23 décembre 2020

Dire « Stop » à l’accumulation du capital avant qu’il ne soit trop tard

 


Une nouvelle est peut-être passée quelque peu inaperçue. Pourtant, elle aurait dû faire les gros titres tant elle est grave. Une étude publiée dans la prestigieuse revue scientifique Nature nous apprend qu’en 2020, pour la première fois dans l’histoire, le poids des objets produits par les humains – bâtiments, infrastructures, produits manufacturés – dépasse celui de la biomasse (la nature vivante) ; 1'100 milliards de tonnes, contre un milliard environ. Au début du XXème siècle, le poids des produits humains ne représentait que l’équivalent de 3% de la biomasse seulement. Mais la masse des artefacts a explosé depuis 1945, du fait de l’accumulation accélérée du capital, et poursuit aujourd’hui une croissance exponentielle. Si celle-ci devait se poursuivre au rythme actuel – et c’est malheureusement la voie que nous sommes actuellement bien partis pour emprunter – le poids des produits de main humaine triplera d’ici 2040, pour atteindre 3'000 milliards de tonnes. Quant à la biomasse, elle a déjà décru de moitié depuis le néolithique. Et son massacre se poursuit inexorablement avec la déforestation et le bétonnage à outrance. Autant dire que nous allons droit à la catastrophe.

 

Cette situation exprime toute la dramatique contradiction entre les discours lénifiants des autorités qui prétendent enfin agir pour le climat, le bavardage hypocrite sur la « finance durable », le greenwashing des entreprises, et la réalité des faits. Et cette contradiction est insoluble tant que nous restons enfermés dans le carcan du capitalisme. Car toutes les « solutions » que la bourgeoisie peut essayer d’apporter à la catastrophe environnementale en cours sont ou notoirement insuffisantes, ou factices, ou tenant plus du problème que de la solution…dans la mesure où elle ne peut, sans cesse d’être elle-même, transiger avec un principe : la préservation du système capitaliste. Système qui a pour condition la poursuite sans fin d’accumulation du capital, sans pouvoir prendre en compte les limites objectives que la finitude des ressources naturelles et les équilibres environnementaux imposent à cette croissance.

 

C’est pourquoi, toutes les solutions « vertes » du capitalisme ne le sont pas, pour la bonne et simple raison qu’elles visent à poursuivre l’accumulation, autrement. Même si l’économie capitaliste arrivait à se « décarbonner » – ce qu’elle ne peut réussir que partiellement – elle ne sera pas soutenable pour autant. Le projet illusoire d’un capitalisme vert, à base de remplacement des énergies fossiles par du renouvelable et de solutions high tech, n’aurait rien de vert. Le fait même que des analystes bourgeois présentent la transition énergétique comme une « opportunité » (de nouveaux profits) plutôt que comme une contrainte suffirait pour comprendre que l’écologie n’a rien à voir là-dedans. Car, derrière ces technologies, il y a des émissions de gaz à effet de serre cachées et une demande colossale de matières premières. D’où un massacre continue de la biosphère par l’extractivisme à une échelle toujours plus large, au prix de dégâts toujours plus considérables à l’environnement. D’où l’accroissement sans cesse continué des infrastructures, d’ores et déjà surdimensionnées. Et cette fuite en avant ne peut de toute manière durer longtemps. Car les métaux requis par les nouvelles technologies sont présents en quantité limitée sur la Terre. Certains sont même fort rares. Il en a été plus extrait en quelques décennies à peine que durant toute l’histoire de l’humanité. Les réserves disponibles d’argent, de fluor, de zinc, d’étain, de nickel, arriveraient à épuisement d’ici deux à trois décennies. Et il n’est en pratique pas possible de recycler sans perte, ni indéfiniment.

 

Bien entendu, le recyclage et le remplacement des énergies fossiles par du renouvelable sont indispensables. A condition de ne pas essayer d’en faire une « solution » pour tenter de faire durer la gabegie actuelle. Surtout que celle-ci ne vise à répondre à aucun besoin humain, seulement à l’impératif d’accumulation du capital. S’il y a une résolution à prendre pour l’année 2021, c’est de stopper enfin cette dynamique destructrice. Une résolution qui ne peut être que collective, puisqu’elle ne peut être réalisée que par la lutte. La seule façon de mettre fin à cette fuite en avant fatale, c’est d’en supprimer la cause. C’est-à-dire de mettre fin au capitalisme, qui ne peut exister sans accumuler, à n’importe quel prix. Cette rupture à un nom : le socialisme. L’urgence est plus grande que jamais.

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