28 avril 2020

La votation qui aurait eu lieu ce 17 mai

Les votations du 17 mai sont reportées, au plus tôt à l’automne. Il n’est toutefois pas inutile de dire que nous aurions été appelés à voter sur un sujet cantonal en particulier – une loi constitutionnelle visant à introduire une garantie de déficit pour l’IMAD (Institution de maintien à domicile) – car il a tout à voir avec la situation d’aujourd’hui, et permet de montrer tout le hiatus entre les belles paroles de certains dans les temps difficiles que nous vivons, et leurs actes dans un passé très récent. La droite (PLR, PDC, UDC) a en effet combattu cette mesure – de simple bon sens – voté par la gauche et le MCG.

Nous citerons ici le mémorial du Grand Conseil, séance du vendredi 18 octobre 2019, quelques mois à peine avant la pandémie que nous vivons.

Pierre Conne, député PLR et rapporteur de minorité disait :

« Concernant les HUG, je l'ai dit, ce projet de loi sur la garantie constitutionnelle de déficit pour l'IMAD s'y réfère en postulant que puisque les HUG en disposent, l'IMAD doit en disposer aussi. Or, depuis la réforme de la LAMal de 2012, qui met sur pied d'égalité les hôpitaux privés et publics sur le plan de la planification et des financements, il n'y a aucune raison que les HUG seuls bénéficient d'une garantie constitutionnelle de déficit, alors que d'autres établissements hospitaliers du canton remplissent les conditions d'octroi de mandats de prestations. L'IMAD devra être soumise aux mêmes règles et répondre aux mêmes exigences. »

La proposition que soutenait fort logiquement Pierre Conne étant de – au lieu d’étendre la garantie de déficit à l’IMAD – de la retirer aux HUG.

Citons également Bertrand Buchs, député PDC :

« Deuxièmement, on a raté quelque chose dans la planification: l'IMAD reprend en partie un travail effectué auparavant par l'Hôpital cantonal, puisqu'on est moins hospitalisé aujourd'hui et davantage pris en charge à domicile. Il faut donc des transferts de charge entre l'Hôpital cantonal et le service des soins à domicile. C'est ça qu'il faut ! On a deux budgets complètement séparés alors qu'on doit intégrer ces deux budgets. L'IMAD fait une partie de ce que faisait l'hôpital il y a vingt ou trente ans: elle doit donc peut-être recevoir une partie du budget de l'Hôpital cantonal pour pouvoir fonctionner. C'est à ça qu'il faut d'abord réfléchir avant de voter la tête dans le sac une garantie de déficit qui permet de n'avoir aucune réflexion, puisque, comme l'a très bien dit le rapporteur de minorité, il n'y aura plus de débats sur les demandes de crédits supplémentaires, il n'y aura pas besoin de débat du Grand Conseil étant donné que de toute façon l'argent sera garanti pour l'IMAD. »

Les orateurs de gauche ont justement montré que, si l’IMAD en faisait plus qu’autrefois, c’était suite à un transfert des charges voulu par la même majorité de droite cantonale, et que celle-ci avait l’objectif, à peine caché, de profiter de la situation pour faire des coupes budgétaires, et ouvrir plus le secteur de la santé au privé, au libre-marché.

Il ne s’agissait pas d’une attaque isolée. Les HUG ont subi pas moins de trois plans d’austérité. De ce fait, le Canton de Genève comptait encore 7.5 lits pour 1000 habitants en 2005 et seulement 4.9 en 2018. Le personnel était déjà à bout avant même l’épidémie. Or, cette idée de gérer un service public essentiel qu’est un hôpital comme une entreprise est une aberration absolue. Un hôpital « bien géré » d’un point de vue néolibéral est un hôpital qui travaille à flux tendu, à la limite de ses capacités.

Et encore, ces mesures de démantèlement n’étaient pas suffisantes aux yeux des néolibéraux. Pourquoi seulement « dégraisser » un hôpital public, plutôt que de simplement le fermer ? Le 5 juillet 2011, Pascal Couchepin, conseiller fédéral PLR et homme-lige des assureurs maladie, soutenait qu’il y aurait trop d’hôpitaux en Suisse, et qu’il faudrait envisager d’en fermer au moins 200, pour « réduire les coûts de la santé ».

Si la droite avait réussi à réaliser ses sinistres desseins – seules nos luttes l’en ont empêché –, on ne peut qu’imaginer la catastrophe que cela aurait représenté aujourd’hui, en pleine épidémie.

Plus dangereux, plus mortel, plus destructeur de nos sociétés que le COVID-19 est le virus néolibéral, un virus qu’il faudra éradiquer de toute urgence.

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