21 décembre 2021

Qu’est-ce que l’histoire retiendra de l’année 2021 ?




L’année 2021 s’achève bientôt. Qu’en retiendra l’histoire ? Qu’elle fut la deuxième année Covid, certes, mais sans y attacher l’importance exclusive qu’occupe cette pandémie qui n’en finit pas dans l’espace public. Pour dramatique que soit cette situation, il n’est pas interdit de parler d’autre chose.

 

On peut être sûr en revanche que l’étrange débat sur le « monde d’après » qui a eu existé en 2020 aura disparu des mémoires. Car non seulement le « monde d’avant » est toujours là, mais il est devenu encore pire. Les inégalités – déjà hallucinantes auparavant – ont littéralement explosé durant la pandémie. Le patrimoine des milliardaires s’est accru de plus de 3'600 milliards d’euros, pendant que cent millions de personnes tombaient dans l’extrême pauvreté. En Suisse, les 300 plus grandes fortunes de notre pays ont encore augmenté de 155 milliards cette année, alors que près d’un million de personnes vivent dans la précarité.

 

Il est sûr également que l’année 2021 entrera dans l’histoire comme celle d’une inaction devenue insupportable face au changement climatique, face à la destruction accélérée de l’environnement dont le mode de production dominant est entièrement responsable, d’une dissociation inquiétante entre conscience apparente de la gravité de la situation…et absence de toutes mesures réelles prises, d’une volonté des élites au pouvoir de continuer le « business as usual » aussi longtemps que possible, quel qu’en soit le prix à payer. La COP26, et son étalage de mot creux, en livra un spectacle navrant…

 

Nous n’allons tellement pas dans la bonne direction d’ailleurs, que l’année 2021 était aussi celle du pic historique de l’utilisation du charbon pour produire de l’énergie. Une croissance de 9% de la consommation de cette source d’énergie qui est pourtant la plus émettrice de CO2, et qui devrait encore se poursuivre en 2022. On parle beaucoup, à juste titre, de la Chine et de l’Inde, dont la croissance économique est très redevable et cette ressource fossile, mais l’Occident n’est pas exemplaire en la matière non plus. Car l’utilisation du charbon a augmenté de 20% aux USA et dans l’UE. Le charbon représente toujours 36% dans le mix énergétique mondial. Les énergies renouvelables n’ont fait que s’ajouter aux énergies fossiles, sans guère les remplacer.  Et le plus grand producteur mondial de charbon est l’entreprise suisse Glencore, qui a racheté cette année la totalité de Cerrejon, l’une des plus grandes mines au monde, en Colombie, tout en promettant d’atteindre la neutralité carbone d’ici quelques quatre décennies. Greenwashing, l’autre face de l’écocide…

 

Ce que l’histoire en retiendra dépend du fait qu’il y ait encore une civilisation humaine qui puisse consigner une histoire. Cela dépend de nos luttes, de si nous parviendrons à imposer à temps un changement de système de plus en plus urgent, ou si nous ne serons pas en mesure d’empêcher le capitalisme de nous entraîner vers l’abîme.

 

Il n’y a rien à attendre d’un système qui a montré son incapacité à résoudre ces problèmes urgents et aigus, dont l’ampleur des contradictions même prouve qu’il a fait son temps ; ni de ses élites, dont l’étroitesse d’horizon et l’égoïsme sont désespérants. La pandémie n’est pas encore finie que la droite suisse revient à ses vielles recettes empoisonnées et discréditées : cadeaux fiscaux supplémentaires pour le capital et les plus riches, démantèlement social pour tous les autres. Mais l’avenir n’est pas obligé d’être sombre. Qu’il ne le soit pas dépend des forces qui s’opposent à l’ordre établi, qui luttent pour le remplacer par un système plus juste, dont notre Parti est une composante essentielle et irremplaçable.

 

Et à ce titre-là, le bilan de l’année écoulée est loin d’être entièrement négatif. Non certes que nous ayons réussi à infléchir significativement le rapport de forces existant, malheureusement. Mais celui-ci n’est pourtant plus exactement le même qu’il y a quelques années. Les années de plomb néolibérales sont bel et bien finies. Certes encore minoritaire et diffuse, la conscience d’une nécessité de sortir du capitalisme, l’aspiration à une autre société est réelle et grandit.

 

Ce qui semblait politiquement impossible il n’y a pas si longtemps commence à devenir réalité. Le salaire minimum est ainsi instauré, canton après canton. Et, demain nous parviendrons peut-être à imposer un frein à la concentration des richesses entre quelques mains grâce à l’initiative commune de la gauche et des syndicats pour une contribution temporaire de solidarité sur les grandes fortunes.

 

Ce ne sont là que des prémisses bien sûr, fragiles, qui ne présupposent de rien. Il nous revient de tout faire pour qu’elles puissent porter leurs fruits.

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