22 février 2019

Il faut savoir choisir son camp



Il nous semble que la position exprimée par notre Parti dans son communiqué de presse reproduit à la page précédente constitue la seule position internationaliste conséquente au sujet de ce qui se passe au Venezuela. Mais il se fait que tout le monde ne partage pas cet avis. Nous ne parlerons pas ici de cette gauche réformiste qui, n’ayant pas  de pensée propre bien définie, se laisse influencer par la position pro-impérialiste diffusée majoritairement par les médias dominants, et adopte de fait une position social-impérialiste, superficiellement teintée d’un humanisme vide. Les héritiers spirituels de Friedrich Ebert et de Guy Mollet ne nous intéressent pas ici.

Ce dont nous voulons parler c’est de cette partie de la gauche, qui se veut radicale, qui partage plus ou moins, ou du moins déclare partager, les mêmes principes révolutionnaires et internationalistes que les nôtres, et qui, pourtant, a une position notablement différente de la nôtre au sujet de la menace impérialiste directe qui plane sur le Venezuela. Plutôt un éventail de positions qui va d’une condamnation du bout des lèvres du coup d’Etat de Guaido, avec un soutien ultra-critique, ou pas de pas du tout, au gouvernement de Nicolas Maduro ; en passant par une relativisation de la réalité même du coup d’Etat (pourtant flagrante), et de l’ « oubli » de la guerre économique que mènent les USA contre le Venezuela ; jusqu’au renvoi dos à dos de Maduro et de Guaido, au nom d’une position gauchiste et maximaliste, d’un appel à une « vraie révolution ». Ces différentes positions sont exprimées par certaines organisations en Suisse, ou par certains de leurs membres. Les intéressés se reconnaîtront, ou pourront aisément être reconnus.

Nous nous intéresserons en fait surtout à la dernière position, la plus cohérente dans sa radicalité (les positions intermédiaires étant souvent des compromis tactiques), et en particulier à un argument en sa faveur. Les maximalistes susmentionnés affirment en effet que notre position n’est en fait pas la position internationaliste conséquente, mais quelque chose d’autre. Il ont même inventé un mot pour qualifier les tenants de la position qui correspond à la nôtre : « campiste ». D’après eux, notre position ne serait pas une position de principe anti-impérialiste, mais simplement le choix, arbitraire, d’un camp face à un autre, sur la base de critères non-essentiels, nous rendant aveugles  aux défauts réels du camp que nous soutenons, et oublieux, pour soutenir à tout prix le camp que nous aurions choisi, des principes fondamentaux qui devraient primer sur le soutien à un camp particulier, et à ses choix contingents et contestables.

Or, cet argument est spécieux. Il semble pour lui avoir le mérite d’une position de principe sans compromis. Il ne permet en réalité que de garder les mains propres, d’éviter de se mouiller, ce qui ne peut convenir en aucun cas en politique. Certes, il est parfaitement exact qu’entre deux camps rivaux, il ne faut pas toujours choisir ou l’un ou l’autre. Lors d’une guerre impérialiste, on n’a pas à choisir pour un impérialisme plutôt que pour un autre, précisément parce que les deux camps sont qualitativement équivalents. Mais, précisément, pour le cas qui nous concerne, les deux camps ne se valent pas : comment peut-on renvoyer dos-à-dos le président légitime Nicolas Maduro, et la marionnette de Washington Juan Guaido, qui est là pour légitimer une intervention militaire sanglante contre son propre peuple, suivi d’un bradage à vil prix des biens nationaux aux multinationales impérialistes, et être encore capable de se regarder dans un miroir ? Oserait-on aujourd’hui justifier des slogans comme « ni Pinochet, ni Allende », ou « ni Hitler, ni le Front populaire » ?

Sans doute que le gouvernement vénézuélien actuel est critiquable. On ne peut néanmoins se permettre d’oublier trois données fondamentales : 1) le Venezuela actuel est un pays démocratique et Nicolas Maduro en est le président légitimement élu, alors que Guaido n’est qu’une marionette de Trump, 2) malgré tout, le gouvernement de Nicolas Maduro a poursuivi comme il a pu la Révolution bolivarienne, qui a permis un meilleur partage des richesses, et incarne toujours un formidable espoir pour tous les peuples du monde, 3) les difficultés économiques que traverse actuellement le Venezuela sont principalement issues d’une véritable guerre économique, orchestrée par les USA et leurs alliés. Aujourd’hui, Trump veut noyer la Révolution bolivarienne dans le sang.


Dans ces circonstances, il faut clairement choisir son camp, et sans aucune espèce d’hésitation. Les équations du type « tout ou rien » se résolvent en pratique toujours par « rien », et le refus de soutenir une révolution réellement existante avec ses limites au nom d’une « vraie » révolution équivaut en pratique à un soutien objectif à la réaction. Le maximalisme est objectivement le choix de la défaite. Etant donné le rapport de forces inégales entre un pays de taille moyenne et le plus puissant Empire que le monde ait connu, quiconque ne soutient pas clairement la Révolution bolivarienne et le président Maduro se range objectivement dans le camp de Trump. Les gauchistes qui se veulent ultra-révolutionnaires et maximalistes doivent en être conscient.

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