21 août 2020

Face la crise économique, il faut un salaire minimum légal



Intervention à la conférence de presse de lancement de la campagne "Protégeons les salaires, pas les frontières!"

L’initiative pour une salaire minimum légal est d’autant plus nécessaire aujourd’hui, compte tenu du contexte de début d’une crise économique majeure, dont on a toutes les raisons de penser qu’elle ira en s’aggravant et risque d’être là pour longtemps. La pandémie du COVID-19 a plongé en effet l’économie mondiale dans une crise systémique profonde, une crise qui était déjà en gestation avant l’épidémie. Les mesures prises par la Confédération – chômage partiel et allocations pour perte de gain – ont retardé les effets les plus graves de cette crise, mais ces mesures sont limitées dans le temps.

Les premiers effets de la crise s’ont d’ores et déjà observables. On peut lire dans Le Temps d’hier, mercredi 19 août, que plusieurs entreprises ont d’ores et déjà procédé à des licencenciements collectifs, et que d’autres s’apprêtent à le faire. Une vague de licencenciements est prévisible pour ce semestre d’automne. Par ailleurs, on peut d’ores et déjà observer un durcissement des relations de travail, des pressions aggravées du patronat sur les travailleurs.

Cette vague de licenciements attendue et ce durcissement des rapports de travail d’ores et déjà visible s’accompagnera inévitablement d’une pression à la baisse sur les salaires de la part du patronat – des salaires qui pour beaucoup trop de travailleurs, dont une majorité sont des travailleuses, sont déjà beaucoup trop bas. Pour mettre un frein à cette pression patronale, pour protéger les travailleuses et les travailleurs, un salaire minimum légal est aujourd’hui un instrument indispensable.

L’argument comme quoi un salaire minimum détruirait des emplois, surtout en contexte de crise, est fallacieux. Nombre d’entreprises qui pratiquent de très bas salaires sont des grandes entreprises, qui peuvent tout à fait se permettre payer correctement leurs travailleurs. De fait, de nombreux exemples démontrent que l’introduction d’un salaire minimum ne cause pas de hausse du chômage.

Par ailleurs, une baisse généralisée des salaires aurait pour conséquence nécessaire – outre la catastrophe sociale qu’elle représenterait – une diminution équivalente de la consommation populaire, et par conséquent, une accentuation des tendances déflationnistes, donc une aggravation de la crise. Face à cela, un salaire minimum légal apparaît comme une mesure anti-crise pertinente, favorable à la consommation populaire, et donc aux petites entreprises et à l’emploi.

A contrario, la démagogie de l’UDC n’apporte aucune solution valable à la crise. La fermeture des frontières sera sans effet sur la crise économique, n’empêchera aucun licenciement et ne protégera en rien les salaires.  Du reste, de par son scandaleux référendum contre l’indemnisation pour les travailleurs non-couverts par le chômage partiel ou l’allocation perte de gain, l’UDC a amplement montré qu’elle n’a strictement rien à faire des conséquences sociales de la crise.

Pour toutes ces raisons, face à la crise économique, l’introduction d’un salaire minimum légal est plus que jamais justifiée.    


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