dans des logements privés. De plus, il devrait être possible de perquisitionner secrètement des systèmes informatiques et d’y installer des chevaux de Troie. En d’autres termes : si la loi passe, les services de renseignement pourraient à l’avenir pénétrer dans la sphère privée des citoyens, et ce, en l’absence de délit suspecté. Et s’il est vrai qu’un juge du Tribunal fédéral administratif devrait donner son approbation à de telles mesures, il ne disposera pour ce faire que de la version donnée par le SRC.

Nous n’avons aucun doute sur le fait que cette révision de la loi n’ait nullement pour but exclusif de combattre la « menace terroriste », mais vise avant tout toute contestation de l’ordre établi. Nous n’oublions pas en effet que le SRC vient d’un regroupement de la police fédérale avec le contre-espionnage. Or la police fédérale a toujours été la police politique de la grande bourgeoisie suisse, dont l’une des tâches principales était de ficher les militants du Parti du Travail, de défendre l’ordre établi contre quiconque le conteste. Nos adversaires prétendent que les leçons ont été tirées du scandale des fiches et jurent que jamais pareille chose ne se reproduirait. Vraiment ? C’est là se moquer du monde ! Oublie-t-on qu’on a récemment appris que le SRC continue de ficher près de 200'000 personnes pour leurs opinions politiques ? Révélation que a été faite dans l’indifférence générale. Oublie-t-on que l’« extrémisme de gauche » n’est pas loin d’être considérée comme la principale menace pour le pays dans le rapport annuel du DDPS ? Ce n’est du reste que très logique. Les services secrets d’un Etat bourgeois sont par définition une émanation dudit Etat, un Etat de classe dont la vocation première et de maintenir la domination de classe de la grande bourgeoisie. Les services secrets, par leurs pouvoirs étendus, par le secret qui les entoure justement, constituent l’aspect le plus dangereux de cet Etat, car pratiquement soustraits à tout contrôle populaire possible. Aux USA ils ont même évolué en un véritable Etat dans l’Etat.

Pour voir clairement la direction dans laquelle la classe dirigeante de notre pays veut nous mener, il suffit de regarder l’exemple de deux pays, lest USA et la France, qui ont mis en place des lois similaires à la LRens bien plus tôt. Les USA ont mis en place le Patriot Act sous la présidence de George W. Bush, et la France toute une série de lois sécuritaires sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy, dans les deux cas au nom de la « sécurité ». Ces deux pays n’en sont pas devenus plus sûrs. Les dispositions extraordinaires offerts aux « forces de l’ordre » n’y ont guère permis d’empêcher d’attentats, et aux USA c’est la police qui tue presque quotidiennement des citoyens, la plupart du temps afro-américains, arbitrairement et impunément. En revanche, ce sont les droits fondamentaux des citoyens de ces pays qui sont remis en cause, de l’habeas corpus à la présomption d’innocence, au point de les faire glisser doucement vers la dictature. Le débat actuel en France, vivant sous le régime de l’état d’urgence, sur les « fiches S » est tout à fait révélateur. Pour être fiché S, un simple soupçon d’un seul policier suffit. Aujourd’hui, on débat sérieusement quant au fait s’il ne faudrait pas interner celles et ceux qui sont fichés S dans des camps, indéfiniment et sans procès.


Un des fondateurs du libéralisme classique, Benjamin Franklin, avait dit «  toute société qui renoncerait à un peu de liberté pour un peu de sécurité ne mériterait ni l’un ni l’autre et finirait par perdre les deux ». Mais aujourd’hui que son régime est en crise et sa domination tendanciellement menacée, la bourgeoisie jette la bannière des droits individuels fondamentaux, exception faite du seul droit de propriété, par dessus bord, et compte sur des formes de plus en plus avouées de dictature pour se maintenir au pouvoir. Cette bannière de la liberté, c’est à nous qu’il revient de la porter aujourd’hui. Ainsi que l’a dit Edward Snowden, traqué par le bras armé de la bourgeoisie étatsunienne pour avoir confirmé au monde la réalité et l’étendue de son système de surveillance : « Prétendre que votre droit à une sphère privée n’est pas important parce que vous n’avez rien à cacher n’est rien d’autre que de dire que la liberté d’expression n’est pas essentielle car vous n’avez rien à dire ». Pour que la Suisse ne devienne pas une dictature policière, ce sera résolument NON à la LRens !

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