Le
discours réactionnaire et les premières mesures rétrogrades du nouveau
président des USA, Donald Trump, ont eu pour effet de faire resurgir dans une
partie de la gauche, parfois chez des militants sincères, une vague de
nostalgie pour le règne de son prédécesseur, Barack Obama. L’auteur de ses
lignes se souvient du phénomène, qu’il faut bien qualifier de psychose
collective, de l’ « obamania », durant la première campagne
présidentielle de Barack Obama en 2008. Des foules en extase, dont des
militants de gauche normalement autrement plus lucides, n’étaient pas loin de
percevoir Obama comme le nouveau messie…dont on ne sait trop quelle cause. Les
beaux discours d’Obama faisaient perdre à des gens d’habitude intelligents leur
sens critique. Obama pouvait ainsi être applaudi par un parterre de pacifistes
hypnotisés en Allemagne…alors qu’il promettait de renforces la présence
américaine dans le monde ! Un phénomène quant au fond inquiétant, un culte
de la personnalité irrationnel, et qu’on aurait cru appartenir à un autre âge,
ou du moins être réservé à des personnalités plus dignes d’un culte.
On
voit aujourd’hui ressurgir comme une ombre de ce phénomène – peut-être
compréhensible, mais bien moins excusable, désormais que Barack Obama a huit
ans de bila derrière lui, de quoi le juger d’après ses actes et non d’après sa
rhétorique. Or, il faut le dire, il ne fut d’aucune manière le merveilleux
président progressiste et pacifiste que d’aucun fantasment. Comme ses prédécesseurs,
et comme son successeur, Obama fut exactement ce qu’un président des USA est
sensé être : l’homme du grand capital, de l’impérialisme et de la guerre.
Si son discours était bien
plus présentable que celui de Georges W. Bush, et sa stratégie assurément moins
aventureuse, Barack Obama n’a pas pour autant changé le système impérialiste
qu’est celui des USA, et a continué la politique guerrière qui va avec :
sous sa présidence, c’est un nombre record de bombes qui a été largué sur
d’autres pays (50'000 rien qu’en 2015 et 2016…soit une toutes les 20
minutes !; combien de morts sous les bombes ?), 7 pays qui ont été
bombardés par l’armée américaine, la Lybie transformée en champ de ruines, la
« guerre contre le terrorisme » sans respect pour les droit international
ni sans même tenir compte des victimes civiles a continué, les bombardements
par drone multipliés par 9 par rapport à l’ère Bush (!), les ventes d’armes
étatsuniennes ont battu tous les records, et la présence américaine dans le
monde a été encore accrue – l’armée des USA est ainsi présente dans 138 pays,
sur les quelques 200 pays souverains qui existent.
Quant aux discours xénophobes de Donald Trump, il ne faut
pas oublier que Barack Obama est le président des USA sous le mandat duquel le
nombre d’expulsions de mexicains a atteint un record. Quant au fameux mur…les
premières clôtures à la frontière mexicaine furent érigées sous la présidence
de Bill Clinton. Obama n’a pas, contrairement à toutes ses promesses, fermé
Guantanamo ; et n’a pris aucune mesure concrète pour la levée du blocus
contre Cuba. Sa politique en Amérique latine – de domination impériale et de
soutien aux coups d’Etat contre les gouvernements un peu trop indépendants –
était dans la continuité totale de celle de son prédécesseur. Et la politique
de confrontation avec la Chine ? Initiée par Barack Obama dans le cadre du
« pivot vers l’Asie ». Pendant ce temps, les inégalités, déjà
abyssales, ont continué à se creuser aux USA mêmes, et les classes populaires
ont vu leurs conditions de vie se détériorer, dans l’indifférence d’une
administration démocrate au service exclusif des grands monopoles et acquis aux
traités de libre-échange. Comment s’étonner dès lors que tant de travailleurs,
en désespoir de cause, se sont laissés avoir par la sollicitude feinte et
hypocrite de Donald Trump pour la classe ouvrière ?
Actuellement,
le parti démocrate tente de canaliser les résistances à la nouvelle
administration sous sa bannière, et celle de la nostalgie de l’ère Obama. Jouer
le jeu serait fatal à tout mouvement populaire. Aucune solution en faveur des
classes populaires ne viendra jamais du parti unique et biface du grand capital
démocrate-républicain, seulement la politique qu’il est sensé mener, pour les
grands monopoles et eux seuls. La bourgeoisie libérale n’a jamais été nulle
part un rempart face au fascisme, mais toujours un marchepied. La solution ne
peut venir que de la lutte, une lutte de classe sans concessions, contre tous
les partis de la bourgeoisie, contre le capitalisme et l’impérialisme, pas en
inventant des mérites imaginaires à un président pur produit du système
impérialiste de son pays et au fond semblable à ses prédécesseurs. De même, on
ne peut se débarrasser de l’impérialisme qu’en le combattant, pas en repeignant
sa façade pour le rendre plus présentable.
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