21 août 2020

Déconfinement : retour à la « normale » ?



Depuis, le début du mois de juin, la plupart des mesures de semi-confinement qui avaient été mises en place pour contrer la propagation de l’épidémie du COVID-19 ont été levées. Le 19 juin, le Conseil fédéral a mis fin à l’état de nécessité, et donc aux pouvoirs extraordinaires dont il avait disposé en ces circonstances. Retour à la normale ? A quelle normalité ?

Il faut commencer par insister sur ces faits incontestables : il est trop tôt pour parler d’un « après-corona », comme si on y était déjà. Non seulement l’épidémie est loin d’être terminée, mais, au niveau mondial, elle ne fait que prendre de l’ampleur, tournant à la véritable catastrophe sanitaire aux USA, au Brésil, en Inde (mis à part l’Etat du Kerala, dont le gouvernement communiste a su prendre des mesures efficaces)…L’Europe est le seul continent du monde où l’épidémie est en recul (et encore, pas dans toute l’Europe), grâce aux mesures de confinement prises et à l’existence d’un système de santé public que l’acharnement des néolibéraux n’a pas réussi à démanteler. Le virus est pourtant loin d’y être disparu, et certains pays ont été obligé de recourir à des reconfinements localisés, afin d’endiguer le début d’une deuxième vague. Personne ne sait quand il y aura un vaccin, et s’il y en aura un. Nous devrons vivre avec le COVID-19 pour un certain temps encore, à ce qu’il semble.

En Suisse, le conseiller fédéral Alain Berset dit que la situation serait « sous contrôle ». Pourtant on assiste à une recrudescence du nombre de cas depuis que la plupart des mesures de semi-confinement ont été levées, dynamique inquiétante, qui a poussé le Conseil fédéral a adopter de nouvelles mesures restrictives, dont le port obligatoire du masque dans les transports publics à partir du lundi 6 juillet. Pour préoccupante qu’elle soit, cette recrudescence ne signifie pas qu’il y ait une deuxième vague à proprement parler, et celle-ci peut encore être évitée. Il importe avant de rester conscient que le virus est toujours là, et de faire preuve de prudence.

Pourtant, en un sens, il est correct de parler du « jour d’après ». Même si le virus est toujours là, la mise partielle en mode veille de nos sociétés durant les mesures de semi-confinement est bel et bien terminée. La volonté du Conseil fédéral, des milieux patronaux pour lesquels il travaille, était visiblement de revenir à la « normale » aussi rapidement que possible, et, si l’on considère la remontée inquiétante de cas d’infection au coronavirus, pas aussi lentement qu’il n’aurait été nécessaire. La plupart des gouvernements bourgeois sur la planète ont agi de même.

On peut constater que toutes les belles paroles sur le « monde d’après » se sont envolées, et que ce « monde d’après » ressemble exactement à celui d’avant, en pire. Il aurait été du reste naïf d’espérer que, simplement parce que nos sociétés ont été partiellement mises à l’arrêt à cause d’un virus, un monde meilleur allait émerger. Car c’est la même classe qui reste au pouvoir, et l’exerce dans le sens de ses seuls intérêts. Même la gestion de l’épidémie avait une indéniable dimension de classe. Les autorités ont été beaucoup plus empressées d’aider les entreprises que la population. Les mesures d’aide aux entreprises ont donné lieu à de nombreux abus, qui n’ont pas donné lieu à une « chasse aux abus » comparable à celle visant les bénéficiaires des assurances sociales (pourtant, les montants en jeu sont autrement plus élevés). De fait, les inégalités salariales se sont encore accrues durant l’épidémie. Les milliardaires n’ont jamais été aussi riche sur notre planète. Même le port obligatoire du masque…c’est juste de l’imposer, mais le Conseil fédéral n’est pas allé jusqu’à rendre les masques gratuits. Pourtant, cela peut représenter une somme conséquente pour des gens qui peinent déjà à joindre les deux bouts…



Aujourd’hui, la bourgeoisie travaille à faire payer la crise – celle occasionnée par la pandémie, celle, économique et sociale, qui commence – au peuple. Le retour à la « normale », à sa « normale » signifierait plus d’exploitation, plus de précarité, pas de vraie solution face à l’urgence climatique…un horizon bien sinistre en somme. Pourtant, un monde nouveau et différent, un changement de société, est plus urgent et nécessaire que jamais. Simplement, il ne peut venir que de la lutte, d’une lutte de classe menée jusqu’au bout, pas d’illusions romantiques ou de belles paroles. La principale force des classes populaires pour imposer un tel changement est l’organisation, dont la forme supérieure est le parti politique de classe. Le Parti du Travail a été fondé dans ce but. Il est plus fidèle que jamais à sa mission historique.

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