Les
votations du 17 mai sont reportées, au plus tôt à l’automne. Il n’est toutefois
pas inutile de dire que nous aurions été appelés à voter sur un sujet cantonal
en particulier – une loi constitutionnelle visant à introduire une garantie de
déficit pour l’IMAD (Institution de maintien à domicile) – car il a tout à voir
avec la situation d’aujourd’hui, et permet de montrer tout le hiatus entre les
belles paroles de certains dans les temps difficiles que nous vivons, et leurs
actes dans un passé très récent. La droite (PLR, PDC, UDC) a en effet combattu
cette mesure – de simple bon sens – voté par la gauche et le MCG.
Nous
citerons ici le mémorial du Grand Conseil, séance du vendredi 18 octobre 2019,
quelques mois à peine avant la pandémie que nous vivons.
Pierre
Conne, député PLR et rapporteur de minorité disait :
« Concernant
les HUG, je l'ai dit, ce projet de loi sur la garantie constitutionnelle de
déficit pour l'IMAD s'y réfère en postulant que puisque les HUG en disposent,
l'IMAD doit en disposer aussi. Or, depuis la réforme de la LAMal de 2012, qui
met sur pied d'égalité les hôpitaux privés et publics sur le plan de la
planification et des financements, il n'y a aucune raison que les HUG seuls
bénéficient d'une garantie constitutionnelle de déficit, alors que d'autres
établissements hospitaliers du canton remplissent les conditions d'octroi de
mandats de prestations. L'IMAD devra être soumise aux mêmes règles et répondre
aux mêmes exigences. »
La
proposition que soutenait fort logiquement Pierre Conne étant de – au lieu
d’étendre la garantie de déficit à l’IMAD – de la retirer aux HUG.
Citons
également Bertrand Buchs, député PDC :
« Deuxièmement,
on a raté quelque chose dans la planification: l'IMAD reprend en partie un
travail effectué auparavant par l'Hôpital cantonal, puisqu'on est moins
hospitalisé aujourd'hui et davantage pris en charge à domicile. Il faut donc
des transferts de charge entre l'Hôpital cantonal et le service des soins à
domicile. C'est ça qu'il faut ! On a deux budgets complètement séparés
alors qu'on doit intégrer ces deux budgets. L'IMAD fait une partie de ce que
faisait l'hôpital il y a vingt ou trente ans: elle doit donc peut-être recevoir
une partie du budget de l'Hôpital cantonal pour pouvoir fonctionner. C'est à ça
qu'il faut d'abord réfléchir avant de voter la tête dans le sac une garantie de
déficit qui permet de n'avoir aucune réflexion, puisque, comme l'a très bien
dit le rapporteur de minorité, il n'y aura plus de débats sur les demandes de
crédits supplémentaires, il n'y aura pas besoin de débat du Grand Conseil étant
donné que de toute façon l'argent sera garanti pour l'IMAD. »
Les
orateurs de gauche ont justement montré que, si l’IMAD en faisait plus
qu’autrefois, c’était suite à un transfert des charges voulu par la même
majorité de droite cantonale, et que celle-ci avait l’objectif, à peine caché,
de profiter de la situation pour faire des coupes budgétaires, et ouvrir plus
le secteur de la santé au privé, au libre-marché.
Il ne
s’agissait pas d’une attaque isolée. Les HUG ont subi pas moins de trois plans d’austérité.
De ce fait, le Canton de Genève comptait encore 7.5 lits pour 1000 habitants en
2005 et seulement 4.9 en 2018. Le personnel était déjà à bout avant même
l’épidémie. Or, cette idée de gérer un service public essentiel qu’est un
hôpital comme une entreprise est une aberration absolue. Un hôpital « bien
géré » d’un point de vue néolibéral est un hôpital qui travaille à flux
tendu, à la limite de ses capacités.
Et encore, ces mesures de
démantèlement n’étaient pas suffisantes aux yeux des néolibéraux. Pourquoi
seulement « dégraisser » un hôpital public, plutôt que de simplement
le fermer ? Le 5 juillet 2011, Pascal Couchepin, conseiller fédéral PLR et
homme-lige des assureurs maladie, soutenait qu’il y aurait trop d’hôpitaux en
Suisse, et qu’il faudrait envisager d’en fermer au moins 200, pour
« réduire les coûts de la santé ».
Si la
droite avait réussi à réaliser ses sinistres desseins – seules nos luttes l’en
ont empêché –, on ne peut qu’imaginer la catastrophe que cela aurait représenté
aujourd’hui, en pleine épidémie.
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