L’initiative populaire « en faveur du service public », lancée
par des magazines de défense des consommateurs, demande que la Confédération et
les entreprises qui lui sont liées ne visent pas de but lucratif dans le
domaine des prestations de base, mais aussi que les salaires versés dans ces
entreprises ne soient pas supérieurs à ceux versés dans l’administration fédérale.
Le Parti du Travail soutient sans réserve cette initiative. En effet,
depuis un certain nombre d’années, au nom des dogmes néolibéraux, les anciennes
régies fédérales, qui donnaient jadis pleinement satisfaction aux usagers, sans
progressivement libéralisés, autonomisés, se voient assignés des objectifs de
rentabilité avant tout. Il s’agit très visiblement d’un prélude en vue de leur
privatisation prochaine. Cette détestable dynamique remet en très directement
en cause le principe même de service public, qui est d’assurer à toutes et
tous, de façon universelle, des prestations de qualité qui répondent à des
besoins d’utilité publique, à des prix raisonnables et non pas le profit. Ces
ex-régies fédérales se voient transformées en simples sociétés anonymes en
mains (pour l’instant) de la Confédération, avec des prestations dont la
qualité baisse de plus en plus, des segments d’activité
« non-rentables » abandonnés, des tarifs en hausse scandaleuse. On ne
compte plus les bureaux de poste fermés et les prix des billets CFF de plus en
plus stratosphériques. Les conséquences sur le personnel sont tout aussi
scandaleuses. Afin d’accroître la rentabilité, on le pressure de façon éhontée,
au nom du détestable impératif de « faire toujours plus avec toujours moins ».
Et des pans entiers d’activité sont sous-traités au privé, avec des salaires de
misère à la clé. Et les top-managers néolibéraux qui font le sale boulot de
démanteler nos services publics, et qui mériteraient le licenciement immédiat
pour sabotage aggravé, se voient en plus récompensés avec des salaires
mirobolants !
Nous estimons que ça suffit ! Les services publics doivent
redevenir ce qu’ils sont censés être, c’est-à-dire précisément des services
publics, pas des SA ! Le PS et les syndicats sont contre, de même que la
droite, avec les mêmes arguments. Ils invoquent comme prétexte le fait que
l’initiative interdise aussi le subventionnement d’autres services de
l’administration fédérale grâce au service public, arguant que cela interdirait
par exemple aux CFF d’utiliser les profits réalisés sur des lignes très
fréquentées pour financer des lignes périphériques. Les initiants, eux, nient
cette lecture et affirme que leur initiative n’interdirait nullement cela, mais
seulement de financer l’armée avec les recettes des CFF par exemple. La loi
d’application devra régler cela. Quant à l’impossibilité éventuelle qu’il y
aurait alors à utiliser les recettes de Swisscom pour financer la Poste, elle
démontre seulement l’absurdité totale du démantèlement de l’ex régie fédérale
qu’étaient les PTT. Il faut le réaffirmer avec force, l’abandon de segments
d’activités non rentables n’a rien d’une hypothétique conséquence néfaste d’une
éventuelle adoption de l’initiative « en faveur du service public ».
C’est déjà le cas, sous et du fait du régime néolibéral actuel. Voter pour
l’initiative est au contraire une bonne façon d’exiger qu’il y soit mis un
terme.
Quoiqu’il en soit, on peut sérieusement s’interroger sur la sincérité
des pires ennemis des services publics, des jusqu’au-boutistes de la
libéralisation (nous parlons ici du PLR) quant ils prétendent soudain se
préoccuper de la menace que ferait peser sur les services publics
l’interdiction du subventionnement croisé. N’ont-ils pas peur plutôt de se voir
ainsi stopper par le peuple souverain dans leur minable entreprise de
démantèlement de nos services publics ? Et quant au PS, rappelons tout de
même qu’il a été pleinement partie prenante du démantèlement des PTT et de la
transformation de la Poste et de Swisscom en SA. Dans le canton de Neuchâtel,
le PS et ses magistrats sont totalement impliqués dans le démantèlement de
l’hôpital public neuchâtelois, prélude inévitable à la cession de certaines de
ses missions au privé. Un démantèlement que notre Parti combat fermement, contre le PS. Alors, on peut quand même sérieusement se
poser la question si le PS a tout à coup abandonné sa passion pour le new public management et s’il est revenu
à une vocation de défense du service public, ou s’il veut simplement pouvoir continuer
impunément ce qu’il a commencé. Quoi qu’il en soit, l’avis du PS, qui a nui au
service public à peu près autant que le PLR ces dernières années, ne mérite
guère d’être pris en compte.
Pour que les services publics redeviennent ce
qu’ils sont sensés être, pour stopper la spirale néolibérale de libéralisation
et de privatisation, votez pour l’initiative « en faveur du service
public » !
Alexander Eniline
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire