Le 4 mars prochain, nous
sommes appelés à nous prononcer sur l’initiative intitulée « No
Billag ». Pourquoi le Parti du Travail appelle à voter NON ?
Certainement pas parce que nous serions favorables à Billag, ni au système de
redevance tel qu’il existe, ni même que nous soyons entièrement satisfaits de
la RTS actuelle. L’entreprise Billag s’est attirée une détestation populaire
parfaitement justifiée de par ses pratiques pour le moins inadmissibles. Mais
pour être débarrassés de Billag, nul besoin de voter en faveur de l’initiative,
puisque la concession dévolue à cette entreprise pour prélever la redevance
arrive à expiration fin 2018. Dès 2019, c’est une autre entreprise qui sera
chargée de prélever la redevance, qui baissera à 365,- par an. Nous sommes
conscients également que ce montant peut être élevé pour beaucoup de gens, et
ne considérons de toute manière pas admissible qu’un service public soit
financé par une redevance, la même par tête peu importe le revenu, et qui plus
est prélevée par une entreprise privée. Puisque la SSR est un service public,
elle devrait être financée par l’impôt, proportionnel au revenu.
C’était démagogiquement
habile de la part des initiants de mettre en avant le système impopulaire de la
redevance, et de cibler nommément une entreprise détestée. Oui mais, la
suppression de la redevance ne serait qu’un effet collatéral de leur initiative
dont le but est ailleurs. Et du reste, qui pourrait sérieusement croire que ce
quarteron de jeunes libéraux-radicaux, représentants de la jeunesse dorée et
toujours du côté des plus riches, toujours prompts à démanteler les prestations
sociales et les quelques protections que les travailleurs de notre pays ont gagnées
de haute lutte, se préoccupent tout à coup du porte monnaie des classes
populaires ? Une telle hypocrisie est en soi révoltante.
Car il s’agit d’une
initiative dictée exclusivement par l’idéologie néolibérale, une idéologie au
service exclusif des intérêts égoïstes des plus riches : le démantèlement
de tout ce qui public, livrer tout ce qui peut l’être au libre marché, pour que
tout ou presque puisse aller dans la poche des 1%. La teneur de l’initiative
est simple : la Confédération a l’interdiction du subventionner toute
chaîne de radio ou de télévision, comme d’exploiter ses propres chaînes de
radio et de télévision en temps de paix. Tout ce que la Confédération aurait
encore le droit de faire, c’est de mettre des concession de radio et télévision
aux enchères, et de payer la diffusion de communiqués officiels urgents. Il n’y
aurait dès lors évidemment plus de redevance, puisqu’il n’y aurait plus rien à
financer. Les dispositions transitoires sont également claires : la
Confédération devra privatiser ou fermer la SSR d’ici 2019. Quand les initiants
prétendent qu’ils ont un plan B, ils mentent effrontément, puisque leur propre
initiative l’interdit textuellement.
Les conséquences sont aisément
prévisibles : le service public qu’est la SSR disparaîtra, et sera racheté
par des grands groupes de la presse étrangère, ou en partie par Christophe
Blocher. Nous n’aurons que des télés poubelles possédées par des magnats des
médias, venant généralement d’autres pays. Toutes ou presque radios et télés
régionales (par exemple Léman Bleu à Genève) disparaîtront certainement, car
elles dépendent également de la redevance. Et c’est aussi la culture suisse qui
serait sinistrée : peu de films et séries suisses pourraient sortir sans
la SSR, peu d’artistes suisses arriveraient à tourner. Au final, c’est plus de
10'000 places de travail qui disparaîtraient, augmentant ainsi un peu plus le
chômage et la précarité dans notre pays. Et il ne faut pas s’imaginer que cela
coûterait moins cher. Des chaînes privées, intéressées par leur seul profit,
prélèveront sans doute des tarifs bien supérieurs à l’actuelle redevance, pour
une qualité déplorable.
Certes, la RTS telle qu’elle
est actuellement est loin d’être parfaite, d’être la télévision démocratique
pour laquelle nous nous battons. Elle n’en représente pas moins un service
public indispensable, et garantit une qualité qui n’existerait plus si elle
était livrée à la voracité du privé. Les initiants veulent livrer l’information
dans notre pays à l’oligarchie. De quelle information disposerait-on
alors ? De celle que ladite oligarchie est disposée à diffuser. De quelle
démocratie pourra-t-on encore parler ?
Depuis plus de trente ans,
les néolibéraux laissent un champ de ruines partout où ils arrivent à imposer
leurs idées. Le démantèlement de la presse écrite et les licenciements à l’ATS
ne rappellent que trop bien les ravages que le marché crée dans le secteur de
l’information. Et les gains que les néolibéraux font à chaque fois miroiter aux
naïfs prêts à les suivre ruissellement comme par hasard toujours au même
endroit : dans les poches des 1%.
Parce que la démagogie libérale a fait plus
qu’assez de dégâts, parce qu’ils est hors de question de vendre un service
public vital, qui appartient au peuple suisse, à l’oligarchie, Votez NON à No
Billag !
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