Depuis, le début du mois de juin, la plupart des mesures de semi-confinement qui avaient été mises en place pour contrer la propagation de l’épidémie du COVID-19 ont été levées. Le 19 juin, le Conseil fédéral a mis fin à l’état de nécessité, et donc aux pouvoirs extraordinaires dont il avait disposé en ces circonstances. Retour à la normale ? A quelle normalité ?
Il faut commencer par
insister sur ces faits incontestables : il est trop tôt pour parler d’un
« après-corona », comme si on y était déjà. Non seulement l’épidémie
est loin d’être terminée, mais, au niveau mondial, elle ne fait que prendre de
l’ampleur, tournant à la véritable catastrophe sanitaire aux USA, au Brésil, en
Inde (mis à part l’Etat du Kerala, dont le gouvernement communiste a su prendre
des mesures efficaces)…L’Europe est le seul continent du monde où l’épidémie
est en recul (et encore, pas dans toute l’Europe), grâce aux mesures de
confinement prises et à l’existence d’un système de santé public que
l’acharnement des néolibéraux n’a pas réussi à démanteler. Le virus est
pourtant loin d’y être disparu, et certains pays ont été obligé de recourir à
des reconfinements localisés, afin d’endiguer le début d’une deuxième vague. Personne
ne sait quand il y aura un vaccin, et s’il y en aura un. Nous devrons vivre
avec le COVID-19 pour un certain temps encore, à ce qu’il semble.
En Suisse, le conseiller
fédéral Alain Berset dit que la situation serait « sous contrôle ».
Pourtant on assiste à une recrudescence du nombre de cas depuis que la plupart
des mesures de semi-confinement ont été levées, dynamique inquiétante, qui a
poussé le Conseil fédéral a adopter de nouvelles mesures restrictives, dont le
port obligatoire du masque dans les transports publics à partir du lundi 6
juillet. Pour préoccupante qu’elle soit, cette recrudescence ne signifie pas
qu’il y ait une deuxième vague à proprement parler, et celle-ci peut encore
être évitée. Il importe avant de rester conscient que le virus est toujours là,
et de faire preuve de prudence.
Pourtant, en un sens, il est
correct de parler du « jour d’après ». Même si le virus est toujours
là, la mise partielle en mode veille de nos sociétés durant les mesures de
semi-confinement est bel et bien terminée. La volonté du Conseil fédéral, des
milieux patronaux pour lesquels il travaille, était visiblement de revenir à la
« normale » aussi rapidement que possible, et, si l’on considère la
remontée inquiétante de cas d’infection au coronavirus, pas aussi lentement
qu’il n’aurait été nécessaire. La plupart des gouvernements bourgeois sur la
planète ont agi de même.
On peut constater que toutes
les belles paroles sur le « monde d’après » se sont envolées, et que
ce « monde d’après » ressemble exactement à celui d’avant, en pire.
Il aurait été du reste naïf d’espérer que, simplement parce que nos sociétés
ont été partiellement mises à l’arrêt à cause d’un virus, un monde meilleur
allait émerger. Car c’est la même classe qui reste au pouvoir, et l’exerce dans
le sens de ses seuls intérêts. Même la gestion de l’épidémie avait une
indéniable dimension de classe. Les autorités ont été beaucoup plus empressées
d’aider les entreprises que la population. Les mesures d’aide aux entreprises
ont donné lieu à de nombreux abus, qui n’ont pas donné lieu à une « chasse
aux abus » comparable à celle visant les bénéficiaires des assurances
sociales (pourtant, les montants en jeu sont autrement plus élevés). De fait,
les inégalités salariales se sont encore accrues durant l’épidémie. Les
milliardaires n’ont jamais été aussi riche sur notre planète. Même le port
obligatoire du masque…c’est juste de l’imposer, mais le Conseil fédéral n’est
pas allé jusqu’à rendre les masques gratuits. Pourtant, cela peut représenter
une somme conséquente pour des gens qui peinent déjà à joindre les deux bouts…
Aujourd’hui, la bourgeoisie travaille à faire
payer la crise – celle occasionnée par la pandémie, celle, économique et
sociale, qui commence – au peuple. Le retour à la « normale », à sa
« normale » signifierait plus d’exploitation, plus de précarité, pas
de vraie solution face à l’urgence climatique…un horizon bien sinistre en
somme. Pourtant, un monde nouveau et différent, un changement de société, est
plus urgent et nécessaire que jamais. Simplement, il ne peut venir que de la
lutte, d’une lutte de classe menée jusqu’au bout, pas d’illusions romantiques
ou de belles paroles. La principale force des classes populaires pour imposer
un tel changement est l’organisation, dont la forme supérieure est le parti
politique de classe. Le Parti du Travail a été fondé dans ce but. Il est plus
fidèle que jamais à sa mission historique.
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