Que les discussions sur le « jour d’après » semblent lointaines aujourd’hui. Si le semi-confinement est bel et bien terminé (définitivement ?), le coronavirus est toujours là, et il est impossible de dire quand on pourra parler d’un « après-Covid ». Mais, malgré la pandémie qui perdure, et qui ne fait que prendre de l’ampleur au niveau mondial, nous sommes presque revenus à la « normale » (mesures de distanciation et port du masque exceptés). Avec le retour de l’activité économique « normale », les routines du capitalisme néolibéral mondialisé ont repris leur place. Au lieu des promesses de tout réinventer, le « jour d’après » prend les allures inquiétantes de la crise économique.
L’économie mondiale est officiellement en récession. Le PIB de la Suisse a plongé, d’après les chiffres du Seco (secrétariat à l’économie), de 8,2% au second trimestre de l’année 2020. En comparaison européenne la Suisse est loin d’être la plus mal lotie, comparé aux 20,4% de récession du Royaume-Uni (le chiffre le plus élevé du continent). Toutes les économies d’Europe sont en récession, le pays qui s’en sort le mieux étant la Finlande, avec une baisse du PIB de « seulement » 3,2%. La Banque centrale européenne prévoit 8,7% de récession dans l’UE.
Rien n’incite à penser qu’il ne s’agisse que de difficultés passagères. D’ailleurs, la levée des mesures de confinement n’a nullement mis un terme aux tendances déflationnistes. Nous sommes en réalité au commencement d’une crise économique majeure, sans équivalent depuis 1929.
Les premières manifestations de la crise en Suisse – que les mesures fédérales à base de chômage partiel, d’allocations pour perte de gain et de crédits aux entreprises avaient retardé – sont aujourd’hui visibles. On peut lire dans Le Temps du mercredi 19 août 2020 que plusieurs entreprises ont procédé à une première vague de licenciements. D’autres ne l’ont pas encore fait, mais s’apprêteraient à le faire. Une hausse du chômage est de ce fait inévitable. Par ailleurs, on observe un durcissement des relations de travail. Une vague de faillites, avec les conséquences sociales dramatiques que cela représente, est à craindre.
Les représentants politiques et intellectuels de la bourgeoisie voudraient nous faire croire – et peut-être y croire eux-mêmes – que la crise est un accident dû à la pandémie, et que la récession d’aujourd’hui sera suivie d’une reprise dès l’année prochaine. Mais cet optimisme est difficilement crédible. Car la crise n’est pas causée par le virus. L’épidémie n’a été que l’élément déclencheur. La cause profonde de la crise est la suraccumulation du capital. Depuis plus de deux ans l’économie réelle est en stagnation, voire en recul. Les marchés financiers continuent certes à flamber – grâce à l’usage massif de la planche à billets par les Etats – mais ce n’est que construction de châteaux de cartes, dont la connexion avec la réalité sera tôt ou tard violemment rétablie par la crise financière.
Une crise économique majeure signifie chômage et paupérisation massive. Elle signifie compétition féroce entre capitaux pour survivre, avec un risque de guerre bien réel à la clé. Elle signifie dérive autoritaire et antidémocratique. Elle signifie que pour en sortir la bourgeoisie essayera de la faire payer au peuple, au travers d’une exploitation accrue (travailler plus, pour des salaires moindres, plus longtemps, pour des retraites amoindries) et de politiques d’austérité. Un tel scénario n’est pas tolérable, et il importe de se battre pour l’éviter. C’est d’autant plus indispensable, que si la bourgeoisie arrive à relancer le mécanisme d’accumulation du capital, ce sera au prix d’une hausse massive des émissions de gaz à effet de serre. Déjà, nombre de pays capitalistes envisagent de renoncer, au nom de la relance de l’ « économie », aux maigres progrès obtenus en matière écologique, de relancer massivement les secteurs des hydrocarbures, du charbon, de l’aviation, des croisières…Cela signifierait rendre la catastrophe climatique dévastatrice et irréversible.
Mais il est possible d’éviter ce scénario cauchemardesque, d’imposer une autre sortie de la crise, pour le bien commun et non le profit de quelques uns. C’est le sens de la lutte du Parti du Travail.
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