22 août 2019

Il y 75 ans, le Ier Congrès du Parti Suisse du Travail



Les 14 et 15 octobre 1944, à la Maison du peuple de Zürich, le Parti Suisse du Travail tenait son Ier Congrès, le Congrès fondateur de notre parti national, en présence de 357 délégués, issus de 12 cantons et 36 sections, représentant près de 10’000 membres, issus de l’ancien Parti communiste suisse (PCS), interdit en 1939, de la Fédération socialiste suisse, composée de membres de l’aile gauche du Parti socialiste suisse (PSS), exclus du PSS, et de communistes, et qui fut interdite peu après le PCS, mais aussi et surtout de camarades qui n’avaient jamais milité auparavant dans un parti (les effectifs du PCS et de la FSS d’avant la Guerre atteignaient tout au plus 4'000 personnes). Si on compte les invités et le public qui s’était déplacé pour l’occasion, c’était plus de 1'000 personnes qui étaient présentes au Congrès. La salle était pleine à craquer. Il faut savoir en effet quel enthousiasme a pu susciter notre Parti au sein de la classe ouvrière à ses débuts. A Genève, ce fut un véritable parti de masse. Dans ses toutes premières années, les dirigeants de notre Parti se faisaient en permanence arrêter dans la rue par des travailleurs qui demandaient comment faire pour adhérer au Parti du Travail.

Une époque de ténèbres et d’espoir

Pendant que le PST tenait son premier Congrès, la Deuxième Guerre mondiale faisait rage, sur le territoire allemand déjà, où l’armée soviétique été entrée – à l’époque, personne n’osait remettre en cause que la contribution essentielle à la libération de l’Europe du fascisme revenait à l’URSS –, après avoir repoussé l’agresseur nazi au prix de sacrifices infinis, pour éradiquer le régime hitlérien à jamais. La Suisse, officiellement neutre, officieusement alignée sur le Reich, commençait à discrètement réorienter sa politique pour ne pas se retrouver malencontreusement dans le camp des vaincus, pendant que son élite, majoritairement favorable à l’Allemagne nazie (une page de son histoire que la droite suisse voudrait faire oublier), faisait le deuil peu à peu de ses espoirs en la victoire du IIIème Reich. Pendant la Guerre, les partis bourgeois au pouvoir en Suisse avaient réussi à faire interdire le PCS, puis la FSS. Le Conseil fédéral, disposant des pouvoirs illimités, avait mis en place un régime policier quasi dictatorial, doublé d’un dispositif de propagande tendanciellement totalitaire, la « défense spirituelle ». Ce dispositif était sciemment conçu comme l’antichambre d’un régime ouvertement fasciste, pour quand l’Allemagne finirait par gagner la guerre (comme on le supposait au Conseil fédéral). Le PSS et l’USS (Union syndicale suisse) ne firent rien ou guère pour s’opposer à cette dérive, et collaborèrent pratiquement sans aucune réticence avec la bourgeoisie, appâtés par quelques faux-semblants de participation aux ors du pouvoir. Le PSS avait totalement abandonné toute perspective socialiste, pour sombrer corps et biens dans le réformisme et la collaboration de classe. L’USS, acquise à la paix du travail et au partenariat social avec le patronat, et désireuse de devenir une institution bien établie et respectée, avait fini par s’identifier totalement au capitalisme suisse et à ses intérêts, étouffant de fait tout mouvement ouvrier un tant soit peu revendicatif. Il faut en effet étudier quelque peu ce que fut le syndicalisme suisse entre les années 30 et 70 environ pour se représenter à quel point il avait dérivé loin de ses objectifs initiaux. Pendant ce temps, les militants socialistes et communistes, qui risquaient la prison pour leurs activités politiques, se rapprochèrent dans la clandestinité, jetant ainsi les bases d’un nouveau parti, voué à régénérer le mouvement ouvrier suisse.

Après la bataille de Stalingrad, lorsque la défaite de l’Allemagne devenait de plus en plus certaine, c’est un vent nouveau qui commençait à souffler sur la Suisse, tant du côté de la bourgeoisie, qui se rendait compte qu’elle avait fait un mauvais pari, que de celui de la classe ouvrière, dont les conditions de vie s’étaient dégradées pendant la guerre, et qui se mettait à croire en un monde meilleur qui allait naître après la défaite d’Hitler. Bien que les interdictions des activités communistes demeuraient en vigueur, il devenait possible de les contourner. Dans cette optique, furent présentées à des élections des « Listes du Travail », ne comportant aucun citoyen frappé d’inéligibilité par les mesures de persécution anticommunistes des autorités, et qui obtinrent des succès retentissants, notamment à Genève aux municipales de mai 1943, malgré que les interdictions soient toujours en vigueur. Sur la vague de ce succès initial furent fondés des partis cantonaux, dont, à Genève, le Parti Ouvrier (qui allait devenir le Parti du Travail peu après) le 8 juin 1943. Ces partis cantonaux se regroupèrent en une Fédération des Partis du Travail, à partir de laquelle allait être fondé un parti national, le Parti Suisse du Travail, lors de son Ier Congrès.

Un programme de progrès social et démocratique

Le Parti Suisse du Travail niait à ses débuts être un parti communiste (mais il affirmera l’être quelques années plus tard), en partie parce que les interdictions anti-communistes étaient toujours en vigueur, mais aussi parce que les fondateurs de notre Parti avaient la volonté de construire un grand parti de masse, correspondant aux espérances de ce qui semblait possible alors, et qui soit plus large que l’ancien PCS, et exempt de certaines de ces erreurs et insuffisances. Le PST était par contre ouvertement solidaire de l’URSS (dont le prestige était alors immense et incontesté, la meilleure réfutation de propagande anticommuniste contemporaine étant peut-être un petit florilège de citations de quelques uns des grands hommes de la bourgeoisie de l’époque), s’inscrivait dans l’héritage du marxisme vivant, celui de Lénine, à l’encontre du réformisme, et appelait à briser la paix du travail, dans une optique de lutte de classe.

Et le PST avait un programme politique immédiat, avec, en premier lieu, le rétablissement intégral de la démocratie et la levée de toutes les mesures répressives instaurées dans le cadre du régime des pleins pouvoirs du Conseil fédéral, pour l’instauration d’une Assurance vieillesse (aucun système de retraite universel n’existait avant 1947), pour la hausse des salaires, pour la semaine de 40 heures de travail, pour deux à quatre semaines au moins de congés payés, pour le droit de vote des femmes, pour l’égalité hommes-femmes et à travail égal salaire égal, pour la nationalisation des banques, des assurances privées, et des secteurs stratégiques de l’économie, pour une société socialiste comme horizon. Certaines de ces mesures furent réalisées, et n’auraient pas pu l’être sans l’engagement résolu de notre Parti. D’autres ne l’ont jamais été, ou pas complétement. D’autres encore n’ont jamais pu être approchées en pratique.

Mais alors, les peuples avaient un optimisme parfois débordant. Il semblait qu’avec la défaite d’Hitler, le champion de la réaction, tout allait changer, que tout avait déjà changé au niveau du rapport des forces au niveau mondial. Et qu’un monde nouveau allait naître rapidement. Un tel optimisme se ressentait aussi dans les rangs de notre Parti. Le secrétaire du PST, Karl Hofmaier, finissait son rapport par les mots suivants : « Notre parti peut être appelé, plus tôt que certains ne le croient aujourd’hui, à jouer un rôle responsable dans la politique de notre pays. L’évolution ne va pas selon le train coutumier d’époques normales. Soyons donc prêts à suivre le rythme de l’évolution. Soyons prêts à jouer, dans l’intérêt de notre peuple, le rôle que jouent déjà dans d’autres pays les partis d’avant-garde de la classe ouvrière ».

75 ans d’histoire, parfois difficile, mais dont nous pouvons être fiers

La réalité allait malheureusement vite décevoir l’optimisme qui avait pu être celui des fondateurs de notre Parti. Les rapports de force avaient certes changé au niveau mondial, à l’avantage des peuples et des travailleurs. L’URSS, malgré de très lourdes blessures, était sortie de la Guerre auréolée d’un prestige immense, et n’était plus l’unique Etat socialiste du monde. Les partis communistes jouissaient d’un crédit important, et la classe ouvrière était un peu partout animée d’une détermination, d’une combativité nouvelle, si bien que la bourgeoisie fut contrainte à faire quelques concessions pour préserver son pouvoir. Le système colonial vivait également ces dernières années. La réaction était sur la défensive, et les forces de progrès indiscutablement à l’offensive. Oui, mais le monde n’avait pas changé du tout au tout. La grande bourgeoisie impérialiste avait conservé l’essentiel de son pouvoir, et préparait déjà la contre-offensive, sous la direction des USA. Les espoirs d’un monde nouveau s’évanouirent vite, dès la fin des années 40, avec le début de la Guerre froide, politique d’agressivité renouvelée et de réaction sur toute la ligne de la bourgeoisie à la tête des métropoles capitalistes.

En Suisse, pays politiquement replié sur lui-même en ces temps et épargné par les bouleversements de la guerre, cette tendance se manifesta encore plus rapidement et plus nettement. Les succès initiaux du PST n’eurent pas de suite. Si le Parti se maintint dans des quelques cantons romands, il fut drastiquement affaibli en Suisse alémanique par une véritable hystérie maccarthyste. Le PSS et l’USS parvinrent globalement à garder la haute main sur le mouvement ouvrier suisse et à continuer à jouer leur rôle de stabilisation au service de la bourgeoisie en ces années cruciales.

Malgré tout, notre Parti resta indéfectiblement fidèle à ses principes fondateurs, à son engagement au service des classes populaires, à sa volonté de rassemblement populaire, à sa haute conscience de son devoir de solidarité internationaliste, à sa perspective révolutionnaire d’une nouvelle société socialiste. Par sa lutte, il parvint à imposer certaines conquêtes sociales : l’AVS, les congés payés, le droit de vote pour les femmes, et tant d’autres victoires n’auraient pas été possibles sans l’engagement résolu de notre Parti. Surtout, notre Parti peut se targuer de n’avoir jamais transigé avec ses principes, de ne s’être jamais éloigné de ses objectifs fondateurs. Plus que jamais, il demeure irremplaçable.

75 ans plus tard, un changement radical est plus nécessaire que jamais



Il y a 75 ans était fondé le Parti Suisse du Travail. Notre Parti avait été créé pour apporter un nouveau souffle au mouvement ouvrier suisse, pour rompre avec la collaboration de classe caractéristique de la social-démocratie, pour organiser politiquement les classes populaires, dans une optique de lutte de classe, pour lutter pour le progrès social et démocratique, pour une nouvelle société socialiste.

C’est cet anniversaire que nous célébrons lors de la 12ème édition de notre traditionnelle Fête des peuples sans frontières, fête populaire et internationaliste, dédiée à la solidarité internationale, aux luttes sociales et révolutionnaires de tous les peuples du monde contre l’oppression capitaliste, pour leur autodétermination, pour la démocratie, pour une nouvelle société socialiste.

Nous célébrons les 75 ans de notre Parti pour nous rappeler, et rappeler à toutes et tous, les combats passés de notre Parti, le rôle irremplaçable qu’il a joué dans l’histoire de notre pays, au service des classes populaires et du progrès social. Mais aussi et surtout parce qu’il ne peut y avoir d’avenir sans passé et sans mémoire du passé, et parce que, justement, les principes sur lesquels notre Parti fut fondé, l’histoire du mouvement ouvrier et communiste dont il est l’héritier, sont plus que jamais indispensables pour éclairer la voie de l’avenir, pour tracer le chemin du changement radical que nous estimons indispensable et pour lequel nous sommes déterminés à lutter.

Comme le disait Bertolt Brecht, « Parce que les choses sont ce qu’elles sont, les choses ne resteront pas ce qu’elles sont ». Et justement, aujourd’hui, la Suisse, comme toute notre planète, a plus que jamais besoin d’un changement radical. Un changement radical pour avoir enfin un monde vivable, qui tourne au service de toutes et tous, et non au profit de quelques uns. Un changement radical à la fois possible et nécessaire.

Lénine écrivait : « La victoire sera pour les exploités, car ils ont pour eux la vie, la force du nombre, la force de la masse, les sources intarissables de l’abnégation, de l’idéal, de l’honnêteté, de ce qu’on appelle le « simple peuple », des ouvriers et de paysans qui prennent leur essor, qui s’éveillent pour édifier un monde nouveau et dont les réserves d’énergie et de talents sont gigantesques. La victoire est à eux ». 75 ans après la fondation de notre Parti, cette conviction n’a jamais cessé d’être nôtre, de guider notre lutte, quelles qu’aient pu être les vicissitudes de l’histoire.

Parce qu’il ne produit de la richesse (pour certains) qu’au prix de l’oppression et de la misère (pour beaucoup d’autres), et qu’il ne peut faire autrement ; parce que jamais des richesses aussi colossales n’ont été concentrées au aussi peu de mains dans toute l’histoire de l’humanité ; parce que, au stade de l’impérialisme, les grandes puissances capitalistes ne peuvent maintenir les positions de leurs monopoles que par le néocolonialisme et la guerre ; parce que, à travers le saccage de notre environnement au service exclusif des profits maximum d’une toute petite minorité, il menace à court terme la survie même de notre espèce, le système capitaliste est aujourd’hui devenu intolérable, et doit d’urgence être dépassé. La seule alternative au capitalisme est le socialisme. C’est la perspective pour laquelle notre Parti s’est toujours battu – et il est le seul à l’avoir clairement fait parmi les partis politiques suisses – et c’est l’avenir pour lequel il continue à lutter aujourd’hui.


Pour un changement radical, une liste du Parti du Travail au Conseil national et au Conseil des Etats



Le Parti du Travail genevois, section cantonale du Parti Suisse du Travail, présentera sa propre liste, formée de six candidates et six candidats, au Conseil nation, ainsi qu’un candidat au Conseil des Etats. Le Parti Suisse du Travail, Parti national présent dans les trois régions linguistiques de notre pays, et disposant d’un conseiller national sortant, Denis de la Reussille (dont nous avons régulièrement fait part du travail parlementaire dans ces pages), présentera également des listes dans les cantons de Vaud, Neuchâtel, Berne, Zürich et Tessin.

Sous-apparentement ou pas ?

Une question que pratiquement tout le monde se pose : notre liste sera-t-elle finalement sous-apparentée, dans le cadre de la coalition Ensemble à Gauche, avec celles déposées par solidaritéS et le DAL, permettant ainsi que les voix de ces différentes listes s’additionnent, et maximisant ainsi les chances d’Ensemble à Gauche d’obtenir un siège au Conseil national ? Cette question est légitime et importante, et nous souhaiterions pouvoir y répondre par la positive. Malheureusement, il nous est difficile de nous y engager, dans la mesure où solidaritéS, par son attitude et ses méthodes, rend l’avenir d’Ensemble à Gauche de plus en plus aléatoire.

De fait,  solidaritéS bloquent le fonctionnement d’Ensemble à Gauche depuis presque une année entière – depuis que quatre conseillers municipaux anciennement membres de solidaritéS, soit Maria Pérez, Tobia Schnebli, Ariane Arlotti et Morten Gisselbaek, aient rejoint les rangs de notre Parti, après avoir en vain essayé et pas pu obtenir justice pour Maria Pérez, qui avait subi des atteintes à sa personnalité, et même à sa santé, inqualifiables lorsqu’elle était à solidaritéS. Depuis ce moment, il n’y a plus eu aucune assemblée d’Ensemble à Gauche, du fait d’un véritable lock-out de la part de solidaritéS (attitude très « unitaire » n’est-il pas vrai ?), ce qui n’a pas empêché les mêmes dirigeants de solidaritéS de faire et de dire tout ce qui leur chante au nom d’Ensemble à Gauche sans consulter personne, comme si la coalition leur appartenait à eux et à eux seuls. Ils ont prétexté de règles complètement inexistantes et tout droit sorties de leur chapeau pour justifier leur lock-out et tenter de nous faire interdire aux quatre camarades susmentionnés de se présenter à de nouvelles élections, ce alors qu’ils n’ont cure des règles réellement existantes, spécifiées dans les statuts d’Ensemble à Gauche, qu’eux-mêmes ont signés.

Depuis, la procédure de conciliation au Tribunal des Prud’hommes entre Maria Pérez et solidaritéS, son ancien employeur, a abouti, et s’est soldée par une indemnité de 8'000,- pour tort moral et un communiqué de presse commun dans lequel solidaritéS reconnaît notamment « avoir failli dans son devoir de protection de la personnalité de Madame Maria Lou Perez et reconnaît avoir contribué, en ne prenant pas toutes les mesures adéquates en temps opportun, à la violation de la personnalité de son ancienne employée ». Le communiqué mentionne également « des rapports asymétriques entre femmes et hommes au sein de solidaritéS ».

Les dirigeants de solidaritéS n’en semblent avoir toutefois tiré aucune leçon, et continuent à répondre à nos courriers comme s’ils ne les comprenaient pas, avec une mauvaise foi consternante, même par rapport à ce à quoi nous nous sommes habitués venant de leur part. ils ont également déposé, sans nous consulter des listes d’Ensemble à Gauche, ce qui constitue une usurpation grossière, que nous aurions pleinement le droit, et pleinement raison, de contester en justice (ce que nous souhaiterions pas faire, eu égard aux conséquences politiques d’un recours à la justice bourgeoise en pareil cas). Alors, un sous-apparentement reste encore à ce jour possible, mais la seule chose qui y fait obstacle, c’est l’arrogance et la mauvaise foi sans bornes dont font preuve les dirigeants de solidaritéS. Car si nous sommes fermement pour l’unité de la gauche radicale, une telle unité ne peut exister que dans le respect mutuel de la souveraineté et de l’égalité en droits entre partis, que dans les limites du respect d’un certain nombre de règles communes. Elle ne peut en aucun cas consister en une soumission sans conditions devant solidaritéS, et est absolument incompatible avec les lubies hégémonistes de ses chefs.

Une campagne nationale


Conformément à la volonté du Parti Suisse du Travail d’apparaître dans cette campagne électorale comme un parti politique national, le seul parti de notre pays qui soit réellement porteur d’une perspective d’un changement radical conforme aux aspirations des classes populaires – volonté que nous partageons totalement – nous ferons campagne sur la base du programme national du PST, adopté par une Conférence nationale convoquée dans ce but, et du visuel national du PST. Vous trouverez dans les pages qui suivent des extraits significatifs de notre programme, ainsi que tous nos candidats. Parce que la Suisse, comme le monde, a plus que jamais besoin d’un changement radical, et que le Parti Suisse du Travail est plus que jamais indispensable pour porter cette perspective.

12ème Fête des peuples sans frontières: Discours de clôture



Chères et chers camarades,

La 12ème Fête des peuples sans frontières touche à sa fin. Cette édition était consacrée aux 75 ans de notre Parti. Il y 75 ans justement, au Congrès fondateur du PST, Karl Hofmaier, secrétaire du PST alors, disait dans son rapport (je cite en coupant deux paragraphes, qui concernent spécifiquement la situation liée à la fin de la IIème Guerre mondiale) :

« le Parti du Travail est appelé à conduire, dans notre pays, un travail de régénération sociale du mouvement politique ouvrier.

Cela ne signifie rien d’autre que la liquidation de la pratique de la paix sociale sur le terrain économique et de la collaboration sur le terrain politique, paix sociale et collaboration que ne servent pas la classe ouvrière, mais seulement le grand capital.

Le Parti du Travail est appelé également à assurer la collaboration de la classe ouvrière avec les autres couches démocratiques du peuple. C’est pourquoi le Parti du Travail fera tout pour créer des rapports politiques confiants, amicaux et inébranlables entre la classe ouvrière et les autres couches démocratiques du peuple suisse.
[…]
Nous avons donc une grande et belle tâche à remplir. C’est pour la remplir et pour réaliser ces buts que nous créons un grand et puissant parti. Un parti qui est appelé à conduire la classe ouvrière afin qu’elle mène, en commun avec les autres couches démocratiques du peuple, la lutte pour assumer le gouvernement dans les cantons et sur le terrain fédéral, dans l’intérêt de tout le peuple travailler ».

75 ans ont passé, et nonobstant tout ce qui a changé dans notre pays et sur notre planète, nonobstant aussi ce qui était redevable à l’optimisme quelque peu irréaliste qui pouvait avoir cours en 1944, ces propos tenus au Congrès fondateur de notre Parti constituent toujours pour nous notre perspective politique aujourd’hui.

Aujourd’hui, comme hier, notre Parti est le seul parti politique de notre pays à s’inscrire clairement du coté des classes populaires, dans une optique de lutte de classe, pour organiser la lutte contre l’oppression et l’exploitation capitalistes, pour porter une véritable politique de rupture, pour un changement radical plus nécessaire que jamais, pour une nouvelle société socialiste.

Tout d’abord, nous prenons clairement nos responsabilités – contrairement à certains autres partis qui font juste semblant de s’intéresser au problème dans un but opportuniste, ou qui reculent devant des mesures un tant soit peu décisives –  envers les générations présentes et à venir, et sommes prêts à prendre les mesures pour faire face au problème le plus grave et le plus urgent que nous avons à affronter actuellement, celui des changements climatiques accélérés causés par l’exploitation éhontée des ressources naturelles par le système capitaliste dans un but de profit immédiat et sans tenir compte des conséquences. Un problème qu’Evo Morales, président de la Bolivie, avait bien résumé ainsi en 2007 :

« Le monde souffre d’une fièvre provoquée par le changement climatique, et la maladie est le modèle capitaliste de développement »

Nous sommes pour une écologie populaire, qui soit à la hauteur de l’urgence que nous vivons, qui soit à même de prendre les mesures drastiques qui s’imposent pour atteindre un bilan net d’émission de gaz à effet de serre nul d’ici 2030, ce en imposant les mesures contraignantes aux véritables responsables de la situation, soit les grandes entreprises et les plus riches ; ce qui est incompatible tant avec une écologie libérale, qui n’est que du greenwashing, qu’à une logique punitive à base de taxes, qui frappent surtout ceux qui sont les moins responsables du réchauffement climatique, soit les plus modestes. Nous sommes en faveur d’une agriculture paysanne, biologique et locale, sans pesticides ni OGM, protégée contre la concurrence des multinationales de l’agroalimentaire. Ou, comme l’avait dit en son temps Thomas Sankara : « Il faut choisir entre le champagne pour quelques-uns ou l’eau potable pour tous »

Pour répondre à quelques mauvaises langues, notre intérêts pour la question est sincère, il n’est ni opportuniste, ni de la dernière heure, ainsi qu’en atteste le Programme d’action du PST, Vivre mieux et autrement,  daté de 1979 :

« Le développement anarchique et la société capitaliste porte à l’environnement des atteintes souvent graves. Une solution complète des problèmes écologiques exige donc une modification du caractère de la société. Mais il est indispensable d’utiliser immédiatement tous les moyens efficaces pour sauvegarder et rétablir un environnement naturel sain ».

Nous avons la volonté de continuer notre combat – que nous avons mené, au niveau cantonal, avec un score plus qu’honorable avec nos deux initiatives pour le remboursement des soins dentaires et pour une caisse maladie publique – pour mettre fin au système d’escroquerie organisée des caisses maladies privées, pour un système de santé entièrement public et social, pour une caisse maladie publique et unique, et qui prenne en compte le remboursement des soins dentaires.

Nous nous opposons résolument à tout augmentation de l’âge au départ pour la retraite, en particulier pour les femmes, et comptons lutter pour que l’égalité hommes-femmes devienne enfin réalité dans notre pays. Nous militons pour une sortie du système des trois piliers, et des problèmes qu’il pose, par le haut, pour un système intégralement juste et social, par répartition, pour de vraies retraites populaires, comme notre Parti l’avait proposé par voie d’initiative populaire en 1973.

Nous sommes totalement opposés à la signature de l’accord-cadre avec l’Union européenne, qui imposerait à la Suisse la reprise unilatérale d’un droit communautaire élaboré par des technocrates néolibéraux non-élus au seul service des lobbies capitalistes, au détriment de la démocratie et des droits des travailleurs. 

Il me faut aborder enfin une question dont j’aurais bien voulu ne pas traiter au moment de la Fête des peuples, qui ne le mérite d’ailleurs pas forcément, et dont je ne vais parler nullement par goût de la polémique, mais parce qu’il n’est pas possible de simplement passer sous silence une question que tout le monde se pose.

Nous restons également fidèles à la stratégie du rassemblement populaire qui a toujours été celle de notre Parti. Mais le fait est que  solidaritéS bloquent le fonctionnement d’Ensemble à Gauche depuis presque une année entière – depuis que quatre conseillers municipaux qui furent leurs membres ont rejoint les rangs de notre Parti. 

Les dirigeants de solidaritéS  ont également déposé, sans nous consulter des listes d’Ensemble à Gauche, ce qui constitue une usurpation grossière. Alors, un sous-apparentement reste encore à ce jour possible, mais la seule chose qui y fait obstacle, c’est l’arrogance et la mauvaise foi sans bornes dont font preuve les dirigeants de solidaritéS.

Car, je tiens à le dire haut et fort depuis cette tribune, pour nous les choses sont claires. Unité sur la base d’une collaboration honnête et d’un respect de règles communes et mutuellement acceptables, toujours ; soumission aux lubies hégémonistes des dirigeants de solidaritéS, jamais !

Quoi qu’il en soit, notre Parti existait avant eux, et continuera sa lutte, avec eux ou sans eux. Parce qu’une telle lutte pour un changement de société ne peut se concevoir sans organisation, sans un parti. Ainsi que le disait Ernesto Che Guevara :

« Sans organisation les idées perdent de leur efficacité après le premier mouvement d’élan ; elles tombent peu à peu dans la routine, dans le conformisme, et finissent par n’être plus qu’un souvenir »

Ainsi que l’écrivait Lénine : « La victoire sera pour les exploités, car ils ont pour eux la vie, la force du nombre, la force de la masse, les sources intarissables de l’abnégation, de l’idéal, de l’honnêteté, de ce qu’on appelle le « simple peuple », des ouvriers et de paysans qui prennent leur essor, qui s’éveillent pour édifier un monde nouveau et dont les réserves d’énergie et de talents sont gigantesques. La victoire est à eux ». Cette conviction demeure la nôtre aujourd’hui.


La tâche est difficile sans doute, mais n’a rien d’impossible. Car, comme le disait Jean Jaurès, « L’histoire enseigne aux hommes la difficulté des grandes tâches et la lenteur des accomplissements, mais elle justifie l’invincible espoir ». Cette tâche mérite que l’on s’engage pour elle. Le socialisme constitue l’espoir de ce monde, ainsi qu’un objectif pour lequel notre Parti n’a jamais cessé de lutter. Un objectif qui finira par triompher.