L’initiative
populaire constitutionnelle « pour une caisse maladie et accidents
publique genevoise à but social », que le Parti du Travail avait lancé le
15 mars 2017, et déposé le 11 juillet avec plus de 14'400 signatures, récoltées
par les seules forces de ses militants, a officiellement abouti. Dans son
communiqué de la semaine dernière, le Conseil d’Etat a en effet constaté que le
nombre de signatures requis a été atteint, ce dont nous ne doutions guère.
Si
nous avions lancé cette initiative, c’est avant tout pour répondre à une
véritable et pressante aspiration des classes populaires de ce canton. Lorsque
nous récoltions les signatures pour notre initiative pour le remboursement des
soins dentaires, beaucoup de gens nous demandaient quand ferions nous enfin
quelque chose pour l’assurance maladie. La situation semblant provisoirement
enlisée au niveau fédéral, après l’échec des initiatives populaires pour une
caisse unique et pour une caisse publique (toutes deux largement acceptées à
Genève), nous avions décidé d’agir au niveau cantonal, en proposant le maximum
de ce qui est possible d’après le droit fédéral : une caisse maladie
cantonale publique à but social. Ce qui ne serait pas encore la solution
miracle – une caisse publique continuerait à fonctionnerait dans le cadre du
système de la LAMal, à côté des caisses privées qui resteraient en place – mais
elle permettrait tout de même un progrès appréciable : un caisse publique
et à but social pourrait prélever des primes moins élevées que les caisses privées,
n’ayant aucun but lucratif et ne pouvant en avoir, n’ayant pas de frais de
lobbying, et n’étant pas liée aux intérêts plus ou moins avouables d’un groupe
privé. L’Etat pourrait aussi affilier celles et ceux – de plus en plus nombreux
– qui ne peuvent payer des primes scandaleusement élevées à une caisse
publique, plutôt que de devoir encore subventionner les caisses privées.
L’actualité
a le mérite de nous rappeler à quel point l’enjeu est urgent. En effet, la
hausse moyenne des primes maladie pour 2018, récemment annoncée, est de près de
4% à l’échelle du pays, mais de 5,4% pour Genève. Une hausse supplémentaire
pour des primes qui dépasseront bientôt les 600,- en moyenne par tête et par
mois ! Il n’est que trop évident que ce système devient intenable et ne
peut plus continuer. Les assureurs continuent bien sûr de prétendre qu’ils
n’ont pas d’intérêts lucratifs dans l’assurance de base (puisque la loi
l’interdit), et que la hausse continuelle des primes n’est pas de leur
responsabilité, mais uniquement du fait de la hausse permanente des coûts de la
santé, de la surconsommation des soins par les assurés (faudrait-il se laisser
mourir sans consulter de médecin pour ne pas faire augmenter les coûts de la
santé ?) et de l’excès de médecins et d’infrastructures médicales dans
notre pays (pourtant, ce n’est certainement pas le mot
« surinvestissements » qui vient à l’esprit quand on pense aux HUG…)
Quelqu’un
croit-il sérieusement encore à la propagande des assureurs en Suisse ?
Depuis l’introduction de la LAMal, il y a 20 ans, les primes ont doublé. A-t-on
vraiment deux fois plus d’hôpitaux, de médecins…qu’il y a vingt ans ? Si
elles n’ont aucun intérêt lucratif dans l’assurance de base, pourquoi les
caisses privées, qui font toutes partie de groupes privés à but lucratif,
tiennent-elles tant à garder cette partie de leur activité ? Pourquoi
dépensent-elles des millions dans chaque campagne de votation qui pourrait
impacter leurs intérêts (avec l’argent de nos primes !) ? Que dire
des conseiller nationaux, des conseiler aux Etats, désormais aussi d’un
conseiller fédéral, généreusement payés par les caisses-maladie pour
représenter leurs intérêts au parlement (et comment tolérer encore cette
véritable corruption institutionnalisée dans un pays qui se veut démocratique ?) ?
Combien contribuent à la hausse continuelle des primes maladie les frais
publicitaires des caisses, leurs immeubles luxueux, les salaires de leurs
dirigeants, dépassant souvent le million par an ? Que dire de leurs
réserves scandaleusement surévaluées et gérées de la façon la plus
opaque ? Et n’oublions pas l’argent payé en trop par les assurés genevois
pendant des années, dont seule une petite partie a été remboursée. Même le
conseiller fédéral Berset a déclaré : "Il y a naturellement une partie
de l'augmentation des coûts qui dépend du vieillissement de la population, de
l'innovation en matière de santé, mais la partie en plus n'est pas acceptable
et c'est ce qu'il nous faut limiter." ; ce qui signifie en clair
qu’une partie de la hausse continuelle des primes ne correspond à rien du tout,
si ce n’est aux intérêts occultes des assureurs.
Il
n’est que temps de se débarasser de la mafia des assureurs privés, pour un
système de santé intégralement public et social. Notre initiative est un pas dans
ce sens.
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