L’internationalisme conséquent de la Révolution cubaine
«
La Révolution c’est l’unité, l’indépendance, c’est lutter pour nos idéaux de
justice, pour Cuba et pour le monde, la base de notre patriotisme, notre
socialisme et notre internationalisme » avait déclaré naguère Fidel
Castro. Et de fait l’internationalisme n’est pas un vain mot à Cuba. Un des
instruments essentiels de la politique internationaliste de la Révolution
cubaine est l’Institut Cubain d’Amitié
avec les Peuples (ICAP), fondé officiellement le 30 décembre 1960, mais dont les bases furent jetées en 1959 déjà, au
lendemain de la révolution. Aujourd’hui, l’ICAP et plus actif que jamais. Pour
mieux faire connaître sa politique internationaliste, Gabriel Benitez,
représentant de l’ICAP pour l’Europe, et Arsenio Rodriguez, journaliste du
canal Radio Habana Cuba, étaient
présents en Suisse la semaine dernière et ont notamment donné une conférence de
presse jeudi 20 septembre, organisée par l’Association Suisse-Cuba, à laquelle Gauchebdo était présent. Les camarades
cubains nous ont expliqué que le but premier de l’ICAP était d’accueillir ceux
qui venaient découvrir Cuba, but qui reste tout aussi important aujourd’hui,
lorsque la réalité cubaine est systématiquement déformée à travers la propagande
mensongère des médias bourgeois dans la plupart des pays du monde. Et de fait,
ce travail internationaliste persévérant n’a pas été sans effet, car
aujourd’hui il y a dans pratiquement tous les pays du monde des groupes de
solidarité avec la révolution cubaine, rassemblant des personnes venant des
horizons les plus différents.
La tâche principale du mouvement de solidarité avec Cuba
est la lutte contre le blocus arbitraire et illégal des Etats-Unis qui ne
peuvent admettre que leur ancien dominion soit un pays souverain. Sous Obama,
malgré les espoirs illusoires que sa campagne en 2008 avait fait naître, le
blocus n’a fait que se durcir, ce alors même qu’il est régulièrement condamné
par l’Assemblée générale de l’ONU où seuls trois pays le soutiennent : les
USA, Israël et Palau. Qu’importe, l’Empire se considère au dessus du droit
international. Dans tous les cas, le blocus a des conséquences dramatiques sur
l’économie cubaine, qui a besoin d’importer de nombreuses marchandises et
matières premières pour pouvoir fonctionner, et qui ne peut le faire que
difficilement. Par exemple, l’industrie pharmaceutique de l’île doit se
procurer du matériel par voies détournées, avec l’aide de groupes de
solidarité, qui vivent sous la menace permanente des groupes radicaux
anti-cubains. Mais le blocus n’est pas seulement commercial mais aussi
informationnel. Ainsi, dans la plupart des pays du monde, les médias bourgeois
ne diffusent que des informations négatives, pour le moins tendancieuses, la
plupart du temps mensongères qui
donnent une vision extrêmement déformée de la réalité cubaine. Ainsi les médias
parlent sans cesse d’absence de démocratie et n’ont d’yeux que pour quelques
soi-disant opposants ouvertement payés par l’ambassade des USA, et masquent
entièrement, par exemple, le fait que des élections sont en préparation
auxquelles tout cubain, membre du Parti ou pas, peut se présenter ou être
présenter, et qui dans tous les cas sont bien plus libres que les élections aux
USA. Du reste, tous les changements intervenus à Cuba depuis la Révolution se
sont faits avec le soutien du peuple et sur la base d’une large consultation
démocratique. En outre, une tâche majeure du mouvement de solidarité avec Cuba
est la lutte pour la libération des cinq cubains emprisonnés aux Etats-Unis
pour avoir espionné des groupes terroristes anti-cubains (protégés par le
gouvernement des USA malgré sa prétendue lutte contre le terrorisme) et donné
des informations aux gouvernements de Cuba et des Etats-Unis, suite à des
procès inéquitables débouchant sur des condamnations arbitraires. Actuellement,
l’un de ces cinq cubains a été libéré, mais sans pouvoir quitter le territoire
des Etats-Unis pendant trois ans, un autre pourrait être libéré sous les mêmes
conditions, tandis qu’un troisième purge une double peine de perpétuité et sa
femme est refusée d’entrée sur les territoire américain et ne peut donc lui
rendre visite. Actuellement, toutes les possibilités de recours sont épuisées,
le seul espoir qui reste et l’amnistie présidentielle et le combat continue.
Aussi importante que la solidarité des peuples avec la
Révolution cubaine est la solidarité internationaliste de Cuba avec les autres
peuples du monde. La contribution de Cuba à la libération de l’Angola et à la
lutte contre l’Apartheid est largement connue. Aujourd’hui, il y a 154'000
coopérants cubains à l’étranger, dans le cadre d’aides gratuites ou d’échanges,
en Amérique latine principalement (44'900 au Venezuela), mais aussi dans des
pays africains ou du Moyen-Orient. Comme exemple de cette aide, citons Haïti,
où des infirmiers et des médecins
cubains étaient présents depuis onze ans avant le tremblement de terre, pas
seulement dans les villes, mais aussi et surtout dans les régions reculées que
trop souvent les ONG occidentales oublient. En outre, près de 15'000 étudiants
étrangers suivent gratuitement un cursus universitaire à Cuba, dont de nombreux
étudiants africains, 1'000 pakistanais, mais aussi, fait beaucoup moins connu,
100 étudiants venant de familles pauvres des USA et qui ne peuvent se payer des
études dans le système américain privatisé.
Les camarades cubains ont également brièvement abordé la
question de l’actualisation du modèle économique en cours à Cuba. Certains
secteurs ont été libéralisés, essentiellement l’agriculture, l’artisanat et les
services. Certaines petites entreprises pourront plus facilement engager des
salariés. Des transactions privées auparavant interdites sont désormais
autorisées, comme par exemple la vente libre des voitures. Le secteur étatique
a été rationalisé, et 500'000 employés de l’Etat ont été licenciés par
tranches, mais sans hausse du chômage, pour être absorbés pas le secteur privé.
Actuellement, l’impact économique de ces changements est positif, la production
agricole a augmenté d’une façon appréciable et la gestion des entreprises
d’Etat a été améliorée. D’autres changements, comme la suppression de la double
monnaie (peso cubain et peso convertible), sont en préparation mais prendront
du temps. L’avenir dira quel sera le résultat de ces changements sur le
socialisme cubain. Pour l’instant, nous pouvons remarquer que le gouvernement
cubain est conscient du caractère fondamental des changements qu’il met en
œuvre et n’avance qu’avec la prudence requise. Dans tous les cas, il ne s’agit
pas, et il ne s’agira pas d’une remise en cause du socialisme. Du reste, la
très grande majorité des cubains ne voudrait pas retourner à un système
capitaliste. Il faut dire aussi que l’Etat ne se désengage que de certains secteurs
non stratégiques, et l’entreprise socialiste d’Etat reste et restera la forme
essentielle de l’économie cubaine. En outre, des restrictions à
l’enrichissement individuel ont été mises en place pour pallier aux
conséquences non-souhaitée de la libéralisation.
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