10 février 2018

NON à « No Billag », une initiative trompeuse et démagogique

Le 4 mars prochain, nous sommes appelés à nous prononcer sur l’initiative intitulée « No Billag ». Pourquoi le Parti du Travail appelle à voter NON ? Certainement pas parce que nous serions favorables à Billag, ni au système de redevance tel qu’il existe, ni même que nous soyons entièrement satisfaits de la RTS actuelle. L’entreprise Billag s’est attirée une détestation populaire parfaitement justifiée de par ses pratiques pour le moins inadmissibles. Mais pour être débarrassés de Billag, nul besoin de voter en faveur de l’initiative, puisque la concession dévolue à cette entreprise pour prélever la redevance arrive à expiration fin 2018. Dès 2019, c’est une autre entreprise qui sera chargée de prélever la redevance, qui baissera à 365,- par an. Nous sommes conscients également que ce montant peut être élevé pour beaucoup de gens, et ne considérons de toute manière pas admissible qu’un service public soit financé par une redevance, la même par tête peu importe le revenu, et qui plus est prélevée par une entreprise privée. Puisque la SSR est un service public, elle devrait être financée par l’impôt, proportionnel au revenu.

C’était démagogiquement habile de la part des initiants de mettre en avant le système impopulaire de la redevance, et de cibler nommément une entreprise détestée. Oui mais, la suppression de la redevance ne serait qu’un effet collatéral de leur initiative dont le but est ailleurs. Et du reste, qui pourrait sérieusement croire que ce quarteron de jeunes libéraux-radicaux, représentants de la jeunesse dorée et toujours du côté des plus riches, toujours prompts à démanteler les prestations sociales et les quelques protections que les travailleurs de notre pays ont gagnées de haute lutte, se préoccupent tout à coup du porte monnaie des classes populaires ? Une telle hypocrisie est en soi révoltante.

Car il s’agit d’une initiative dictée exclusivement par l’idéologie néolibérale, une idéologie au service exclusif des intérêts égoïstes des plus riches : le démantèlement de tout ce qui public, livrer tout ce qui peut l’être au libre marché, pour que tout ou presque puisse aller dans la poche des 1%. La teneur de l’initiative est simple : la Confédération a l’interdiction du subventionner toute chaîne de radio ou de télévision, comme d’exploiter ses propres chaînes de radio et de télévision en temps de paix. Tout ce que la Confédération aurait encore le droit de faire, c’est de mettre des concession de radio et télévision aux enchères, et de payer la diffusion de communiqués officiels urgents. Il n’y aurait dès lors évidemment plus de redevance, puisqu’il n’y aurait plus rien à financer. Les dispositions transitoires sont également claires : la Confédération devra privatiser ou fermer la SSR d’ici 2019. Quand les initiants prétendent qu’ils ont un plan B, ils mentent effrontément, puisque leur propre initiative l’interdit textuellement.

Les conséquences sont aisément prévisibles : le service public qu’est la SSR disparaîtra, et sera racheté par des grands groupes de la presse étrangère, ou en partie par Christophe Blocher. Nous n’aurons que des télés poubelles possédées par des magnats des médias, venant généralement d’autres pays. Toutes ou presque radios et télés régionales (par exemple Léman Bleu à Genève) disparaîtront certainement, car elles dépendent également de la redevance. Et c’est aussi la culture suisse qui serait sinistrée : peu de films et séries suisses pourraient sortir sans la SSR, peu d’artistes suisses arriveraient à tourner. Au final, c’est plus de 10'000 places de travail qui disparaîtraient, augmentant ainsi un peu plus le chômage et la précarité dans notre pays. Et il ne faut pas s’imaginer que cela coûterait moins cher. Des chaînes privées, intéressées par leur seul profit, prélèveront sans doute des tarifs bien supérieurs à l’actuelle redevance, pour une qualité déplorable.

Certes, la RTS telle qu’elle est actuellement est loin d’être parfaite, d’être la télévision démocratique pour laquelle nous nous battons. Elle n’en représente pas moins un service public indispensable, et garantit une qualité qui n’existerait plus si elle était livrée à la voracité du privé. Les initiants veulent livrer l’information dans notre pays à l’oligarchie. De quelle information disposerait-on alors ? De celle que ladite oligarchie est disposée à diffuser. De quelle démocratie pourra-t-on encore parler ?

Depuis plus de trente ans, les néolibéraux laissent un champ de ruines partout où ils arrivent à imposer leurs idées. Le démantèlement de la presse écrite et les licenciements à l’ATS ne rappellent que trop bien les ravages que le marché crée dans le secteur de l’information. Et les gains que les néolibéraux font à chaque fois miroiter aux naïfs prêts à les suivre ruissellement comme par hasard toujours au même endroit : dans les poches des 1%.


Parce que la démagogie libérale a fait plus qu’assez de dégâts, parce qu’ils est hors de question de vendre un service public vital, qui appartient au peuple suisse, à l’oligarchie, Votez NON à No Billag !

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