18 juin 2018

La réélection de Nicolas Maduro, une nouvelle victoire pour la Révolution bolivarienne




Il n’a pas pu échapper à nos lecteurs que Nicolas Maduro a été réélu président de la République bolivarienne du Venezuela le 20 mai 2018 avec 67,84% des voix, tant les médias occidentaux de différentes obédiences en ont abondamment parlé. Ils n’auront raisonnablement pas pu – à moins de vivre coupé du monde – ne pas avoir entendu que le scrutin aurait été pour le moins problématique, si ce n’est truqué, que le Venezuela vit une grave crise économique, qui serait apparemment de la seule faute de son gouvernement, que les démocraties occidentales s’inquiéterait avec raison des violations des droits humains au Venezuela (mais bizarrement, beaucoup moins dans d’autres pays), que Maduro serait un « dictateur », et d’autres propos du même acabit.

Les sornettes ci-dessus évoquées ne représentent qu’un petit échantillon de la guerre médiatique orchestrée par les USA contre la Révolution bolivarienne, et à laquelle tous les médias bourgeois occidentaux participent assidûment. Alors rétablissons quelques faits élémentaires. Nicolas Maduro, président de la République bolivarienne du Venezuela, membre du Parti Socialiste Unifié du Venezuela (PSUV), et successeur du défunt Hugo Chavez, a donc été réélu à sa propre succession avec 67,84% des voix, au termes d’un scrutin bien organisé, qui s’est déroulé dans le calme, et où plus de 150 observateurs internationaux sérieux et qualifiés n’ont pas décelé d’irrégularités notables. Pourtant, on nous affirme de toutes parts que le scrutin était irrégulier. Sur la base de quoi ? L’absence des principaux partis de l’opposition de droite ? Ces partis, divisés entre eux, en plein marasme depuis que leur tentative de saboter les élections à l’Assemblée nationale constituante par la violence, l’assassinat de militants chavistes et le saccage de bâtiments publics ait échoué, ont refusé la main tendue et l’appel au dialogue du gouvernement bolivarien (qui aurait pourtant eu amplement de quoi les éradiquer pour leurs actions criminelles), et ont choisi d’appeler au boycott de l’élection présidentielle. Pour l’opposition oligarchique vénézuélienne, seules sont démocratiques les élections qu’ELLE gagne – intéressante vision de la démocratie. Le problème est-il alors le taux de participation, seulement 46%, soit moins de la majorité du corps électoral. Mais dans ce cas, il faudrait annuler pratiquement tous les scrutins en Suisse ! Les votations de ce dimanche 11 juin n’ont ainsi mobilisé que 33% du corps électoral de notre pays. Quelqu’un envisagerait-il pourtant d’en annuler les résultats pour cette raison ? Il suffit d’ailleurs de regarder le tableau qui illustre le présent article pour constater que Nicolas Maduro est tout de même mieux élu qu’Emmanuel Macron ou que Donald Trump, qui cherche, avec une véritable hystérie, à le faire tomber.

Du reste, que valent les scrupules démocratiques de la Maison blanche ? Il suffit de répéter le mot suivant de Julian Assange pour en dire tout ce qu’il y a à en dire : « Je ne comprends pas pourquoi Maduro n’adopte pas la constitution de l’Arabie Saoudite pour satisfaire les Etats-Unis ». Ce qui vaut pour les USA vaut également pour toutes les démocraties impérialistes occidentales. La Suisse ne fait pas exception.

Non, si la classe dirigeante étatsunienne, ainsi que tous ses alliés et satellites, haït à ce point le Venezuela bolivarien, c’est pour la même raison qu’elle continue aujourd’hui encore de porter la même haine à la République de Cuba et à sa Révolution : parce que la Révolution bolivarienne s’est fixée l’objectif – criminel au yeux des impérialistes – de ne plus être l’arrière-cour des USA, de sortir de l’orbite de l’Empire, de reconquérir sa souveraineté, la maîtrise de ses ressources naturelles et la dignité de son peuple, plutôt que de livrer les deux à la merci des multinationales étatsunienne, d’édifier, enfin, une société socialiste. C’est pour la raison inverse que les USA ont installé et accordé un soutien inconditionnel à l’infâme dictature de Pinochet, et qu’ils ne trouvent rien à reprocher à l’obscurantiste et tyrannique monarchie saoudienne. C’est pour des raisons semblables que les autres démocraties occidentales s’alignent, globalement, sur les mêmes positions. La démocratie et les droits humains n’ont rien à voir là-dedans.

Cela n’est pas sans rapport avec les graves difficultés économiques que connaît actuellement le Venezuela. La presse bourgeoise parle abondamment de ces difficultés, mais réussit l’exploit à ne jamais en évoquer l’aspect essentiel : le Venezuela est actuellement victime d’une véritable guerre, non seulement informationnelle, mais aussi et surtout économique, orchestrée par les USA, avec le soutien des autres « démocraties » occidentales, et la collaboration active de l’oligarchie vénézuélienne et de la fameuse opposition, qui ne représente que ladite oligarchie.

N’ayant pas réussi à renverser le président démocratiquement élu Hugo Chavez, les USA pensaient enfin tenir leur chance après son décès, il y de cela 5 ans. Du fait de l’influence conjuguée des difficultés de la Révolution et des moyens énormes investis par les USA, l’opposition oligarchique obtenait une courte majorité aux élections législatives en 2015, mais sans disposer d’une majorité qualifiée qui lui eût permis de déposer le président Nicolas Maduro. Toutefois, la dite opposition s’est complétement isolée et discréditée elle-même, par son revanchisme et sa haine quasi-pathologique des classes populaires qui ont osé secouer leurs chaînes, par son revanchisme hystérique, par son intelligence avouée avec l’Empire. La Révolution bolivarienne sut se sortir de ses difficultés, et de défaire la tentative de contre-révolution, à la fois dans la rue et au travers de l’élection de l’Assemblée nationale constituante. Depuis, n’ayant pas réussi à saboter cette élection malgré sa campagne criminelle de violences et d’intimidations, l’opposition vénézuélienne est en déroute complète.

L’Empire a réagi à cette victoire de la Révolution bolivarienne par un politique de « sanctions » draconiennes, en réalité une véritable guerre économique, destinée à étouffer l’économie vénézuélienne, à faire sombrer le Venezuela dans la crise, dans l’espoir de briser sa révolution. Donald Trump a ainsi signé, le 22 mai, un nouveau « décret présidentiel » qui durcit l’embargo financier et commercial sur le Venezuela. Aucune personne ou entité étatsunienne ne peut acheter des titres de la dette souveraine du pays, des actifs ou des biens du gouvernement vénézuélien aux Etats-Unis ou appartenant à une entité vénézuélienne dans laquelle l’Etat est présent à hauteur de 50 % (visée ici PDVSA, la compagnie pétrolière nationale). Le Venezuela se voit ainsi menacé de difficultés pour exporter son pétrole (alors que son économie en dépend largement, la Révolution bolivarienne n’ayant guère réussi à ce jour à sortir le pays de sa dépendance à l’exportation de pétrole). Ces mesures de boycott ont un effet désastreux sur l’économie d’un pays tel que le Venezuela, qui est un importateur net, ne possédant ni une autosuffisance alimentaire, ni une production industrielle suffisamment importante et diversifiée (malgré de réelles avancées, la Révolution bolivarienne n’a pu liquider l’héritage pourri des gouvernements de droite antérieurs). Elles expliquent aussi pourquoi il n’est pas aussi facile qu’il n’y pourrait paraître de nationaliser plus largement au Venezuela les secteurs qui pourraient – et devraient – l’être.
Ce boycott mis en place par les USA, et transposé sous une forme ou une autre par d’autres Etats occidentaux, est particulièrement aggravé par le sabotage organisé par l’oligarchie vénézuélienne, qui garde à ce jour largement le contrôle du commerce extérieur et de la grande distribution – hausse vertigineuse des prix, pénuries artificiellement créées, réexportations illégales vers la Colombie…La Colombie qui a récemment adhéré à l’OTAN, afin de faciliter l’intervention militaire impériale dans la région.

La Révolution bolivarienne parvient néanmoins à résister face à cette offensive hostile, et même à aller de l’avant, malgré d’inouïes difficultés. Le président Maduro a ainsi défini, après sa réélection, six axes pour la nouvelle étape de la Révolution : la réconciliation nationale, la restauration de la croissance économique – à travers la main tendue envers le secteur privé, capitaliste, mais aussi par le renforcement des Comités Locaux d’Approvisionnement et de Production (CLAP) –, la lutte contre la corruption, la défense du pays, et le socialisme comme objectif stratégique.

Un regard gauchiste pourrait voir dans ces mesures – réconciliation nationale, main tendue à la bourgeoisie nationale, hausse de la production pétrolière – un tournant à droite de la Révolution. Il est vrai que ces mesures ne peuvent être efficaces que si elles sont temporaires. Mais il faut être conscient des difficultés auxquelles la Révolution bolivarienne doit faire face. Quand on sait quel est le coût matériel et humain d’une guerre civile – qui en outre serait le prétexte rêvé pour une intervention des USA – on ne peut que comprendre les efforts du gouvernement bolivarien pour la réconciliation nationale (stratégie qui a en outre été particulièrement efficace pour mettre l’opposition devant ses contradictions, l’isoler, la désorganiser et finalement la mettre en déroute). On comprend aussi l’urgence de rétablir la situation économique ; du reste, le Parti bolchevik avait aussi mis en place la NEP pour de telles raisons. Enfin, la critique ou le doute sont toujours facile, mais le devoir pour tout internationaliste qui se respecte est aujourd’hui celui de la solidarité sans failles avec la Révolution bolivarienne.


Pour conclure par des paroles de Noam Chomsky, datées du 13 août 2017, et auxquelles nous souscrivons entièrement : « Les Etats-Unis ont déjà envahi le Venezuela avec des groupes subversifs comme la National Endowment for Democracy – NED, qui soutiennent une opposition qui cherche le renversement violent d’un gouvernement élu : un crime de haute vertu du droit international. Il est peu probable que les Etats-Unis envahissent le Venezuela. Washington n’envahit que les pays sans défense, et le Venezuela n’est pas sans défense. Le monde décent devrait soutenir le Venezuela, maintenant soumis à une guerre de propagande virulente à travers les médias. Si le Venezuela tombe, l’humanité entière tombe ».

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