07 juillet 2021

Les USA sous Joe Biden : un changement de cap ?

 



Si l’on en croit l’ex-président des USA, Donald Trump, son pays courrait droit à la catastrophe, car désormais « en mains socialistes ». Le Parti démocrate étatsunien serait devenu un parti de gauche, et on ne nous l’aurait pas dit ?

 

Sans atteindre à ce niveau d’élucubration, des personnalités, qui elles sont bien de gauche distribuent à Joe Biden des éloges immérités sur certaines de ses mesures politiques – comme son plan de relance ou sa campagne pour un taux minimal de taxation des multinationales au niveau mondial – attribuant aux dites mesures une portée qu’elles n’ont pas en réalité. Or, il importe d’être clair là-dessus : l’administration Biden est dans la continuité de la politique menée par les administrations précédentes, y compris de celle qu’elle a remplacé.

 

C’est devenu un lieu commun que de comparer Joe Biden avec Franklin Delano Roosevelt, démocrate et président des USA de 1933 et 1945, qui avait mis en place un vaste plan de relance d’inspiration keynésienne, le « New Deal », pour sortir de la Grande Dépression.

 

Cette comparaison est trop flatteuse. L’ampleur des politiques keynésiennes menées par Biden est loin d’atteindre celles du New Deal, sans parler des impôts qu’alors les plus riches ont dû consentir à payer. Toutefois Franklin Roosevelt n’était nullement un socialiste, et le keynésianisme n’a jamais eu vocation à être une pensée de gauche. Le but du New Deal était de sauver le capitalisme de sa propre crise, d’assurer la rentabilité du capital par l’intervention de l’État…dans l’intérêt du capital. Aujourd’hui que le capitalisme est de nouveau en crise, le retour au capitalisme monopoliste d’État répond aux mêmes nécessités et poursuit les mêmes objectifs. Il ne s’agit pas en soi d’une politique progressiste. Le mouvement avait d’ailleurs été déjà amorcé par Trump et son propre plan de relance…

 

Quant à la plus grande « inclusivité » de l’administration démocrate, rappelons que, à la frontière Sud des USA, les enfants sont toujours séparés de leurs parents et enfermés dans des cages…

 

Pour ce qui est de la politique étrangère des USA sous Joe Biden, non seulement elle est dans la continuité de son prédécesseur, mais bien plutôt dans son aggravation. Première puissance impérialiste mondiale, dont l’hégémonie est contestée, les USA sont de ce fait la première menace pour la paix mondiale et pour tous les peuples du monde en lutte pour leur libération. C’est toujours la même politique impériale, d’un empire sur le déclin et prêt à tout pour essayer de préserver ses positions, qui sera menée par l’actuelle administration.

 

Certains ont un peu vite qualifié l’infléchissement de la diplomatie étatsunienne sous Biden comme un retour au « multilatéralisme ». Quel multilatéralisme ? Certes, la politique étrangère du nouveau locataire de la Maison blanche est moins brouillonne, plus intelligente que celle de son prédécesseur. Mais elle poursuit exactement les mêmes objectifs…avec plus d’efficacité, ce qui la rend bien plus dangereuse.

 

Quant au parle de « multilatéralisme » à propos de la nouvelle administration étatsunienne, en pense généralement à l’« alliance des démocraties » prônée par l’actuel président des USA. C’est pourtant tout le contraire du multilatéralisme. Il s’agit en réalité tout simplement d’un remake du « monde libre », bloc agressif des puissances impérialistes occidentales sous hégémonies étatsunienne, engagée dans une nouvelle guerre froide contre la République populaire de Chine, qualifiée de « rival stratégique », et accessoirement contre la Fédération de Russie, et tous les États et peuples du monde qui, pour une raison ou une autre, ne veulent pas plier l’échine face à l’ordre impérial.

 

Une stratégie de guerre froide qui avait déjà été amorcée par Barack Obama, dont Biden fut le vice-président, et son « pivot vers l’Asie », et poursuivie avec acharnement par Donald Trump. Une stratégie qui n’a évidemment rien à voir avec les « valeurs », la « démocratie » ou les « droits humains ». Sinon, les USA ne fermeraient pas autant les yeux sur les crimes des régimes qui leur sont loyaux, et dont il serait trop long de faire la liste. Une stratégie qui constitue une menace directe pour tous les peuples du monde épris de liberté, et avec lesquels notre Parti est pleinement solidaire.

 

Rappelons qu’une lutte anti-impérialiste conséquente suppose de combattre avant tout son propre impérialisme. La Suisse n’a que trop prouvé qu’elle est objectivement à la botte des USA. Il faut savoir clairement choisir son camp. Le reste n’est qu’hypocrisie.

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