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28 août 2021

Discours d’ouverture du débat public sur Cuba le 27 août 2021

 


Votre excellence l’ambassadeur, chères et chers camarades, compagnons de lutte, amis de la Révolution cubaine, et citoyens désireux simplement d’entendre un autre point de vue que la version distillée par les médias bourgeois, de connaître la vérité sur Cuba et sur ce qui s’y passe réellement, j’ai l’honneur, au nom du Parti du Travail, de souhaiter la bienvenue à ce débat public organisé par notre Parti.

 

C’était important pour nous d’organiser cet événement, en solidarité avec le peuple cubain et la Révolution cubaine. Car l’internationalisme fait partie des principes fondamentaux de notre Parti. La lutte des peuples partout sur la planète pour leur émancipation et pour le socialisme fait un ; nous ne séparons pas notre propre lutte en Suisse de celles menées partout au monde. Comme l’écrivait Karl Marx dans l’Adresse inaugurale de la Ière Internationale : « L’expérience du passé nous a appris comment l’oubli de ces liens fraternels, qui doivent exister entre les travailleurs des différents pays et les inciter à se soutenir les uns les autres dans toutes leurs luttes pour l’affranchissement, sera puni par la défaite commune de leurs entreprises divisées ».

 

Lorsqu’en 1959 le peuple cubain, sous la direction de Fidel Castro, renversa la dictature de Batista, lorsqu’il se libéra de la tutelle de l’Empire, lorsqu’il s’engagea sur la voie de la construction du socialisme littéralement à la porte des USA, il réalisa une percée révolutionnaire digne d’admiration, exemple remarquable pour tous les peuples luttant pour leur émancipation. Exploit d’autant plus remarquable que Cuba parvint à préserver les acquis du socialisme dans les conditions les plus hostiles. Malgré toutes les difficultés, le socialisme permit à Cuba des réalisations remarquables : la justice sociale, des services publics accessibles et universels, une santé et une éducation gratuites et de qualité pour toutes et tous. Cuba est également à ce jour le seul pays à remplir les critères onusiens de développement durable, grâce à son agriculture biologique, son développement social, un usage somme toutes remarquable des ressources disponibles limitées. L’espérance de vie est plus élevée à Cuba qu’aux USA, et la mortalité infantile plus basse. La solidarité internationale y est également un principe fondamental et une réalité vivante, et l’engagement de Cuba à ce niveau est admirable. Cuba prouve chaque jour que le socialisme est une société nouvelle, différente et meilleure que le capitalisme, pour laquelle il vaut la peine de se battre. Pour toutes ces raisons, la solidarité internationaliste avec la Révolution cubaine est un devoir.

 

Ce devoir de solidarité internationaliste est d’autant plus impératif aujourd’hui que la Révolution cubaine vit des heures difficiles. Vous n’êtes pas sans savoir, puisque les médias bourgeois en ont fait une couverture massive et orientée – raison pour laquelle nous avons organisé le présent événement - que le 11 juillet dernier, des manifestations de protestation ont eu lieu dans certaines villes à Cuba, motivées par un mécontentement face aux pénuries de produits de base, aux restrictions d’électricité et au manque de vaccins et de médicaments. Certes, ces problèmes existent, mais il faut comprendre qu’elles en sont les causes. J’y reviendrai dans un instant. Des éléments contre-révolutionnaires ont essayé de prendre la tête de ces protestations pour leur donner un sens contre-révolutionnaire. La mafia contre-révolutionnaire de Miami a tenté de faire tout un tapage pour ouvrir un « corridor humanitaire » ; prétexte hypocrite pour une invasion impérialiste en vue d’un changement de régime. Joe Biden s’est totalement engagé dans cette entreprise criminelle, durcissant encore les sanctions contre Cuba. Lorsque Miguel Diaz Canel, président de la République de Cuba, a appelé les révolutionnaires à descendre à leur tour dans la rue pour défendre la Révolution – car une Révolution doit après tout pouvoir se défendre –, les propagandistes de l’Empire ont mensongèrement parlé de « répression », occultant l’appel au dialogue et à l’unité de la part du président cubain.

 

Or cette campagne médiatique est de bout en bout tendancieuse et malhonnête, tant par l’occultation totale des causes réelles des difficultés économiques que connaît Cuba, que par la présentation mensongère qu’elle fait des événements ayant eu lieu le 11 juillet. Il s’agit tout simplement d’une campagne de fake news éhontée, d’une guerre informationnelle contre Cuba de la part de l’Empire.

 

Ce que cette propagande tait honteusement, c’est que les réalisations du socialisme à Cuba sont d’autant plus remarquables que l’île vit depuis la Révolution dans les conditions d’une guerre non-déclarée de la part des USA : une guerre économique, informationnelle, sans parler des attentats terroristes cautionnés par les USA et des tentatives d’assassinat de dirigeants cubains. Depuis la Révolution, Cuba vit sous le joug d’un blocus ruineux et illégal – d’autant plus qu’il est extraterritorial, ce qui est grossièrement contraire au droit international – imposé par les USA, dans le seul but cynique d’étouffer tout potentiel économique, de rendre la vie du peuple cubain aussi difficile que possible afin de provoquer le mécontentement, dans le but de susciter une explosion sociale menant à un changement de régime, en clair, la restauration du capitalisme. Un blocus devenu d’autant plus étouffant depuis la fin du socialisme en URSS, depuis que Donald Trump l’a encore durci, et depuis que le Venezuela souffre également de la guerre économique que les USA mènent contre lui et a moins de possibilités de soutenir matériellement Cuba.

 

Le blocus rend pour Cuba toutes transactions difficiles, il complique beaucoup les exportations, et rend les importations plus compliquées et nettement plus chères. Une traque inouïe et scandaleuse de la part des USA de toutes les transactions impliquant Cuba limite beaucoup les transferts de devises vers l’île. D’où d’inévitables pénuries, des difficultés objectives considérables face auxquelles le gouvernement cubain fait ce qu’il peut. Qu’un mécontentement existe dans la population, c’est compréhensible, mais les options du gouvernement sont limitées. L’économie de Cuba se serait sans doute purement et simplement effondrée, et la catastrophe sociale serait effroyable, s’il ne s’agissait pas d’un pays socialiste.

 

Si l’approvisionnement alimentaire est insatisfaisant à Cuba, c’est notamment parce que le blocus rend très difficile l’achat de machines agricoles qui seraient nécessaires pour atteindre l’autosuffisance alimentaire. Si des médicaments peuvent manquer, c’est que Cuba n’est presque pas en mesure d’en importer, et doit en produire près de 80%. Sauf que toutes les matières premières nécessaires ne sont pas simples à se procurer à Cuba. Et la pandémie du Covid 19 est venue se conjuguer aux effets du blocus, en réduisant presque à néant le tourisme, et en faisant chuter d’autant les rentrées en devises sans lesquelles les importations sont impossibles. Quand Joe Biden prétend être du côté du peuple de Cuba, c’est d’une hypocrisie révoltante. Tout ce qu’il aurait à faire, c’est de lever le blocus, et il fait tout le contraire.

 

Le blocus ne serait pas aussi dévastateur si les autres pays capitalistes ne s’y soumettaient pas, malgré son caractère illégal, voire ne collaboraient pas volontairement à cette entreprise criminelle. En Suisse aussi, malgré la neutralité officielle, la plupart des entreprises s’y plient. Il est presque impossible d’effectuer des transactions avec Cuba, voire simplement des virements en Suisse même si le motif du virement fait référence à Cuba. Notre Parti combat cet alignement de fait sur le blocus, et la politique inacceptable du Conseil fédéral qui laisse faire, ce par tous les moyens dont nous disposons. Nous dénonçons particulièrement l’attitude d’Ignazio Cassis, qui agit plus en larbin des USA qu’en conseiller fédéral suisse.

 

Quant aux événements même du 11 juillet, la propagande médiatique anti-cubaine est purement et simplement mensongère.

 

Quelques milliers de manifestants tout au plus, dans un pays comptant 11 millions d’habitants, cela ne constitue en rien un « soulèvement massif ». Les complotistes qui manifestent en Suisse contre les mesures sanitaires du Conseil fédéral en font autant… En comparaison, à combien plus forte raison il aurait fallu, au plus fort du mouvement des gilets jaunes, mener une « intervention humanitaire » pour libérer la France de la « dictature macroniste ». Pour ce qui est de la « répression », je l’ai vu en France quand j’y ai vécu quelques mois : éborgnés pour l’exemple, tirs de LBD dans la tête, tirs de grenade dans la foule, police anti-émeute militarisée. On n’a rien vu de tel à Cuba. Et les quelques dizaines de procédures judiciaires, toutes conformes à la loi et pour des délits qui auraient également été poursuivis en Suisse, elle est sans commune mesure avec l’abus massif de garde à vue et les procédures accélérées et lourdes à large échelle en France. Pour faire croire que lesdites manifestations ont été plus massives qu’en réalité, la propagande impérialiste n’a pas hésité à diffuser de pures fake news ; comme par exemple de faire passer une photo d’une manifestation à Alexandrie, en Égypte, en basse résolution, qui eut lieu lors du Printemps arabe, pour une image prise le 11 juillet à la Havane. En agrandissant un peu on reconnaît sans peine des drapeaux égyptiens…

 

Quant à la prétendue « catastrophe sanitaire », rappelons que Cuba, malgré les difficultés d’approvisionnement dues au blocus, compte nettement moins de décès du Covid que la Suisse, pour une population un peu plus élevée (or, si la gestion de la pandémie aurait pu avoir été meilleure en Suisse, on ne dit pourtant pas qu’elle fût un désastre). La politique face au coronavirus à Cuba est même exemplaire.

 

Et la propagande impérialiste masque le fait que ces soulèvements n’ont pas été simplement spontanés. Elle tait tout le travail réalisé par la CIA et la mouvance contre-révolutionnaire de Miami sur les réseaux sociaux pour inciter des citoyens cubains à se soulever, à grands renforts de fake news et de propagande malveillante ; une véritable guerre informationnelle contre la Révolution cubaine. Trop occupée à inventer une prétendue « répression », elle fait semblant de ne pas voir les actes de violence commis par des éléments contre-révolutionnaires à Cuba, qui sont allés jusqu’à caillasser une clinique pédiatrique… Des procédés qu’on estime scandaleux lorsqu’ils sont utilisés par les supporters de Trump aux USA ou par Cambridge Analytica, deviennent tout à coup « normaux » lorsqu’ils sont utilisés contre Cuba.

 

Malheureusement, certains qui se disent de gauche, voire même révolutionnaires, ne font pas preuve de la solidarité qu’il faudrait avec Cuba en ces heures difficiles, et déchoient jusqu’à prendre fait et cause pour la soi-disant « révolte du peuple » contre la direction du Parti et de l’État. Certains vont même jusqu’à remettre en cause le caractère socialiste de Cuba. Passe encore pour des militants d’une gauche réformiste dont l’horizon politique ne va pas au-delà d’une amélioration limitée du capitalisme. Mais que dire de celles et ceux qui se prétendent marxistes et révolutionnaires – généralement issus de la mouvance trotskiste (pas tous les trotskistes, je précise) – qui vont pourtant jusqu’à reprendre à leur compte tout ou partie de la propagande impérialiste contre la Révolution cubaine ? Leur attitude est lamentable, et, bien que je ne souhaite pas perdre de temps en polémique, il faut pourtant en dire quelques mots. Il s’agit typiquement de l’attitude faussement révolutionnaire d’un certain trotskisme : toujours pour la révolution en théorie, toujours contre en pratique. Une barricade n’a que deux côtés. Celles et ceux qui refusent de soutenir la Révolution cubaine et le Parti communiste de Cuba, aussi « révolutionnaires » qu’ils puissent se prétendre en paroles, sont objectivement dans le camp de l’impérialisme, des partisans de la restauration du capitalisme, dans le même camp que la CIA.

 

Certes, Cuba connaît des difficultés et des contradictions réelles, et il n’est que trop facile de critique d’un point de vue de « gauche » les imperfections réelles du socialisme cubain, pour se donner un verni « ultra-révolutionnaire ». Il est tout aussi facile de critiquer le gouvernement cubain pour les pénuries, une critique purement verbale et démagogique, sans qu’il soit jamais clair ce que ces gens proposent que le gouvernement cubain devrait faire, et sans qu’ils n’en aient sans doute la moindre traître idée. Toute leur critique se réduit au fond à dire que le socialisme cubain n’est pas ce qu’il devrait être, si tant est que c’est du socialisme…pour la bonne et simple raison à ce qu’il ne correspond pas à leur définition purement abstraite de ce que le socialisme devrait être, une définition élaborée a priori, sans étudier la réalité cubaine et ses possibilités, ce qui ne les intéresse absolument pas. Il s’agit là d’une approche idéaliste, qui n’a rien de marxiste, quel que soit le nombre de citations des classiques du marxisme qu’ils peuvent aligner. La réalité apparaît certes toujours décevante quand on la mesure à l’idéal ; mais la perfection n’existe pas en ce bas monde. Le marxisme exige de partir des contradictions réelles du capitalisme pour tracer la voie vers le socialisme, des contradictions réelles du socialisme pour l’améliorer, et n’a que faire des élucubrations inventées par des révolutionnaires de salon.

 

Quant à l’ouverture au marché, il s’agit d’une question complexe. Je dirai simplement que la transition du capitalisme au communisme, en quoi consiste précisément le socialisme – car le socialisme est à la fois un mode de production en un sens autonome et une phase de transition –, représente une longue période historique, pendant laquelle des éléments hérités du passés et ceux annonçant l’avenir, des éléments issus du capitalisme et d’autres qui préfigurent le communisme, coexistent en se combattant. Ce serait une simplification coupée de la réalité que d’imaginer cette transition comme simple et linéaire, et dogmatisme sectaire que de prendre toute discontinuité pour un pour un renoncement à l’objectif final, tout pas en arrière temporaire pour une trahison. Il peut être prématuré de vouloir abolir d’emblée tout élément de marché, tout élément non socialiste. Un pays économiquement peu développé ne peut instaurer d’emblée un socialisme développé. Le faire pourrait même être contre-productif. Et un petit pays comme Cuba, qui n’est pas doté de toutes les ressources naturelles dont il aurait besoin, ne peut vivre en autarcie. Difficile de faire autrement que de s’ouvrir partiellement au marché sur une planète où il n’y a plus de système d’États socialistes. Certes, une ouverture au marché, le rétablissement de la propriété privée dans certains domaines, implique de faire revivre des éléments non-socialistes, qui pourraient devenir, dans certaines conditions, une base pour la restauration du capitalisme. Le rapport du camarade Raoul Castro au VIIIème Congrès du PCC montre que les communistes cubains sont bien conscients de cet état de fait. Mais justement, le PCC en est conscient, et sait où passe la ligne rouge. Il est vrai aussi que l’actualisation du modèle économique à Cuba nécessite des mesures pas toujours faciles, ce d’autant plus que ces réformes doivent se faire dans les conditions hostiles du blocus, et qui peuvent occasionner du mécontentement. Des erreurs peuvent à l’occasion être commises, comme le camarade Raoul Castro le dit lui-même. Le but de ces mesures toutefois, est d’accroître la productivité, l’efficacité de l’économie cubaine, pour au final réduire les pénuries et répondre mieux aux besoins de toutes et tous. Les mesures à prendre pour accroître la productivité sous le socialisme ne sont pas toujours simples, mais elles doivent être prises, car elles le sont pour le bien de toutes et tous, pour une plus grande justice sociale, et n’ont en tout cas rien à voir avec les « réformes » qui sont imposées aux peuples sous le capitalisme. Le Parti et le peuple à Cuba ne veulent en aucun cas renoncer au socialisme, ce qui implique la propriété du peuple entier sur les principaux moyens de production.

 

Cuba reste et restera un phare du socialisme pour le monde entier, qui a plus que jamais besoin du soutien, d’une solidarité sans failles de tous les anti-impérialistes et de tous les révolutionnaires authentiques, partout sur la planète. Le Parti du Travail ne renoncera jamais à son devoir de solidarité internationaliste.

19 novembre 2020

Le peuple chilien brise les chaînes de la constitution de Pinochet

 



Le 4 novembre 1970, Salvador Allende était élu président du Chili. Le début de ce qui aurait pu être une expérience de construction du socialisme par la voie pacifique et démocratique, tout en s’appuyant sur les luttes populaires. Trois ans plus tard, le président Allende était renversé par un coup d’Etat réactionnaire, organisé par le commandement militaire chilien, sous les auspices des USA. Commençait alors la longue nuit de la dictature du général Augusto Pinochet.

 

Ce que le grand public connaît moins, c’est que cette dictature assassine fut aussi le premier gouvernement au monde à imposer les recettes empoisonnées du néolibéralisme, des recettes qui ne pouvaient précisément alors, avant la grande vague réactionnaire des années 80-90, être imposées à un peuple que par la contrainte du despotisme. Les grands idéologues du néolibéralisme soutinrent ardemment la dictature de Pinochet. Milton Friedman travailla pour ce régime.

 

Friedrich Von Hayek déclarait dans une interview donnée au journal chilien Mercurio, en 1981 :

 

« Je suis complètement contre les dictatures comme solutions pour le long terme. Mais parfois une dictature peut être nécessaire pour une période de transition. A certains moments, un pays peut éprouver le besoin d’un gouvernement dictatorial. Vous comprenez qu’un dictateur peut régner d’une façon libérale tout comme un démocrate peut régner d’une façon non-libérale. Personnellement je préfère un dictateur libéral à un régime démocratique sans libéralisme... »

 

On se demande pourquoi le PLR, tout acquis à la pensée de Von Hayek et de Friedman, n’est pas fier de se réclamer de ce grand « dictateur libéral »…

 

Avant de quitter le pouvoir et de permettre un « retour à la démocratie », Pinochet imposa à son peuple, en 1980, une constitution qui grave le néolibéralisme dans le marbre, et qui est toujours en vigueur aujourd’hui. Une constitution qui limite drastiquement l’action sociale de l’Etat (pas l’action policière évidemment), et laisse largement entre les mains du privé – qui est, n’en déplaise aux libéraux, plus cher, et beaucoup moins efficace que le public – des domaines comme l’éducation, la santé et les retraites.

 

Sauf que ce ne sera bientôt plus le cas. Ce 25 octobre 2020, le peuple chilien s’est prononcé, à 77,65% des voix, pour une nouvelle constitution. La rédaction de celle-ci sera confiée à une Convention constituante, composée de citoyens élus à cet effet, sur une base paritaire.

 

Ce changement ne fut aucune concédé par la bourgeoisie chilienne. Il fut arraché par le peuple, après des mobilisations de masse durant plusieurs mois, à partir de la grande révolte du 25 octobre 2019, contre le président de droite Sebastian Piñera et sa politique néolibérale, après des décennies de luttes difficiles et courageuses de la classe ouvrière, des peuples autochtones, des femmes, des étudiants…des luttes pour sortir d’un régime néolibéral et extractiviste, qui exploite aussi brutalement l’humain que la nature. La détermination du peuple a pu venir à bout de la répression brutale utilisée par un régime qui est le digne successeur de la dictature de Pinochet : le régime de Piñera n’a en effet pas hésité devant l’usage de la torture, le fait de tirer à balles réelles, ni de tenter de disperser les manifestations avec de la soude caustique.

 

Le peuple chilien a prouvé une nouvelle fois que la lutte vient à bout de toutes les réactions et de toutes les dictatures. L’élection de la Convention constituante ouvre la possibilité d’une rupture avec l’héritage sinistre de Pinochet, de la rédaction d’une constitution démocratique et de progrès social. Ce n’est qu’en restant vigilant, en ne baissant jamais les bras, et ne cessant jamais la lutte que le peuplr pourra être sûr de ne pas être dépossédé de sa victoire.

 

Le peuple chilien a enfoncé un clou dans le cercueil de l’héritage politique de Pinochet avec son vote. C’est un jour véritablement historique, dont la portée ne peut être sous-estimée. Pour enterrer, totalement et définitivement, cet héritage de sinistre mémoire, au Chili et partout sur la planète, il convient également de se débarrasser de celui de ses inspirateurs, les idéologues du néolibéralisme. Et surtout, reprendre l’élan que son coup d’Etat est venu briser : la rupture avec le capitalisme, l’édification du socialisme. Ce n’est que lorsque le capitalisme aura laissé partout place à une nouvelle société socialiste sur la Terre, qu’Augusto Pinochet, Friedrich Von Hayek et Milton Friedman appartiendront définitivement au passé.

07 septembre 2020

A bas la junte fasciste qui usurpe le pouvoir en Bolivie !



Nos médias bourgeois, d’habitude si empressés de soutenir les « peuples » qui se soulèvent contre les « dictateurs » au nom de la « démocratie » et de la « liberté », sont étonnement (enfin, pas tant que cela) muets depuis plusieurs mois sur ce qui se passe dans l’Etat plurinational de Bolivie. Pourtant, la situation de ce pays d’Amérique latine correspond bien au petit schéma ci-dessus. Alors, pourquoi ce silence ? C’est que, il y a un tout petit détail, mais qui a toute son importance : c’est que le gouvernement de facto qui usurpe le pouvoir en Bolivie a été installé suite à un coup d’Etat soutenu par les USA, et qu’il jouit du soutien des Etats occidentaux. Ce régime n’est donc pas une dictature. Circulez, il n’y a rien à voir !

Un coup d’Etat d’extrême-droite

Rappelons donc brièvement les faits. Le 20 octobre 2019, le président de l’Etat plurinational de Bolivie, Evo Morales, du MAS (Mouvement vers le socialisme), était réélu dès le premier tour pour un nouveau mandat. Mais sa réélection est contestée par une opposition de droite extrêmement virulente, sur la base d’un rapport de l’Organisation des Etats américains (une officine contrôlée par les USA), faisant acte de fraude présumée. Par la suite, après le coup d’Etat, l’OEA a dû reconnaître qu’il n’y a eu aucune fraude, et que donc son rapport était mensonger. Après des semaines de violence, d’agressions fascistes contre des militants du MAS et des autochtones, après que des factieux galonnés à la tête de l’armée et de la police, traîtres à leur pays et à leur serment, aient pris fait et cause pour l’insurrection, Evo Morales fut contrait de démissionner le 10 novembre, et de partir en exil.

Dans ce chaos, Jeanine Añez, vice-présidente du Sénat, s’est autoproclamée, devant ses partisans au parlement (pas assez nombreux pour atteindre le quorum), présidente ad interim. Au fait, elle est membre Mouvement Démocrate Social – un parti d’extrême-droite, comme son nom ne l’indique pas – qui représente…4% des voix. Mais peu importe la légalité, elle rentrait fièrement au palais présidentiel, Bible à la main, proclamant que son coup d’Etat était un « acte de foi », et que Dieu allait retrouver sa place au sommet de la Bolivie. Un gouvernement illégitime s’installait au pouvoir.

Le Dieu de Mme Añez est celui des conquistadores, au nom duquel ils perpétrèrent un véritable génocide en Amérique du Sud, réduisant les survivants en esclavage, les exploitant sans merci pour le bénéfice de la couronne espagnole. Après l’indépendance, les descendants des colons ont maintenu ce régime colonial. Le but du gouvernement putschiste est de rétablir l’Etat colonial auquel Evo Morales avait mis fin. Le ciment idéologique du régime putschiste et de sa base sociale (puisqu’il en a quand même une) c’est le racisme décomplexé, le suprématisme blanc, l’idéologie coloniale. La dictatrice Añez a bien exprimé le programme de son gouvernement au début de l’année : « Nous ne permettrons pas que les sauvages recommencent à gouverner ».

Pour bien comprendre de quoi l’on parle, nous citerons quelques extraits du reportage de Maëlle Mariette, « En Bolivie, sur la route avec l’élite de Santa Cruz », paru dans le numéro de juillet 2020 du Monde Diplomatique. Santa Cruz est le département le plus riche de Bolivie, fief de la base sociale du gouvernement de facto. Maëlle Mariette y décrit une bourgeoisie blanche de Santa Cruz se distinguant par une idéologie néolibérale et viscéralement raciste, haïssant tant le socialisme et les politiques de progrès social du MAS, qui l’ont forcé à partager un tout petit peu ses richesses acquises à la sueur du front des travailleurs, que les autochtones, qu’elle méprise, les considérant comme des sauvages, des primitifs, voire des animaux, dont toutes les exigences sont injustifiées, et qui n’ont qu’à ployer l’échine devant leurs maîtres naturels. A la chute du Troisième Reich, beaucoup de nazis ont fui en Bolivie, où existait déjà une importante diaspora locale. L’extrême-droite locale a bien intégré cette culture politique là…

Lisons ce qu’écrit Maëlle Mariette sur le bras armé du nouveau régime tout d’abord, nouvel avatar des chemises noires et qui agissent comme tels, les mains rouges de sang des indiens, et tout particulièrement des adversaires politiques de la junte au pouvoir :

« L’Union de la jeunesse crucéniste dispose de locaux au sein du comité. Ses militants se retrouvent au fond de la cour, au premier étage, sous une climatisation glaciale et sur un sol jonché de mégots. Ils sont près de trois cents, âgés de moins de 30 ans, blancs, souvent étudiants et issus des classes moyennes et supérieures (quoique les membres des classes populaires soient de plus en plus nombreux). Ici, on ne rechigne pas à faire le salut fasciste, bras tendu, lors des réunions : considérée comme un groupe paramilitaire par la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH), l’Union de la jeunesse crucéniste a été fondée en 1957 par Carlos Valverde Barbery, dirigeant, de la Phalange socialiste bolivienne, créée vingt ans plus tôt sur le modèle des brigades franquistes en Espagne. Etre phalangiste demeure une condition pour rejoindre l’Union de la jeunesse crucéniste, comme nous le confirmera plus tard M. Gary Prado Araùz, avocat en vue de la ville ».

La mentalité des partisans du régime Añez est aussi édifiante. On croirait retrouver l’Afrique du Sud du temps de l’apartheid :

« Dans la BMW qui nous y conduit, les deux frères sont très enthousiastes à l’idée de nous faire découvrir « leur Santa Cruz », auquel ils se sentent profondément attachés. « Les collas sont une race spéciale, tu vois. Ils sont paresseux et ignorants. Ils attendent que les aides tombent. Ils n’ont jamais été de l’avant. Moi, j’ai toujours fait en sorte que mes enfants ne fréquentent pas de pauvres pour qu’ils ne deviennent pas paresseux. Je veux qu’ils baignent dans l’odeur de l’argent pour prendre goût. Qu’ils apprennent des gens qui ont réussi et qui travaillent, car la richesse attire la richesse ».

Ou encore l’extrait suivant :

« A mi-chemin, nous passons par la ville de San Julìan, sortie de terre il y a trente ans, dont la plupart des 48'000 habitants sont des colons, des paysans indiens ayant migré depuis l’intérieur du pays. « Cette jungle », comme l’appellent les deux frères, est « un exemple de l’invasion colla », dont sont victimes les Crucéniens. « Ces sauvages nous jettent des pierres lorsqu’on traverse le village en voiture. En plus de nous avoir envahi, ils nous frappent et parfois nous tuent. Il faut se séparer de ces fous », expliquent ces partisans d’une autonomie de la région. Alors que nous traversons l’endroit sans encombre et croisons plusieurs femmes coiffées de tresses et de jupes bouffantes traditionnelles de l’Altiplano, le frère du médecin commente : « Ils n’ont rien à faire ici, ils ne sont pas adaptés au milieu. Par exemple, les animaux ; en hiver, ils ont plus de poils ; c’est ça s’adapter à son milieu. Eux, ils ont chaud, ils transpirent et ils puent ».

Ou encore, lorsque Maëlle Mariette demande à ses contacts qu’est-ce que l’identité crucénienne :

« Après quelques minutes de réflexion, M. Herland Vaca Diez Busch répond à notre question en citant de mémoire un passage de…Mein Kampf. Pensant avoir mal compris, nous lui demandons : « Le livre d’Adolf Hitler ? » « Bien sûr, nous répond-il, c’est un classique ! Tu connais ? »

Et c’est cette racaille fasciste là que soutiennent les gouvernements « démocratiques » occidentaux, et sur laquelle nos médias bourgeois gardent pudiquement le silence !

Gabegie sanitaire et terreur fasciste

Le gouvernement de Jeanine Añez, autoproclamé, et officiellement seulement ad intérim, s’est pourtant mis à agir non seulement comme s’il était le gouvernement légitime, mais comme une véritable dictature. Avec pour objectif de démanteler toute l’œuvre d’Evo Morales et du MAS, de tous les acquis des luttes du peuple bolivien. En commençant par le changement des alliances : rétablissement des relations avec les USA et Israël, reconnaissance de Juan Guaido comme président du Venezuela, rupture avec Cuba…ce alors que de telles décisions ne sont absolument pas du ressort d’un gouvernement de transition.

Au plan économique, le programme du gouvernement de facto est la restauration forcée du néolibéralisme, le démantèlement des acquis sociaux, l’affaiblissement de la monnaie nationale, l’appel au FMI pour pouvoir ensuite faire subir au peuple un plan d’ajustement structurel, la privatisation des ressources naturelles, dont le gaz et le lithium, pour l’instant toujours en mains publiques. A propos du lithium, indispensable pour les batteries des voitures électriques, Elon Musk, en réponse à un tweet le prenant à partie par rapport au coup d’Etat, avait répondu « Nous renversons qui nous voulons, accommodez-vous en ». Avant d’effacer, d’essayer de noyer le poisson et de tout tourner à l’humour, mais c’était un peu tard.

La pandémie du COVID-19 a encore aggravé la situation. Au début, le gouvernement a nié le problème, à la Bolsonaro, Mme Añez se contentant de conseiller à ces concitoyens de « prier ». Très efficace…Ensuite, le gouvernement a fini par ordonner un confinement, quand la situation épidémiologique était déjà incontrôlable, mais sans aucune indemnisation, aucune allocation pour perte de gain, sans même de distributions alimentaires, plongeant le pays dans la misère et la famine. Qui plus, le gouvernement a eu la mauvaise idée d’expulser du jour au lendemain les médecins cubains, désorganisant complètement le système sanitaire, au prix de milliers de morts. Le ministre de la santé a néanmoins trouvée le temps de tremper dans une affaire d’achat de respirateurs scandaleusement surfacturés, et qui plus est inadptés pour les soins intensifs. L’affaire n’est pas si étonnante, tant le gouvernement a sombré dans le népotisme et la corruption.

Le bilan social et économique du gouvernement putschiste est déplorable : à cause de sa politique et de sa gestion de la pandémie, 1 Bolivien sur 3 souffre aujourd’hui de la faim, 4 sur 10 sont au chômage, et 6 sur 10 travaillent dans la ventre informelle. La construction, le textile, la bijouterie, les restaurants, les commerces…tous ces secteurs se sont véritablement effondrés, laissant des milliers de personnes sans emploi et sans revenu. Malgré cette situation catastrophique, le gouvernement  refuse d’entériner une loi, pourtant votée par le parlement, prévoyant des « bons contre la faim » (indemnisation pour tous les Boliviens, versée une seule fois, pour pallier à la perte de revenu du fait du confinement), et ce alors que les moyens existent, exigeant du parlement qu’il accepte d’abord une demande de crédit auprès du FMI, malgré les inévitables conditions draconiennes auquel celui-ci sera assorti. (Sourcehttps://plurinacional.info/…/anez-otorga-millones-a-banque…/)

Sans légitimité démocratique (la dictature bolivienne n’ayant de « démocratique » que d’être à la botte des USA), instaurée contre le peuple, le régime de Jeanine Añez n’a de solution pour se maintenir, et imposer ses politiques réactionnaires, que la terreur fasciste. L’épidémie était le prétexte parfait pour affaiblir les droits démocratiques. La surpopulation carcérale a explosé, et les prisonniers politiques se multiplient. Au moins 35 personnes ont été massacrées, et 833 blessée par la police ou les milices fascistes liées au régime, qui non seulement commettent leurs crimes en toute impunité, mais sont ouvertement soutenues par la junte.

L’extrait suivant, provenant d’Amnesty international (pas particulièrement pro-MAS) illustre bien la situation de la Bolivie sous la dictature d’Añez : « Les événements qui ont eu lieu en novembre 2019 à Sacaba et à Senkata, où au moins 18 personnes ont été tuées par balle, sont emblématiques de cette crise. Les témoignages et les éléments de preuve qui ont été réunis représentent de forts indices d’un usage disproportionné et inutile de la force de la part de la police nationale et de l’armée, mais les autorités compétentes n’ont pas fait le nécessaire pour tirer au clair les circonstances de ces faits. L’organisation demande aux personnes candidates à l’élection présidentielle d’adopter les mesures nécessaires pour garantir des enquêtes indépendantes, impartiales et urgentes afin d’empêcher la pérennisation de l’impunité. »


Pour ne pas perdre les élections…ne pas en organiser

Légalement, le gouvernement de facto n’avait le droit que de faire deux choses : organiser de nouvelles élections et gérer les affaires courantes.  Des affaires courantes, nous avons vu à quel point il en a fait une interprétation extensible. Pour ce qui est des élections, le problème est embêtant : les parti de Mme Añez ne pesait déjà que 4% des voix avant. Le coup d’Etat, et la gestion tyrannique, arbitraire et calamiteuse des affaires publiques n’a pas rendu les putschistes particulièrement populaires en dehors de leur base sociale réactionnaire et raciste traditionnelle, c’est le moins que l’on puisse dire. Et la droite bolivienne, déjà minoritaire dans le pays, ne s’est pas rassemblée derrière Mme Añez. Aussi, il ne faisait aucun doute que, si des élections libres et transparentes avaient lieu, elles seraient remportées par le MAS.

Mais à quoi bon avoir fait un coup d’Etat si c’est pour rendre le pouvoir à ceux qu’on en a chassé ? Comme par enchantement, tous les prétextes légalistes invoqués hier contre Evo Morales sont vite oubliés. Alors comment faire pour ne pas perdre les élections ? Ne pas en organiser, et se maintenir de cette façon au pouvoir ! Cela fait maintenant presque une année que le coup d’Etat a eu lieu, et il n’y a toujours pas eu d’élections. Celles-ci étaient prévues en mars, puis en mai, puis en juin... La pandémie du COVID-19 a fourni le prétexte rêvé pour les repousser. Les élections devaient finalement avoir lieu le 6 septembre, mais le gouvernement décida de les renvoyer une nouvelle fois, prétextant, de nouveau, la pandémie.

Mais plus personne n’y croit. Déjà parce que l’épidémie n’est pas près de disparaître, et qu’il n’est pas possible de repousser indéfiniment les élections. Ensuite, parce que le gouvernement putschiste est moins légitime que quiconque pour utiliser cet argument, étant entièrement responsable de la catastrophe sanitaire que vit la Bolivie. Enfin, parce qu’il est clair, que la seule vraie raison pourquoi le gouvernement repousse les élections à chaque fois, s’enfonçant toujours plus dans l’illégalité et l’arbitraire, c’est qu’il est sûr qu’il les perdrait. Alors il essaye à chaque fois de retarder l’échéance, de gagner du temps, et d’affaiblir le MAS par des persécutions judiciaires et policières, par d’absurdes et grotesques procédures pénales contre Evo Morales, contre Luis Arce et David Choquehuanca, candidats respectivement à la présidence et à la vice-présidence pour le MAS…pour terrorisme, délit contre la santé et génocide. Rien que ça ! L’idéologie génocidaire des conquistadores ne semble en revanche pas trop les gêner…

Lutte courageuse du peuple bolivien contre le gouvernement illégitime

Mais cette fois, c’en était trop. Les protestations n’avaient jamais cessé depuis le coup d’Etat, mais cette fois la colère du peuple a explosé. Des manifestations massives ont éclaté, suivies, dès le 3 août, d’une grève générale organisée par la COB (Centrale ouvrière bolivienne), les syndicats, le MAS, les mouvements sociaux et les peuples autochtones. Les rues se sont hérissées de barricades et les grandes routes de barrages, qui ne laissaient passer que les ambulances. La principale revendication des manifestants étant le maintien des élections à la date prévue, le 6 septembre.

Aux justes revendications du peuple, le gouvernement a répondu par la violence. La police a été envoyée pour déloger les barrages par la violence. Des bandes armées fascistes ont attaqué les grévistes, avec non seulement la complicité, mais le soutien déclaré de la dictatrice Añez. Arturo Murillo, ministre de l’intérieur du gouvernement de facto a déclaré à CNN le 10 août à propos des grévistes qui tiennent les barrages routiers, que « leur mettre une balle dans la tête serait politiquement correct ». La junte fasciste est bel et bien prête à faire couler le sang pour continuer à usurper le pouvoir. Le gouvernement a également lancé des poursuites pénales contre Evo Morales, Luis Arce, David Choquehuanca et Carlos Huarachi (dirigeant de la COB) pour « terrorisme, génocide et délit contre la santé » (rien que ça !), les accusant de bloquer les ambulances et les camions transportant de l’oxygène pour les hôpitaux (ce qui est faux, les barrages sont ouverts pour les ambulances) et d’être responsables ainsi des morts du COVID (alors que le premier responsable de la catastrophe sanitaire est le gouvernement lui-même). La télévision et la presse bourgeoise ont calomnié sans relâche les manifestants, les dépeignant comme des sauvages ne cherchant qu’à semer le chaos en pleine pandémie. Mais ni la violence, ni la calomnie ne pouvaient briser le mouvement populaire, et des groupes armés, liés au MAS, ont commencé à se former pour répondre comme il se doit à la violence fasciste.

Alors que la situation lui échappait, le gouvernement, pris de peur, a tenté un recul. Il a voulu organiser un « dialogue national ». Mais c’était trop tard. La junte n’avait plus aucune légitimité, ni ne bénéficiait plus d’aucune confiance. Seuls ses partisans participèrent à ce pseudo-dialogue. Le MAS et la COB, et même une partie de la droite, le boycottèrent, exigeant le maintien des élections, sans aucune condition.

Le Tribunal électoral suprême a fixé définitivement les élections au 18 octobre, celles-ci ne pouvant plus être reportées. Mais cela n’a guère apaisé les tensions. Le peuple n’a plus aucune confiance, ni dans le fait que les élections auront bien lieu à la date prévue – des nervis à la solde du gouvernement chercheraient à en forcer encore une fois le report –, ni dans le fait qu’elles seront effectivement libres et transparentes. De fait, la junte a montré qu’elle est prête à tout, et n’a aucun égard pour la loi. Les manifestants ne réclament désormais plus seulement le maintien des élections, mais aussi la destitution d’Añez et de son gouvernement illégitime…


Le peuple bolivien n’a que trop raison de se révolter. Face à un gouvernement qui viole les droits du peuple, l’insurrection est le plus sacré des droits, et le plus indispensable des devoirs. Ce peuple a besoin, et mérite toute notre solidarité, tout notre soutien. Il n’est que trop temps que la clique fasciste qui usurpe le pouvoir en Bolivie et son idéologie putride rejoignent enfin leur vraie place, dans les poubelles de l’histoire – par ailleurs, les responsables du coup d’Etat et des crimes qui s’en sont suivis doivent en répondre devant la justice – et que le peuple bolivien reprenne son destin en main, pour écrire de nouvelles pages de progrès démocratique et social.

21 août 2020

Appel pour le maintien des élections en Bolivie, 11.08.20



Je souhaite aujourd’hui, en ma qualité de président de la section cantonale genevoise du Parti Suisse du Travail à exprimer ma solidarité internationaliste avec le peuple bolivien qui lutte pour ses droits, et un appel ferme au gouvernement de facto à respecter ses engagements et à maintenir les élections à la date prévue.

J’avais signé le Manifeste pour de élections libres, justes et transparentes en l’Etat plurinational de Bolivie, dans le cadre d’une soutien internationaliste indéfectible au peuple bolivien, à mes camarades du MAS et au Processus du changement.

Ce soutien est d’autant plus un devoir aujourd’hui. Le coup d’Etat – car il faut bien appeler les choses par leur nom – d’une clique fasciste et raciste qui usurpe aujourd’hui le pouvoir fut un jour noir pour la Bolivie, pour toute l’humanité progressiste. Ce gouvernement illégitime a remis en cause les acquis sociaux et démocratiques que le peuple Bolivien avait gagnés, instauré un régime de persécutions politiques contre les militants du MAS et tous ses opposants, fait régner les violences racistes contre les peuples autochtones. Il n’a que trop retardé des nouvelles élections – alors que les organiser était sa seule obligation.

La pandémie du COVID-19 ne saurait être une raison valable pour suspendre la démocratie. Un nouveau report des élections n’est qu’une misérable tentative d’un gouvernement illégitime de continuer à usurper le pouvoir. La gestion catastrophique de l’épidémie de la part de ce gouvernement le disqualifie pour utiliser ce prétexte, le mieux qu’il puisse faire pour combattre le virus c’est de quitter la scène le plus vite possible.

Le gouvernement putschiste n’a déjà usurpé le pouvoir que trop longtemps ! Ce gouvernement a déjà bien assez nui ! Les élections doivent avoir lieu à la date prévue, le 6 septembre, être libres et transparentes, dans le respect des droits démocratiques, ce qui exige la cessation immédiate et inconditionnel des persécutions du gouvernement illégitime contre ses opposants.

Le peuple bolivien est déterminé à ne pas se laisser faire face à ce nouveau coup de force de la part du gouvernement illégitime. Les syndicats et les mouvements sociaux ont entamé une grande grève illimitée pour exiger le maintien des élections et la destitution du gouvernement de facto. Des axes routiers sont bloqués par des barrages, de nombreuses villes se hérissent de barricades. Face à ce juste soulèvement du peuple bolivien, la clique putschiste n’a qu’une seule réponse : la menace du recours à la force, par sa police, son armée, les bandes fasciste à son service.


Je souhaite exprimer aux grévistes mon entière solidarité. Lorsqu’un gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est le plus sacré des droits, et le plus indispensables des devoirs. Il n’est que grand temps que la clique fasciste qui usurpe le pouvoir en Bolivie aille rejoindre sa place dans les poubelles de l’histoire, et que le peuple bolivien reconquiert sa souveraineté, pour écrire de nouvelles pages de progrès démocratique et social.