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21 décembre 2021

Julian Assange, bouc émissaire des Etats-Unis

 

PROCÈS • Les défenseurs de la liberté, réunis autour de Joe Biden pour un Sommet pour la démocratie, poursuivent Julian Assange pour «crime» de journalisme.

 

Les USA de Joe Biden avaient réuni un « Sommet pour la démocratie » les 9 et 10 décembre. Celui-ci était sensé réunir les pays démocratiques de la planète, pour défendre les valeurs de la démocratie, partout menacées, contre leur principal ennemi, les régimes autoritaires. Plus que les discours creux d’un sommet qui a tourné à vide, c’est la liste des pays invités qui a suscité l’intérêt. Non seulement les USA se considèrent en droit de définir quel pays est démocratique et lequel ne l’est pas, mais cette définition recoupe en pratique…le fait d’être allié des USA. Certes, l’administration Biden n’a pas osé inviter des despotismes déclarés, comme les monarchies du Golfe, mais il n’a pas été question non plus de ces régimes, qui propagent pourtant une idéologie obscurantiste hostile à toute démocratie. Les grandes menaces désignées étaient la Chine et la Russie, qui se trouvent être des rivaux stratégiques des USA. Parmi les pays invités, par contre, se trouvaient les « démocraties » exemplaires que sont le Brésil de Jair Bolsonaro, les Philippines de Rodrigo Duterte, la Colombie d’Ivan Duque. La Bolivie n’est apparemment pas considérée comme une démocratie, mais, si la dictatrice fasciste Jeanine Añez avait conservé le pouvoir, ça aurait sans doute été différent… Et, provocation caractérisée, Taiwan figurait dans la liste, alors que cette île, que la Chine considère comme une province séparatiste, n’est officiellement reconnue, ni par l’ONU, ni par…les USA. Le ministère chinois des affaires étrangères n’a pas eu tort de dénoncer une démarche digne d’une nouvelle Guerre froide, et de qualifier la démocratie américaine d'"arme de destruction massive utilisée par les États-Unis pour s'ingérer dans les autres pays"

 

Mais, pendant que les chefs d’État « démocrates » rivalisaient de beaux discours, le 10 décembre, la Cour d’appel de la Haute Cour de justice d’Angleterre et du Pays de Galles a autorisé l’extradition de Julian Assange vers les USA. Journaliste, Julian Assange est surtout connu comme fondateur de WikiLeaks, organisation non-gouvernementale qui a publié des documents transmis par des lanceurs d’alerte, faisant état d’abus et de violation de droits humains de la part de différents États. Son seul « crime » est d’avoir rendu publics des documents classifiés émanant des USA, qui ont permis de documenter les crimes de guerres et les actes de torture de l’empire qui tyrannise aujourd’hui la planète. Aucun de ces criminels de guerre n’a été poursuivi, évidemment.

 

En représailles, les USA se sont livrés à un véritable acharnement judiciaire, l’accusant d’« espionnage » et exigeant son extradition, alors qu’on ne voit pas très bien en quoi ce citoyen australien devrait rendre des comptes à la justice étatsunienne. Est-ce que toute la planète serait devenu un territoire asservi de l’empire ? De 2012 à 2019, Julian Assange dut vivre refugié à l’ambassade de l’Équateur à Londres. Mais l’ancien président équatorien Lenin Moreno, qui porte si mal son prénom et qui trahit l’héritage de son prédécesseur, Rafael Correa, l’a livré à la « justice » britannique. Depuis, Julian Assange est détenu dans une prison de haute sécurité, à l’isolement total, dans des conditions proches de la torture psychologique, et qui ont gravement affecté sa santé. Les USA ont multiplié des recours malhonnêtes et des arguties abracadabrantesques pour obtenir son extradition. Le Royaume Uni vient de céder à la volonté de l’Empire, et d’accepter de lui livrer un homme dont le seul « crime » fut d’avoir été journaliste et d’avoir révélé la vérité.

 

La démocratie "ne connaît pas de frontière. Elle parle toutes les langues. Elle vit chez les militants anti-corruption, chez les défenseurs des droits humains, chez les journalistes", a pourtant dit Joe Biden à son sommet. Les journalistes qui travaillent pour les intérêts étatsuniens uniquement, était-il visiblement sous-entendu. Plus que les discours creux, ce sont les actes qui disent le mieux la contribution réelle des USA et du Royaume-Uni à la cause de la démocratie, de la liberté de la presse et des droits humains

07 juillet 2021

Les USA sous Joe Biden : un changement de cap ?

 



Si l’on en croit l’ex-président des USA, Donald Trump, son pays courrait droit à la catastrophe, car désormais « en mains socialistes ». Le Parti démocrate étatsunien serait devenu un parti de gauche, et on ne nous l’aurait pas dit ?

 

Sans atteindre à ce niveau d’élucubration, des personnalités, qui elles sont bien de gauche distribuent à Joe Biden des éloges immérités sur certaines de ses mesures politiques – comme son plan de relance ou sa campagne pour un taux minimal de taxation des multinationales au niveau mondial – attribuant aux dites mesures une portée qu’elles n’ont pas en réalité. Or, il importe d’être clair là-dessus : l’administration Biden est dans la continuité de la politique menée par les administrations précédentes, y compris de celle qu’elle a remplacé.

 

C’est devenu un lieu commun que de comparer Joe Biden avec Franklin Delano Roosevelt, démocrate et président des USA de 1933 et 1945, qui avait mis en place un vaste plan de relance d’inspiration keynésienne, le « New Deal », pour sortir de la Grande Dépression.

 

Cette comparaison est trop flatteuse. L’ampleur des politiques keynésiennes menées par Biden est loin d’atteindre celles du New Deal, sans parler des impôts qu’alors les plus riches ont dû consentir à payer. Toutefois Franklin Roosevelt n’était nullement un socialiste, et le keynésianisme n’a jamais eu vocation à être une pensée de gauche. Le but du New Deal était de sauver le capitalisme de sa propre crise, d’assurer la rentabilité du capital par l’intervention de l’État…dans l’intérêt du capital. Aujourd’hui que le capitalisme est de nouveau en crise, le retour au capitalisme monopoliste d’État répond aux mêmes nécessités et poursuit les mêmes objectifs. Il ne s’agit pas en soi d’une politique progressiste. Le mouvement avait d’ailleurs été déjà amorcé par Trump et son propre plan de relance…

 

Quant à la plus grande « inclusivité » de l’administration démocrate, rappelons que, à la frontière Sud des USA, les enfants sont toujours séparés de leurs parents et enfermés dans des cages…

 

Pour ce qui est de la politique étrangère des USA sous Joe Biden, non seulement elle est dans la continuité de son prédécesseur, mais bien plutôt dans son aggravation. Première puissance impérialiste mondiale, dont l’hégémonie est contestée, les USA sont de ce fait la première menace pour la paix mondiale et pour tous les peuples du monde en lutte pour leur libération. C’est toujours la même politique impériale, d’un empire sur le déclin et prêt à tout pour essayer de préserver ses positions, qui sera menée par l’actuelle administration.

 

Certains ont un peu vite qualifié l’infléchissement de la diplomatie étatsunienne sous Biden comme un retour au « multilatéralisme ». Quel multilatéralisme ? Certes, la politique étrangère du nouveau locataire de la Maison blanche est moins brouillonne, plus intelligente que celle de son prédécesseur. Mais elle poursuit exactement les mêmes objectifs…avec plus d’efficacité, ce qui la rend bien plus dangereuse.

 

Quant au parle de « multilatéralisme » à propos de la nouvelle administration étatsunienne, en pense généralement à l’« alliance des démocraties » prônée par l’actuel président des USA. C’est pourtant tout le contraire du multilatéralisme. Il s’agit en réalité tout simplement d’un remake du « monde libre », bloc agressif des puissances impérialistes occidentales sous hégémonies étatsunienne, engagée dans une nouvelle guerre froide contre la République populaire de Chine, qualifiée de « rival stratégique », et accessoirement contre la Fédération de Russie, et tous les États et peuples du monde qui, pour une raison ou une autre, ne veulent pas plier l’échine face à l’ordre impérial.

 

Une stratégie de guerre froide qui avait déjà été amorcée par Barack Obama, dont Biden fut le vice-président, et son « pivot vers l’Asie », et poursuivie avec acharnement par Donald Trump. Une stratégie qui n’a évidemment rien à voir avec les « valeurs », la « démocratie » ou les « droits humains ». Sinon, les USA ne fermeraient pas autant les yeux sur les crimes des régimes qui leur sont loyaux, et dont il serait trop long de faire la liste. Une stratégie qui constitue une menace directe pour tous les peuples du monde épris de liberté, et avec lesquels notre Parti est pleinement solidaire.

 

Rappelons qu’une lutte anti-impérialiste conséquente suppose de combattre avant tout son propre impérialisme. La Suisse n’a que trop prouvé qu’elle est objectivement à la botte des USA. Il faut savoir clairement choisir son camp. Le reste n’est qu’hypocrisie.

19 novembre 2020

La défaite de Donald Trump est une bonne nouvelle, mais…


 


Après plusieurs jours de suspense, Joe Biden est finalement élu président des USA. Il s’en est pourtant fallu de peu pour que Donald Trump ne soit réélu. Le président sortant a tout de même engrangé 47,5% des voix. Son rival gagne avec la marge étroite de 50,5%. Mais, selon le peu démocratique, peu logique et archaïque système électoral en vigueur aux USA, ce n’est pas la majorité du peuple qui décide réellement, et Joe Biden dispose d’une majorité au collège des Grands électeurs.

 

Tout n’est pas fini pour autant. Donald Trump crie à la fraude (sans la moindre preuve), refuse de reconnaître sa défaite et va contester les résultats devant les tribunaux. On se dirige vers une longue bataille judiciaire. Les supporters fanatisés, et parfois armés, de Trump se mobilisent en masse contre ce qu’ils pensent être un « vol » de « leur victoire ». On pourrait remarquer que ce qu’essaye de faire Trump – à savoir un coup d’Etat sur le principe, soit je gagne, soit les élections sont truquées, et alors j’exige leur invalidation – ressemble à s’y méprendre aux méthodes utilisées par les USA pour renverser les gouvernements qui leurs déplaisent, auxquelles les Démocrates ne trouvent rien à redire lorsqu’elles sont appliquées à l’étranger, mais qu’ils trouvent soudain tout à fait déplaisantes lorsqu’elles sont utilisées à leur détriment. Toutefois, il y a fort à parier que les gesticulations du président sortant ne donneront absolument rien. Presque tout le monde a d’ailleurs d’ores et déjà reconnu la victoire de Joe Biden.

 

Une défaite pour la réaction

 

Si le slogan « bonnet blanc, blanc bonnet » aurait été hors de propos pour ces élections, c’est que Trump ne représentait pas simplement la continuité de ses prédécesseurs en tant que fondés de pouvoir des grands monopoles, mais quelque chose de bien pire. Symptôme d’un système capitaliste pourrissant, et pour cette raison ultraréactionnaire, Trump en a grandement amplifié les tendances à la fascisation. Il a durci la politique migratoire xénophobe des USA à un point qui rendrait jaloux Christophe Blocher : mur à la frontière du Mexique, séparation des enfants d’avec leurs parents, enfermement dans des cages, limitation drastique des possibilité de migrer légalement aux USA…Il s’est attaqué aux droits des femmes et des LGBT. Il a flatté les suprémacistes blancs et encouragé la violence armée de groupuscules d’extrême-droite, couvant un embryon de chemises brunes. Il a fait du climatoscepticisme une idéologie d’Etat. Il a mené une politique au service exclusif de sa classe – démantèlement social et cadeaux fiscaux démentiels – n’oubliant pas d’utiliser abusivement sa fonction pour s’enrichir au passage. Par contre, son hypocrite sollicitude envers la classe ouvrière s’est révélée du vent, tout comme ses promesses d’ « assécher le marais » (de la corruption), phénomène qu’il a aggravé de façon éhontée.

 

Et, il importe d’insister là-dessus, Trump n’a nullement été un président « pacifique », encore moins un allié contre les élites (lesquelles exactement ?) ou le Nouvel ordre mondial (quoi que ce syntagme veuille dire). Il est désolant que les délires conspirationnistes du type Qanon aient un écho jusque chez des militants anti-impérialistes. Cette porosité n’illustre que trop bien hélas la confusion idéologique de notre époque, et nous rappelle qu’il ne saurait y avoir de compromis en matière d’idéologie. Trump, certes, n’a pas déclenché de nouvelle guerre, et a promis de retirer les troupes (de zones de conflit estimées non-prioritaires). Mais cela reflète plus l’affaiblissement d’un empire sur le déclin qu’une politique de paix. Par contre, il a soutenu le projet d’annexion, scandaleux et illégal, de la Cisjordanie par Israël, aggravé la guerre économique contre Cuba, contre le Venezuela, contribué au coup d’Etat en Bolivie…Sa politique unilatérale d’ « America First », sa rhétorique incendiaire contre l’Iran, sa stratégie de confrontation à outrance avec la Chine…tout cela ne rappelle que trop bien le Japon impérial qui claquait la porte de la SDN…

 

En outre, il convient de nuancer. La défaite de Donald Trump est toute relative. Certes, il n’est pas réélu, et cela change tout. Mais il a engrangé plus de suffrages qu’en 2016 (il n’avait alors pas non plus obtenu une majorité du peuple, seulement des Grands électeurs). Après quatre ans de mandat, non seulement le trumpisme ne s’est pas effondré, mais sa base sociale s’est même consolidée. S’il n’y avait eu sa gestion calamiteuse de l’épidémie du Covid-19, probablement aurait-il été réélu… Trump a semé abondamment des graines brunes, que sa non-réélection n’empêchera pas de germer.

 

Mais pas une victoire pour la gauche

 

Une opposition, pleinement justifiée, à Donald Trump et à ce qu’il représente, a conduit beaucoup de personnes aux convictions progressistes, aux USA et ailleurs, à souhaiter ardemment la victoire du candidat démocrate, et à se réjouir de sa victoire. Que Trump ne soit pas reconduit est une excellente chose, nous en convenons ; et soutenir Joe Biden face à lui se justifiait, nous n’en disconvenons pas. Parfois, le choix du moindre mal s’impose. Le fait en dit toutefois long sur le verrouillage anti-démocratique que constitue le système présidentiel allié au bipartisme…Toutefois, en choisissant le moindre mal, il importe de ne pas oublier qu’on choisit tout de même un mal.

 

Si une chose est sûre – nonobstant l’absurde propagande trumpiste visant à faire passer son adversaire pour un « socialiste » (mais, pour l’aile droite du Parti républicain, tout ce qui est un peu plus à gauche qu’elle est « socialiste ») – c’est que Joe Biden n’a jamais été un homme de gauche. Kamala Harris n’a jamais été une femme de gauche, d’ailleurs. Durant sa longue carrière politique, Joe Biden a voté pour les démantèlement social, a rédigé même le « Crime Bill » en 1994 – loi ultra-répressive responsable de l’incarcération massive de personnes issues de minorités –, soutenu le « Hyde Amendement » qui interdit l’utilisation de fonds fédéraux pour payer l’avortement…Bref, c’est un néolibéral, dont la conversion à l’antiracisme, au féminisme et à la défense des minorités est ambiguë et tardive. Kamala Harris, en tant que procureure de Californie, a mené une politique pénale très peu progressiste : toujours du côté de la police, prônant une application extrêmement dure de la loi envers la petite criminalité, envoyant massivement des Afro-américains en prison pour un oui ou pour un non, très peu zélée en revanche pour poursuivre la criminalité en col blanc. Elle a en outre des liens personnels plus que cordiaux avec les GAFAM. Elle a même reçu un téléphone de Jeff Bezos pour la féliciter de son élection…C’est dire quels intérêts elle défend réellement.

 

Certes, le candidat Biden a dû, pour avoir les suffrages de l’aile gauche du Parti démocrate, adapter son programme dans le sens de la justice sociale : salaire minimum fédéral de 15 $ de l’heure, congés maladie et familiaux payés, reprise du chantier d’une vraie assurance maladie obligatoire (avec une « option publique » comme alternative possible aux caisses privées), 1'300 $ d’investissements dans les infrastructures à titre de plan de relance, « Green new deal », hausse des impôts pour les plus riches et les grandes entreprises. Reste à voir ce qu’il restera de ces promesses, qui n’engagent que ceux qui les croient. Les Républicains pourraient d’ailleurs conserver une courte majorité au Sénat, et bloquer ainsi les projets de loi trop progressistes de la nouvelle administration. Si Joe Biden a réellement l’intention de tenir ses promesses électorales, et en aura le pouvoir, cela apportera un progrès social très tangible pour les classes populaires. C’est indéniable. Mais cela ne représenterait pas un changement radical non plus.

 

En outre, le progressisme éventuel de l’administration Biden-Harris s’arrêterait aux frontières des USA. La politique étrangère de l’Empire ne changera guère. Tout juste un impérialisme cynique et brutal sera-t-il remplacé par un impérialisme plus « poli » et plus « modéré » (dans la rhétorique). Les peuples qui en subissent l’oppression ne devraient guère sentir la différence. Biden avait d’ailleurs voté pour la guerre contre l’Irak de George W Bush, et activement soutenu toutes les guerres d’Obama. L’impérialisme démocrate est tout aussi belliciste et assassin que l’impérialisme républicain, fût-il récompensé par le prix Nobel de la paix.

 

Joe Biden déclarait dans une interview accordée au journal colombien El Tiempo :

 

« Les politiques de Trump n'ont pas réussi. Les dictateurs sont toujours au pouvoir à Cuba et au Venezuela. La répression des droits et la crise humanitaire ne font qu'empirer. Mon objectif sera de promouvoir et de réaliser la liberté des personnes vivant sous les régimes oppressifs dirigés par Maduro, Ortega et le régime cubain. Je défendrai les valeurs universelles de la démocratie et des droits de l'homme. Et, contrairement à Donald Trump, je protégerai les personnes qui fuient l'oppression de ces dictatures. » Nous pensons que tout autre commentaire est superflu.

 

L’espoir d’un vrai changement ?

 

L’espoir ne peut venir ni du progressisme libéral, encore moins de l’extrême-droite, mais d’une rupture avec cette fausse alternative. Une rupture qui ne peut se faire qu’à gauche. Or, 28 candidats du mouvement des Socialistes démocrates d’Amérique (sur 37) ont été élus au Congrès. Ils y seront sans doute en minorité, mais c’est tout de même une grande avancée.

 

L’idée du socialisme renaît aux USA, surtout dans la jeune génération. La chape de plomb maccarthyste est en train de disparaître. Ce lourd héritage idéologique, toutefois, ainsi que le verrouillage imposé par bipartisme, ont réduit les organisations politiques qui portent cette idéologie à la portion congrue. Des partis se réclamant du socialisme existent aux USA, dont le Parti communiste (CPUSA), mais n’arrivent à avoir des élus qu’à une échelle locale. Le renouveau de l’idée socialiste vient aujourd’hui d’un mouvement structuré à l’aile gauche du Parti démocrate. C’est sans doute un début, mais pour lutter efficacement et imposer une rupture avec le capitalisme, les travailleurs doivent s’organiser dans leur propre parti politique, indépendant de ceux de la bourgeoisie.

28 avril 2020

Le capitalisme mondialisé atteint d’un virus incurable



En quelques deux mois, nous avons vécu la montée de la pandémie du Covid-19, les premières demi-mesures et appels à la responsabilité individuelle du Conseil fédéral, vite  suivies de la mise en place d’un semi-confinement assez drastique (sans aller toutefois à arrêter toutes les activités non-essentielles). Les hôpitaux suisses ont néanmoins tenus le coup, et l’épidémie semble sur le recul. Le Conseil fédéral a dès lors tout aussi rapidement défini un plan d’assouplissement de ces mesures, échelonné dans le temps. Le calendrier est assez prudent, mais la réouverture des écoles et des magasins le 11 mai est clairement prématurée. L’épidémie n’a pas été endiguée, loin de là, et on sait qu’il y a toujours une deuxième vague. Le déconfinement précoce l’aggravera fatalement. Il est évident que ce calendrier est dicté par des considérations économiques plus que sanitaires.

En comparaison internationale, le bilan du Conseil fédéral n’est pas si mauvais. La plupart des pays capitalistes ont géré la crise sanitaire d’une manière erratique, ne prenant des mesures que tardivement, et cherchant avant tout à ne pas trop perturber l’ « économie ». Aux USA, des représentants du Parti Républicains ne se gênent pas pour dire qu’il ne faut prendre aucune mesure de confinement, et que les gens n’ont qu’à mourir du virus, pour le bien de l’ « économie » ! Le président Trump, dont la politique calamiteuse a mené à une catastrophe sanitaire, n’hésite pas à inciter ses partisans à manifester pour « libérer » les Etats où le gouverneur (démocrate) a mis en place des mesures de confinement. Qui répondent présents…fusils d’assaut à la main. Trump a également suggéré que l’on pourrait soigner le Covid-19 par injection de désinfectant, avant de revenir sur ses propos. Une firme d’eau de javel a été obligée de diffuser d’urgence une publicité expliquant qu’il ne faut en aucun cas ingérer son produit…

A contrario, le pays socialiste qu’est Cuba, malgré le blocus assassin qui l’étrangle depuis des décennies, répond présent à l’appel à l’aide de nombreux pays, dont l’Italie, un pays capitaliste développé et membre de l’UE (qu’aucun autre pays membre de l’UE n’a voulu aider). C’est que la solidarité internationale n’est pas un vain mot à Cuba. C’est par contre un mot que les eurocrates ne sauraient comprendre. Tous ces faits montrent bien les mérites comparatifs, et la différence morale irréductible qu’il y a, entre le capitalisme finissant et le socialisme.

Mais il faut commencer à envisager le « jour d’après ». Le fait est que le jour de juste après s’annonce sous les couleurs d’une crise économique d’une ampleur dévastatrice, bien pire qu’en 2008, jamais vue depuis 1929. En Suisse, le SECO prévoit une récession de 7%.

L’épidémie du Covid-19 ne suffit pas à expliquer l’ampleur de la crise économique imminente. Une mise en mode veille d’un mois ou deux des secteurs non essentiels de l’économie n’aurait pas représenté un problème majeur pour un système moins irrationnel que le capitalisme. Et même le capitalisme s’en tirerait bien mieux en temps « normal ». Le fait est que le capitalisme mondial était déjà en crise structurelle depuis des années. La croissance n’étant illusoirement et artificiellement maintenue que par la planche à billets. La pandémie n’a fait que précipiter l’inévitable. Or crise économique de grande ampleur signifie chômage de masse, misère pour les travailleurs, mesures d’austérité, politique réactionnaire sur toute la ligne, risque de guerre. La campagne antichinoise dans les hautes sphères des USA et de l’UE est un très mauvais présage…

Le capitalisme est un système à bout. Il ne peut plus être maintenu qu’à un coût social de plus en plus insupportable – sans parler des dégâts irréversibles infligés à l’environnement – pour le seul profit d’une infime minorité. Il n’est que trop temps d’en sortir, de changer la société. Un combat difficile, mais plus nécessaire et urgent que jamais. Un combat que nous devons remporter, car, comme le disait Jean Jaurès :


« Il faut l’effort lent et continu pour triompher ! Cependant la victoire est certaine, parce qu’il serait monstrueux et inadmissible que l’humanité ait pu concevoir un idéal de justice et qu’elle soit incapable de le réaliser. Cette faillite humaine ne se réalisera pas ! »

06 février 2017

Sans approuver en rien Trump, nous n’avons pourtant pas de quoi regretter Obama



Le discours réactionnaire et les premières mesures rétrogrades du nouveau président des USA, Donald Trump, ont eu pour effet de faire resurgir dans une partie de la gauche, parfois chez des militants sincères, une vague de nostalgie pour le règne de son prédécesseur, Barack Obama. L’auteur de ses lignes se souvient du phénomène, qu’il faut bien qualifier de psychose collective, de l’ « obamania », durant la première campagne présidentielle de Barack Obama en 2008. Des foules en extase, dont des militants de gauche normalement autrement plus lucides, n’étaient pas loin de percevoir Obama comme le nouveau messie…dont on ne sait trop quelle cause. Les beaux discours d’Obama faisaient perdre à des gens d’habitude intelligents leur sens critique. Obama pouvait ainsi être applaudi par un parterre de pacifistes hypnotisés en Allemagne…alors qu’il promettait de renforces la présence américaine dans le monde ! Un phénomène quant au fond inquiétant, un culte de la personnalité irrationnel, et qu’on aurait cru appartenir à un autre âge, ou du moins être réservé à des personnalités plus dignes d’un culte.

On voit aujourd’hui ressurgir comme une ombre de ce phénomène – peut-être compréhensible, mais bien moins excusable, désormais que Barack Obama a huit ans de bila derrière lui, de quoi le juger d’après ses actes et non d’après sa rhétorique. Or, il faut le dire, il ne fut d’aucune manière le merveilleux président progressiste et pacifiste que d’aucun fantasment. Comme ses prédécesseurs, et comme son successeur, Obama fut exactement ce qu’un président des USA est sensé être : l’homme du grand capital, de l’impérialisme et de la guerre.

Si son discours était bien plus présentable que celui de Georges W. Bush, et sa stratégie assurément moins aventureuse, Barack Obama n’a pas pour autant changé le système impérialiste qu’est celui des USA, et a continué la politique guerrière qui va avec : sous sa présidence, c’est un nombre record de bombes qui a été largué sur d’autres pays (50'000 rien qu’en 2015 et 2016…soit une toutes les 20 minutes !; combien de morts sous les bombes ?), 7 pays qui ont été bombardés par l’armée américaine, la Lybie transformée en champ de ruines, la « guerre contre le terrorisme » sans respect pour les droit international ni sans même tenir compte des victimes civiles a continué, les bombardements par drone multipliés par 9 par rapport à l’ère Bush (!), les ventes d’armes étatsuniennes ont battu tous les records, et la présence américaine dans le monde a été encore accrue – l’armée des USA est ainsi présente dans 138 pays, sur les quelques 200 pays souverains qui existent.

Quant aux discours xénophobes de Donald Trump, il ne faut pas oublier que Barack Obama est le président des USA sous le mandat duquel le nombre d’expulsions de mexicains a atteint un record. Quant au fameux mur…les premières clôtures à la frontière mexicaine furent érigées sous la présidence de Bill Clinton. Obama n’a pas, contrairement à toutes ses promesses, fermé Guantanamo ; et n’a pris aucune mesure concrète pour la levée du blocus contre Cuba. Sa politique en Amérique latine – de domination impériale et de soutien aux coups d’Etat contre les gouvernements un peu trop indépendants – était dans la continuité totale de celle de son prédécesseur. Et la politique de confrontation avec la Chine ? Initiée par Barack Obama dans le cadre du « pivot vers l’Asie ». Pendant ce temps, les inégalités, déjà abyssales, ont continué à se creuser aux USA mêmes, et les classes populaires ont vu leurs conditions de vie se détériorer, dans l’indifférence d’une administration démocrate au service exclusif des grands monopoles et acquis aux traités de libre-échange. Comment s’étonner dès lors que tant de travailleurs, en désespoir de cause, se sont laissés avoir par la sollicitude feinte et hypocrite de Donald Trump pour la classe ouvrière ?


Actuellement, le parti démocrate tente de canaliser les résistances à la nouvelle administration sous sa bannière, et celle de la nostalgie de l’ère Obama. Jouer le jeu serait fatal à tout mouvement populaire. Aucune solution en faveur des classes populaires ne viendra jamais du parti unique et biface du grand capital démocrate-républicain, seulement la politique qu’il est sensé mener, pour les grands monopoles et eux seuls. La bourgeoisie libérale n’a jamais été nulle part un rempart face au fascisme, mais toujours un marchepied. La solution ne peut venir que de la lutte, une lutte de classe sans concessions, contre tous les partis de la bourgeoisie, contre le capitalisme et l’impérialisme, pas en inventant des mérites imaginaires à un président pur produit du système impérialiste de son pays et au fond semblable à ses prédécesseurs. De même, on ne peut se débarrasser de l’impérialisme qu’en le combattant, pas en repeignant sa façade pour le rendre plus présentable.

09 décembre 2016

Discours prononcé lors du rassemblement du 01.12.16 en hommage à Fidel Castro




Chères et chers camarades,

Tout d’abord, je souhaiterais dire que c’est pour le Parti du Travail un honneur tout particulier que d’accueillir la présente commémoration dans nos locaux. Le Parti du Travail avait fait preuve envers la Révolution cubaine d’un soutien sans failles dès ses tous premiers jours et jusqu’à présent, de la même façon qu’il a soutenu tous les peuples en lutte pour leur libération et pour le socialisme. L’internationalisme a toujours fait partie de nos principes et c’est plus que jamais le cas aujourd’hui.

Avec la tragique disparition de Fidel, le mouvement communiste international a perdu l’un de ses membres les plus éminents. Fidel est à jamais entré dans l’histoire comme un grand révolutionnaire, qui aura dirigé une révolution victorieuse dans un petit pays situé aux portes mêmes de l’Empire, une révolution qui a réussi à y bâtir le socialisme et le défendre contre vents et marées, malgré toutes les tentatives de l’Empire de l’abattre, malgré un blocus criminel et assassin, qui aura tenu bon dans les circonstances les plus hostiles, et  dont les réalisations extraordinaires ne peuvent être sérieusement mis en doute par personne. Fidel nous aura aussi laissé – et ce jusqu’à ses derniers instants – nombre d’écrits remarquables de lucidité et de profondeur, et qui mériteraient d’être lus et étudiés avec attention.

Aujourd’hui, nous sommes là pour lui rendre un dernier hommage, mais aussi pour réaffirmer notre solidarité avec la Révolution cubaine et pour exiger la fin du blocus scandaleux et assassin mis en place par les USA, et qui, malgré les belles paroles de Barack Obama, est toujours en place. Nous nous insurgeons également contre les inadmissibles déclarations du nouveau président, élu mais pas encore entré en fonction, Donald Trump, qui se croit en droit de dicter ses conditions à un pays souverain. N’en déplaise à M. Trump, Cuba n’est pas une colonie des USA et ne le sera plus jamais.

La mort d’un révolutionnaire est toujours une perte douloureuse et irréparable, mais elle ne signifie pas pour autant la mort de la Révolution. La Révolution cubaine continuera son combat, tout comme nous continuerons à manifester notre solidarité avec elle.

Alexander Eniline