11 novembre 2016

Non à la dictature d’Erdogan ! Solidarité avec nos camarades du HDP !



On s’en souvient, c’est le procès truqué intenté aux communistes, accusés à tort de l’incendie du Reichstag, et où Georges Dimitrov s’illustra par un courage admirable, qui fut le premier pas d’Hitler parvenu au poste de chancelier d’Allemagne vers l’instauration d’une dictature totale. Recep Tayip Erdogan, actuel président de Turquie avance à grand pas vers l’instauration d’un régime présidentiel fort « à la turque » – pour lequel il a explicitement cité le Reich hitlérien comme modèle, et qui ressemble en effet de plus en plus à une dictature fasciste. Le 31 décembre 2015, dans un discours télévisé, Recep Tayyip Erdogan il avait dit en effet : «Dans un système unitaire (comme la Turquie), un système présidentiel peut parfaitement exister. Il y a actuellement des exemples dans le monde et aussi dans l’histoire. Vous en verrez l’exemple dans l’Allemagne d’Hitler.» Et, pour parvenir à ce but, il utilise des moyens similaires : répression brutale et procès truqués contre toute opposition, et tout particulièrement contre la troisième force politique du pays, le HDP (Parti démocratique du peuple) – large coalition rassemblant des organisations de gauche radicale et qui défendent la cause du peuple kurde (dont nos camarades du SYKP – Parti de la reconstruction socialiste).

Dans la nuit du 3 novembre, le régime d’Erdogan a ainsi fait arrêter 13 députés et dirigeants du HDP, dont les deux co-présidents Selahattin Demirtaş et Figen Yüksekdağ, ainis que 9 journalistes du quotidien d’opposition Cumhuriyet. Nos camarades arrêtés se voient accusés de proximité avec le PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan, qui lutte à main armée contre le régime d’Erdogan, mais aussi contre l’Etat islamique), accusation habituelle contre tout opposant de gauche persécuté en Turquie. Ce n’est là qu’un tour supplémentaire dans une longue spirale de répression et d’arrestations arbitraires depuis le coup d’Etat raté du 15 juillet dernier : purge massive dans l’armée et l’administration publique, emprisonnement de journalistes, fermeture de médias non inféodés, guerre meurtrière menée contre le peuple kurde et notamment le PKK (en Turquie ou à l’extérieur, en Syrie et en Irak, appui direct et indirect à l’Etat islamique…Ce avec la silence complice de l’Occident. L’accusation de sympathie, réelle ou supposée, avec le PKK ou avec le prédicateur islamiste mais devenu adversaire d’Erdogan Fethullah Gülen, sert de prétexte  à une véritable chasse aux sorcières, doublée de purges massives dans l’administration, et fonctionnant sur la délation, dans le pays même et dans la diaspora.

Les députés encore libres du HDP ont renoncé à siéger au parlement turc, où la poursuite de leur combat est désormais rendue impossible. Du reste, la lutte par des moyens légaux est désormais coupée au HDP, dont le siège à Ankara est cerné par la police, et l’accès interdit. En opérant cette rafle contre les élus et dirigents du HDP, ce ne sont pas simplement les 6 millions d’électeurs qui avaient voté pour le Parti démocratique des Peuples que le gouvernement d’Erdogan a décidé de rayer d’un trait de plume, ce sont aussi, explique le parti, « les millions de citoyens qui poursuivent la lutte pour la démocratie, la liberté, l'égalité, les droits du travail, la libération et la justice des femmes » – combats qui concordent peu avec l’agenda réactionnaire d’Erdogan, et qui expliquent sa haine du HDP et de ce qu’il représente.

« Au cours de la dernière année et demie, analyse le HDP, le gouvernement d’Erdoğan-AKP, a dévasté tout le pays avec l’objectif de réaliser ce qu’il appelle un « régime présidentiel à la turque ». Il a ainsi causé la mort, provoqué des blessures, ou le déplacement et la perte d'emploi de milliers de personnes, ce qui a mené à une augmentation de la tension et de la polarisation entre les gens dans le pays. » Ce qui est présenté comme un régime présidentiel « à la turque », n’est rien d’autre que la dictature d'un seul homme, « c'est le fascisme, et cela signifie la guerre, l'oppression, l'agitation et la tyrannie, » résume le parti qui propose de lutter contre l'oppression et la tyrannie, « non seulement pour le peuple kurde, mais pour tous les peuples de la Turquie.» Le HDP entend poursuivre la lutte, à l’extérieur du parlement et sans faillir. Quant à nous, notre devoir est de soutenir autant qu’il nous est possible nos camarades dans leur difficile combat contre le fascisme, pour la démocratie et la justice sociale.


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