02 mai 2016

Oui à l’initiative pour le service public



L’initiative populaire « en faveur du service public », lancée par des magazines de défense des consommateurs, demande que la Confédération et les entreprises qui lui sont liées ne visent pas de but lucratif dans le domaine des prestations de base, mais aussi que les salaires versés dans ces entreprises ne soient pas supérieurs à ceux versés dans l’administration fédérale.

Le Parti du Travail soutient sans réserve cette initiative. En effet, depuis un certain nombre d’années, au nom des dogmes néolibéraux, les anciennes régies fédérales, qui donnaient jadis pleinement satisfaction aux usagers, sans progressivement libéralisés, autonomisés, se voient assignés des objectifs de rentabilité avant tout. Il s’agit très visiblement d’un prélude en vue de leur privatisation prochaine. Cette détestable dynamique remet en très directement en cause le principe même de service public, qui est d’assurer à toutes et tous, de façon universelle, des prestations de qualité qui répondent à des besoins d’utilité publique, à des prix raisonnables et non pas le profit. Ces ex-régies fédérales se voient transformées en simples sociétés anonymes en mains (pour l’instant) de la Confédération, avec des prestations dont la qualité baisse de plus en plus, des segments d’activité « non-rentables » abandonnés, des tarifs en hausse scandaleuse. On ne compte plus les bureaux de poste fermés et les prix des billets CFF de plus en plus stratosphériques. Les conséquences sur le personnel sont tout aussi scandaleuses. Afin d’accroître la rentabilité, on le pressure de façon éhontée, au nom du détestable impératif de « faire toujours plus avec toujours moins ». Et des pans entiers d’activité sont sous-traités au privé, avec des salaires de misère à la clé. Et les top-managers néolibéraux qui font le sale boulot de démanteler nos services publics, et qui mériteraient le licenciement immédiat pour sabotage aggravé, se voient en plus récompensés avec des salaires mirobolants !

Nous estimons que ça suffit ! Les services publics doivent redevenir ce qu’ils sont censés être, c’est-à-dire précisément des services publics, pas des SA ! Le PS et les syndicats sont contre, de même que la droite, avec les mêmes arguments. Ils invoquent comme prétexte le fait que l’initiative interdise aussi le subventionnement d’autres services de l’administration fédérale grâce au service public, arguant que cela interdirait par exemple aux CFF d’utiliser les profits réalisés sur des lignes très fréquentées pour financer des lignes périphériques. Les initiants, eux, nient cette lecture et affirme que leur initiative n’interdirait nullement cela, mais seulement de financer l’armée avec les recettes des CFF par exemple. La loi d’application devra régler cela. Quant à l’impossibilité éventuelle qu’il y aurait alors à utiliser les recettes de Swisscom pour financer la Poste, elle démontre seulement l’absurdité totale du démantèlement de l’ex régie fédérale qu’étaient les PTT. Il faut le réaffirmer avec force, l’abandon de segments d’activités non rentables n’a rien d’une hypothétique conséquence néfaste d’une éventuelle adoption de l’initiative « en faveur du service public ». C’est déjà le cas, sous et du fait du régime néolibéral actuel. Voter pour l’initiative est au contraire une bonne façon d’exiger qu’il y soit mis un terme.

Quoiqu’il en soit, on peut sérieusement s’interroger sur la sincérité des pires ennemis des services publics, des jusqu’au-boutistes de la libéralisation (nous parlons ici du PLR) quant ils prétendent soudain se préoccuper de la menace que ferait peser sur les services publics l’interdiction du subventionnement croisé. N’ont-ils pas peur plutôt de se voir ainsi stopper par le peuple souverain dans leur minable entreprise de démantèlement de nos services publics ? Et quant au PS, rappelons tout de même qu’il a été pleinement partie prenante du démantèlement des PTT et de la transformation de la Poste et de Swisscom en SA. Dans le canton de Neuchâtel, le PS et ses magistrats sont totalement impliqués dans le démantèlement de l’hôpital public neuchâtelois, prélude inévitable à la cession de certaines de ses missions au privé. Un démantèlement que notre Parti combat fermement, contre le PS.  Alors, on peut quand même sérieusement se poser la question si le PS a tout à coup abandonné sa passion pour le new public management et s’il est revenu à une vocation de défense du service public, ou s’il veut simplement pouvoir continuer impunément ce qu’il a commencé. Quoi qu’il en soit, l’avis du PS, qui a nui au service public à peu près autant que le PLR ces dernières années, ne mérite guère d’être pris en compte.

Pour que les services publics redeviennent ce qu’ils sont sensés être, pour stopper la spirale néolibérale de libéralisation et de privatisation, votez pour l’initiative « en faveur du service public » !


Alexander Eniline

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