05 octobre 2022

Qanga, une exposition sur le Groenland d’autrefois et d’aujourd’hui à découvrir à Lausanne

 


En kalaallisut, langue du peuple Inuit, le peuple autochtone du Groenland, « Qanga » signifie « autrefois ». C’est là l’objet d’une exposition du même nom, que l’on peut visiter à Lausanne, au Palais de Rumine, jusqu’au 29 janvier 2023. L’exposition Qanga, fruit d’une collaboration avec le Musée national du Danemark et du Groenland, permet de découvrir l’histoire naturelle et humaine de la plus grande île du monde, au travers d’une impressionnante collection d’artefacts archéologiques et historiques, d’animaux, de minéraux et d’autres objets, issus de collections danoises et suisses, remarquablement bien présentés – et dont beaucoup n’ont jamais été montrés au public –, le tout rythmé par des extraits de quatre bandes dessinées réalisées par le dessinateur et artiste groenlandais Konrad Nuka Godtfredsen.

 

Au fil de l’exposition, on peut explorer l’histoire géologique du Groenland, sa faune et sa flore ; son histoire humaine, depuis les premières traces attestées de la présence de chasseurs-pêcheurs il y a 4'500 ans ; le mode de vie, la culture, les croyances du peuple inuit d’avant la colonisation – on apprend ainsi que « kayak » et « anorak » sont des mots empruntés au kalaallisut – ; la tentative de colonisation viking au Groenland, qui dura tout de même plus de deux siècles ; la colonisation danoise enfin, les changements socio-économiques, l’impact du commerce avec le Danemark, mais aussi les ravages infligés à la culture inuite et l’évangélisation imposée au peuple groenlandais.

 

Malgré son nom, Qanga ne porte pas que sur le passé. On y trouve aussi un aperçu du Groenland d’aujourd’hui, un territoire autonome sous souveraineté danoise, dont les quelques 55'000 habitants luttent pour se libérer des séquelles de la colonisation, reconquérir leur propre culture, et aspirent à l’indépendance. On y apprend enfin les enjeux liés au réchauffement climatique auxquels est confronté le Groenland, et ceux auxquels il pourrait faire face à l’avenir. Un problème majeur, même si la situation particulière au Grand Nord pour ce qui est du changement climatique n’est pas forcément très connue par chez nous.

 

Plus que la plupart des régions du monde, l’Arctique est aujourd’hui touchée par le réchauffement climatique. Les banquises fondent, le permafrost dégèle et la forêt évince la toundra. Ce n’est pas une bonne nouvelle. C’est même une catastrophe pour l’extrême-nord de notre planète. Car la faune, terrestre et maritime, ne parvient pas à s’adapter à un changement aussi rapide. C’est tout un écosystème qui est dramatiquement bouleversé, et donc aussi le mode de vie de peuples qui existent en symbiose avec lui. Au Groenland, la banquise fond à toute vitesse, et de vastes régions en pourraient être submergées d’ici quelques décennies.

 

Mais cette tragédie est vue comme une opportunité par quelques-uns, une opportunité de profits supplémentaires. Le Groenland possède en effet des ressources minières, des terres rares, du pétrole…qui deviennent accessibles maintenant que la banquise disparaît. Le peuple groenlandais doit aujourd’hui se battre contre ces velléités extractivistes, qui auraient pour effet d’aggraver le réchauffement climatique, et d’endommager plus encore un écosystème fragile. Un gouvernement qui voulait autoriser l’ouverture d’exploitations minières pour extraire des terres rares a ainsi été renversé sous la pression populaire.

 

Une sélection de livres en vente sur le Groenland et de littérature groenlandaise contemporaine est à disposition pour qui souhaiterait en savoir plus.

 

Une exposition qui mérite d’être visitée ; parce qu’elle est passionnante et instructive ; et parce que le sort et les luttes du peuple du Groenland nous concernent.

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