En quelques deux mois, nous avons vécu la montée de la pandémie du Covid-19, les premières demi-mesures et appels à la responsabilité individuelle du Conseil fédéral, vite suivies de la mise en place d’un semi-confinement assez drastique (sans aller toutefois à arrêter toutes les activités non-essentielles). Les hôpitaux suisses ont néanmoins tenus le coup, et l’épidémie semble sur le recul. Le Conseil fédéral a dès lors tout aussi rapidement défini un plan d’assouplissement de ces mesures, échelonné dans le temps. Le calendrier est assez prudent, mais la réouverture des écoles et des magasins le 11 mai est clairement prématurée. L’épidémie n’a pas été endiguée, loin de là, et on sait qu’il y a toujours une deuxième vague. Le déconfinement précoce l’aggravera fatalement. Il est évident que ce calendrier est dicté par des considérations économiques plus que sanitaires.
En
comparaison internationale, le bilan du Conseil fédéral n’est pas si mauvais.
La plupart des pays capitalistes ont géré la crise sanitaire d’une manière
erratique, ne prenant des mesures que tardivement, et cherchant avant tout à ne
pas trop perturber l’ « économie ». Aux USA, des représentants
du Parti Républicains ne se gênent pas pour dire qu’il ne faut prendre aucune
mesure de confinement, et que les gens n’ont qu’à mourir du virus, pour le bien
de l’ « économie » ! Le président Trump, dont la politique
calamiteuse a mené à une catastrophe sanitaire, n’hésite pas à inciter ses
partisans à manifester pour « libérer » les Etats où le gouverneur
(démocrate) a mis en place des mesures de confinement. Qui répondent
présents…fusils d’assaut à la main. Trump a également suggéré que l’on pourrait
soigner le Covid-19 par injection de désinfectant, avant de revenir sur ses
propos. Une firme d’eau de javel a été obligée de diffuser d’urgence une
publicité expliquant qu’il ne faut en aucun cas ingérer son produit…
A
contrario, le pays socialiste qu’est Cuba, malgré le blocus assassin qui
l’étrangle depuis des décennies, répond présent à l’appel à l’aide de nombreux
pays, dont l’Italie, un pays capitaliste développé et membre de l’UE (qu’aucun
autre pays membre de l’UE n’a voulu aider). C’est que la solidarité
internationale n’est pas un vain mot à Cuba. C’est par contre un mot que les
eurocrates ne sauraient comprendre. Tous ces faits montrent bien les mérites
comparatifs, et la différence morale irréductible qu’il y a, entre le capitalisme
finissant et le socialisme.
Mais il faut commencer à envisager le
« jour d’après ». Le fait est que le jour de juste après s’annonce
sous les couleurs d’une crise économique d’une ampleur dévastatrice, bien pire
qu’en 2008, jamais vue depuis 1929. En Suisse, le SECO prévoit une récession de
7%.
L’épidémie du Covid-19 ne suffit pas à
expliquer l’ampleur de la crise économique imminente. Une mise en mode veille
d’un mois ou deux des secteurs non essentiels de l’économie n’aurait pas
représenté un problème majeur pour un système moins irrationnel que le
capitalisme. Et même le capitalisme s’en tirerait bien mieux en temps
« normal ». Le fait est que le capitalisme mondial était déjà en
crise structurelle depuis des années. La croissance n’étant illusoirement et
artificiellement maintenue que par la planche à billets. La pandémie n’a fait
que précipiter l’inévitable. Or crise économique de grande ampleur signifie
chômage de masse, misère pour les travailleurs, mesures d’austérité, politique
réactionnaire sur toute la ligne, risque de guerre. La campagne antichinoise
dans les hautes sphères des USA et de l’UE est un très mauvais présage…
Le capitalisme est un système à bout. Il ne
peut plus être maintenu qu’à un coût social de plus en plus insupportable –
sans parler des dégâts irréversibles infligés à l’environnement – pour le seul
profit d’une infime minorité. Il n’est que trop temps d’en sortir, de changer
la société. Un combat difficile, mais plus nécessaire et urgent que jamais. Un
combat que nous devons remporter, car, comme le disait Jean Jaurès :
« Il faut l’effort lent et
continu pour triompher ! Cependant la victoire est certaine, parce qu’il
serait monstrueux et inadmissible que l’humanité ait pu concevoir un idéal de
justice et qu’elle soit incapable de le réaliser. Cette faillite humaine ne se
réalisera pas ! »
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