Il
nous semble que la position exprimée par notre Parti dans son communiqué de
presse reproduit à la page précédente constitue la seule position
internationaliste conséquente au sujet de ce qui se passe au Venezuela. Mais il
se fait que tout le monde ne partage pas cet avis. Nous ne parlerons pas ici de
cette gauche réformiste qui, n’ayant pas
de pensée propre bien définie, se laisse influencer par la position
pro-impérialiste diffusée majoritairement par les médias dominants, et adopte
de fait une position social-impérialiste, superficiellement teintée d’un
humanisme vide. Les héritiers spirituels de Friedrich Ebert et de Guy Mollet ne
nous intéressent pas ici.
Ce
dont nous voulons parler c’est de cette partie de la gauche, qui se veut
radicale, qui partage plus ou moins, ou du moins déclare partager, les mêmes
principes révolutionnaires et internationalistes que les nôtres, et qui,
pourtant, a une position notablement différente de la nôtre au sujet de la
menace impérialiste directe qui plane sur le Venezuela. Plutôt un éventail de
positions qui va d’une condamnation du bout des lèvres du coup d’Etat de
Guaido, avec un soutien ultra-critique, ou pas de pas du tout, au gouvernement
de Nicolas Maduro ; en passant par une relativisation de la réalité même
du coup d’Etat (pourtant flagrante), et de l’ « oubli » de la
guerre économique que mènent les USA contre le Venezuela ; jusqu’au renvoi
dos à dos de Maduro et de Guaido, au nom d’une position gauchiste et
maximaliste, d’un appel à une « vraie révolution ». Ces différentes
positions sont exprimées par certaines organisations en Suisse, ou par certains
de leurs membres. Les intéressés se reconnaîtront, ou pourront aisément être
reconnus.
Nous
nous intéresserons en fait surtout à la dernière position, la plus cohérente
dans sa radicalité (les positions intermédiaires étant souvent des compromis
tactiques), et en particulier à un argument en sa faveur. Les maximalistes
susmentionnés affirment en effet que notre position n’est en fait pas la
position internationaliste conséquente, mais quelque chose d’autre. Il ont même
inventé un mot pour qualifier les tenants de la position qui correspond à la
nôtre : « campiste ». D’après eux, notre position ne serait pas
une position de principe anti-impérialiste, mais simplement le choix,
arbitraire, d’un camp face à un autre, sur la base de critères non-essentiels,
nous rendant aveugles aux défauts réels
du camp que nous soutenons, et oublieux, pour soutenir à tout prix le camp que
nous aurions choisi, des principes fondamentaux qui devraient primer sur le
soutien à un camp particulier, et à ses choix contingents et contestables.
Or,
cet argument est spécieux. Il semble pour lui avoir le mérite d’une position de
principe sans compromis. Il ne permet en réalité que de garder les mains
propres, d’éviter de se mouiller, ce qui ne peut convenir en aucun cas en
politique. Certes, il est parfaitement exact qu’entre deux camps rivaux, il ne
faut pas toujours choisir ou l’un ou l’autre. Lors d’une guerre impérialiste,
on n’a pas à choisir pour un impérialisme plutôt que pour un autre, précisément
parce que les deux camps sont qualitativement équivalents. Mais, précisément,
pour le cas qui nous concerne, les deux camps ne se valent pas : comment
peut-on renvoyer dos-à-dos le président légitime Nicolas Maduro, et la
marionnette de Washington Juan Guaido, qui est là pour légitimer une
intervention militaire sanglante contre son propre peuple, suivi d’un bradage à
vil prix des biens nationaux aux multinationales impérialistes, et être encore
capable de se regarder dans un miroir ? Oserait-on aujourd’hui justifier
des slogans comme « ni Pinochet, ni Allende », ou « ni Hitler,
ni le Front populaire » ?
Sans
doute que le gouvernement vénézuélien actuel est critiquable. On ne peut
néanmoins se permettre d’oublier trois données fondamentales : 1) le
Venezuela actuel est un pays démocratique et Nicolas Maduro en est le président
légitimement élu, alors que Guaido n’est qu’une marionette de Trump, 2) malgré
tout, le gouvernement de Nicolas Maduro a poursuivi comme il a pu la Révolution
bolivarienne, qui a permis un meilleur partage des richesses, et incarne
toujours un formidable espoir pour tous les peuples du monde, 3) les
difficultés économiques que traverse actuellement le Venezuela sont
principalement issues d’une véritable guerre économique, orchestrée par les USA
et leurs alliés. Aujourd’hui, Trump veut noyer la Révolution bolivarienne dans
le sang.
Dans
ces circonstances, il faut clairement choisir son camp, et sans aucune espèce
d’hésitation. Les équations du type « tout ou rien » se résolvent en
pratique toujours par « rien », et le refus de soutenir une
révolution réellement existante avec ses limites au nom d’une
« vraie » révolution équivaut en pratique à un soutien objectif à la
réaction. Le maximalisme est objectivement le choix de la défaite. Etant donné
le rapport de forces inégales entre un pays de taille moyenne et le plus
puissant Empire que le monde ait connu, quiconque ne soutient pas clairement la
Révolution bolivarienne et le président Maduro se range objectivement dans le
camp de Trump. Les gauchistes qui se veulent ultra-révolutionnaires et
maximalistes doivent en être conscient.
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