24 octobre 2017

L’initiative pour une caisse publique a officiellement abouti ; un combat plus qu’urgent



L’initiative populaire constitutionnelle « pour une caisse maladie et accidents publique genevoise à but social », que le Parti du Travail avait lancé le 15 mars 2017, et déposé le 11 juillet avec plus de 14'400 signatures, récoltées par les seules forces de ses militants, a officiellement abouti. Dans son communiqué de la semaine dernière, le Conseil d’Etat a en effet constaté que le nombre de signatures requis a été atteint, ce dont nous ne doutions guère.

Si nous avions lancé cette initiative, c’est avant tout pour répondre à une véritable et pressante aspiration des classes populaires de ce canton. Lorsque nous récoltions les signatures pour notre initiative pour le remboursement des soins dentaires, beaucoup de gens nous demandaient quand ferions nous enfin quelque chose pour l’assurance maladie. La situation semblant provisoirement enlisée au niveau fédéral, après l’échec des initiatives populaires pour une caisse unique et pour une caisse publique (toutes deux largement acceptées à Genève), nous avions décidé d’agir au niveau cantonal, en proposant le maximum de ce qui est possible d’après le droit fédéral : une caisse maladie cantonale publique à but social. Ce qui ne serait pas encore la solution miracle – une caisse publique continuerait à fonctionnerait dans le cadre du système de la LAMal, à côté des caisses privées qui resteraient en place – mais elle permettrait tout de même un progrès appréciable : un caisse publique et à but social pourrait prélever des primes moins élevées que les caisses privées, n’ayant aucun but lucratif et ne pouvant en avoir, n’ayant pas de frais de lobbying, et n’étant pas liée aux intérêts plus ou moins avouables d’un groupe privé. L’Etat pourrait aussi affilier celles et ceux – de plus en plus nombreux – qui ne peuvent payer des primes scandaleusement élevées à une caisse publique, plutôt que de devoir encore subventionner les caisses privées.

L’actualité a le mérite de nous rappeler à quel point l’enjeu est urgent. En effet, la hausse moyenne des primes maladie pour 2018, récemment annoncée, est de près de 4% à l’échelle du pays, mais de 5,4% pour Genève. Une hausse supplémentaire pour des primes qui dépasseront bientôt les 600,- en moyenne par tête et par mois ! Il n’est que trop évident que ce système devient intenable et ne peut plus continuer. Les assureurs continuent bien sûr de prétendre qu’ils n’ont pas d’intérêts lucratifs dans l’assurance de base (puisque la loi l’interdit), et que la hausse continuelle des primes n’est pas de leur responsabilité, mais uniquement du fait de la hausse permanente des coûts de la santé, de la surconsommation des soins par les assurés (faudrait-il se laisser mourir sans consulter de médecin pour ne pas faire augmenter les coûts de la santé ?) et de l’excès de médecins et d’infrastructures médicales dans notre pays (pourtant, ce n’est certainement pas le mot « surinvestissements » qui vient à l’esprit quand on pense aux HUG…)

Quelqu’un croit-il sérieusement encore à la propagande des assureurs en Suisse ? Depuis l’introduction de la LAMal, il y a 20 ans, les primes ont doublé. A-t-on vraiment deux fois plus d’hôpitaux, de médecins…qu’il y a vingt ans ? Si elles n’ont aucun intérêt lucratif dans l’assurance de base, pourquoi les caisses privées, qui font toutes partie de groupes privés à but lucratif, tiennent-elles tant à garder cette partie de leur activité ? Pourquoi dépensent-elles des millions dans chaque campagne de votation qui pourrait impacter leurs intérêts (avec l’argent de nos primes !) ? Que dire des conseiller nationaux, des conseiler aux Etats, désormais aussi d’un conseiller fédéral, généreusement payés par les caisses-maladie pour représenter leurs intérêts au parlement (et comment tolérer encore cette véritable corruption institutionnalisée dans un pays qui se veut démocratique ?) ? Combien contribuent à la hausse continuelle des primes maladie les frais publicitaires des caisses, leurs immeubles luxueux, les salaires de leurs dirigeants, dépassant souvent le million par an ? Que dire de leurs réserves scandaleusement surévaluées et gérées de la façon la plus opaque ? Et n’oublions pas l’argent payé en trop par les assurés genevois pendant des années, dont seule une petite partie a été remboursée. Même le conseiller fédéral Berset a déclaré : "Il y a naturellement une partie de l'augmentation des coûts qui dépend du vieillissement de la population, de l'innovation en matière de santé, mais la partie en plus n'est pas acceptable et c'est ce qu'il nous faut limiter." ; ce qui signifie en clair qu’une partie de la hausse continuelle des primes ne correspond à rien du tout, si ce n’est aux intérêts occultes des assureurs.


Il n’est que temps de se débarasser de la mafia des assureurs privés, pour un système de santé intégralement public et social. Notre initiative est un pas dans ce sens.

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