L’initiative pour une salaire minimum
légal est d’autant plus nécessaire aujourd’hui, compte tenu du contexte de
début d’une crise économique majeure, dont on a toutes les raisons de penser
qu’elle ira en s’aggravant et risque d’être là pour longtemps. La pandémie du
COVID-19 a plongé en effet l’économie mondiale dans une crise systémique
profonde, une crise qui était déjà en gestation avant l’épidémie. Les mesures
prises par la Confédération – chômage partiel et allocations pour perte de gain
– ont retardé les effets les plus graves de cette crise, mais ces mesures sont
limitées dans le temps.
Les premiers effets de la crise s’ont
d’ores et déjà observables. On peut lire dans Le Temps d’hier, mercredi 19
août, que plusieurs entreprises ont d’ores et déjà procédé à des
licencenciements collectifs, et que d’autres s’apprêtent à le faire. Une vague
de licencenciements est prévisible pour ce semestre d’automne. Par ailleurs, on
peut d’ores et déjà observer un durcissement des relations de travail, des
pressions aggravées du patronat sur les travailleurs.
Cette vague de licenciements attendue
et ce durcissement des rapports de travail d’ores et déjà visible
s’accompagnera inévitablement d’une pression à la baisse sur les salaires de la
part du patronat – des salaires qui pour beaucoup trop de travailleurs, dont
une majorité sont des travailleuses, sont déjà beaucoup trop bas. Pour mettre
un frein à cette pression patronale, pour protéger les travailleuses et les
travailleurs, un salaire minimum légal est aujourd’hui un instrument
indispensable.
L’argument comme quoi un salaire
minimum détruirait des emplois, surtout en contexte de crise, est fallacieux.
Nombre d’entreprises qui pratiquent de très bas salaires sont des grandes
entreprises, qui peuvent tout à fait se permettre payer correctement leurs
travailleurs. De fait, de nombreux exemples démontrent que l’introduction d’un
salaire minimum ne cause pas de hausse du chômage.
Par ailleurs, une baisse généralisée
des salaires aurait pour conséquence nécessaire – outre la catastrophe sociale
qu’elle représenterait – une diminution équivalente de la consommation
populaire, et par conséquent, une accentuation des tendances déflationnistes,
donc une aggravation de la crise. Face à cela, un salaire minimum légal
apparaît comme une mesure anti-crise pertinente, favorable à la consommation
populaire, et donc aux petites entreprises et à l’emploi.
A contrario, la démagogie de l’UDC
n’apporte aucune solution valable à la crise. La fermeture des frontières sera
sans effet sur la crise économique, n’empêchera aucun licenciement et ne
protégera en rien les salaires. Du reste, de par son scandaleux
référendum contre l’indemnisation pour les travailleurs non-couverts par le
chômage partiel ou l’allocation perte de gain, l’UDC a amplement montré qu’elle
n’a strictement rien à faire des conséquences sociales de la crise.
Pour toutes ces raisons, face à la
crise économique, l’introduction d’un salaire minimum légal est plus que jamais
justifiée.
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